Lexique

Archontes.

Du Grec archai signifiant “les origines, antérieur au temps”. Dans le monde classique Méditerranéen, le terme archon était communément utilisé pour nommer le gouverneur de la province, ou plus généralement, toute autorité religieuse ou gouvernementale. Le pluriel Archon est souvent traduit dans les textes Gnostiques par “Autorités”. Il n’existe pas de terme Copte pour Archon et les textes Gnostiques utilisent donc le terme Grec en translittération Copte. Fidèle à mes habitudes de tenter l’impossible, je vais proposer trois définitions, ou plutôt trois niveaux de définition.

Niveau 1: Cosmologique. Dans la cosmologie Gnostique, les Archontes constituent une espèce d’êtres inorganiques qui émergèrent dans le système solaire antérieurement à la formation de la Terre. Ce sont des cyborgs demeurant dans le système planétaire (à l’exclusion de la Terre, du Soleil et de la Lune) qui est décrit comme un monde virtuel (Stereoma) qu’ils construisent en imitant les formes géométriques émanant du Pleroma, le royaume des Générateurs, les Divinités Cosmiques. Les Archontes constituent une espèce authentique avec un habitat propre et on peut même les considérer comme d’apparence divine mais ils sont dépourvus d’intention (Ennoia: la faculté de s’auto-déterminer) et ils ont la fâcheuse tendance de s’éloigner de leur territoire et de faire des intrusions dans la sphère humaine. Les Archontes sont dits ressentir une envie intense vis à vis de l’humanité parce que nous possédons la faculté d’intention dont ils sont démunis. Le Mythos de Gaïa décrit comment les Archontes furent générés par un impact fractal dans les champs de la matière élémentaire dense (le Dema) des bras galactiques lorsque l’Eon Sophia plongea seule du coeur galactique. Cet événement est également décrit en détail dans le chapitre “Le Rêve Extra-Terrestre: l’Enigme des Archontes”.

Niveau 2: Noétique-Psychologique. Dans la psychologie Gnostique – à savoir la science noétique des Ecoles des Mystères – les Archontes constituent une force mentale qui fait intrusion, de manière subliminale, dans le mental humain et qui détourne notre intelligence de ses applications saines et harmonieuses. Ce ne sont pas eux qui nous poussent à agir de façon inhumaine, car tous nous possédons le potentiel d’aller à l’encontre de notre humanité innée et de violer la vérité en nos coeurs, mais ils nous incitent à laisser nos comportements inhumains se déployer à des extrêmes violentes et démentes. Laissés à nous-mêmes, nous agirions parfois de façon inhumaine avant finalement de nous corriger et de mettre fin à l’aberration. Il est clair que c’est loin de se passer toujours ainsi. Dans l’exagération de nos inclinations démentes et inhumaines, et dans une déviation extrême et non corrigée de notre intelligence innée, les Gnostiques décelèrent la signature d’une espèce extra-terrestre qui surfe sur nos pires défaillances humaines.

Les Archontes sont, ainsi donc, des parasites psycho-spirituels. Cependant, en tant que progéniture de l’Eon Sophia, ce sont aussi nos cousins cosmiques.

Sous la forme d’entités inorganiques de deux types, embryonnaires et reptiliens, les Archontes peuvent parfois pénétrer dans l’atmosphère terrestre et terroriser les humains bien qu’il n’existe aucune raison pour ces intrusions car ces entités extra-terrestres ne peuvent pas séjourner pendant très longtemps dans la biosphère et, de toutes façons, ils n’ont aucun programme majeur à y développer. Le statut ontologique des Archontes est double: ils existent à la fois en tant qu’espèce extra-terrestre indépendante de l’humanité et en tant que présence en notre mental, à l’image d’un jeu de programmes opérant dans notre environnement mental. Le risque qu’ils posent, en envahissant notre software mental, est beaucoup plus grave que tout risque physique qu’ils puissent poser en faisant intrusion, de manière aléatoire, dans la biosphère.

Oeuvrant au travers de la télépathie et de la suggestion, les Archontes tentent de nous détourner de notre cours propre d’évolution. Leur technique la plus performante est le recours à des idéologies religieuses pour infiltrer notre mode de pensée et, très littéralement, pour substituer leur sphère mentale à la nôtre. Selon les Gnostiques, le rédemptionnisme Judéo-Chrétien est le stratagème privilégié des Archontes, un implant extra-terrestre.

Notre capacité de discerner les forces étrangères opérant en notre mental est essentielle à notre survie et à la co-évolution avec Gaïa, qui en tant que Sophia, produisit accidentellement les Archontes, en premier lieu. (Ce commentaire est corrélé au niveau 1, la définition cosmologique, mais, comme cela arrive souvent avec les enseignements Gnostiques, les éléments cosmiques et noétiques tendent à fusionner). En reconnaissant et en repoussant les Archontes, nous revendiquons notre pouvoir, nous définissons notre territoire dans le cadre cosmique et nous établissons notre dessein  en relation avec Gaïa, l’intelligence en demeure dans la planète.

Niveau 3: Sociologique. Dans la vision Gnostique de la société humaine, les Archontes constituent des forces étrangères qui oeuvrent au travers de systèmes autoritariens, incluant les systèmes de croyances, selon des voies qui incitent les êtres humains à se retourner contre leur potentiel inné et à violer la symbiose de la nature. Les Archontes ne pratiquent pas le mal dans le sens qu’ils possèdent des pouvoirs autonomes de destruction qui puissent être dirigés directement à l’encontre de l’humanité. Ce sont des vecteurs de l’erreur plutôt que des vecteurs du mal – mais l’erreur humaine, lorsqu’elle n’est pas corrigée et qu’elle se développe au-delà de toute possibilité de correction, se métamorphose en mal et oeuvre à l’encontre du plan universel de la vie. Les Gnostiques enseignèrent que les Archontes mettent à profit notre inclination à ne pas corriger nos erreurs.

Comme les Archontes ont besoin de la complicité humaine pour acquérir du pouvoir sur l’humanité, tout individu qui les assiste peut être considéré comme une sorte d’Archonte, un de leurs accessoires. Comment les Humains assistent-ils les Archontes? Une des manières (suggérée dans le niveau 2 de définition) est par l’acceptation des programmes mentaux des Archontes – c’est à dire l’adoption de l’intelligence étrangère comme si elle était de source humaine – et par l’application de ces programmes en les imposant concrètement dans la société. Une autre manière consiste à se conformer, activement ou passivement, aux programmes ainsi proposés et imposés.

Jacques Lacarrière (auteur de l’ouvrage “Les Gnostiques” qu’il appelait les Libertaires de l’Absolu) suggère que les Gnostiques détectèrent le visage humanisé des Archontes dans toutes les structures autoritariennes et dans tous les systèmes qui dénient l’authenticité et l’auto-détermination de l’individu. Il affirme que les Gnostiques reconnurent «le caractère fondamentalement vicié de toutes les institutions et entreprises humaines: temps, histoire, pouvoirs, états, religions, races, nations…». La corruption se manifeste, non pas parce que nous commettons des erreurs, mais parce que ces erreurs ne sont pas corrigées et se perpétuent au-delà de toute possibilité de correction. Lacarrière dit que les Gnostiques arrivèrent à cette conclusion «à partir de l’observation rationnelle du monde naturel et du comportement humain». Ils affirmèrent, finalement, que «…toutes les institutions, toutes les lois, religions, églises, pouvoirs ne sont que des plaisanteries, des pièges et la perpétuation d’une duperie millénaire». Cela pourrait paraître être une vision noire des affaires humaines mais au vu des événements de l’histoire (pour ne pas mentionner la réalité d’aujourd’hui), il est difficile de prétendre que cela soit abusif ou exagéré.

Pour un aperçu vivant des enseignements Gnostiques sur les Archontes, incluant des conseils quant à la manière d’agir lorsque nous y sommes confrontés, je renvoie au passage de “l’Apocalypse de Jacques”,  cité dans mon essai “Un Principe Gnostique: Rencontre avec des Extra-terrestres dans un texte des Ecoles des Mystères” (disponible sur le site Liberterre).

 

Christos

Du verbe Grec khriein “oindre”. Littéralement Christos signifie “celui qui est oint”. C’est l’équivalent direct de l’Hébreu “messiah”, un titre utilisé pour les rois oints dans l’ancienne religion Judaïque et retenu pour spécifier le Messie, le sauveur attendu, le juge et héros spirituel.

Lorsque ce terme est abrégé en Christ, cela constitue certainement le terme le plus problématique et trompeur de toutes les religions mondiales. Une des tâches essentielles, si nous voulons recouvrer le message authentique des Mystères Païens, c’est de faire une distinction claire et précise entre le Christos Gnostique et le Christ Chrétien.

L’identification entre Jésus (humain) et le “Christ” (surhumain, divin, le Fils Unique de Dieu) fut faite par (Saint) Paul autour de l’an 75 mais la divinité de Jésus/Christ ne fut établie, comme matière doctrinale, que durant le Concile de Nicée de l’an 325. Lors de cet événement, l’Empereur Constantin força le vote afin qu’il puisse fusionner son pouvoir politique avec la mystique d’une religion en croissance rapide, connue ultérieurement sous le nom de Christianisme. Il se peut que la croyance en la divinité de Jésus inspire et réconforte de nombreux individus mais pour le faux-converti Constantin, c’était avant tout un stratagème politique rusé, une manière de cautionner la loi Romaine par une autorité divine. L’alliance Catholique Romaine, entre d’une part le fascisme et d’autre part la foi rédemptionniste dans le Sauveur Divin, allait saisir le monde en une étreinte mortelle pendant des siècles; cette étreinte s’exerce encore, même si de nos jours elle s’est relâchée, à certains égards.

Avant Constantin, certains Empereurs s’étaient déclarés divins. Ils étaient considérés, par la population, comme des idiots arrogants, et rejetés, par les Gnostiques et l’intelligentsia Païenne, comme des charlatans. La revendication du statut de divinité par les empereurs (la présomption d’un “afflatus divinus” tel que cela est qualifié) constituait une tentative, par les tyrans décadents d’un empire trébuchant, de voler le prestige associé avec les Telestai, les initiés des Mystères; et, dans une certaine mesure, d’imiter Alexandre le Grand qui fut le premier à tenter un tel stratagème. Constantin fut extrêmement habile lorsqu’il perçut qu’il ne pouvait pas se déclarer lui-même divin mais que cela ne lui était pas vraiment nécessaire parce qu’il y avait une meilleure option: au lieu de se déclarer lui-même divin, il s’aligna avec le Christ, l’homme/dieu.

Le déclin des Ecoles de Mystères, après l’Ere d’Auguste (de 29 avant EC à 14 EC), était en partie du à la demande populaire massive pour une sorte de rédemption personnelle que les Mystères (qui étaient une voie transpersonnelle) n’offraient pas. Cette demande faisait partie intégrante d’un vaste mouvement qui émergea au passage des Ages, du Bélier aux Poissons, aux environs de 150 avant EC. L’astronome Grec, Hipparque de Nicée, est crédité pour avoir découvert la précession des équinoxes à cette époque mais, en fait, il ne fit que rendre public ce qui avait été connu des initiés pendant des siècles ou même des millénaires. Cette révélation eut des résultats catastrophiques parce qu’elle généra, chez les masses populaires, un sentiment erroné d’auto-détermination. La conviction que tout un chacun possédait une destinée personnelle, qui pouvait être modifiée à volonté, constituait une présomption populaire à cette époque, en raison d’une incompréhension largement répandue de la signification du cycle de précession (transformation dans les étoiles = transformation de la destinée). La requête massive de transformation de la destinée personnelle mena à un mouvement de “Nouvel-Age”, des cultes baptismaux, une frénésie de la conversion. Les Mystères furent incapables de répondre au narcissisme endémique du moment.

