Chapitre 12. Le Dieu Dément

Dans un jaillissement spectaculaire de désir, l’Eon Sophia plonge du coeur galactique. Son aventure continue avec l’un des épisodes les plus étranges de la cosmologie de science-fiction des Gnostiques: l’émergence d’une espèce étrangère, extra-terrestre, les Archontes.

Etre impulsée par sa passion solitaire et chuter du Plérome: telle est la destinée unique de la déesse Sophia. Dans le quatrième épisode, le Mythos de Sophia rappelle les nombreux récits, dans la mythologie et le folklore de la planète, d’une divinité féminine qui chute des cieux et qui s’incarne en la Terre. Par exemple, les Indiens Thompson du nord-ouest Pacifique racontent cette histoire:

«Tout d’abord, Kujum-Chantu, la terre, était tel un être humain, une femme avec une tête, des bras et des jambes et un énorme ventre. Les humains originels vivaient à la surface de son ventre, [La légende raconte comment l’Ancien] transforma la femme céleste en la terre présente. Ses cheveux devinrent les arbres et l’herbe; sa chair, l’argile; ses os, les rochers; et son sang, les sources d’eau».192

De tels parallèles (et de nombreux autres pourraient être cités) prouvent que la cosmologie Gnostique est profondément enracinée dans la sagesse Indigène et reflète une perspective sophistiquée du sens natif de la vie sur Terre. Le Mythos de Sophia décrit la préexistence de Sophia dans le Plérome et son rôle dans la projection de l’Anthropos.  Il décrit également, avec moult détails, l’effet collatéral aberrant de son plongeon et ses implications durables pour l’humanité. A ma connaissance, ces éléments de la narration émanationniste Gnostique possèdent un caractère unique et exceptionnel.

Dans le quatrième épisode de l’histoire sacrée, Sophia passe au travers du processus de séparation qui va l’amener à se métamorphoser en ce monde même qu’elle a contemplé dans son Rêve. Cependant, avant que ce monde, notre planète Terre marbrée de blanc et de bleu, n’émergeât sous sa forme matérielle, un événement capital et imprévu se manifesta dans les bras galactiques. Dans la sphère du dema, les régions de matière élémentaire dense, le plongeon de Sophia induisit ce que l’on pourrait appeler un effet d’éclaboussure. Alors qu’elle ne l’avait pas prévu ainsi dans son Rêve, elle provoqua une anomalie cosmique, un phénomène aberrant qui prépara des conditions bizarres pour l’émergence ultérieure de la Terre.

 

Une Divinité Démente

Sophia dépasse les limites normales de l’émanation Pléromique lorsque la compulsion tendre du désir divin l’incite à focaliser son Rêve sur un monde à venir, un monde qui n’existait pas lorsqu’elle l’anticipa. Mais c’est alors elle-même qui devient ce propre monde! Quelle vision immense possédaient les voyants des Mystères et quelle compassion durent-ils ressentir pour l’épreuve de la déesse déchue. Cela dut requérir des générations d’investigation paranormale disciplinée, et de collaboration créative, pour élaborer le Mythos de Sophia. Afin de décrire ce qu’elle vit, ils durent pénétrer dans le Rêve – comme nous pourrions le faire tout autant. Imaginons la matrice de l’Anthropos comme une nuée de rosée moléculaire déposée dans le dema, comme un voile de souffle coloré sur un miroir d’obsidienne. De telles nuées existent qui sont appelées les nébuleuses galactiques. L’exemple le plus proéminent dans notre galaxie est la Grande Nébuleuse d’Orion, M 42, visible à l’oeil nu. De telles nébuleuses sont connues pour être les berceaux de naissance d’étoiles: des soleils massifs y naissent dans des explosions inconcevables. La possibilité que les nébuleuses pourraient aussi accueillir des membranes filamenteuses de composés organiques, c’est à dire des matrices de vie, est maintenant considérée comme plausible par certains astrophysiciens, ainsi que nous l’avons déjà souligné.

