1935 à 1965: Une première génération de psychonautes

Cet essai présente un inventaire partiel, de cette première génération de psychonautes, qui en précise l’ordre chronologique et en décline certains événements caractéristiques, des ouvrages clés, des programmes gouvernementaux de contrôle mental, etc. J’ai également ajouté des commentaires sur les thèmes et les tendances de cette première génération.

La position d’une personne, quant à la problématique de l’extase cognitive induite par des champignons et des plantes psychoactives, va déterminer, plus que toute autre problématique, son engagement dans la Transmutation Planétaire en devenir.

 

Prélude: 1932

“Le Meilleur des Monde”, le roman dystopien d’Aldous Huxley, se déroule à Londres en 2540. Le roman anticipe brillamment de nombreux aspects de la vie d’aujourd’hui: des technologies de reproduction ou eugéniques, des manipulations génétiques, de “l’apprentissage durant le sommeil”, l’euthanasie obligatoire et l’addiction de masse. Dans la vision, par Huxley, du type de monde qui pourrait être le nôtre dans le futur, une drogue appelée “soma” joue un rôle central dans le contrôle comportemental de la population. L’auteur emprunta ce terme à d’anciens textes Védiques décrivant une plante (dont la nature était, et est encore, un sujet de controverses) qui génère un état d’ébriété divine.

Le psychonaute G1, Gordon Wasson, qui proposa la théorie enthéogénique de la religion, consacra une grande partie de ses recherches à prouver que le Soma Védique était l’Amanita muscaria, ou Amanite tue-mouches. Si Gordon Wasson avait raison, le Soma aurait donc constitué la source naturelle suprême de l’expérience religieuse pour l’espèce humaine.

Cependant, dans “Le Meilleur des Monde”, le Soma est une drogue soporifique utilisée pour assoupir et tranquilliser les masses au contraire du sublime sacrement psychoactif célébré par Wasson. Dans ce monde futur, personne ne passe du temps seul parce que l’Etat approvisionne la population avec du Soma. Son effet est de permettre à tout un chacun d’échapper béatement à la douleur et à la détresse et d’accepter, et de se contenter, de réaliser les tâches qui lui sont assignées dans le système rigide de castes qui constitue son environnement social. Le Soma ne possède aucun effet secondaire à court terme mais, à long terme, il entraîne la mort par insuffisance respiratoire.

Le contraste entre les usages du Soma, tels qu’ils sont décrits par Huxley et Wasson, est saisissant et instructif et n’est pas sans rappeler l’adage Marxiste selon lequel la religion constitue l’opium des masses. Dans le monde d’aujourd’hui, il n’existe pas de Soma bien que certaines des multinationales pharmaceutiques soient certainement sur le point d’en concocter un, si ce n’est pas déjà fait. En attendant, la foi religieuse possède, pour des centaines de millions d’êtres humains, la même fonction que le Soma prescrit par l’Etat: elle tranquillise la population et garde chacun bien à sa place («La religion, railla Napoléon, est ce qui empêche les pauvres de tuer les riches»). Et avec la petite voix moralisante de Dieu présente dans votre mental, vous ne vous sentez jamais seul.

On trouve sur internet un enregistrement d’Huxley qui évoque sa vision dystopienne et les méthodes de modification comportementale sous le contrôle de l’Etat (http://www.huxley.net/ah/brave-new-world.mp4).

“Le Meilleur des Monde” est un chef d’oeuvre visionnaire qui est d’autant plus admirable lorsqu’on le compare au “1984” de George Orwell qui fut publié seize ans plus tard.

 

Première Génération: de 1935 à 1965

1935. Les maffiosi Lucky Mariano et Meyer Lanksky voyageaient en Asie pour prendre contact avec la mafia Chinoise, et les dealers d’opium, mettant ainsi en place l’infrastructure pour le trafic mondial d’héroïne et, en même temps, instiguant et soutenant la résistance anti-communiste selon des voies en phase avec les objectifs militaires et politiques US. La stratégie de coordination d’opérations secrètes avec le trafic lucratif de la drogue, publiquement exposée pour la première fois dans l’affaire Iran/Contra en 1987, était déjà bien établie à l’époque où la première Génération de psychonautes émergea.

La politique des “Autorités” consistant à condamner les plantes psychoactives naturelles – ou leurs extraits synthétiques, à instituer une fausse “guerre à la drogue” et à financer leurs guerres bien réelles en organisant le trafic de drogues dangereuses et addictives, est une méthode fiable, et établie de longue date, qu’une poignée de “Voyous Déments” utilisent pour terroriser le monde. Ce type de tromperie perdure, en fait, depuis des siècles et remonte à la Chasse aux Sorcières en Europe. Voir à ce sujet l’ouvrage d’Antonio Escohotado, “Une Histoire générale des drogues”. Des informations complémentaires sur Lansky seront pourvues dans le paragraphe concernant l’année 1947.

1936. Antonin Artaud, le poète et visionnaire Français, qui proposa le “théâtre des cruautés”, vécut une initiation au peyotl avec les Indiens Tarahumara du Mexique. «L’expérience d’Antonin Artaud avec les Indiens Tarahumara en 1936 fut une révélation spirituelle et une épreuve psychique. Les images qu’il ramena – les symboles et les danses, le sacrifice rituel du boeuf et l’ingestion de son sang, les échos de l’Atlantide – allaient le hanter durant le reste de sa vie. Cette oeuvre en mosaïque, rédigée durant une période de douze années et couvrant son séjour à l’hôpital psychiatrique de Rodez, éclaire la lutte d’Artaud pour intégrer, à son être mental et religieux, une expérience mystique bouleversante.» (Extrait de Council on Spiritual Practices. “Artaud’s Visions” rapportées par Jeff Wells).

Dans “Les Guerriers Spirituels du Graal” (disponible sur le site de Liberterre), j’ai cité la narration d’Artaud dans le contexte des Chevaliers Arthuriens qui protégèrent la diaspora des Ecoles de Mystères:

Les chevaliers du Graal s’étaient dédiés à la protection d’un trésor sacré qu’eux-mêmes n’avaient jamais vu, et dans la plupart des cas, qu’ils ne verraient jamais. A tout le moins, ils comprenaient que le Graal était quelque chose de fantastique qui imprégnait leur vie de pouvoir magique. Inspirés par une réalité sublime, qui se situait hors de leur atteinte, ils transformèrent les arts de la violence en une vocation noble. Ils furent influencés par le Graal d’une manière qui rappelle les paroles du génie passionné de mythes que fut Antonin Arthaud (dans “Le rite du Peyotl chez les Tarahumaras”): «Le Fantastique est de qualité noble, son désordre n’est qu’apparent, il obéit en réalité à un ordre qui s’élabore dans un mystère et sur un plan où la conscience normale n’atteint pas mais où Ciguri nous permet d’atteindre et qui est le mystère même de toute poésie».

Fin des années 1930 à 1941. Henri Michaux (Namur, 1899 – Paris, 1984), le poète et peintre Belge voyagea en Equateur et y rencontra le shamanisme Indigène et ultérieurement, dans les années 1950, il expérimenta avec la mescaline tel qu’il est reporté (avec une tournure Belge déprimante) dans “Misérable Miracle”, (sous-titré “La Mescaline”), en 1956.