L’émergence, dans l’inconscient collectif, d’un personnage numineux, ou d’un modèle de rôle, constitua l’un des facteurs primordiaux dans le jaillissement du narcissisme (la préoccupation de soi-même). Eventuellement, l’image de l’homme/dieu, Jésus/Christ, fut formulée pour répondre à ce besoin mais sans pouvoir réellement le satisfaire. C’est une solution non authentique pour le besoin humain d’un sens générique de l’humanité, une identité d’espèce. Néanmoins, la solution persista et s’étant identifiée à la dignité humaine, elle présente maintenant un obstacle gigantesque à la découverte et à l’accomplissement de notre sens générique de l’humanité.

Le Christos ne doit pas être identifié avec le Christ de Paul, l’Incarnation, ou le Christ de Jean, le Verbe fait chair.

La confusion entre le Christos Gnostique et le Christ du Christianisme doctrinal constitue l’un des plus grands obstacles à une compréhension claire de la cosmologie et de la psycho-mythologie Gnostiques.

L’Eon Christos, qui figure dans le Mythos de Gaïa, n’est pas le même que le Christ de la théologie de Paul ou de Jean. Il est complètement erroné d’attribuer les qualités et les pouvoirs de “Jésus le Christ” à cet Eon, à cette entité Pléromique. Il est également incorrect de supposer que les enseignements authentiques et originels du Christianisme étaient Gnostiques et qu’ils furent transmis par des initiés qui connaissaient l’identité véritable de l’Eon Christos et qu’ensuite ils furent détournés et viciés par de bas esprits qui se saisirent du message d’illumination à des fins personnelles et politiques. En contraste avec le message d’illumination au sujet du Christos, les doctrines concernant le Christ étaient perverses dès le début. Les doctrines Chrétiennes de rédemption et d’intervention divine ne peuvent être qu’éradiquées car elles ne contiennent pas le germe des enseignements authentiques d’illumination.

Dans toute l’oeuvre de la Métahistoire, le terme Christos est utilisé en distinction rigoureuse et délibérée du terme Christ.

L’enseignement radical Gnostique dénie que le Christ soit un agent surnaturel, un rédempteur envoyé par Dieu le Père, une fois et une fois seulement. Il rejette l’Incarnation et défie la présomption que n’importe quel être humain ou n’importe quelle entité extra-terrestre puisse représenter l’entièreté de l’humanité. Aucune entité ne possède ce privilège. Les Gnostiques enseignèrent la reconnaissance de l’Anthropos, l’humanité primordiale pré-créée, et non pas le Christ dans le sens conventionnel. Et le Christ ne représente pas l’Anthropos. C’est l’humanité, en tant qu’espèce, qui représente l’Anthropos mais aucune entité unique ne représente l’humanité.

Le Christ dans le culte Paulinien fut dérivé du Messie de l’idéologie Zaddikite: c’est un standard surhumain, associé à un modèle déviant et falsifié du potentiel humain. L’idéal sectaire du Tzaddik implique une formule de justesse absolue qui ne peut pas être évaluée en fonction de normes humaines. La caractéristique particulière du Tzaddik est d’exiger que les êtres humains soient tenus à un critère surhumain, un modèle de perfection qui procède d’un au-delà la vie sur Terre. Puisqu’il est impossible de satisfaire à ce standard, la destruction de l’humanité est donc requise; cependant, ceux qui ont été fidèles au Tzaddik, tout en faillant à sa norme, seront surnaturellement restaurés à la vie dans un après-monde pourvu par Dieu le Père.

La logique diabolique des sectaires Qumraniens fut transférée intacte au Christianisme, et le modèle de perfection surnaturelle fut transféré au personnage de Jésus/Christ. De nos jours, les Chrétiens dévots croient que Jésus/Christ présente un idéal non atteignable – il était, après tout, divin avant d’être humain – et croient que, dans l’acte même de lutter pour l’impossible, nous nous améliorons en tant qu’êtres humains. L’Imitatio Christi, l’Imitation du Christ, est considérée comme un idéal parfaitement logique et, comme la croyance opérationnelle implique ici un être surhumain, l’idéal possède une influence exclusive puissante: en considérant comment nous pourrions tendre vers un modèle impossible, nous sommes enclins à ignorer et à rejeter des modèles qui nous montrent ce qui est réellement possible pour notre espèce. En d’autres mots, l’idéal surhumain, bien qu’il semble élever notre sens du potentiel humain, constitue, en fait, un obstacle à notre capacité d’auto-réalisation (en termes Masloviens). Il handicape notre développement évolutif alors même qu’il semble nous inspirer vers les niveaux les plus élevés de l’accomplissement moral et spirituel.

Les Gnostiques reconnurent que l’idéal surhumain du Tzaddik, transféré dans le personnage du Rédempteur Divin, oeuvre réellement à l’encontre des efforts humains vers l’auto-réalisation. Cet idéal spirituel falsifié anéantit notre potentiel spirituel authentique, notre faculté de développer la dotation de sagesse du noos, l’intelligence divine. Les Gnostiques attribuèrent cette influence contrariante à la stratégie des Archontes qui insinuent un faux idéal en notre mental, obscurcissant ainsi notre sens inné du potentiel authentique de notre espèce.

Dans le Mythos de Sophia, le Christos est l’Eon du Plérome qui est souvent couplé avec Sophia. Dans une version du mythe, Christos et Sophia sont couplés dans le Plérome, créant une syzygie, une dyade divine. Ils sont dits émaner l’Anthropos, la matrice de l’humanité. Ils sont donc une version des parents divins (gémelés). J’utilise ce motif lorsque je rappelle la cosmologie Gnostique dans le Mythos de Sophia.

Dans un développement subséquent du Mythos, il est raconté que Sophia fut incapable de maîtriser les formes de vie endémiques qui émergèrent et proliférèrent sur tout son corps une fois qu’elle se fut métamorphosée en la planète vivante, la Terre. Observant cela du coeur de la galaxie, les dieux Pléromiques réagirent en envoyant l’Eon Christos dans la matrice chaotique de la biosphère. La paraphrase de cet épisode, que l’on trouve chez Irénée, dit que le Christos “conféra un visage” à Sophia, lui permettant ainsi de conférer un ordre à la prolifération des espèces. Aujourd’hui, nous pourrions dire que le Christos “configura”, pour Sophia, l’intelligence instinctive de la myriade d’espèces afin qu’elles puissent devenir auto-suffisantes, chaque type d’animal suivant son propre programme biologique inné.

L’intervention de l’Eon Christos eut une influence sur l’entièreté de la biosphère et affecta également l’espèce humaine selon des voies particulières.

 

Complexe de Rédempteur.

Cette expression est utilisée dans l’histoire des religions pour désigner un ensemble de croyances et de présomptions qui se focalisent autour d’un personnage surnaturel qui est imaginé posséder le pouvoir de “sauver” l’humanité et de “délivrer” le monde, généralement à l’occasion d’une minute de vérité et de distribution de châtiments, le Jour du Jugement Final.

L’opposition Gnostique, à l’encontre du Judéo-Christianisme, n’a pas été convenablement et honnêtement rapportée par les érudits, principalement parce que ceux qui se spécialisent dans les études Gnostiques sont obnubilés par leur conditionnement religieux. Par conséquent, à chaque fois que des éléments des enseignements Gnostiques s’avèrent incontestablement anti-Judaïques et anti-Chrétiens, ils sont immédiatement écartés et considérés comme nuls et non avenus. Cette fâcheuse habitude génère une impression profondément trompeuse: on en vient à estimer que les Gnostiques ne pouvaient être que mauvais s’ils rejetaient la tradition religieuse qui aurait inspiré l’humanité à s’élever vers plus de moralité: la justice, l’altruisme, l’amour fraternel et le pardon.

Mais les Gnostiques s’opposèrent, en fait, non pas aux valeurs morales claires et évidentes qui ont été théoriquement attribuées à la foi Judéo-Chrétienne, mais à l’idéologie de salut divin au coeur du Complexe de Rédemption. Les éléments spécifiques du Complexe auxquels ils objectèrent sont les suivants: la création du monde comme l’ouvrage d’une divinité mâle, le Dieu Paternel, plutôt que comme un processus permanent impliquant des divinités des deux genres; la suprématie du Dieu Paternel mâle conçu comme un juge et un législateur; la répression du Féminin; le contrôle sur la Terre confié par Dieu à l’humanité; la création de l’humanité à “l’image de Dieu”; l’essence corrompue de la Nature et de la sexualité; la source surnaturelle de l’expiation; la résurrection physique du corps dans le cas spécial de Jésus/Christ et dans le cas général de la résurrection de l’humanité à la fin des temps; la punition éternelle et la damnation des pécheurs et des infidèles; le châtiment divin, l’apocalypse à la fin de l’histoire.

Cet ensemble inclue certains facteurs, qui pourvoient un schéma fondateur pour le Complexe, telle que la croyance selon laquelle le Dieu Paternel crée l’humanité en Son image, et d’autres qui sont un reflet direct du Complexe, telle que la croyance selon laquelle c’est la souffrance du Rédempteur qui transforme, en quelque sorte, l’expérience humaine. Pour résumer, la croyance fondamentale se décline en deux composantes: la croyance en la puissance surnaturelle du rédempteur pour “corriger” tout ce qui est mal dans le monde et la croyance dans la puissance rédemptrice de la souffrance du Rédempteur – et par extension de toute la souffrance humaine. Selon une analyse Métacritique intégrale, le Complexe n’est rien d’autre qu’un stratagème élaboré qui nous pousse à croire dans la valeur rédemptrice de la souffrance.         

Ce système de croyances se caractérise par “le chantage de la transcendance” mis en valeur par George Steiner (voir Paul Shepard dans “Nature and Madness”). Il constitue, en fait, une méthode d’extorsion qui force les croyants, qui acceptent la valeur rédemptrice de la souffrance incarnée dans l’idéal du Rédempteur Divin, soit à adopter le rôle de la victime soit à adopter le rôle du perpétrateur, car il n’existe pas de victimes sans perpétrateurs. Ce complexe insidieux induit ce que Laing appela un “noeud schizophrénique”. J’appelle “collusion victime-perpétrateur” le noyau dur caché du Complexe du Rédempteur.