Lors de son plongeon, Sophia descend vers la région de la nébuleuse galactique dans laquelle la matrice de l’Anthropos est déposée, mais non pas dans la nébuleuse même. L’espace interstellaire des bras galactiques est un champ de matière élémentaire, le dema, appelé mousse quantique par le physicien Paul Dirac. Normalement, un courant Pléromique de lumière liquéfiée caractérisé par une porosité élevée, une faible masse et une force superanimante, ne jaillit pas directement dans le dema. Lorsque Sophia pénètre dans cette région, son impact produit un effet extraordinaire. Ce qui arrive alors est l’événement le plus bizarre de la cosmologie Gnostique, et peut-être même de toute cosmologie générée par l’imagination humaine. Le niveau “d’étrangeté élevée” du Mythos de Sophia a amené des érudits, tels que Richard Smith, à comparer les récits Gnostiques au «plus visionnaire de nos genres littéraires modernes, à savoir la science-fiction».193 Et la cosmologie Gnostique est certainement une sorte de science-fiction théologique.

Lorsque l’Eon Sophia se déverse dans le dema, la sphère de l’incomplétude est frappée par une belle surprise. Le dema est chaotique, il n’est pas organisé en formes cohérentes ou en mondes organiques mais, sous l’impact de la force animante et autopoétique de l’Eon, il s’organise instantanément. Le Rêve Eonique, la source de l’ordre cosmique, influence la matière au point qu’elle s’auto-organise. C’est précisément ce qui se passe avec le dema, mais d’une manière prématurée et anormale parce que le plongeon de Sophia n’est pas en phase avec l’ordre habituel des processus cosmiques. Le texte appelé l’Hypostase des Archontes décrit cette situation bizarre (II, 4: 93.30, mes commentaires entre parenthèses):

«Un voile existe entre le monde du dessus (dans le coeur galactique) et les royaumes qui sont en-dessous (à l’extérieur, dans les bras galactiques); et les ténèbres naquirent en-dessous du voile. Une partie des ténèbres (masse noire) devint matière (atomique) et projetée (partiellement formée en champs élémentaires, le dema). Et ce que Sophia créa (de par son impact) devint un produit dans la matière (le dema), (une forme néo-natale) comme un foetus avorté. Et (une fois formé) il assuma une forme plastique modelée à partir des ténèbres et devint une bête arrogante ressemblant à un lion. Elle était androgyne, parce que c’est de la matière (neutre, inorganique) qu’elle procéda.»

L’Eon Sophia est un courant vivant, et conscient de soi-même, de magnitude immense. Par contraste, la matière dans le dema est relativement inerte; bien que n’étant pas intrinsèquement vivante ou éveillée, elle possède, néanmoins, une potentialité pour une sorte de pseudo-vie, un simulacre d’existence biologique. Le quatrième épisode nous met au défi d’imaginer que la puissance super-animante du Rêve de Sophia permet à une forme de vie spectrale de jaillir dans le dema.

Les Gnostiques enseignèrent que les Archontes constituent une imitation d’une forme de vie, un simulacre d’espèce. L’impact de Sophia engendre la horde bizarre d’élémentaux, ainsi qu’ils sont appelés dans la tradition Cabalistique dérivée des enseignements Gnostiques connus des Juifs Palestiniens. Archontes vient du Grec archai, “du commencement”, “antérieurs”. J’ai déjà explicité cette terminologie mais cela vaut la peine de la répéter afin d’accentuer le fait que les Archontes émergent prématurément – d’où l’analogie avec un avortement ou une fausse couche dans les textes de Nag Hammadi. Cette espèce anormale arrive à l’existence avant l’époque durant laquelle la Terre émerge par transmutation directe de la substance divine même de Sophia. Les Archontes sont la progéniture de Sophia, dans un certain sens, mais d’une façon entièrement différente de l’humanité et des autres espèces organiques. Ils ne procèdent pas de sa substance divine, la Lumière Organique, mais du dema. Ils constituent une espèce monstrueuse de nature inorganique mais ils sont vivants et conscients à leur manière.