1938. “Le Culte du Peyote” par Weston La Barre, un anthropologue US qui suggère une tradition perdue de shamanisme psychédélique. Voici ce qu’en dit Wikipédia: «Durant les années 50 et 60, La Barre s’absorba dans l’étude des états altérés de conscience induits par l’ingestion de plantes shamaniques, du peyotl à l’ayahuasca en passant par les champignons magiques. En collaboration avec Richard Allan Schultes et Gordon Wasson, La Barre conduisit des investigations profondément originales dans l’anthropologie et l’archéologie des états altérés de conscience. Convaincu que le shamanisme de Sibérie était l’équivalent des pratiques shamaniques qu’il avait observées dans les Amériques, La Barre élabora une théorie intégrale du shamanisme qui supplanta celle de Mircea Eliade.»

Fin des années 1930. Un jeune botaniste de l’Université de Harvard, Richard Allan Schultes, séjournait au Mexique pour étudier les espèces botaniques associées avec des cultes sacrés et le shamanisme Indigène.

13 Janvier 1941. Wilhelm Reich rencontre Albert Einstein à Princeton et les deux hommes échangèrent, pendant cinq heures, principalement autour de la théorie de Reich concernant l’orgone cosmique. Au moment même où des ethnobotanistes, tels que Schultes, étaient sur la trace de pratiques shamaniques qui allaient réintroduire l’animisme dans le monde moderne, Reich était en train d’expliquer au scientifique le plus réputé au monde que tout l’univers est animé par une force vitale érotiquement chargée qui est appelée l’orgone.

Avril 1943. Le chimiste Suisse Albert Hoffmann, qui allait devenir un collègue très intime de Richard Allan Schultes, ingère par inadvertance du LSD-25 présent sur ses doigts – une découverte accidentelle qui, selon certains, a changé le cours de l’évolution humaine.

1945. L’ouvrage d’Aldous Huxley “La Philosophie éternelle”, philosophia perennis, présenta un cadre d’expériences spéculatives et mystiques provenant de traditions et de témoignages directs émanant de cultures et d’époques diverses mais sans référence à des plantes psychoactives ou au shamanisme Indigène: «La métaphysique qui reconnaît une Réalité divine à l’oeuvre dans le monde des choses, des vies et des esprits; la psychologie, qui trouve dans l’âme quelque chose de similaire, ou même d’identique, à la Réalité divine; l’éthique qui place la finalité suprême de l’homme dans la connaissance du Fondement transcendant et immanent de tout être; la chose est universelle et immémoriale. On peut trouver des rudiments de la philosophie éternelle dans les connaissances traditionnelles des peuples primitifs dans toutes les contrées du monde et, dans ses formes les plus développées, elle est présente dans toutes les grandes religions».

Décembre 1945. Treize Codex, (ouvrages reliés de cuir avec des feuilles de papyrus) rédigés en Copte et estimés être des textes antiques dérivés des groupes Gnostiques éradiqués par le Christianisme, furent découverts près de Nag Hammadi en Egypte, à 50 km environ de Luxor. Bien que les Codex de Nag Hammadi ne contiennent aucune évocation précise de pratiques enthéogéniques, à savoir aucune mention ou allusion textuelle, ils décrivent, cependant, des états de transe visionnaire caractéristiques d’illumination induite par des plantes, incluant des descriptions explicites de la luminosité laiteuse de la Lumière Organique. Parmi les chercheurs psychonautes de la seconde génération, Wasson et d’autres établiront, grâce à des études comparatives et à des preuves solides, que les plantes et les champignons sacrés étaient utilisés dans les Mystères Païens dont les Gnostiques constituaient les membres fondateurs et les instructeurs.

Par une synchronicité extraordinaire, la signification des récits Gnostiques Egyptiens ne fut pas reconnue avant l’été de 1947, au moment de la découverte des Manuscrits de la Mer Morte. Les deux découvertes archéologiques textuelles les plus sensationnelles du 20ème siècle furent quasiment simultanées. Il advint que les Manuscrits de la Mer Morte, tout comme les Codex de Nag Hammadi, allaient être intégrés au mouvement enthéogénique, les Manuscrits de la Mer Morte par la seconde génération au travers de John Allegro et les Codex de Nag Hammadi par la troisième génération lorsque toute l’amplitude des pratiques enthéogéniques dans les Mystères antiques fut clairement appréhendée.

Mon ouvrage, “La Passion de la Terre” est l’oeuvre d’un chercheur G2 avec un message G3. Cet ouvrage approfondit les rites enthéogéniques des Mystères et révèle le secret sacré de l’instruction par la Lumière Organique. Il relie, ainsi, cet événement G1, à savoir la découverte des Codex de Nag Hammadi, avec les perspectives émergeant des psychonautiques du 21ème siècle et il ouvre le chemin vers le concept G3 de shamanisme Téléstique.

1946. L’ouvrage de Paramahansa Yogananda “Autobiographie d’un Yogi” fut un best-seller aux USA et il fut subséquemment traduit en 25 langues. Il reste de nos jours un classique de la tradition yoguique Hindoue et un jalon marquant l’arrivée des gurus et des mahatmas Asiatiques sur les rivages Occidentaux. La Self Realization Fellowship, fondée par Paramahansa Yogananda en 1920, est encore active. Le livre de Paramahansa Yogananda contient une description spectaculaire du samadhi, une émergence dans la conscience cosmique, qu’il expérimenta sous la guidance de son guru, Shri Yukteshwar. Il lie l’expérience mystique suprême à la kundalini, le Pouvoir Serpentin. Bien que de nombreux récits d’illumination psychonautique ressemblent à celui de Yogananda, le rôle de la kundalini, dans la transe extatique induite par les plantes, n’était pas clair pour les psychonautes G1 et il en est encore relativement de même de nos jours. Cependant, la percée mise en exergue par Jérémie Narby dans son ouvrage, “le Serpent Cosmique”, confère une toute nouvelle perspective à la problématique de la kundalini.

1947. Le président US Truman introduit le “Programme de Loyauté” pour permettre l’emprisonnement, dans les camps de concentration, de toute personne suspectée de “sympathiser avec des idées totalitaires”. Cette loi visait les Communistes dans les USA et, plus tard, toute personne s’opposant à la Guerre de Corée. Un précurseur de la législation crypto-fasciste, tel que le Patriot Act, le Programme de Loyauté fut abondamment invoqué par Joseph McCarthy, le responsable de la commission des activités anti-américaines. Son juriste consultant était le mafioso Meyer Lansky, qui allait devenir un ami intime et le conseiller de Richard Nixon. En établissant l’infrastructure permettant aux USA de collaborer avec les chefs de drogue Vietnamiens, qui étaient encouragés à résister aux communistes, Lansky fournit un avantage crucial à Nixon lorsqu’il dut mener la guerre au Vietnam.