Tant que nous accepterons d’être des victimes («Bénis soient ceux qui sont persécutés pour des motifs nobles…») et tant que nous laisserons les perpétrateurs libres d’agir («Ne résistez pas au mal… Tendez l’autre joue… Faites du bien à ceux qui vous font du mal…»), le Complexe du Rédempteur semblera être la meilleure solution pour les agonies perpétuelles de la condition humaine. Plutôt que de vivre vaillamment à l’encontre de l’injustice et des inconséquences, les gens vont continuer à s’en remettre au Complexe du Rédempteur pour en retirer une fausse consolation pour ne pas mentionner l’assurance d’être secouru par Dieu. Plutôt que de trouver une consolation dans l’amour humain, et dans la solidarité avec toutes les espèces, ils vont la chercher au-delà de la Terre. Ils vont accepter l’illusion d’une rédemption par procuration plutôt que pas de rédemption du tout.

Les Gnostiques perçurent l’erreur suprême au coeur du Complexe du Rédempteur: l’erreur de croire que nous avons besoin d’être sauvés par une “Puissance Supérieure” lorsque, en réalité, nous nous situons au-delà du besoin de rédemption. En lieu de rédemption, ils proposèrent que l’ensemble de l’humanité puisse être volontairement impliquée dans la “correction” de la Sophia Divine, la déesse qui chut du Plérome pour devenir Gaïa. Ils enseignèrent que nous, en tant qu’individus, pouvons accomplir une rédemption authentique (c’est à dire une harmonisation) en nous alignant avec Gaïa, la Terre vivante, et en amplifiant notre conscience à son potentiel ultime, divin, cosmique. La part d’intelligence cosmique, noos, que nous conféra Sophia, est la faculté même au travers de laquelle nous apprenons comment co-évoluer avec Elle. La correction de Sophia constituait l’alternative Gnostique au Complexe du Rédempteur.

Les érudits identifient les origines historiques du Complexe du Rédempteur dans le soter, le “sauveur” de la religion Zoroastrienne mais cette provenance est très obscure et empreinte de difficultés. (C’est de là que provient le terme “sotériologique” utilisé par les érudits pour qualifier les programmes rédemptionnistes et les scénarios de fin de monde impliquant un personnage de sauveur divin). Un autre candidat plausible pour le prototype de Rédempteur serait l’avatara, celui qui  “descend”, de la mythologie Hindoue, illustré par les dix Avatars de Vishnu, le Dieu qui rêve l’univers. Ce modèle est comparable (et il en est en fait l’origine) aux lignées de réincarnations de Bodhisattvas que l’on voit dans les Tulkus Tibétains, dont certains cheminent parmi nous aujourd’hui.

Les Gnostiques possédaient également la conception d’une lignée d’instructeurs illuminés, les Phosters ou Illuminateurs, appelés également les Illuminateurs du Noos ou les Révélateurs. Ces instructeurs, qui peuvent être des femmes ou des hommes, ne sont pas conçus comme des incarnations de la divinité (un élément-clé du Complexe du Rédempteur) mais comme étant des instruments pleinement humains – tant bien même exceptionnels – de la connaissance divine. Le Révélateur Gnostique ne sauve personne mais il, ou elle, présente la connaissance qui sauve. La connaissance rédemptrice n’est pas une formulation doctrinale dans des termes figés et elle ne peut pas être réduite à un jeu de règles fixées car elle évolue au cours de l’expérience humaine. La Gnose est une révélation d’innovation et une instruction ouverte: c’est pour cela que les Révélateurs doivent apparaître au fil des époques afin de découvrir et de développer les nouvelles leçons et inspirations qui sont en phase avec les métamorphoses de l’expérience humaine.

Les Gnostiques étaient particulièrement horrifiés par la conception exclusive du Rédempteur Judéo-Chrétien parce qu’ils la percevaient comme une contrefaçon du Révélateur. La falsification, ou simulation, étant la signature des Archontes, ils attribuèrent le Complexe du Rédempteur aux intrusions déviantes des Archontes.

Quelles que soient ses origines, le soter de la préhistoire en vint à être défini dans la lignée spéciale du Messie des anciens Hébreux, qui à son tour fut converti en Christ des doctrines de Paul et de Jean. Dans l’Islam, à savoir la troisième branche de la religion Abrahamique, le personnage du Rédempteur est doublement représenté par un ouvrage à l’autorité spirituelle suprême et incontestable, le Coran, et par une figure messianique, le Madhi, “celui qui est guidé”, imaginé sous les formes d’un homme qui se manifestera à la fin des temps pour guider les fidèles. On peut voir, dans les citations suivantes, un contraste très clair entre d’une part la croyance dans le Rédempteur Chrétien et d’autre part l’enseignement Gnostique relatif à la faculté innée de l’humanité de se réaliser elle-même:

«Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique: ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle.» Evangile de Jean.

«Tu as reçu une grande puissance, dont t’a doté l’Originateur, l’éternel, avant que tu ne viennes en ce lieu, afin que tu puisses discerner les choses qui sont difficiles à discerner, que tu puisses connaître les choses qui sont inconnaissables pour la multitude; afin que tu puisses être totalement libre pour l’Un qui est le tien, en toi, qui était le premier à sauver et qui n’a pas besoin d’être sauvé.» Allogenes (Codex de Nag Hammadi. XI, 3-50).

 

Histoire.

Cette note a été rédigée par le traducteur. John Lash, tout au long de cet essai, utilise un néologisme anglais qu’il a créé “Herstory” pour souligner la contrepartie féminine du mot History, His/Story et pour souligner l’antinomie entre l’Histoire de la Déesse Sophia et l’Histoire du dieu paternel des trois monothéismes. Ce néologisme n’est pas traduisible en Français.

Le terme vient du Grec iστορία, historía, de la racine Proto-Indo-Européenne wid-tor-, de la racine weid-, “voir, connaître”. On retrouve cette racine dans les termes Anglais suivants: “wit, wise, wisdom, vision, et idea” et dans les termes Français “vision, idée, etc”; ainsi que dans le terme Sanskrit “veda” et dans les termes Slaves “videti et vedati”. Le terme est également corrélé au Grec idein signifiant voir et au Grec eidenai signifiant connaître. Le terme Grec iστωρ, hístōr, signifie un homme sage, un témoin, un juge et a donné le mot historien.

La racine Proto-Indo-Européenne weid a également donné les termes anglais wizard et witch (sorcier et sorcière). De plus, selon Markale (1992) «En langue galloise, le Sorcier, comme le Magicien, se dit “gwyddon”, provenant du même thème indo-européen, [à savoir weid] avec ceci de particulier que, dans toutes les langues Celtiques, les mots qui signifient “science” ont la même origine que ceux qui signifient “bois” ou “arbre” … Et l’on peut se souvenir que les druides Celtes, dont les sanctuaires non bâtis étaient des clairières au milieu des forêts, portent un nom qui signifie “les très savants”, ou “les très voyants”, ce qui revient d’ailleurs strictement au même».

Seraient également corrélés, à cette même racine Proto-Indo-Européenne, les termes Celtes pour blanc, blanche, à savoir gwyn et gwenn en Gallois, guinn en Vieux Breton, vindos en Gaulois, gwenn en Breton, find en Vieil Irlandais. Et bien sûr, dans la même veine, le terme anglais white (pour blanc). Le blanc était la couleur réservée aux Druides et la couleur de la “vision”. De par la transformation courante de la lettre w en g, les termes guide et guidance seraient également corrélés à cette racine weid.

 

Nexus 1947

Nexus 1947 est le terme que je propose pour une suite extraordinaire d’événements datant de 1947, dont l’invention de l’hologramme, la création de la CIA, le lancement de l’Opération Majestic 12 et la célèbre vague d’observations d’OVNIS dont l’un se serait écrasé à Roswell au Nouveau-Mexique. (NDT: Pour d’autres événements marquants de l’année 1947, voir en fin d’essai.)

En introduction du Nexus 1947, j’invite les lecteurs à considérer les deux événements concomitants suivants:

– En décembre 1945, un paysan Arabe découvrit les Codex de Nag Hammadi cachés dans une jarre dans une grotte au nord de l’Egypte, près de Thèbes (Luxor) mais il fallut attendre Juin 1947 pour qu’un érudit Français, Jean Doresse, reconnût la nature de ces documents.

– Durant le même été de 1947, un berger Bédouin découvrit des parchemins et des manuscrits dans une grotte surplombant la Mer Morte, à Khirbet Qumrân, à 30 km au sud de Jérusalem: ce fut la première d’une longue série de découvertes.

Nexus chronologique fondamental: les Codex de Nag Hammadi (CNH) et les Manuscrits de la Mer Morte (MMM) émergèrent de deux mille années d’obscurité au même moment historique.

Mais il y a plus. Beaucoup plus. Durant l’automne de 1947, le monde apprit, dans un état de choc, la formation de l’état souverain d’Israël. Les militaires et les érudits Israéliens trouvèrent très inspirant qu’un état moderne, dans la “Terre Promise”, fût établi au moment même où les Manuscrits de la Mer Morte refaisaient surface – ce qui n’est sans doute pas une simple coïncidence puisque les Manuscrits mettaient en exergue un mouvement nationaliste et messianique en Palestine, sous le contrôle d’une secte extrémiste apocalyptique dont le but avoué était d’invoquer l’intervention de puissances surnaturelles afin d’établir Israël en royaume souverain: les Zaddikim.

Tout cela est troublant, n’est ce pas? Mais accrochez-vous bien, ce n’est que le début de la déferlante de ce nexus. Les érudits présents sur place à Jérusalem en 1947 témoignèrent que des agents de la toute nouvelle CIA étaient présents parmi eux et prirent même des micro-films des manuscrits. Cela se passa sur le toit de l’Ambassade US (cet épisode a été décrit dans l’ouvrage “La Bible confisquée : enquête sur le détournement des manuscrits de la mer Morte” de Michael Baigent et de Richard Leigh).

Le Nexus se présente pour l’instant comme suit: CNH, MMM, CIA et OVNIS et les corrélations sont excessivement alambiquées. Ainsi, nous n’avons pas simplement affaire à un synchronisme temporel entre disons la première observation documentée d’un OVNI par Kenneth Arnold, l’accident supposé de Roswell et la découverte des Manuscrits de la Mer Morte car il existe réellement aussi un synchronisme textuel.

Certains passages des Manuscrits de la Mer Morte décrivent l’apparition de roues brillantes, les véhicules circulaires des Kenoshim, les “Hôtes Célestes” vénérés par la secte de Qumrân comme des souverains surnaturels qui vont et viennent dans leurs chariots célestes. Je met au défi le lecteur le plus réservé: peut-il différencier entre le langage religieux du “Chant de l’Holocauste” et une description moderne d’observation d’un OVNI?

«Lorsqu’ils s’élèvent, on entend une voix divine qui chuchote et il y a un rugissement de louanges. Lorsqu’ils abaissent leurs ailes, il y a une voix divine qui chuchote. Les chérubins bénissent l’image du trône-chariot au-dessus du firmament et ils louent la majesté du firmament lumineux en-dessous du Siège de gloire. Lorsque les roues s’avancent, les anges sacrés vont et viennent. Emanant d’entre Ses roues glorieuses, il y a comme une vision de feu des esprits les plus sacrés. Autour d’eux, l’apparence de petits ruisseaux de feu à l’image de cuivre étincelant… Les esprits des “dieux” vivants se déplacent en permanence avec la gloire des merveilleux chariots. La voix chuchotante de bénédictions accompagne le rugissement de leur avance… Lorsqu’ils s’élèvent, ils s’élèvent merveilleusement et lorsqu’ils viennent à l’arrêt, ils se tiennent tranquilles».