Tout d’abord, les Archontes ne possèdent aucun habitat. Ils tournoient comme une colonie d’insectes expulsés violemment dans l’espace interstellaire, aspirés, et repoussés ensuite, par les courants de Sophia. Comme ils ne furent pas initialement projetés du Plérome, ils sont dépourvus d’encodage autopoétique. Ils ne possèdent aucune intentionnalité innée, aucune ennoia. Les Archontes constituent un phénomène extra-Pléromique, une aberration cosmique, anomia.  Leur émergence du champ de matière primordiale est prématurée et c’est pour cela qu’ils sont comparés à des foetus avortés. La forme corporelle d’un Archonte ressemble à un foetus prématuré. C’est sans doute l’image la plus bizarre et la plus saisissante de la matière Gnostique. La légion Archontique de formes insectoïdes embryonnaires s’accroche à Sophia comme une infestation de poux. La fausse couche cosmique de la Déesse va entraîner des conséquences dramatiques pour toute l’humanité.

La haute étrangeté du cinquième épisode continue. De la légion Archontique émerge une seconde forme, une mutation appelée le type draconique dans les Codex de Nag Hammadi. L’Apocryphe de Jean relate que Sophia elle-même décida de faire émerger un leader ou une entité-maîtresse parmi les Archontes.

«Et Sophia désira que la chose qui ne possédait pas d’esprit propre soit formée, en similitude, afin de gouverner la matière primordiale et toutes les forces qu’elle avait précipitées. Il apparut donc, pour la première fois, un gouverneur du chaos, d’apparence léonine, androgyne, ayant un sentiment exacerbé de puissance et ignorant de ses origines.» (II, 5: 100.-10).

L’entité, appelée le Démiurge, est une mutation grotesque et effrayante «ayant un corps similaire à celui du lion avec la tête d’un dragon, d’un reptile» (Codex de Berlin. 37: 2-25). Ces deux types d’Archontes, le type embryonnaire et le type draconique, ne sont pas décrits de façon très élaborée dans les textes qui ont survécu. Ils sont indiqués très brièvement mais assez clairement pour que l’on puisse concevoir que quelque chose d’excessivement bizarre est ici à l’oeuvre. L’Archonte reptilien et léonin, qui est aussi appelé Yaldabaoth, est agressif et dominateur en comparaison des Archontes plus passifs dont la forme ressemble à un foetus né prématurément. Bien que le “chef des Archontes” soit androgyne, il assume rapidement une attitude typiquement mâle, une attitude macho. Il prend maintenant en charge la situation extraordinaire générée par le plongeon de Sophia, ou du moins il s’y essaye. A la conclusion du cinquième épisode, le Démiurge entreprend de créer un habitat pour lui-même dans la vastitude des bras galactiques.

 

Un Ciel Virtuel

Les Gnostiques enseignaient que le Démiurge ne peut pas réellement créer quoi que ce soit parce qu’il est dépourvu de la faculté d’intention procédant du Plérome et fondée ultimement en l’Originateur. Les Archontes ne peuvent rien initier mais ils peuvent imiter, copier, dupliquer. Leur capacité mimétique est appelée phantasia afin de la distinguer de la vie réelle, de la puissance animante des Eons, appelée ennoia. Yaldabaoth est appelé l’antimimon pneuma, “l’esprit de contre-façon”, dans l’Apocryphe de Jean et d’autres textes cosmologiques Gnostiques. Les demeures célestes qu’il fabrique sont appelées stereoma, une projection stéréomique à l’image de l’hologramme d’une chose vivante. L’image holographique n’est pas vivante mais elle peut représenter ou copier quelque chose qu’il l’est. Utilisant le mot Copte HAL, “simulation”, les textes Gnostiques cosmologiques expliquent que le ciel aux nombreuses demeures du Démiurge est un cosmos illusoire, un monde de réalité virtuelle*. Bien qu’il ne perçoive les structures superanimées du Plérome que comme des formes statiques et fossilisées – et non pas comme des formes dansantes, fluides et vivantes – le Démiurge emprunte assez de sens de l’ordre pour modeler son monde, à savoir un habitat pour les drones Archontiques.

«Le Souverain des Archontes organisa toute chose en ce monde selon le modèle des Eons primordiaux qu’il lui était donné de percevoir afin de pouvoir le recréer. Non parce qu’il avait vu les Eons éternels (de son propre pouvoir) mais par le pouvoir qu’il tira de sa Mère et qui lui permettait de créer par similitude». (Apocryphe de Jean, II, 32.30-33.5).