Des années plus tard, en 1973, Timothy Leary fut extradé d’Afghanistan par le gouvernement USA – sans doute le premier exemple consigné “d’interprétation extraordinaire”. Il arriva à Los Angeles, avec son épouse Joanna Harcourt-Smith, le jour même où Meyer Lansky fut accusé de fraude fiscale, menaçant ainsi que les liens étroits du président Nixon avec la Mafia fussent exposés. Selon Joanna (“Paramour – My Life with Timothy Leary”, non publié), Nixon programma l’arrestation spectaculaire de Leary, qui était condamné en tant que partisan, de grande notoriété, des psychédéliques et en tant que “trafiquant idéologique” afin de détourner l’attention de l’opinion publique de l’arrestation de Lansky. Et il en fut ainsi: l’arrestation de Timothy Leary fit la une des journaux tandis que l’arrestation de Lansky passa inaperçue.

Eté 1947. Lors d’un vol au-dessus du Mont Rainier, dans l’Etat de Washington, le pilote Kenneth Arnold signala avoir vu un OVNI et c’est à cette occasion que le terme “soucoupe volante” fut introduit auprès du grand public. Un mois plus tard, le 7 juillet 1947, ce fut l’écrasement supposé d’un vaisseau extraterrestre à Roswell dans le Nouveau-Mexique. Bien que depuis les miracles de Fatima, en 1917, les visions collectives et spectaculaires d’OVNIs se faisaient de plus en plus fréquentes, ces deux événements déclenchèrent une vague d’intérêt public pour les phénomènes d’OVNI/ET. L’été 1947 vit l’émergence de l’engouement pour les OVNIs et donna naissance à “l’hypothèse extraterrestre” selon laquelle le gouvernement US établit des accords avec les extraterrestres Gris rescapés de Roswell, leur permettant d’expérimenter et de s’hybrider avec des êtres humains en échange de secrets concernant des technologies avancées.

Des neuf théories, concernant les contacts extraterrestres actuellement en vogue, l’hypothèse des ET est de loin la plus largement débattue et acceptée. Elle rejoint, sous de multiples aspects, les autres théories de la conspiration qui impliquent les Illuminatis et les Annunakis, sous de nombreuses formes. Ce ne serait pas une exagération d’affirmer que l’hypothèse ET est la théorie la plus communément admise d’intrusion extraterrestre dans le monde aujourd’hui. Pour des millions de personnes sur toute la planète, cette hypothèse a été confirmée par des rencontres rapprochées, des abductions, de la transmission d’informations, et des observations inexpliquées. Au fil du déploiement de l’aventure psychonautique en G2 et G3, il devient apparent qu’un type de rencontres extraterrestres se manifeste lors d’états de perception accrue induite par des plantes psychoactives.

L’aventure psychonautique est-elle le portail (Stargate, Porte des étoiles) vers une excursion extra-planétaire ou peut-être un exode de l’humanité vers le cosmos? Ou bien la rencontre avec les OVNI/ET est-elle un phénomène mystificateur dont la finalité est de nous enseigner quelque chose quant à notre destinée terrestre unique? Nous verrons, avec la génération G3, dans les peintures de Pablo Amaringo, une preuve explicite que les observations d’OVNI font partie intégrante des traditions Indigènes les plus antiques sur cette planète.

Novembre 1947. L’émergence d’une technologie psychoactive sous la forme de LSD en 1943 et, de façon concomitante, le développement de la technologie destructive sous la forme de la bombe atomique et de la bombe à hydrogène, présentent un parallélisme saisissant, souvent mis en exergue par ceux qui souhaitent souligner le choix pour l’humanité entre deux voies: l’auto-destruction ou l’illumination de masse. Mais il serait peut-être adéquat de considérer la synchronicité ici en jeu comme une dynamique tripartite plutôt que comme une dichotomie à deux pôles. En sus du LSD et des bombes, les années 1940 firent entrer dans l’histoire la problématique déconcertante de la connexion OVNI/ET. Cette connexion émergea de telle manière qu’elle est intimement corrélée à la formation de l’Etat moderne d’Israël.

 

Le Manuscrit de la Guerre.

Ainsi que nous l’avons souligné, ci-dessus, en relation avec la découverte des Codex de Nag Hammadi en décembre 1945, l’importance de cette découverte ne fut appréciée à sa juste valeur qu’en juin 1947. Exactement au même moment, en Israël, étaient découverts les premiers vestiges des Manuscrits de la Mer Morte. Durant l’été, les experts qui travaillaient sur ces manuscrits prirent conscience, petit à petit, de ce qu’ils avaient en main mais la plus grande surprise de l’année allait survenir un peu plus tard. Le 29 novembre 1947, l’ONU, nouvellement créée, approuva le plan de partition (résolution 181) divisant le pays en deux états, un Juif et un Arabe, et mettant en place le cadre politique pour l’Etat moderne d’Israël. En bref, ce plan engendra le problème insoluble de l’occupation de la Palestine.

L’Etat d’Israël fut proclamé le 14 mai 1948, un jour avant l’expiration du Protectorat Britannique de la Palestine et, immédiatement, cinq pays Arabes – l’Egypte, la Syrie, la Jordanie, le Liban et l’Iraq – attaquèrent Israël, déclenchant la guerre Arabo-Israëlienne.

Etant le fils de l’archéologue Juif Eleazar Sukenik, l’étudiant universitaire Yigael Yadin (1917-1984) eut vent des Manuscrits de la Mer Morte dès que la nouvelle de leur découverte se répandit. En novembre 1947, Yadin fut appelé en service actif par David Ben-Gurion et devint le chef des opérations durant la guerre d’Indépendance d’Israël; il eut ainsi la responsabilité de prendre de nombreuses décisions essentielles au cours de cette guerre. Dans ses mémoires, Yadin décrit sa stupéfaction à la lecture du “Manuscrit de la Guerre” au moment même où Israël partait en guerre pour acquérir son indépendance. Il perçut, dans la création de l’Etat indépendant d’Israël, la finalité des militants mystiques de Qumran, qui rédigèrent ce Manuscrit.

Dans mon ouvrage “La Passion de la Terre”, j’ai décrit l’origine du Manuscrit de la Guerre de la manière suivante. A la suite de la captivité à Babylone durant laquelle les scribes Juifs proéminents absorbèrent le concept Zoroastrien de dualité absolue, à savoir le Bien Cosmique opposé au Mal Cosmique, les idéologues du mouvement Juif de libération, appelés les Zadokites, commencèrent à proposer «un nouvel apocalyptisme, hautement radicalisé, qui mettait l’accent sur une confrontation entre le Bien, personnifié par les Enfants d’Israël et le Mal, personnifié par à peu près tout le reste du monde. Cette vision trouva son expression ultime dans le Manuscrit de la Guerre retrouvé à Qumran.

Puant la haine et la vengeance, à l’image de vapeurs toxiques d’ammoniaque, le “Manuscrit de la Guerre” est un mélange bizarre de vision panoramique mystique et de récital de manoeuvres militaires. Il décrit les tactiques de champ de bataille lors de la confrontation finale entre les Fils de la Lumière et les Fils des Ténèbres. Un des premiers sept textes retrouvés à Qumran, ce manuscrit fut originellement identifié par des érudits au moment même où l’Organisation des Nations Unies votait pour créer l’État d’Israël en novembre 1947. Le symbolisme de cette coïncidence n’échappa pas à ceux qui vivaient ce moment dramatique, à la fois en Israël et dans le reste du monde».