Ce passage est issu du texte 4Q405, à savoir le fragment 405 découvert dans la grotte 4 de Qumrân et traduit dans “The Dead Sea Scrolls in English” par Geza Vermes. (Pages 261-262). D’autres traductions anglaises sont encore plus explicites et décrivent des “roues brillantes”. Les chariots célestes ou “merkaba des Kenoshim” se comportent d’une façon qui rappelle les accélérations et les déplacements soudains des OVNIS qui sont observés à notre époque. Leurs mouvements étonnants sont accompagnés de rugissements et de bruissements qui rappellent la technologie des véhicules modernes. Pour répondre à la question que j’ai posée ci-dessus: oui, il est possible de faire une distinction entre d’une part le langage religieux de ce passage des manuscrits et d’autre part le langage utilisé par les témoins et les contactés modernes. Par contre, les images et l’impression d’étonnement mêlé d’admiration ressentis en présence d’une entité divine ou surnaturelle, sont similaires.

Dans l’ancien temps, les observations d’OVNIS n’étaient pas du tout inhabituelles. L’inventaire commence généralement par un récit de la cour de Thutmose III, un pharaon Egyptien qui vivait aux alentours de 1350 avant notre ère. (Voir Kerner, “The Song of the Greys”. Page 5, et Jacques Vallée, “Chronique des apparitions extra-terrestres”, pour un inventaire exhaustif des observations dans l’antiquité). Au passage de l’ère du Bélier à l’ère des Poissons, vers 120 avant notre ère, des mouvements extrémistes et apocalyptiques prirent beaucoup d’ampleur dans la Palestine ancienne. L’émergence des Zaddikim de Qumrân fut concomitante avec la révolte des Macchabées décrite dans les ouvrages apocryphes. Durant presque deux cent ans, de 120 avant notre ère à 70 de notre ère, année qui vit Titus détruire le temple de Salomon et exiler tous les Juifs de Jérusalem, il y eut une extrême violence, des conflits intersectaires, et un malaise social dans toute la Palestine; cette déstabilisation fut accompagnée par de très nombreuses observations d’OVNIS. J’affirme qu’il n’est pas du tout improbable que les Zaddikim aient été une secte de contactés qui avaient adopté un programme apocalyptique tellement violent et aliénant qu’ils durent opérer une retraite vers les grottes surplombant la Mer Morte. Ils périrent, tout comme de très nombreux Juifs ordinaires qui étaient tout autant choqués par le système de croyance des Zaddikim que nous le sommes aujourd’hui, mais leur programme survécut et fut ressuscité dans le programme de rédemption Chrétienne.

Nexus phénoménologique fondamental: à la fin de la seconde guerre mondiale, l’année même qui voit la vague d’OVNIS et l’accident supposé de Roswell, événements qui firent du phénomène extra-terrestre une obsession mondiale, des documents religieux anciens refont surface en Palestine qui prouvent l’existence de ce qui apparaît avoir été une secte de contactés par les OVNIS, qui vivaient sur les bords de la Mer Morte vers 150 avant notre ère, bien que leur origine remonte très loin dans l’histoire des anciens Hébreux.

Comme je l’ai montré par ailleurs dans mes essais de Métahistoire (par exemple, dans “Politique d’Armageddon”), les sectaires de la Mer Morte, une secte ultra-radicale appelée les Zaddikim, élaborèrent l’idéologie de la rédemption qui émergea ultérieurement dans les doctrines Chrétiennes du “divin sauveur”, celui-là même qui borde George W. Bush dans son lit tous les soirs. L’idéologie des Zaddikim, préservée dans les Manuscrits de la Mer Morte, est le fondement originel de la religion Chrétienne fondamentaliste. Ou pour l’exprimer à l’envers, la religion Chrétienne est le virus pandémique, et totalement envahissant, qui a muté à partir d’un germe minuscule (en termes biologiques, le vecteur) et qui a incubé dans les visions apocalyptiques, haineuses et enragées des Zaddikim.

Encore plus troublant, n’est ce pas? Et bien voyez maintenant cela. Comme les érudits qui se spécialisent dans les Manuscrits de la Mer Morte ne s’aventurent pas dans les Codex de Nag Hammadi, et vice-versa, les experts n’ont pas du tout prêté attention à ceux que le manuscrit de la guerre (War Scroll) des Zaddikim cite en haut de son “hit-parade” de ses pires ennemis (et les Zaddikim avaient beaucoup d’ennemis!). En lien direct avec la prophétie du “Sceptre et de l’Etoile”, l’élément fondamental de la vision apocalyptique Juive, le texte 1QM (4Q491-496) annonce: «Une étoile jaillira de Jacob, un sceptre se lèvera d’Israël pour écraser le crâne de Moab et mettre en pièces tous les fils de Seth». (The War Scroll, Colonne 11, dans “The Dead Sea Scrolls – A New Translation”, de Michael Wise, Martin Abegg, et Edward Cook, Page 160). Les “Fils de Seth” constituent un nom de code utilisé par les Gnostiques pour décrire la transmission secrète de connaissances spirituelles au travers d’une succession de Révélateurs. Kerner interprète “l’étoile” et le “sceptre” comme des allusions directes à la forme en disque et en cigare des OVNIS.

De même, il a échappé à l’attention des experts qu’un texte Gnostique “La première Apocalypse de Jacques”, mettant en garde contre le fait que «Jérusalem est la demeure de nombreux Archontes», est une référence directe aux fanatiques de la secte des Zaddikim. On peut en déduire que les Codex Egyptiens de Nag Hammadi et les Manuscrits sectaires de la Mer Morte présentent les preuves de deux groupes religieux en conflit, et très probablement en contact également. On pourrait penser que le conflit secret entre les Zaddikim et les Gnostiques, qui tentèrent de les dévoiler, décida du destin de la vie religieuse de l’humanité.

Nexus intertextuel fondamental: Les Codex de Nag Hammadi et les Manuscrits de la Mer Morte, découverts en 1947, présentent des preuves écrites qu’il existait un conflit spirituel entre deux groupes, les Zaddikim et les Gnostiques, qui avaient très certainement des contacts physiques.

Dans l’introduction de son ouvrage “The Gnostic Scriptures”, Bentley Layton présente une carte de l’ancienne Palestine (Map 1, “The Gnostic Sect and its Opponents”) qui met clairement en valeur les preuves archéologiques de la présence de Gnostiques qui s’appelaient les “Archontiques” et qui s’étaient installés sur la rive ouest de la Mer Morte, juste en-dessous de Qumrân Khirbet. Ce groupe particulier adopta le nom “Archontiques” car leur mission spécifique était d’observer la vie des Archontes dans la vie religieuse de l’ancienne Palestine. C’étaient, en fait, des agents de la contre-intelligence Archontique. Ils détectèrent, ainsi, une vague d’obsession religieuse Archontique parmi les Juifs Palestiniens et plus spécialement dans la secte des Zaddikim. Ce n’est que lorsque les Codex de Nag Hammadi ont refait surface qu’il a été possible de découvrir la dénonciation Gnostique de l’obsession Archontique – un phénomène socio-religieux connu par les érudits sous le nom “d’apocalyptisme Juif” mais cette dénomination est fallacieuse parce que ces visions extrémistes étaient fermement rejetées par la population Juive et même par les autorités religieuses plus orthodoxes des communautés Juives de l’époque. Dans l’ignorance du conflit sectaire avec les Gnostiques, l’étude conventionnelle des Zaddikim s’est poursuivi de façon inadéquate et erronée. Grâce aux comparaisons que nous pouvons établir de nos jours, entre les différents écrits, on peut comprendre que les Gnostiques purent déceler, dans la doctrine Judéo-Chrétienne de rédemption, un implant extra-terrestre, un virus idéologique empoisonnant le mental humain. Dans cette vision, le Christianisme est une excroissance d’une secte de contactés OVNI, à savoir les Zaddikim. C’est réellement une religion extra-terrestre dont les croyances farfelues et les dogmes surnaturels sont totalement étrangers à la vie humaine sur Terre. C’était et cela reste, en tout cas, l’analyse des Gnostiques.

Je propose de développer une banque de données d’événements qui se manifestèrent en 1947 et qui peuvent être perçus comme corrélés à ces deux phénomènes essentiels que sont les Manuscrits de la Mer Morte et les Codex de Nag Hammadi, ces deux phénomènes étant eux-mêmes corrélés aux OVNIS à la CIA, etc…

Autres Evénements importants de l’année 1947:

– Indépendance de l’Inde et du Pakistan.

– Mise en opération du FMI (Fonds Monétaire International).

– Création du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade), l’ancêtre de l’OMC.

– Début de la Guerre Froide.

– Début de la décolonisation des colonies Françaises (1947-1975).

– Début du Plan Marshall pour “aider” l’Europe: à savoir le début de l’agriculture toxique et industrielle, à grande échelle, en Europe.

– Construction de la première génération d’ordinateurs modernes.

– Création des premiers transistors, le fondement de la technologie de l’information, dans les laboratoires de Bell.

– George Orwell écrit 1984 : “Big Brother is watching you!!”

 

Plérome.

Du Grec Pleroma, signifiant “plénitude, complétude, totalité”. C’est l’équivalent du Sanskrit Purna utilisé dans les textes Tantriques pour caractériser la fondation de tout ce qui existe.

Selon les métaphysiques Gnostiques, le Plérome est la Divinité Suprême ou Urgrund, la Cause Primordiale. Dans le Bouddhisme, c’est Shunyata, la Vacuité, qui est souvent comprise comme le vide, le néant. Au contraire, la Vacuité est une plénitude qui ne peut pas être amplifiée; c’est une “plénitude vide”. Le Bouddhisme met en exergue que la Vacuité est non-créée: il n’exista pas de temps durant lequel elle n’existait pas ou au cours duquel elle aurait émergé. La Vacuité est Eternité, la présence simultanée de tous les instants. Elle est à la fois non-temps et plénitude absolue du temps. Elle est à la fois non-espace, non-localisation et expansion infinie de l’espace. Il n’existe pas de langage adéquat permettant de décrire l’essence de la Vacuité Pléromique.

Le Plérome Gnostique est conçu comme étant à la fois unité et pluralité. Sa structure – si tant est que l’on puisse parler de structure pour l’Urgrund – consiste en une présence fondatrice centrale, l’Originateur, et en un ensemble de puissances dynamiques, les Générateurs appelés également Eons. Il existe donc un Dieu et une compagnie de Dieux dans le Plérome. Cet arrangement mystérieux est évoqué dans le passage d’introduction du Mythos de Gaïa.