Le cosmos des Archontes n’est pas un habitat viable pour les humains et il ne pourra jamais le devenir. Ce n’est pas le monde potentiel que Sophia imagina dans le Rêve qui précipita son plongeon. C’est ce que le mythe nous enseigne et ce mythe est véridique en termes physiques. Nous n’habitons pas dans l’intégralité du système planétaire, nous habitons exclusivement la Terre. Les Archontes qui demeurent dans le système planétaire sont des étrangers à notre sphère.

Le monde de Yaldabaoth n’est qu’une simple simulation (en Copte HAL) des mandalas scintillant et dansant dans le Plérome, ce n’est pas un monde authentique émergent tel que le nôtre, prégnant de potentialités pour l’innovation, la création, la chance et la métamorphose. Le cosmos de mécanique d’horloger des planètes simule le “modèle des Eons primordiaux”. Le système planétaire est organisé selon des lois géométriques et cycliques qui reflètent la vie divine mais le système, en lui-même, n’est ni vivant, ni organique. Sur Terre, par contre, les qualités animantes et vivantes du Plérome informent toutes choses.

Le stereoma Archontique constitue certainement l’une des caractéristiques les plus difficiles à appréhender dans la cosmologie Gnostique. De nombreux éléments, dans le Mythos de Sophia, reflètent les mythes Indigènes, comme nous l’avons déjà souligné. Cependant, le cinquième épisode contient certains éléments déconcertants que l’on ne peut pas aisément réconcilier avec la compréhension scientifique, du moins par pour le moment. L’éruption d’une espèce inorganique, dans l’espace interstellaire, en est un exemple. Il est difficile d’imaginer comment une espèce puisse émerger sans un habitat permettant cette émergence. La mentalité moderne peut également être contrariée par un autre élément du Mythos, à savoir l’affirmation Gnostique selon laquelle la Terre n’appartient pas au système planétaire mais qu’elle en est tout simplement la captive. Le stereoma du Démiurge est le système planétaire à l’exclusion de la Terre, de la Lune et du Soleil. Ces trois corps constituent un cosmos indépendant. La Terre, la Lune et le Soleil constituent un système symbiotique fermé sur lui-même et distinct du mécanisme d’horloger des autres planètes. Même si cette notion peut apparaître outrancière, elle est cohérente avec la recherche de pointe de la pensée scientifique. Le physicien Jim Yorke, qui inventa le terme mathématique de chaos, observe que «nous sommes enclins à penser que la science a tout expliqué lorsqu’elle a expliqué comment la Lune tourne autour de la Terre. Mais l’idée d’un univers d’horloger n’a rien à voir avec le monde réel».194

Un texte cosmologique obscur des Codex de Nag Hammadi est intitulé “La Protenoia Tripartite”, l’intention originelle en trois parties. Je considère que cela est un langage occulte pour évoquer le système en trois corps imaginé dans le Rêve de Sophia avant son plongeon. Si les Archontes n’avaient pas émergé lorsqu’elle impacta le dema, il se pourrait qu’elle eût produit un système planétaire consistant en une terre, une lune et une étoile mère.  La Protenoia Tripartite est cohérente avec la théorie Gaïa si nous estimons que la lune et le soleil sont intimement impliqués dans les processus de vie au sein de la biosphère terrestre. Ils se situent “au-delà de la planète” mais ils font intégralement partie de l’écosystème Gaïen.

Nous demeurons dans un cosmos à trois corps.195 Sophia est essentiellement la matriarche d’une famille mono-parentale, une déesse planétaire célibataire, si vous préférez. Mais elle s’en remet au soutien des parents adoptifs, le soleil et la lune, pour gérer son couvain planétaire. En termes de la connaissance astrophysique courante, relative à l’existence de nombreuses planètes terraformes et aux nombreuses variations de systèmes planétaires connus dans notre galaxie, un tel monde à trois corps est du domaine du possible.