Le point que je veux suggérer ici, c’ est que le conflit global, auquel le monde est confronté depuis 1947, peut être considéré en termes de conscience supérieure versus folie destructrice, le Bien versus le Mal, mais il est peut-être impossible de résoudre cette polarité sans prendre en considération un troisième facteur, à savoir la connexion non-humaine et extraterrestre. La convergence de ces trois thèmes reste une problématique actuelle au sein du débat dans les psychonautiques de Générations 2 et 3.

Pour plus d’informations concernant cette triangulation “Manuscrits de la Mer Morte / Codex de Nag Hammadi / OVNIs”, vous pouvez vous référer à mon essai “Nexus 1947” (disponible sur le site de Liberterre) dans lequel je présente des preuves textuelles spécifiques d’observations d’OVNIs dans les Manuscrits de la Mer Morte et dans lequel je compare l’apocalyptisme génocidaire des Manuscrits avec la conception psychonautique des ET amplement développée dans les enseignements Gnostiques.

1947. L’ouvrage de Wilhelm Reich “La fonction de l’Orgasme” synthétisa un parcours unique d’investigation et de spéculation qui débuta en 1935, au début de la G1. Bien que Reich (qui mourut dans une Prison Fédérale en 1957) ne fut pas directement impliqué dans un quelconque aspect du mouvement enthéogénique, il fut un personnage clé pour les “groupes de rencontres” des années 60, qui étaient très proches de ce mouvement, et il fut, sous certains égards, le guru proéminent de la libération sexuelle. “La fonction de l’Orgasme”, qui peut être évalué comme l’un des dix ouvrages principaux du 20ème siècle, appartient au “Nexus 1947”.

Curieusement, l’émergence de l’engouement pour les ET/OVNI, durant la même année, semble avoir attiré l’attention de Reich car, dans durant la dernière décennie de sa vie, il investigua les OVNIs et les phénomènes atmosphériques à l’Orgone Institute à Rangeley dans le Maine. Son dernier ouvrage eut pour sujet le phénomène des OVNI qu’il perçut comme un symptôme de dégénérescence pernicieuse de l’orgone cosmique, la force vitale cosmique. Reich mit en garde contre le risque de la radiation d’orgone mortelle (DOR, Deadly Orgone Radiation). Juste avant son arrestation et son emprisonnement, Reich discuta de ses idées sur l’orgonotique et sur la superposition cosmique avec Albert Einstein.

1948-1949. George Orwell (1903-1950) écrivit “1984”, une description terrifiante d’un Etat totalitaire dans lequel «Big Brother is watching you». A bien des égards, le cauchemar d’Orwell est devenu une réalité. Le Royaume Uni, son pays natal, est le leader mondial quant au nombre de caméras de surveillance – la télévision en circuit fermé – qui, chaque jour de l’année, sont dirigées vers la population. En Angleterre, aujourd’hui, si vous jetez un papier de bonbon dans la rue, il se peut que vous soyez apostrophé par une voix émanant d’un haut-parleur vous priant d’aller le ramasser. L’arnaque politique sémantique de “double langage” est maintenant amplement répandue dans tous les media: la guerre contre la terreur est une guerre de terreur à l’encontre des citoyens qu’elle prétend protéger, etc.

Mais, sur un aspect précis, Orwell fut sans doute complètement dans l’erreur. Influencé par le spectre de la Russie Stalinienne, il imagina une société dont les membres sont forcés, par une surveillance et une intimidation constantes, de vivre une vie d’esclavage et de monotonie lugubre. Comparons cette conception avec l’observation d’Huxley selon laquelle les gens vont requérir et embrasser ce qui les met en esclavage. Dans “le Meilleur des Mondes”, le Soma est administré par l’Etat, mais les citoyens l’acceptent et en redemandent, consolidant ainsi leur acceptation totale du système qui les contrôle et qui les opprime. Rien n’a plus d’importance si ce n’est le sentiment de bien-être. La forme la plus puissante de contrôle est celle qui n’a pas besoin d’être imposée mais qui est adoptée de plein gré. (En termes religieux, l’Islam représente cette sorte de soumission acceptée, et servile, au contrôle, encore plus que les deux autres religions Abrahamiques). Il n’est que de contempler le monde d’aujourd’hui pour juger qui, d’Huxley ou d’Orwell, fut le plus proche de la réalité.

Avril 1950. Roscoe Hillenkoetter, directeur de la CIA, approuva le projet BLUEBIRD dans le but de développer des programmes de contrôle mental, de produire un “candidat mandchourien” (une référence au roman de Richard Condon) et d’expérimenter avec des cobayes humains, à leur insu, afin de créer délibérément de multiples personnalités qui pourraient être contrôlées pour réaliser certains actes. Ce programme fut suivi (en juin 1953) par MK-ULTRA, le plus célèbre programme de contrôle mental de la CIA, qui fut finalement dévoilé en 1975, bien que partiellement car le directeur de la CIA, Richard Helms, avait ordonné de détruire les documents les plus compromettants deux années auparavant.

Les dossiers de MK-ULTRA révélés au public, en vertu du Freedom of Information Act, montrent que la CIA avait infiltré le champ de la recherche psychonautique depuis son début. Les documents 57 et 58 des contrats de MK-ULTRA stipulent que la somme de 2080 dollars fut fournie à Gordon Wasson, par l’entremise d’une fondation-écran de la CIA, la Fondation Geschikter pour la Recherche Médicale, avec la mention “expédition pour collecter des champignons hallucinogènes”. James Moore, la taupe de la CIA qui accompagna Wasson durant une expédition au Mexique, reçut deux subventions (documents 52 et 53) totalisant 95,702 dollars en 1957 et 1958.

1951. “The Day the Earth Stood Still”. Un film de science-fiction décrivant l’intervention d’extraterrestres bienveillants.

1951. “Le chamanisme et les techniques archaïques de l’extase”. L’ouvrage de Mircea Eliade apparut en Français (en Anglais en 1964, sur la cuspide de la G1 et de la G2). Eliade, un expert en mythologie comparée et un historien des religions d’origine Roumaine, qui enseigna plus tard à l’Université de Chicago, établit un profil du shaman fondé principalement sur des recherches ethnographiques Eurasiennes. Ce profil était limité et tendancieux mais, néanmoins, il intégra le shamanisme au panorama intellectuel en tant que sujet digne de discussion et d’investigation par de nombreux non-spécialistes. Il se peut que l’élément le plus signifiant, dans l’ouvrage d’Eliade, ait été la présence du terme “extase” dans son titre. Il n’est sans doute pas encore totalement appréhendé que le chemin de l’expérience shamanique et enthéogénique implique une forme de connaissance qui ne peut être acquise qu’au travers d’un état extatique.

Le profil du shaman, dressé par Eliade, met en exergue l’expérience de sortie du corps avec la plongée dans un état de stupeur. Il considérait que les narcotiques étaient utilisés pour produire cet état de stupeur et de lassitude corporelle et non pas pour aider et guider le shaman dans l’état visionnaire. Bien qu’il ait mentionné le datura, le laurier et le haschich, Eliade ne prit pas en compte l’utilisation des plantes sacrées de vision. En fait, il affirma même que «les narcotiques représentent déjà une décadence… à défaut de réelles voies extatiques, le shaman s’en remet aux narcotiques pour induire un état de transe» et «le recours aux narcotiques est le signe indicateur de la décadence d’une technique d’extase ou de son extension à des groupes sociaux ou à des individus “inférieurs”». Vers la fin de sa vie (il décéda en 1986, la même année que Gordon Wasson), Eliade modifia ses conceptions, peut-être en réaction à ce qui avait émergé durant l’Ere Psychédélique mais sûrement en connaissance de la vaste quantité de nouvelles évidences prouvant la nature enthéogénique du shamanisme planétaire.