Dans toute l’oeuvre de la Métahistoire, j’extrapole la mythologie Gnostique en identifiant le Plérome avec le coeur de notre galaxie tout en proposant, en même temps, qu’il existe de nombreux Pléromes, ainsi que l’affirment les Gnostiques. Ainsi, un Plérome est le coeur d’une galaxie et non pas le centre de l’Univers dans sa totalité. Je ne m’aventurerai pas à décrire le coeur de l’Univers, l’ensemble des galaxies, quant à sa nature ou à sa localisation; cependant, en me fondant sur les recherches astronomiques modernes, je peux dire en toute confiance que le coeur de la galaxie, qui est la demeure de notre Terre, se situe à environ 26 000 années-lumière dans la direction de la Constellation de l’Archer. On ne connaît pas la localisation exacte du coeur de notre galaxie parce que c’est en fait une région plutôt qu’un point-source. Les estimations le positionnent à 27-28 degrés du signe zodiacal du Sagittaire, à savoir à 267-268 degrés sur l’Ecliptique.

Dans la description mytho-poétique développée pour le Mythos de Gaïa, je propose que le coeur de la galaxie est un vortex de lumière sans masse, de haute porosité, incluant de la lumière noire. Ces lumières sont, respectivement, la Lumière Organique et la Lumière Supra-Organique. Pour autant que l’on puisse la décrire en termes comparables à quelque chose de connu, cette lumière est une substance similaire à de la mousse d’extincteur d’incendie. L’éruption de la Lumière Organique, dans les textes Gnostiques, est comparée à une source débordante. Elle est une immensité et une intensité de vie, d’animation, de conscience et d’intention. Les flux massifs et conscients, dans le champ central de lumière, étaient appelés des Eons dans la cosmologie Gnostique. Je suis convaincu que les initiés Gnostiques étaient capables de contacter le coeur galactique, de se tenir dans les flux torrentiels de Lumière Organique et de Lumière Supra-Organique et de recevoir des signaux des Eons. Ces Gnostiques étaient qualifiés de “race immuable” de par leur faculté d’intégrer le flux d’information cosmique et de se tenir fermement sans se diluer dans des états extatiques ou se perdre dans des fantaisies ou des hallucinations.

Les Gnostiques reconnaissaient trois niveaux de facultés pour transcevoir la Lumière Organique. A un premier niveau, l’adepte entre en résonance avec la présence des flux Eoniques oeuvrant au sein de la lumière naturelle de l’atmosphère de la Terre. Au niveau suivant, l’adepte entre en résonance avec le flux des courants Eoniques procédant du coeur de la galaxie et arrivant dans l’atmosphère de la Terre. Au troisième niveau, l’adepte transçoit directement du coeur de la galaxie, là où les courants trouvent leur origine. A chaque niveau, ce sont des informations (je préfère en fait le terme signaux) différentes qui émergent. Le voyant qui était capable d’atteindre, et de soutenir, la résonance sur les trois niveaux, était appelé Trismegistus, “Trois fois grand”, un titre conféré au hiériophante suprême dans les Ecoles de Mystères Egyptiens.

Une des innovations majeures du Gnosticisme, réinventé par mon travail de Métahistoire, est l’affirmation selon laquelle Gaïa n’est pas tout simplement un nom pour la Terre vivante mais une manière de s’adresser à l’intelligence auto-consciente de la planète. Nous pouvons appeler Gaïa par son nom, tout comme on prononce le nom d’une personne bien-aimée. Le problème ici est de ne pas personnaliser Gaïa, ce faisant. Les Gnostiques enseignèrent que Sophia était une présence divine unie avec la Terre mais dont l’origine est au-delà de la planète et antérieure à la planète. Les initiés “Trois fois grands”, qui se tenaient dans les courants pléromiques, étaient capables de communiquer directement avec Sophia au sein de l’atmosphère de la Terre, car Elle est le seul Eon Pléromique accessible par une telle voie. Ce n’est pas une invention extravagante de mon fait mais c’est une réalité mystique qu’il nous faut explorer et expérimenter.

 

Psychonaute

“Celui qui navigue la psyché”. C’est un terme proposé par Ernst Junger, un écrivain et chercheur Allemand en substances chimiques psychoactives, et ami et collègue d’Albert Hofmann, le découvreur du LSD. Jonathan Ott utilise un terme dérivé, “psychonautique”.

Je pense que “psychonaute” est un terme heureux et plus particulièrement lorsqu’on le juxtapose avec cybernaute. L’évolution future de l’espèce humaine va peut-être dépendre de la différence entre les activités de ces deux types d’explorateurs. J’appliquerais le terme de Junger à tous ceux qui explorent la psyché du monde, Anima Mundi, au travers de l’usage rituel de plantes psychoactives, ou de plantes instructrices sacrées, comme on les a traditionnellement appelées. La psychonautique est orientée vers la nature, la Mère qui nous engendre tous, tout autant que vers la nature humaine, le potentiel unique à notre espèce. Lorsque le potentiel humain est identifié et développé, les siddhis émergent. Ce sont des facultés psychiques, des capacités de perception accrue (hyperception) incluant la clairaudience, le mouvement spontané et le rêve lucide. Les facultés ne sont cependant qu’accessoires. La finalité essentielle de la psychonautique est de développer la sagesse et la perception qui permettent aux humains de co-évoluer avec Gaïa et la myriade d’espèces.

La pertinence de la psychonautique vis à vis de la Gnose est patente. J’ai proposé de définir la Gnose, dans sa forme authentique et pré-Chrétienne, comme la théorie et la pratique des sciences noétiques. D’où l’équation: psychonautique = psychonoétique. Les Gnostiques ne s’appelaient pas eux-mêmes de ce nom, cependant, car le terme gnostikos était utilisé comme une insulte, signifiant “ceux qui savent tout, les ânes savants”. Ils s’appelaient les Telestes “ceux qui connaissent le but, telos”. Dans les Ecoles de Mystères, dont les Gnostiques étaient les instructeurs et les guides, (que l’on pourrait comparer à un “collège de doyens”), la finalité de l’enseignement et de l’apprentissage était de produire de la culture à partir d’une connaissance illuminée. Les Gnostiques cherchaient l’initiation et la transmettaient aux autres afin de se consacrer à l’éducation supérieure de l’humanité.

Dédiés à la Magna Mater, les Gnostiques initiaient leurs néophytes dans les mystères de la Nature Sacrée mais ils les guidaient à appliquer ce qu’ils apprenaient, au travers de l’illumination, dans la sphère de la culture. Ceux qui étaient initiés dans les Ecoles des Mystères étaient ainsi les éducateurs du monde classique. Ils enseignaient dans tous les domaines essentiels à l’élaboration de la culture: mathématiques, géométrie, musique, astronomie, architecture, médecine, etc. Chacune des Ecoles des Mystères était la matrice de nombreuses guildes dans lesquelles des personnes non-initiées étaient enseignées. La dernière floraison de ce système s’épanouit au 12 ème siècle avec la construction des cathédrales Gothiques mais le concept selon lequel les “métiers” possèdent une origine initiatrice et sacrée perdura dans les siècles suivants. (La Grande Place de Bruxelles, non loin de là où j’écris ces lignes, est unique dans son déploiement d’art iconique soulignant l’origine initiatrice des corps de métiers. De nombreux ouvrages ont été écrits sur le symbolisme ésotérique de ce décor).

Il est toujours indispensable de discerner entre le résultat de l’initiation et le telos, ou sa finalité. (J’ai originellement souligné cette distinction dans mon ouvrage The Seeker’s Handbook, publié en 1991). Pour les Gnostiques de l’antiquité, le résultat de l’initiation était la réalisation de facultés “divines” ou siddhis (d’où “déification”, un terme qui a été faussement interprété) mais la faculté était d’appliquer ces facultés pour enseigner la culture et guider la société humaine. Tout en étant profondément enracinés dans l’adoration mystique de la Déesse, les adeptes des Ecoles de Mystères considéraient le monde humain comme le terrain de la mission qu’ils s’étaient eux-mêmes assignée.

J’estime que la situation pour les psychonautes d’aujourd’hui est à l’inverse de la norme qui prévalait dans l’antiquité. La tendance de l’expérience illuminée aujourd’hui est de s’éloigner de la culture et de retourner vers la Nature Sacrée. C’est un retour vers la Déesse que nous connaissons maintenant en tant que Gaïa. Vivant dans une société démente, les psychonautes modernes ne peuvent pas se focaliser à engendrer de la culture parce qu’il n’y a ni l’intelligence ni l’inclination à l’accepter. Ce serait du gâchis pour ne pas dire du suicide. (La vie d’Antonin Artaud est l’illustration d’une telle erreur. Une de plusieurs que nous pourrions citer).

En contraste, les cybernautes croient qu’ils sont impliqués dans les aspects les plus avancés de la culture et engagés dans les activités décisives de “construction de culture” du futur. De nombreux cybernautes ont recours à des drogues (que l’on peut distinguer de plantes psychoactives) avant de se connecter aux ordinateurs ou de se ligoter dans une machine à réalité virtuelle, tout en croyant qu’ils explorent les régions les plus éloignées de l’univers. Bien qu’une grande partie de ce qui se dit, quant au potentiel de l’informatique de dominer le monde humain, n’est que du pur baratin, la croyance en ce baratin s’auto-réalise – si l’on peut qualifier la psychose et la désincarnation comme des types de réalisation humaine. La fixation cybernétique peut s’avérer être le scénario de la fin de partie pour notre espèce, la manière dont nous nous éjectons de l’histoire de Gaïa. D’où l’opposition fondamentale à percevoir entre les psychonautes et les cybernautes: les premiers quittent la culture et retournent vers la matrice du Mystère de la Terre, tandis que les seconds se précipitent dans le vide culturel de l’Artificiel, la zone des Archontes.

Comme Dale Pendell le dit dans son ouvrage Pharmacopoeia «Malgré les fractales et les roses logarithmiques, les plantes ne poussent pas dans l’espace cybernétique».

 

Religions Rédemptionnistes

C’est le terme que nous proposons, dans la recherche Métahistorique, pour qualifier les systèmes de croyances qui placent la responsabilité pour l’accomplissement du potentiel de l’humanité à l’extérieur d’elle-même, généralement dans les mains d’une divinité créatrice supra-humaine, tel que le Dieu Paternel des fois Abrahamiques.

Les trois religions, dont on retrace les origines au Patriarche Biblique Abraham, présentent des programmes rédemptionnistes, avec de légères variations: le Judaïsme, le Christianisme (Catholique, Protestant, Orthodoxe, etc) et l’Islam.

Chaque religion comprend quatre constituants: une narration, un jeu de rituels, un système de morales et une idéologie. La religion des anciens Hébreux, par exemple, comprend “la narration sacrée” dans l’Ancien Testament (rapportée dans la Torah, les cinq premiers livres de la Bible), les rituels pratiqués par les dévots, l’éthique proposée par les leaders ou autorités spirituelles (tels que les Dix Commandements dictés à Moïse par Yahvé) et l’idéologie impliquée dans tout ce qui précède.

Tout thème, ou mythème, qui fait partie intégrante de la structure d’une religion, va trouver son expression dans une ou plusieurs de ces modalités. Il en est ainsi du thème de l’expiation. L’Ancien Testament raconte la narration de l’expiation des Juifs, lors de divers épisodes, et plus notoirement l’expiation qui suivit leur fuite d’Egypte. Cet épisode, considéré comme un événement historique réel, devient le fondement de rituels d’expiation qu’il faut périodiquement pratiquer. Cet épisode (qui est exemplaire ou paradigmatique, dans le sens employé par Mircea Eliade pour les mythes) caractérise le modèle pour les rituels et également le cadre pour les pratiques éthiques. Finalement, une idéologie est impliquée dans (ou attachée à) l’ensemble de narrations, de rituels et de principes éthiques. Généralement, le constituant idéologique est composé d’un ensemble de croyances afférentes aux entités surnaturelles, à Dieu et au “Plan Divin”, et à d’autres notions qui, parce qu’elles ne sont normalement pas sujettes à vérification au travers d’une expérience personnelle directe, sont considérées comme matière à croyance. Par exemple, la croyance selon laquelle Dieu protège ceux qui pratiquent des rituels d’expiation est une prémisse idéologique.