Nos facultés d’imagination peuvent être soumises à rude épreuve par certains aspects du Mythos de Sophia, plus particulièrement dans le cinquième épisode, mais ce serait vraiment dommage d’abandonner la contemplation de ce scénario sublime. La Gnose est un chemin de connaissance par laquelle le connaisseur est intimement impliqué avec le sujet de la connaissance. Contempler l’histoire sacrée, c’est s’y impliquer. Si nous éprouvons quelque difficulté avec la cosmologie des Archontes, cela peut être précisément parce que nous y sommes trop impliqués d’une manière qui reste à appréhender. C’est ainsi, du moins, qu’un instructeur Gnostique aurait peut-être évalué nos difficultés à ce point.

 

Une Erreur Cosmique

Rappelons que le royaume Archontique est le cadre d’un acte de démence cosmique:

«Maintenant, lorsque les cieux extérieurs furent consolidés avec leurs forces et leur administration, le Démiurge devint arrogant. Et il fut honoré par une armée d’anges qui le louaient et le bénissaient. Et il en était très réjoui et il se vanta auprès d’eux “Je n’ai besoin de nul autre, d’aucun autre dieu”. Et il dit “C’est moi qui suis le dieu unique et il n’en existe pas d’autre que moi”». (Sur l’Origine du Monde, 103.1-15).

Arrogant par nature, le Démiurge croit être au centre de la création, le souverain de tout ce qu’il contemple. Les textes Gnostiques affirment clairement que Yaldabaoth est fou; c’est une divinité démente, un dieu imposteur. Le Démiurge est, en effet, une sorte de dieu, une entité cosmique de son plein droit, mais il n’est pas un Eon Pléromique. C’est un fantôme inorganique auto-déifié et qui s’auto-illusionne quant à sa propre identité. Cela n’est pas une figure de style ni un trope mythologique. Loin s’en faut, car les récits Gnostiques démontrent clairement que les adeptes des Mystères percevaient Yaldabaoth et les Archontes comme réels, des habitants existant physiquement dans notre système planétaire et qui tentent, à tort, de pénétrer dans la biosphère.

Dieu existe mais il est dément. Et il oeuvre à l’encontre de l’humanité. Tel est le message surprenant convié par la vision Sophianique des Mystères. Les Gnostiques avertirent que nous coexistons, dans un système planétaire, avec une entité démente qui peut avoir accès à notre monde au travers de notre mental. Le “fils” de Sophia est un enfant à problèmes, c’est le moins que l’on puisse dire. Nous commençons à peine à découvrir les problèmes que le Démiurge pose à l’humanité.

Le ciel Archontique est dit être anomou, “anormal”, parce qu’il résulte de l’action Eonique à l’extérieur du Plérome. Rappelons la variation de ce terme, anomia, appliquée à la discussion sur le mythe du rédempteur Palestinien dans la première partie. L’anomalie dans le cosmos extérieur, qui a provoqué la capture de la Terre par le système planétaire inorganique, a également des effets bien précis sur la psyché humaine. Les Gnostiques enseignaient que la stratégie des Archontes est apaton, “ruse”, “tromperie”. Selon l’Apocryphe de Jean, le grand plaisir des Archontes est de tromper, de nous faire percevoir leur monde pour autre que ce qu’il est et de fausser la perception que nous avons de notre propre monde. Le terme Copte SOREM, “erreur”, “détournement”, définit le thème Gnostique pour les Archontes dont l’émergence, dans l’ordre cosmique, est appelée la “génération de l’erreur”. Le mot Grec correspondant est plane, signifiant “erreur”, “dévier du chemin”.

Les Gnostiques mirent en garde contre le danger terrible posé par l’effet collatéral du plongeon de Sophia: l’humanité court le risque d’être déviée de son propre cours d’évolution. Elle manquerait sa chance de développer l’innovation et faillirait à définir sa niche évolutive unique dans l’écosystème Gaïen. C’est comme si la présence des Archontes dans le système planétaire établissait un champ de distorsion du penser humain. «Le système de monde dans lequel nous demeurons procéda d’une erreur» dit l’Evangile de Philippe dans les  Codex de Nag Hammadi. C’est peut-être l’une des notions les plus étranges qui aient jamais été proposées.

Cela peut également s’avérer être une des vérités les plus essentielles qu’il nous soit demandé de maîtriser, à la fois en termes physiques et en termes psychologiques, afin d’assurer notre survie en tant qu’espèce.