Septembre 1952. Gordon Wasson reçut par courrier une indication de Robert Graves quant à la survie d’un culte de champignons au Mexique. En 1953, Wasson, Valentina et d’autres collègues firent le premier de leurs 10 voyages annuels successifs dans les montagnes du centre du Mexique. Wasson essaya d’abord les champignons par lui-même avec sa fille Masha qui avait alors 17 ans (née en 1936, le premier enfant naturel de la Génération 1!). Wasson rencontra le photographe Allan Richardson en avril 1954 au Century Club de New York et en mai, ils partirent ensemble pour le Mexique. Richardson prit les photographies pour l’article du magazine Life de mai 1957.

20 novembre 1952. Le “contacté” George Adamski rencontre la blonde Vénusienne, Orthon. L’ouvrage d’Adamski, “Les Soucoupes Volantes Ont Atterri”, lança la folie des contacts d’OVNIs. En tout cas, la vie imite l’art: le scénario d’Adamski fut propulsé sur la scène publique un an après la sortie du film de science-fiction “The Day the Earth Stood Still”. Mais le mélange de la réalité et de la fiction ne sévit pas que dans le phénomène OVNI/ET. Que peut faire la recherche et la vision psychonautiques pour nous aider à résoudre ce problème?

1953. William Burroughs (1914-1997), parrain de la Beat Generation partit en Amazone où il prit de l’ayahuasca, rapporta dans les “Yage Letters” son échange avec Allen Ginsberg (publié en 1963, sur la cuspide entre la G1 et la G2).

1953. Durant son premier voyage au Mexique, Gordon Wasson rencontra un shaman borgne, Aurelio Carreras, qui vivait à Huautla de Jimenez, dans le village où Wasson découvrit ultérieurement Maria Sabina. A cette occasion, le banquier fut témoin d’un rituel d’ingestion de champignons mais n’y participa pas. Respectueux de la tradition, Carreras demanda à Wasson s’il avait une question ou un sujet pour la divination, mais Wasson ne prit pas cette requête au sérieux. Il demanda à Carreras de s’enquérir au sujet de son fils Peter. Wasson observa ensuite le curandero en transe et obtint des détails au sujet des activités de son fils qui s’avérèrent corrects et contraires à ce qu’il pensait savoir sur le moment. (Andy Letcher, “Schroom”, page 82). Il fut impressionné que le shaman ait visé juste mais il ne lui vint pas à l’esprit que la même méthode pouvait être appliquée pour des questions plus profondes ou plus pertinentes sur le plan spirituel.

1953. Le psychiatre US, H. Abramson, reçut une subvention de 85 000 dollars pour étudier si le LSD pouvait induire: «a. des déséquilibres de la mémoire; b. une dévalorisation due à des comportements aberrants; c. des altérations des habitudes sexuelles; d. un dévoilement d’informations; e. de la suggestibilité; f. un phénomène d’accoutumance». La substance s’avéra plus ou moins efficace sous tous aspects. Abramson était l’un parmi des centaines de psychiatres, subventionnés par le gouvernement US, pour étudier les possibilités de modification comportementale des psychédéliques. L’ouvrage de Colin Ross, “The CIA Doctors: Human Rights Violations by American Psychiatrists”, dévoile ce programme insidieux et livre de nombreux noms inconnus du grand public. Voir également “The Great Deception”, un excellent documentaire en deux parties, sur MK-ULTRA et sur des programmes similaires subséquents.

Mars 1953. Chercheurs au Cavendish Laboratory à Cambridge en Angleterre, Frances Crick et James Watson découvrirent la structure de l’ADN. Inspiré par le roman d’Aldous Huxley “Le Meilleur des Mondes”, Frances Crick prit souvent du LSD dans le but d’intensifier ses pouvoirs de concentration. Ce ne fut qu’après son décès qu’il fut publiquement admis que Crick était “sous acide” lorsque lui-même et James Watson réalisèrent leur découverte fondamentale, décrite dans leur ouvrage commun “La Double Hélice”.

La découverte de l’ADN par Watson et Crick fut concomitante avec la première expérience d’Huxley avec la mescaline. On peut se demander s’il n’y pas ici une sorte de synchronicité planétaire à l’oeuvre. Les impressions initiales d’Huxley, sous l’influence de substances chimiques, basées sur des plantes sacrées et altérant le mental, étaient d’ordre esthétique et religieux; les préoccupations de Crick étaient scientifiques. En accord avec la règle “disposition d’esprit, environnement et dose adéquate”, ces deux psychonautes perçurent ce qui était en harmonie avec leur environnement et leur disposition mentale.

La différence cruciale entre ces deux expériences concerne, bien sûr, la divulgation. Huxley écrivit et évoqua ouvertement ses visions sous mescaline alors que Crick était déterminé à ne laisser personne connaître ses expériences avec le LSD tant qu’il ne serait pas décédé. On ne peut que se demander quelle aurait été la perception, pour ne pas mentionner l’accueil, de sa découverte si le facteur LSD avait été rendu public dès le début!

Dans mon ouvrage “Twins and the Double” (1993), j’ai proposé que la perception des esprits ancestraux et la communication avec les gardiens totémiques et les ancêtres spirituels, chez les peuples Indigènes, sont dues au fait que les shamans, qui utilisent des plantes psychoactives, peuvent réellement percevoir la structure moléculaire de la Nature, dont l’ADN; leur perception plonge donc au coeur de la dimension ancestrale.

La grande majorité des mythes de création, de par du monde, font référence aux esprits ancestraux ou aux divinités cosmogéniques sous la forme de jumeaux. La création commence avec le jumelage et il n’est donc pas surprenant que Crick et Watson perçurent l’origine de la vie dans la forme en double hélice de l’ADN. La molécule d’ADN est elle-même une structure jumelle, constituée de deux brins réunis par des liaisons entre les nucléotides. Tout cette structure contient de l’information, incluant non seulement la section génomique qui définit une espèce individuelle, telle que l’homme ou l’abeille ou l’iris, mais également toute la mémoire évolutive de cette espèce. En plus, l’ADN est jumelé avec l’ARN, le “messager” qui duplique l’information emmagasinée dans la molécule d’ADN.

Crick perçut, sous l’influence du LSD, ce que les shamans perçoivent lorsqu’ils ingèrent de l’iboga, de l’ayahuasca, des champignons Psilocybe et d’autres plantes sacrées qui induisent des transes visionnaires. Les “hallucinations”, produites par ces plantes, ne sont chaotiques que pour ceux qui sont dépourvus d’un pouvoir de concentration adéquat leur permettant de détecter des codes cohérents dans le flux d’impressions qui se manifeste à eux. Crick fut académiquement formé pour aiguiser ses pouvoirs d’observation et le LSD lui conféra l’hyperception de plonger au coeur de la structure moléculaire de la Nature.