Le rédemptionnisme, le système dominant de croyances religieuses sur la planète, englobe la totalité de ces quatre constituants mais le moteur de la dynamique des doctrines rédemptionnistes réside fondamentalement dans l’idéologie, à savoir les croyances non-vérifiables qui sont attachées au système. Ainsi que nous l’avons mis en valeur dans les essais de la Métahistoire, les Gnostiques qui observèrent l’émergence du programme rédemptionniste Chrétien à partir de l’idéologie sectaire Juive (et principalement du culte des Zaddikim) et qui dénoncèrent ce qu’ils perçurent comme étant des croyances erronées, n’attaquèrent jamais quiconque soutenant ces croyances mais ils s’attaquèrent à ces croyances mêmes. Par contre, les Gnostiques furent physiquement agressés et les Ecoles de Mystères, en lesquelles ils préservaient une tradition millénaire d’enseignements initiateurs, furent détruites. La destruction dura des siècles, commençant à l’époque de l’adoption du Christianisme comme religion d’état de l’Empire Romain et s’étendant jusqu’au coeur du Moyen-Age.

Je souligne cela une fois de plus, au risque de me répéter, non seulement pour attirer l’attention sur la plus grande histoire cachée de la civilisation Occidentale – à savoir la destruction des Mystères et de l’héritage sacré de la sagesse Indigène Européenne, dont les Mystères constituaient la fine fleur – mais également, et plus ostensiblement, pour indiquer que:

La religion rédemptionniste ne peut pas prévaloir sur la planète par la conversion pacifique ou par la force de sa vérité intrinsèque et irrésistible; et il en fut de même dans le passé.

Constantin, qui fit du Christianisme la religion d’état de l’Empire Romain, n’était ni un demeuré ni un dévot Chrétien. Même son biographe, Eusebius, falsifie de façon patente la narration de la “conversion de Constantin”, attribuée à une vision de la Croix dans le ciel. (Cet incident a été interprété comme une vision de phénomène ET/OVNI, associant ainsi le rédemptionnisme à la présence permanente d’entités extra-terrestres sur Terre et suggérant leur intervention possible dans l’expérience religieuse humaine). Il était politiquement opportun de faire du Christianisme la religion d’état parce que la nouvelle foi conférait une autorité surnaturelle aux Autorités en place. Nous pouvons percevoir une extension claire et logique de ce stratagème politique dans le fascisme religieux arrogant du gouvernement US sous les présidences Bush, tout en sachant que les racines de cette tyrannie peuvent être retracées à des origines antérieures.

En bref, j’affirme que la religion rédemptionniste n’est pas une religion selon le sens authentique de ce terme: c’est une idéologie politique déguisée en religion. Le Christianisme n’a jamais été autre chose depuis sa fabrication. Il n’a pas été corrompu en un fascisme mystique parce que c’est comme tel qu’il a été originellement conçu.

Le rédemptionnisme prévaut dans les événements du monde, et tyrannise mentalement des centaines de millions de personnes de nos jours, (et cela fait 20 siècles que cela perdure) parce qu’il possède les constituants idéologiques d’un système de contrôle totalitaire dont la source ultime de contrôle et la légitimité échappent à toute remise en question. Hors de portée de la conscience humaine et de la correction.

Les principaux éléments du rédemptionnisme Judéo-Chrétien-Islamique sont les suivants:

– Création du monde comme l’ouvrage d’une divinité mâle, le Dieu Paternel, plutôt que comme un processus permanent impliquant des divinités des deux genres.

– Suprématie du Dieu Paternel mâle qui est également conçu comme un juge et un législateur.

– Origine de codes moraux dictés par Dieu à des messagers choisis de lui – qui sont toujours des hommes, bien évidemment (Abraham, Jacob, Moïses, Jésus, Mohammed…). Ce parti-pris masculin est la signature intrinsèque de la “religion révélée”, le terme académico-théologique pour le rédemptionnisme.

– Répression du Féminin, patente non seulement dans l’élimination des Déesses Païennes de l’Ancien Testament mais également dans la misogynie du Nouveau Testament, promulguée par Paul, et dans l’apartheid sexuel de l’Islam.

– Domination de l’humanité sur la Terre, décrétée par le Dieu Paternel qui crée l’espèce humaine “en Son image”. Cette problématique idéologique institue un système de contrôle social défini par l’autorisation de piller et de ravager la Terre. Il est clair que le consumérisme global est totalement en phase avec l’idéologie Biblique de suprématie humaine.

– Dogme de la Chute, du péché et de la rédemption.

– Incarnation de la divinité sous une forme humaine – affirmée dans le Christianisme, rejetée dans le Judaïsme sauf dans l’idéologie apocalyptique des Zaddikim, et rejetée de même dans l’Islam qui, cependant, attribue à un livre unique, le Coran, le statut attribué à Jésus/Christ par les Chrétiens.

– Nature corrompue de la sexualité et du monde naturel – une attitude faussement attribuée aux Gnostiques par les premiers idéologues Chrétiens, dans une tentative sournoise et largement réussie, de déguiser leurs propres inclinations à haïr la sexualité et à rejeter le monde en les faisant endosser par l’Autre diabolisé.

– Complexe du Rédempteur Divin, commun aux trois versions.

– Résurrection du corps physique, dans le cas spécial de Jésus/Christ et dans le cas général de la résurrection de l’humanité à la fin des temps.

– Punition éternelle et damnation des pécheurs et des infidèles.

– Jugement divin et apocalypse à la fin de l’histoire.

– Efficacité des rituels d’expiation par procuration (festivals Juifs, Messe Catholique, Haj Islamique…).

Enlevez tout cela et que reste-t-il? Pas grand chose car il n’y pas grand chose dans la religion rédemptionniste lorsque vous en avez ôté le moteur idéologique.

On pourrait cependant se demander s’il existe une forme possible de religion authentique sans ces éléments? Certainement. Une religion authentique dépourvue d’éléments rédemptionnistes existait largement dans les cultures Païennes d’Europa tel qu’on en trouvait des exemples, et tel qu’on en trouve encore de rares aujourd’hui, dans la sagesse spirituelle Indigène des Peuples Premiers, tels que les Aborigènes d’Australie et les cultures premières des Amériques, de la Polynésie, de l’Arctique… Dans une certaine mesure, les systèmes de métaphysique Asiatiques, tels que le Dzogchen et le Vedanta, sont libres d’éléments rédemptionnistes. La Gnose, le chemin de la connaissance directe des matières divines, était une voie d’illumination qui, de par son insistance sur la proéminence de l’expérience sur l’autorité et de l’apprentissage sur l’endoctrinement, contrastait très profondément avec le rédemptionnisme.

Dans la Gnose, il n’existait pas de doctrines sacrées ou échappant à la remise en question. Il devrait en être de même aujourd’hui pour tout enseignement qui se présente comme Gnostique. La connaissance cultivée dans les Mystères pouvait être validée par l’expérience directe et il est très clair que les initiateurs insistaient pour que les néophytes apprennent pour eux-mêmes les fondements du mysticisme expérimental. Chaque génération de Mystai amplifiait le processus de révélation permanente et oeuvrait à élaborer la sagesse développée par ceux qui les avaient précédés. Les Gnostiques étaient des écrivains prolifiques et, même s’ils ne considéraient pas comme sacrée l’oeuvre écrite d’un auteur individuel, ils tenaient pour un engagement sacré le processus d’enseignement et d’apprentissage.

Tous les éléments de la liste ci-dessus sont tributaires d’une mise à exécution par des Autorités, telles que le Pape ou le Président qui se présentent comme étant les représentants des puissances surnaturelles qui contrôlent le programme rédemptionniste. Dans la Gnose des Mystères, il n’existait pas de tels intermédiaires entre les initiés et l’expérience suprême de l’initiation: la rencontre des divinités et l’exploration des merveilles de ce monde, la Terre et au-delà, le Cosmos. La finalité des Mystères était d’enseigner comment connaître Gaïa et comment co-évoluer avec ses desseins.

Quant au propos de la religion rédemptionniste,  c’est le contrôle social.

Les scénarios d’interventionnisme ET/OVNI représentent un type spécial de rédemptionnisme. Dans les narrations consignées sur les tablettes cunéiformes, les scribes Sumériens produisirent les rapports, les plus anciens qui aient survécu, d’un programme rédemptionniste par lequel des entités de type extra-terrestre, les Annunakis, interviennent dans l’évolution humaine. Cependant, pourquoi devrions-nous considérer comme vrai tout ce qui a été écrit sur des tablettes d’argile?

 

Transe Visionnaire

L’état altéré du mental et des sens qui permet une connaissance supérieure spontanée au travers d’une corrélation entre l’intuition intérieure et une révélation extérieure et très sensorielle. Le mot “vision” vient de la racine Indo-Européenne weid-, source des mots en anglais, wizard, wisdom, witch… C’est également la racine du mot Sanscrit vidya “connaissance spirituelle” et Veda, enseignement sacrés.

Une transe visionnaire est une forme d’attention accrue par laquelle nous apprenons des choses extra-ordinaires au sujet de la nature, du soi et du cosmos dans son ensemble. Il est relativement facile d’entrer en transe mais il est plus dur d’y rester, semble-t-il. (Quelque part, Castaneda fit une observation similaire concernant le “point d’assemblage”: il est assez facile de le déplacer mais il est difficile de le maintenir dans la nouvelle position). La transe est, bien sûr, une pratique fondée sur le shamanisme dans toutes ses variantes planétaires. C’est la “technique archaïque de l’extase” (Eliade) par excellence. On peut l’atteindre, avec difficulté et beaucoup d’efforts, par la méditation; il est plus facile de l’atteindre grâce à l’ingestion de plantes psychoactives. On peut la maintenir par des mudras (des gestes sacrés) et des danses, ou en développant des facultés de concentration qui ne flanchent pas sous l’impact de charges extrêmement intenses. «La discipline est l’art de ressentir l’admiration empreinte de révérence» (Castaneda à Michael Ventura vers 1987).

Dans la transe visionnaire, le shaman effectue une triple connexion: mental-corps-nature ou mental-corps-cosmos, si vous préférez. De par la mort de l’ego, les filtres qui conditionnent notre perception sont momentanément invalidés. L’identité personnelle peut être conçue comme une sorte de verrou qui maintient ces filtres en place. Lorsqu’ils se dissolvent, un déluge de signaux s’engouffre – “de l’information” en provenance de tout le cosmos. Il est risqué, et peut-être trompeur, de l’appeler de l’information parce que ce déluge consiste en un spectre d’impulsions vivantes, de signaux animés. Cette information est vivante, tout comme les cris de l’aigle et les chants de la baleine. Le Bouddhisme Tibétain présente de nombreux exemples de “divinités tutélaires” qui confèrent cette information au travers d’enseignements et qui en sont eux-mêmes des incarnations. La discipline de la transe visionnaire consiste à accorder beaucoup d’attention à ce qui est enseigné.