L’illustration, à droite, représente un couple ancestral à Maketu, Bay of Plenty en Nouvelle-Zélande. L’illustration ci-dessous, à gauche, représente les jumeaux créateurs Chinois, Fu Hsi et Nu Kua qui «sont pourvus de longues queues entrelacées, jumelées, une image parfaite de la double hélice, une sorte de kundalini dyadique» (“Twins and the Double”).

Mai 1953. Aldous Huxley, le célèbre romancier et intellectuel Britannique, prit du sulfate de mescaline dans sa maison de Hollywood Hills. Ce fut le premier de ce qui allait être dix voyages psychédéliques. Ces expériences inspirèrent Huxley à devenir un partisan passionné des substances altérant le mental auxquelles il attribua un valeur esthétique et religieuse suprême; mais il en réserva l’usage pour une élite. Aldous Huxley, caractérisa son expérience avec la mescaline comme une rencontre avec “l’Intelligence Totale”. Considérer que “l’Intelligence Totale” est présente et active à la fois dans notre mental et dans le monde extérieur, indépendamment de nous, offre une vision étendue des psychonautiques. Comme le dit un antique adage Gnostique: «Ce qui se manifeste dans le mental humain peut ne pas en émaner».

1954. “Les Portes de la Perception” par Aldous Huxley, l’un des chefs de file de la G1 de psychonautes. Cet ouvrage est amplement crédité pour avoir lancé le Mouvement Psychédélique des années 1960. Huxley prit des psychédéliques synthétiques, de la mescaline et du LSD, mais pas de champignons. L’histoire du LSD se déroule en parallèle avec l’histoire Wasson et les trames ne se rencontrent que rarement malgré que Aldous Huxley eût rencontré Gordon Wasson à New York. Les deux hommes n’accrochèrent pas.

1954. Roberts E. L. Masters, un pionnier dans la recherche sur la conscience et le mouvement pour le développement du potentiel humain, commença des expérimentations avec le peyotl qui conduisirent, éventuellement, à un protocole systématique de psychothérapie par le LSD. En partenariat avec sa femme, Jean Houston, Masters écrivit “The Varieties of Psychedelic Experiences”, qui fut publié en 1966, la première année de la G2 de l’Aventure Psychonautique. En G3 (années postérieures à 1995), Masters développa son travail en créant la Foundation for Mind Research et en promulguant ce qu’il appelle la Méthode Psychophysique de Masters. Il explora les états de transe induits par les plantes psychoactives, tels qu’ils sont connus dans diverses cultures et contrées, et appliqua les anciennes techniques shamaniques à de nouvelles approches dans l’éducation et la psychothérapie ainsi que dans la rééducation kinesthésique, sensorielle et neuronale dans le but de vaincre certaines difficultés et de faciliter l’accès de l’homme à ses potentialités. Son partenaire, Jean Houston (née en 1937) initia une école moderne de Mystères, en proposant un programme Nouvel-Age de développement personnel qui, cependant, n’implique pas l’ingestion de plantes psychoactives.

Environ à la même époque où Masters élaborait les fondations d’une psychothérapie par le LSD, le psychologue Tchèque Stanislav Grof (né en 1931), de l’Institut de Recherche Psychiatrique de Prague, commença des recherches sur les utilisations cliniques des substances psychédéliques. Grof fut l’un des premiers psychonautes formés médicalement à travailler systématiquement dans un environnement contrôlé, en explorant le potentiel thérapeutique et heuristique du LSD et d’autres substances psychédéliques. Son expérimentation extensive, avec des milliers de sujets, aboutit à la Respiration Holotropique, une méthode de régénération, et de libération des traumatismes, réputée mondialement. Grof élabora également le modèle hautement performant des quatre phases périnatales (phases de “traumatisme de la naissance”) qui est spécifiquement vécu durant des sessions de psychothérapie avec le LSD. En 1967, Grof intégra l’Université John Hopkins de Baltimore dans le Maryland, faisant ainsi profiter les USA de ses recherches et facilitant la transition de la G1 à la G2.

Dans son ouvrage “The Passion of the Western Mind”, Richard Tarnas écrivit: «Le développement le plus signifiant, d’un point de vue épistémologique, dans l’histoire récente de la psychologie des profondeurs, et certainement l’avancée la plus importante dans ce champ, depuis Freud et Jung, a été l’oeuvre de Stanislav Grof qui, au cours des trente dernières années, a non seulement révolutionné la théorie psychodynamique mais a aussi apporté des implications majeures à beaucoup d’autres champs de recherche».

Masters, Houston et Grof, ainsi que Ralph Metzner, appartiennent à ce groupe spécial de psychonautes G1 dont l’oeuvre et la vision s’étendent sur les trois générations. (Frances Huxley, neveu d’Aldous et Laura Archer Huxley, qui décéda le mois passé, appartiennent aussi à ce groupe). En 2006, 10 années après le début de la G3, Grof publia “When the Impossible Happens”, une super-synthèse de ses investigations avec différentes sortes de substances altérant le mental (à l’exclusion, curieusement, de champignons Psilocybes). Son concept d’urgence spirituelle peut s’avérer être une clé pour la capacité de l’humanité de survivre à la Transmutation Planétaire à venir.

18 avril 1955. Albert Einstein décéda. On retrouva, ouvert sur son bureau, une copie de l’ouvrage de Wilhelm Reich “L’éther, Dieu et le diable / La Superposition Cosmique”. En parallèle proche avec l’animisme Gnostique, les écrits tardifs de Reich sur la cosmologie présentent une vision biomystique de la Nature qui ne mythifie pas la force vitale (un danger contre lequel Reich mis énergiquement en garde) mais qui l’élève, nonobstant, à un niveau de médium surnaturel et divin. Dans la dernière année de sa vie, Einstein a peut-être réalisé que l’univers de Reich est vivant, animé et animant – exactement ce que perçoivent les psychonautes lors d’une transe visionnaire induite par des plantes psychoactives. «La sensation est le plus grand mystère des sciences naturelles» écrivit Reich dans “Superposition Cosmique”. De par sa façon de combiner les éléments sensuels et visionnaires avec l’analyse rationnelle et l’observation attentive, on pourrait définir l’oeuvre de Reich avec l’orgone cosmique comme du Gnosticisme appliqué. Plus que tout autre scientifique du 20ème siècle, il élabora un cadre de travail pour une “nouvelle physique” idéalement adaptée à l’expérience psychonautique.

Juin 1955. Gordon Wasson prit des champignons psychoactifs avec la shamane Mazatèque Maria Sabina. Cette histoire est narrée dans le chapitre “L’Aube de la Révolution Enthéogénique”. La scène avec Aurelio Carreras se rejoua en 1957 lorsque Wasson découvrit Maria Sabina qui l’autorisa à participer à une velada nocturne durant laquelle des champignons psychoactifs furent ingérés. (Wasson avait déjà pris des champignons tout seul avec des résultats décevants. C’était la première fois qu’il en prenait dans un contexte shamanique, avec l’accompagnement d’une psychonaute accomplie). Tout comme Carrera, Maria Sabina lui demanda s’il avait une question à poser aux esprits tutélaires mais de nouveau Wasson banalisa la requête et s’enquit encore d’une affaire de famille. Au cours de la soirée, Maria trouva la réponse correcte à sa question.

L’incapacité de Wasson, à deux reprises, d’amener une question spécifique, durant un moment d’expérience visionnaire, met en exergue les défaillances fondamentales des psychonautiques de la G1. Cette omission a peut-être fait dévier de sa trajectoire l’évolution des premières psychonautiques avant même qu’il y eut une trajectoire.

Je soutiens que le motif du Graal de “poser la Question”, manifesté dans la Légende de Perceval, révélait la méthode des Telestai des Mystères, à savoir l’instruction par la Lumière Organique. Afin d’apprendre de l’expérience visionnaire, au niveau de l’Intelligence Planétaire dont elle émane, il est indispensable de poser une question à la Lumière. Si cette méthode n’est pas mise en pratique, la transe visionnaire induite par les plantes psychoactives est susceptible de dégénérer en un flux d’hallucinations, dont certaines peuvent recéler un contenu instructif ou inspirant mais rien qui soit réellement de nature consistante ou cohérente.

Je qualifie l’expérience de transe non guidée de “projection aléatoire”. Elle fait intervenir des codes de type “google” sans que la capacité de les interpréter soit présente. Les transmissions en provenance de l’Intelligence Planétaire ne sont que pur gaspillage lorsque le psychonaute ne confère pas le degré suffisant de concentration à sa vision; une des finalités du questionnement est de maintenir le niveau de concentration. En l’absence d’une question directrice, l’utilisation récréative des plantes psychoactives ne peut générer que des résultats aléatoires et chaotiques. Le shamanisme “Télestique”, au contraire, produit des résultats consistants qui peuvent être partagés et comparés entre les individus qui pratiquent cette méthode.

Décembre 1955. Ayant décrit publiquement son expérience avec la mescaline dans l’ouvrage “Les Portes de la Perception”, Aldous Huxley essaya le LSD pour la première fois. Selon ce qui est rapporté, son initiateur fut un certain Alfred M. Hubbard, “Capitaine Al”, connu comme le Johnny Appleseed du LSD (voir le clip présentant les considérations enthousiastes de l’époque sur le LSD. Malheureusement, le clip se termine en plein interview avec Laura Archer Huxley.) Ce fut Hubbard, qui fut peut-être impliqué dans le programme MK-ULTRA, «qui suggéra initialement qu’une expérience mystique induite par le LSD puisse recéler un potentiel thérapeutique non exploré. Il administra de larges doses de LSD à des alcooliques gravement malades dans l’espoir que l’expérience qui s’ensuivrait puisse amener à une transformation permanente et drastique dans leur façon de percevoir le monde et de se percevoir eux-mêmes. Les résultats initiaux furent encourageants» (extrait “d’Acid Dreams” et cité sur http://www.levity.com).

L’expérience d’Huxley avec le LSD se caractérisa par des connotations intrinsèquement religieuses en comparaison des humeurs principalement esthétiques de ses visions sous mescaline. Dans une lettre à Humphrey Osmond, un autre important psychonaute de la G1, Huxley décrit «la conscience directe, totale, émanant de l’intérieur, pour ainsi dire, de l’Amour en tant que fait cosmique primaire et fondamental. Les mots, bien sûr, sont entachés d’une sorte d’indécence et doivent nécessairement sonner faux et passer pour des balivernes. Mais le fait reste.»

La question, soulevée en G1, de définir l’ampleur et la manière dont “l’amour cosmique” est à l’oeuvre dans l’Aventure Psychonautique, est encore un sujet amplement ouvert à la discussion.

1956. Un agent de la CIA spécialisé dans les plantes, James Moore, accompagna Wasson au Mexique pour des recherches plus poussées. Alors que ses recherches relatives au shamanisme des champignons Mexicains se développaient, les activités de Wasson devinrent connues, dans certains cercles, et il reçut des propositions de financement. Il ne savait pas que le Geschickster Fund, situé à Washington DC, était une antenne de la CIA. Cette fondation offrit 2000 dollars pour son expédition de 1956. En échange de ce service, Moore, qui se présenta comme un collègue du Fund fut autorisé à l’accompagner. Ayant une formation de chimiste organique de l’Université du Delaware, il était expert en synthèse rapide de formules psychoactives pour le contrôle du mental – un cuisinier de type “fast-food” dans le jargon de la CIA. Il collecta un sac de champignons psychoactifs et les ramena à l’Agence en espérant concocter une arme psychoactive. Le malfaisant Sydney Gottlieb, le grand patron de MK-ULTRA, fut tellement excité par ce développement qu’il conseilla que le travail de Moore restât un secret restreint à l’Agence et non pas partagé avec les scientifiques et les universitaires. (“Psychedelic Encyclopedia” par Peter Stafford, page 234).

1956. L’érudit des religions John Allegro publia “The Dead Sea Scrolls” et donna trois causeries à la BBC qui introduisirent ces anciens documents auprès du grand public. Allegro avait rejoint l’équipe de traduction à Jérusalem en octobre 1953, environ à l’époque où Huxley commença à expérimenter avec la psilocybine. Le travail d’Allegro, sur les Manuscrits, allait provoquer ultérieurement un scandale international lorsqu’il publia, en 1970, “The Sacred Mushroom and the Cross” dans lequel il affirma que la communauté supposée des Essènes à Qumran, où les Manuscrits furent découverts en juillet 1947, était un culte de champignons et que Jésus était le nom de leur sacrement.

Tout comme Wasson, Allegro identifia l’Amanita muscaria, l’Amanite tue-mouche, comme sacrement religieux primordial de l’espèce humaine. A la différence de Wasson, il était fasciné par l’imagerie sexuelle de l’Amanite phallique et il ne put s’empêcher de percevoir un élément orgiastique dans les rites sacramentaux d’ingestion de champignons. La connexion spécieuse entre la béatitude psychédélique (comparez “les techniques de l’extase” des shamans) et le plaisir sexuel eut un impact sur la controverse au sujet du LSD qui fit éruption à la fin de la G1. L’oeuvre d’Allegro, dans la dernière partie de sa vie, figure de façon proéminente dans la G2.

1956. “Invasion of the Body Snatchers”.

Mai 1957. Article du magazine Life, avec des photos d’Allan Richardson (reproduites dans “The Sacred Mushroom Seeker”).

1957. Programmée pour paraître en même temps que l’article dans le magazine Life, une édition de luxe, en deux volumes et 512 exemplaires, fut publiée par Wasson de son ouvrage “Mushrooms, Russia and History”. Cela faisait juste un peu plus de trente ans que Gordon Wasson avait rencontré Valentina et qu’il était devenu un passionné de champignons. Durant ces trente dernières années, les Wasson étudièrent toutes les traditions mondiales concernant les champignons mais l’élément Russe garda toujours son aspect prioritaire. En dépit de l’importance considérable de sa rencontre avec Maria Sabina, pour ne pas mentionner ses répercussions bien au-delà de son monde dilettante de recherches, Wasson n’eut de cesse de se tourner vers les terres de l’Asie pour y découvrir la source du culte préhistorique de champignons à l’origine de la religion.