Des moments de transe visionnaire peuvent se manifester spontanément, émergeant par un pouvoir qui leur est propre. Les deux illuminations de Jacob Boehme, décrites dans “Cosmic Consciousness” par Richard Maurice Bucke, en sont un exemple classique:

«… Alors qu’il était assis un jour dans sa chambre les yeux fixés avec intensité sur un plat d’étain bruni, qui réfléchissait le soleil avec une telle splendeur magnifique qu’il plongea dans un état d’extase et qu’il lui sembla qu’il pouvait maintenant pénétrer dans les principes et les fondations les plus profondes de toute chose. Il croyait que ce n’était qu’une fantaisie et afin de l’effacer de son mental, il sortit dans le jardin. Mais il remarqua dehors qu’il contemplait le coeur même de toute chose, les plantes et l’herbe, et que la nature réelle s’harmonisait avec ce qu’il avait perçu de l’intérieur…

Enveloppé de lumière divine et régénéré de connaissance divine… il était assis et contemplant les plantes et les herbes des champs dans sa lumière intérieure, il pénétra dans leurs essences, usages et propriétés qui lui étaient dévoilées par leurs figures, leurs linéaments et leurs signatures» (Bucke).

Dans l’état de transe, l’intérieur et l’extérieur fusionnent et il n’existe plus de distinction claire entre ce qui est à l’intérieur du corps et ce qui en est à l’extérieur; malgré tout, le corps est là, intact et distinct. La convergence opère également au niveau cognitif, de telle sorte que les sens contemplent ce que le mental connaît: «et que la nature réelle s’harmonisait avec ce qu’il avait perçu de l’intérieur…»

L’expérience visionnaire est souvent clairaudiente: Boehme «reconnut (ce qui lui était apparu chaotique et diversifié dans des visions antérieures) comme une unité, comme une harpe avec beaucoup de cordes, dont chacune est un instrument séparé, alors que le tout n’est qu’une seule harpe. Il reconnut alors l’ordre divin de la nature…» Je pense qu’il serait raisonnable d’appeler cette description une version primitive de la “Théorie des Strings”. Ce que les scientifiques appellent aujourd’hui les “strings” (les cordes) qui composent l’ordre cosmique sont des amas soniques ou des résonances qui peuvent en fait être entendus lors de transes visionnaires. La “Théorie des Strings” n’est que théorique alors que la science de Boehme était expérientielle.

D’autres exemples de transe visionnaire sont le samadhi de Swami Yogananda Paramahansa (“Autobiography of a Yogi”. 1945), l’Illumination Gnostique de Philip K. Dick en mars 1974 et la transmission des “Elégies de Duino” chez Rainer Maria Rilke.

Les Gnostiques amenèrent la méthode shamanique de transe visionnaire à un certain point en se concentrant sur le contenu surnaturel de la perception sensorielle. En effet, ils lisaient le code caché des processus de vie de Gaïa, “les signatures de la nature”, pour emprunter une expression de Boehme. Ils étaient des “agents de l’intelligence planétaire” qui apprenaient directement de la Déesse Terre, la Magna Mater, afin qu’ils pussent enseigner la co-évolution avec Elle. Traditionnellement, les shamans se tiennent entre la nature (ou le Nagual, l’Autre Sacré) et la société humaine et agissent comme des intermédiaires entre les deux royaumes mais les Gnostiques firent plus: ils conférèrent à la société la connaissance et les outils pour l’élaboration de culture qu’ils recevaient du cosmos vivant en états de réception trans-égoïque. Pour eux, la transe visionnaire était une technique d’acquisition de connaissances supérieures.

Les Gnostiques étaient réputés pour une technique spécifique, la transe en position debout. C’était une méditation debout plutôt qu’assis. (C’est une grande différence qui explique le contraste entre la technique Bouddhiste, qui est statique et assise, et la technique Gnostique qui est dynamique et érigée. Ces postures génèrent des résultats très différents). Avec cette méthode, les Gnostiques se tenaient debout, et contemplaient la lumière (pas la lumière naturelle, mais le rayonnement organique qui devient visible en perception accrue) et ils se tenaient également tranquilles intérieurement afin de ne pas être débordés par le déluge d’illumination. Ce faisant, ils étaient capables d’assimiler les signaux véhiculés par des vagues torrentielles de lumière vivante, “les grandes bandes d’émanations” de Castaneda. Au contraire, le psychonaute non qualifié va sans nul doute dériver dans des fantaisies ou succomber à des hallucinations qui sont des distorsions des signaux primordiaux d’instruction.

Les adeptes qualifiés, tels que les instructeurs des Mystères, étaient appelés “immuables” parce qu’ils ne permettaient pas que leur attention soit détournée par les distractions de l’hallucination, bien qu’ils fussent capables d’observer les hallucinations pour déterminer ce qui les produit. Les Gnostiques faisaient le voeu sacré de ne pas halluciner afin qu’ils pussent apprendre le plus possible de l’expérience visionnaire. Je propose le terme de sacramentale pour la pratique de l’extase cognitive qualifiée à distinguer de l’utilisation récréative (“tripping”) de plantes psychoactives dans laquelle la fantaisie, la distraction et l’hallucination prédominent.

 

Zaddikim.

“Les Justes, les Plus Parfaits”, c’est le nom d’une secte groupusculaire de Juifs ultra-fondamentalistes dont les croyances et les pratiques sont consignées dans les Manuscrits de la Mer Morte. Ce terme est dérivé de l’Hébreu Tzaddik, “Justes”.

Les Manuscrits de la Mer Morte furent découverts dans des grottes au sud de Jérusalem, en 1947, mais l’importance de ces documents, dont la plupart datent du premier siècle de notre ère, fut cachée au monde entier durant près de cinquante années. En 1991, un individu appelé Herschel Shanks, éditeur de la Biblical Archeological Review, agissant de concert avec des érudits Bibliques, brisa le contrôle du Vatican sur les recherches et les traductions portant sur les Manuscrits de la Mer Morte. (Cette histoire est narrée dans l’ouvrage de Michael Baigent: “La Bible confisquée, enquête sur le détournement des Manuscrits de la Mer Morte”). Nous devons principalement cette percée à Robert Eisenman, un érudit qui a redéfini les études Bibliques, grâce à ses recherches sur les Manuscrits de la Mer Morte. Son interprétation du contenu des Manuscrits, et, ce qui est plus important, de leurs sources autoriales, invalide complètement toutes les théories antérieures relatives aux origines du Christianisme.

Une des croyances les plus répandues, au sujet de la religion fondée sur la personne de Jésus/Christ, est celle selon laquelle cette religion est dérivée, pour ainsi dire, de l’antique Judaïsme, la religion tribale des Hébreux qui remonte à l’époque du patriarche Abraham (aux environs de 1800 avant EC). Selon cette histoire, Jésus était un rabbin réformiste qui dépassait le Judaïsme doctrinal pour promouvoir des enseignements moraux s’adressant universellement à l’humanité plutôt qu’aux Juifs, considérés comme une race séparée ou même comme le “Peuple Elu”, mais il était encore plus cela. Il était également un surhomme ou un agent surnaturel de la volonté de Dieu. Selon certaines voies de la destinée, qui sont explicitées ad nauseam par les apologistes, le “Dieu Paternel” vengeur de l’Ancien Testament s’est transformé en “Père Céleste” bienveillant qui envoya un intercesseur surnaturel, son fils engendré unique, Jésus, pour racheter les péchés du monde. Bien que les Juifs orthodoxes refusent de considérer que Jésus soit le “Messie” tant attendu de leur foi pré-Chrétienne et rejettent le statut surhumain conféré à “Jésus/Christ”, la plupart des Chrétiens assument que Jésus était réellement le personnage messianique que les Anciens Juifs attendaient et ils insistent sur son statut unique de divinité.

 

Tolérance Zéro

Les travaux d’Eisenman, corroborés par les investigations d’autres érudits tels qu’Hugh Schonfield et John Allegro, démontrent que les rituels, l’éthique et l’idéologie (à savoir les éléments surnaturels) du Christianisme n’émergèrent pas du Judaïsme conventionnel mais des croyances soutenues par une secte minoritaire de Juifs ultra-fondamentalistes qui s’opposaient même à leur propre tradition. Il est faux de prétendre que le Christianisme ne fut qu’une simple excroissance de ce Judaïsme vécu au jour le jour et qui prospérait dans l’ancienne Palestine en maintenant une coexistence paisible avec la diversité colorée de cultes régionaux de la religion Païenne. Il est vrai que les Juifs dévots, de l’époque pré-Chrétienne, suivaient des règles strictes d’hygiène et de rituels mais ils n’imposaient pas leur mode de vie aux non-Juifs. Tout comme le Paganisme, le Judaïsme Palestinien était intrinsèquement tolérant et avait adopté une philosophie sociale de vivre et laisser vivre. Des érudits tels que Martin Hengel (“Judaïsme et Hellénisme”, 1974) ont montré que le Judaïsme, même dans son orthodoxie la plus stricte, coexistait paisiblement avec les Mystères Gréco-Orientaux de l’antique Palestine dont faisaient partie les Ecoles des Mystères dans lesquels les Gnostiques prodiguaient leurs enseignements et leurs initiations.

Quant aux Zaddikim, ils étaient tout sauf tolérants et ils voulaient imposer leurs conceptions au monde entier – sinon qu’il soit damné! En fait, cette secte très peu connue introduisit dans la vie religieuse de l’humanité la notion d’un standard surhumain de comportement humain, un standard impossible à accomplir en termes humains et naturels. Tzaddik “la justesse absolue”, n’est pas simplement un idéal de bonne conduite: c’est une requête inhumaine de conformité à un standard impossible de pureté et de self-contrôle, un idéal inhumain. La secte groupusculaire, qui choisit de vivre en exil dans les grottes de la Mer Morte, était contaminée par la croyance selon laquelle ils étaient, sinon meilleurs que le reste de l’humanité, au moins dans la connaissance de ce qui était requis pour devenir meilleurs, pour exceller et pour surpasser la race humaine, pour être Tzaddik, pur et juste. Cet idéal fut incorporé par le Christianisme dans le personnage de l’hybride humain/divin, Jésus/Christ.

 

La puissance derrière le Messie

Il est certain que tout le monde Juif attendait la venue du Messie, leur libérateur racial et religieux, depuis les jours de l’Exil Babylonien (aux environs de 600 avant EC). Mais la secte des Zaddikim soutenait des notions spécifiques concernant l’identité du Roi longtemps attendu. Selon les enseignements secrets des élus Zaddikites, même le Messie (qui était en fait deux Messies en un, mais c’est une autre histoire) n’était pas le modèle ultime car il existait une puissance cachée derrière le Messie, et cette puissance, uniquement, constituait la source ultime de l’autorité spirituelle pour les élus Zaddikites. Le nom de cette entité était rarement proféré et ses voies étaient jalousement tenues secrètes du temps de Saül, le premier roi Juif.

Cependant, Saül de Tarses, qui devint connu sous le nom de l’Apôtre Paul, dévoila en toute arrogance l’enseignement secret qu’il avait reçu à Damas lorsqu’il fut abducté, lobotomisé et converti à la cause Zaddikite (ainsi que Robert Eisenman l’explique ou tel qu’il puisse en être inféré de ses explications quant aux aspects politiques des Manuscrits de la Mer Morte). Il est extrêmement étrange que les théologiens et les dévots de la foi Chrétienne ignorent, en toute assiduité, cette révélation bizarre de “Saint Paul” dans Hébreux, chapitre 5. Paul y disserte de l’autorité de “la classe des prêtres” qu’il souhaite établir dans la foi en l’hybride humain/divin, “Jésus/Christ”: «En effet, tout grand prêtre pris du milieu des hommes est établi pour les hommes dans le service de Dieu, afin de présenter des offrandes et des sacrifice pour les péchés… Et Christ ne s’est pas non plus attribué la gloire de devenir un grand-prêtre, mais il la tient de celui qui lui a dit: Tu es mon Fils, Je t’ai engendré aujourd’hui! Il dit aussi ailleurs: Tu es prêtre pour toujours selon l’ordre de Melchisédech… Et qui, après avoir été élevé à la perfection, est devenu pour tous ceux qui lui obéissent l’auteur d’un salut éternel, Dieu l’ayant déclaré grand-prêtre selon l’ordre de Melchisédech.» (5:1-10).

Paul explique que pour avoir un Messie, littéralement “celui qui est oint”, il faut avoir  quelqu’un qui pratique l’onction. Le terme Hébreu “messie” était appliqué à un roi Juif oint avec de l’huile consacrée, selon le modèle d’intronisation des anciens rois consacrés dans tout le Moyen Orient (bien que l’adoption des rites de royauté consacrée par les anciens Hébreux était une anomalie, une aberration dans leur vie religieuse – mais cela aussi est une autre histoire). Christ, du verbe Grec khrio “oindre”, est la substitution de Paul pour “Messie”. Christ et Messie signifient tous deux “celui qui est oint” mais avec le passage de l’Hébreu au Grec, ce terme acquiert une aura surnaturelle. Pour le dire en d’autres mots, l’identité secrète et surhumaine du Messie Zaddikite se révèle dans le Christ de Paul.

Christ est Celui qui est Oint, comme tous les Chrétiens le savent. Mais qui a réalisé l’onction? La personne qui pratique l’onction doit être d’un niveau spirituel supérieur. L’onction est une intronisation, mais ce transfert de pouvoir émane de celui qui oint. Le pouvoir transféré est reçu par celui qui est oint. Dans sa révélation étonnante, Paul affirme ce qui saute aux yeux: le Christ-Messie doit recevoir son pouvoir et son autorité d’ailleurs. «Et Christ ne s’est pas non plus attribué la gloire de devenir un grand-prêtre». La plupart des théologiens argumenteraient que c’est du Dieu Paternel, Yahvé, que dérive le pouvoir de l’onction et qu’il fut symboliquement conféré au travers du baptême par Jean dans le Jourdain mais Paul raconte, néanmoins, une histoire différente. Il attribue le pouvoir d’oindre le Christ, (de l’ordonner) à un agent secret, Melchisédech. Ce nom signifie “prince ou régent” (melchi-) de la “justesse” (zaddik).

Paul continue de dévoiler la doctrine secrète Zaddikite en décrivant, de manière spécifique, la nature de celui qui pratique l’onction, à savoir Melchisédech:

«… qui est d’abord Roi de Justice, d’après la signification de son nom, ensuite Roi de Salem, c’est-à-dire Roi de Paix; qui est sans père, sans mère, sans généalogie, qui n’a ni commencement de jours ni fin de vie; mais qui est rendu semblable au Fils de Dieu, – ce Melchisédech demeure grand-prêtre pour l’éternité.» (Hébreux 7: 2-3).

Cherchez tant que vous voudrez mais vous ne trouverez que rarement une référence à Melchisédech en tant qu’autorité spirituelle derrière le Christ. A part la révélation étonnante de Paul, ce personnage n’est mentionné que quelques fois dans la Bible. Dans l’Ancien Testament (Genèse, 14) Melchisédech, accompagné de deux autres personnages “angéliques” apparaît à Abraham au bois de Mamre. Cette rencontre a été communément interprétée comme une rencontre ET de la quatrième dimension dans les recherches portant sur les ET/OVNI et l’ufologie Biblique. Quiconque lit attentivement la description, par Paul, de Melchisédech ne peut que se demander de quel type d’entité il s’agit. Une forme humaine, ou humanoïde, qui n’est jamais née et qui ne meurt pas, qui n’a pas de parentage ou de lignée génétique en termes humains et qui vit pour l’éternité, c’est à dire qui jouit virtuellement de l’immortalité: quelle est donc la nature de cette entité? Aujourd’hui, nous avons un qualificatif….

Melchisédech est l’agent secret derrière l’idéologie Zaddikite de la perfection divine (à savoir impossible) qui implique également un châtiment divin pour tous ceux qui n’accomplissent pas l’Idéal Transhumain ou qui s’opposent à ceux qui révèrent l’Idéal Transhumain, les fidèles qui l’adoptent pour leur rédemption, pour leur libération de la condition humaine. Nous avons ici la source de ce que George Steiner a appelé “le chantage de la transcendance”, le système de croyance inhumaine qui procéda non pas de la religion Juive, mais des Zaddikim. (“Bluebeard’s Castle”, cité dans Paul Shepard, “Nature and Madness”). Steiner écrivit que «la croyance du Sinaï aliéna la psyché humaine de ses racines les plus antiques» mais l’idéologie Zaddikite de la perfection fut encore plus dévastatrice que le complexe de culpabilité résultant des commandements divins du Code Mosaïque. “L’injonction Judaïque à la perfection” (Steiner de nouveau cité par Shepard) a jeté une malédiction sur l’entièreté du monde.

L’Idéal Transhumain est l’outil psychologique principal de la mentalité Dominatrice (cf. Terence McKenna et Riane Eisler) qui opère au sein de l’alliance religieuse-gouvernementale du jeu de pouvoir global. Que ceux qui propagent ce jeu soient Nazis ou Neocons – et de nos jours, il est difficile de les différencier – le résultat est le même: distanciation de la condition humaine et aliénation du corps (“la situation schizoïde de base” selon Shepard). Melchisédech rôde dans les sombres ténèbres des ombres du patriarcat.

Mais les Gnostiques, qui pouvaient rester dans les ténèbres tout en transcevant la Lumière, étaient conscient de ce qui se cache dans ces ombres. Parmi les centres de Mystères de la Palestine, il y avait le centre des Archontiques, juste en dessous de Qumran Khirbet, sur la rive occidentale de la Mer Morte. Les initiés Gnostiques détectaient les Archontes grâce aux facultés paranormales qu’ils avaient acquises de par leur formation dans les Mystères mais ils percevaient également la contamination d’une mentalité extra-terrestre dans les doctrines des Zaddikites. En violation de leur voeu sacré d’anonymat, certains Gnostiques intervinrent publiquement pour s’opposer à l’idéologie Judéo-Chrétienne du Rédempteur Divin, le Christ/Messie consacré par Melchisédech. Ils mirent en garde contre “l’esprit de contrefaçon” des Archontes (antimimon) «qui ont conduit Adam à s’égarer afin qu’il puisse perdre sa connexion au Plérome» (“Apocryphe de Jean”, II, 21). Pour les Gnostiques, “Adam” était le nom de code pour “l’humanité” authentique, tout autant que pour notre capacité de la reconnaître: de se connaître nous-mêmes. Ils attribuaient les émotions virulentes et haineuses des fanatiques Zaddikites, dont est horriblement empreint le langage des Manuscrits de la Mer Morte, à la démence générée par la diversion Archontique:

«Du chagrin [et du désespoir qui pousse les humains à se soumettre aux Archontes] vinrent l’envie, la jalousie, la détresse, les problèmes et les peines, l’endurcissement, l’anxiété, les lamentations et plus. [Et c’est du plaisir des Archontes] qu’une telle méchanceté se manifesta, ainsi que la vaine fierté et tout ce qu’elle suscite. Et du désir [d’être autre qu’humain] vinrent la colère, le courroux, l’amertume et les passions amères. Et de la peur [de faillir à être humain] vinrent la terreur, l’obséquiosité, l’agonie et la honte. Et ce sont des choses utilises tout autant que des choses terribles» (“Apocryphe de Jean” II, 18).

Ce passage se lit comme un inventaire des émotions exprimées, page après page, dans les écrits Qumraniques. Il se termine par l’observation perspicace que tout horribles que soient ces émotions, elles sont bénéfiques à certaines personnes. Je me demande qui cela pourrait bien être?

Les croyances des Zaddikims présentent certaines des conceptions les plus intolérantes et les plus haineuses qui aient jamais émergé du mental humain. Tout autant dans le langage que dans le contenu, les Manuscrits de la Mer Morte bouillonnement littéralement de haine. Passage après passage, ces écrits sectaires incitent à la violence raciale et religieuse. Ils témoignent, de façon patente, d’une rage virulente et génocidaire.

Simultanément, ils profèrent des damnations tout en plaidant pour des jugements. Ils appellent à la destruction du monde, par des puissances surnaturelles, afin que ceux qui sont fidèles à l’idéal de Tzaddik soient mis à part de la plèbe, rescapés de la damnation bien méritée de la race humaine. Les Zaddikim constituent une sorte de mélange de la Branche Davidienne de Waco et de la secte suicidaire de Heaven’s Gate, avec les pires aspects de ces sectes à la puissance dix.

Et c’est cette démence qui fut à la source de la religion Chrétienne.

Les espions Gnostiques, sur la Mer Morte, qui tentèrent d’alerter la population vis à vis des dangers de l’idéologie rédemptionniste Zaddikite furent réduits au silence et les Ecoles des Mystères devinrent la cible d’une vague d’éradication, une “purification spirituelle”. Mais dans les fragments des enseignements Gnostiques qui ont survécu, cette mise en garde est on ne peut plus claire:

«Les autres [qui prétendent connaître les Mystères] changeront la signification par des voies perverses, par des paroles fallacieuses, et ils imposeront des mystères imposteurs. Ceux qui ne comprennent pas l’expérience authentique des Mystères parleront comme s’ils comprennent et se vanteront que leur vérité est unique… Dans l’arrogance et pleins d’une fierté contre-nature, ils envieront l’âme immortelle… car le désir des Archontes est de s’approprier ce dont ils sont dépourvus depuis la création de ce monde [noos, le legs d’intelligence divine], l’esprit intellectuel. Et c’est ainsi qu’ils joignent leurs forces avec ceux qui sont dans l’erreur.

De nombreux autres, également, qui s’opposent à la vérité et qui sont des messagers de l’erreur (plane) établiront leurs erreurs en un système de loi oeuvrant à l’encontre de la connaissance pure du coeur, et à partir de leur perspective déviante, croiront que le bien et le mal procèdent de la même source [le Dieu Paternel].» (“Apocryphe de Pierre” 77).