Dans son ouvrage “Soma: The Divine Mushroom” (1968), il fit peu de cas de ses excursions au Mexique: «Les dix saisons pluvieuses – de 1953 à 1962 – que nous avons passées dans les montagnes lointaines du Mexique furent une expérience enrichissante mais qui ne fut qu’une digression par rapport à nos préoccupations Eurasiennes». Il est clair que Wasson se sentait moins enclin à vérifier sa thèse expérimentalement, ainsi qu’il aurait pu le faire en plongeant plus profondément dans le shamanisme des champignons Psilocybes, qu’à recevoir une reconnaissance académique pour sa conception excentrique selon laquelle la religion avait pour origine un culte de l’amanite ou une communauté localisée dans les montagnes de l’Oural en Eurasie à l’Epoque Néolithique.

Comme nous le verrons ultérieurement, la fixation de Wasson sur l’Amanite tue-mouche, qui ne fait pas partie du genre Psilocybe, se révéla problématique pour lui-même et pour d’autres…

1957. Parution de l’ouvrage “Drugs and the Mind” de Robert S. de Ropp, un biochimiste qui a rejoint le domaine du potentiel humain et de la quête d’illumination spirituelle. Il devint un enseignant indépendant, bien que jamais une figure de guru, et établit une communauté à Santa Rosa en Californie en 1967. “Drugs and the Mind” fut le premier ouvrage d’investigations des influences sociales et spirituelles des substances altérant le mental incluant l’alcool, le cannabis, l’ayahuasca, la mescaline, la codéine, le café, l’iboga, le peyote, le LSD, le haschich, etc. Bien que l’ouvrage n’approfondisse pas certaines de ces plantes ou substances, il les a introduites dans le débat public. La lecture de cet ouvrage de Ropp vaut encore la peine de nos jours en raison de ses vues sobres et réfléchies sur les phénomènes d’addiction et d’ataraxie, l’état dans lequel la sérénité mentale est combinée avec une santé physique optimale.

3 novembre 1957. Wilhelm Reich décéda dans un pénitencier fédéral dans lequel il avait été emprisonné, par le gouvernement US, sur des accusations de fraude et d’exercice illégale de la médecine en lien avec l’usage de la boite à orgone. L’année précédant sa mort, une quantité considérable de ses ouvrages furent brûlés par la FDA (Food and Drug Administration) lors d’une démonstration publique flagrante de punition de l’hérésie. Cet acte rappelle la furie de l’Inquisition lors de la Chasse aux Sorcières, qui se perpétue de nos jours par ce qui est appelé l’Inquisition Pharmacratique, qui est ainsi définie sur deoxy.org:

«La persécution Chrétienne des religions archaïques fondées sur l’ingestion sacramentale de plantes enthéogéniques et sur l’accès personnel subséquent à des états extatiques; sa première grande victoire fut la destruction des Mystères d’Eleusis à la fin du 4ème siècle; elle atteint des proportions gigantesques lors de la persécution des sorcières au Moyen-Age; et elle se perpétue dans l’Etat Pharmacratique d’aujourd’hui sous le déguisement d’une campagne de santé publique appelée “la Guerre aux Drogues”».

Le terme fut introduit par Jonathan Ott dans “Ayahuasca Analogs” (1994) sur la cuspide de la G2 et de la G3: «Puisse la Révolution Enthéogénique prévaloir sur l’Inquisition Pharmacratique et conduire à la renaissance spirituelle de l’humanité aux seins de Notre Mère Gaïa desquels puissent s’écouler, pour toujours et abondamment, l’amrita, l’ambroisie, l’ayahuasca de la vie éternelle!»

1957. “Contact with Space”. Le dernier ouvrage de Reich décrit sa recherche concernant les OVNI, sur son domaine privé près de Rangely, dans le Maine. Pour un complément d’informations sur le travail révolutionnaire de Reich avec les OVNIs, voir le film d’une heure de Peter Robbins, “Orgone Energy, Wilhelm Reich and UFOs” présenté au 15ème symposium sur les OVNIs en 2006.

1958. A l’âge avancé de 83 ans, Carl Jung publia un ouvrage sur les OVNIs: “Un mythe moderne. Des signes du ciel”. Ces conceptions de Jung seront plus tard citées par un des leaders des psychonautes de la G2, Terence McKenna, comme étant essentielles à une vision holistique et planétaire pour la survie de l’humanité.

1959. La CIA, et des agences annexes, achetaient un million de doses de LSD chaque semaine au Laboratoire Sandoz et les stockaient (Eschohotado, “Une Histoire Générale des Drogues”).

1960. Le premier directeur de la CIA, Read Admiral Hillenkoetter dit en s’adressant à une commission du Congrès que «le public a le droit de savoir» au sujet du phénomène OVNI/ET mais le voile du secret s’épaississa et, au cours de cette décennie, les stratégies de dissimulation devinrent de plus en plus sophistiquées. Certains chercheurs estiment que des expérimentations gouvernementales secrètes avec des substances psychoactives, réalisées sur la population, et parfois au détriment de la santé publique, furent dans certains cas déguisées comme des opérations ET. Cette analyse s’accorde avec l’interprétation de Jacques Vallée (né en 1939) qui commença à investiguer le phénomène OVNI au début des années 60. Vallée conclut que le phénomène OVNI/ET, quelles que soient sa nature et son origine réelles, agit comme “un système de contrôle spirituel” qui manipule psychologiquement tous ceux qui s’y trouvent impliqués, pour le meilleur ou pour le pire. Cette vision est très proche de la théorie Gnostique de l’intrusion extraterrestre quant à l’origine et à l’influence d’espèces inorganiques non-humaines appelées Archontes. On pourrait l’appeler la Théorie de la Tromperie de l’intrusion extraterrestre. S’il existe une part de vérité dans cette théorie, une pratique disciplinée et soigneuse des états visionnaires, induits par des plantes psychoactives, peut s’avérer être la meilleure méthode que nous ayons pour comprendre et maîtriser l’énigme extraterrestre.

Milieu des années 1960. Le Projet MK-ULTRA, consacré à la recherche sur les substances altérant le mental pour les modifications comportementales et les “candidats Manchouriens”, diminua petit à petit d’ampleur en raison de son échec avec le LSD car cette substance s’était avérée trop imprévisible et tendait à instiller des émotions bénignes chez les sujets. Un des psychiatres financés par MK-ULTRA, le Docteur Abramson, conclut que le principal effet du LSD est «essentiellement une perturbation joyeuse de la fonction de l’ego» qui le rendait totalement inutile pour des objectifs gouvernementaux.

1962. Dans son dernier roman “Ile”, le psychonaute célèbre et le guru intellectuel Aldous Huxley décrivit une société utopienne en Océanie dans laquelle un breuvage de plante sacrée est la voie institutionnalisée pour l’illumination ou moksha. Son voyage spirituel, de trois décennies, depuis sa rédaction du “Meilleur des Mondes” et son immersion profonde dans la philosophie Asiatique, inspirèrent à Huxley la vision d’une société bienveillante en harmonie avec des concepts Bouddhistes, dans laquelle le moksha (psychédéliques) et le sexe Tantrique en constituaient le fondement. Son génie fut à ce point étendu qu’il put percevoir les deux extrêmes du potentiel humain, l’esclavage et la libération.

1962. “The Joyous Cosmology” par Alan Watts fut, et est encore, sans doute le récit le plus articulé jamais écrit d’une transe visionnaire induite par des psychédéliques produits en laboratoire. En sus de passages lucides dans sa description, Watts insère ici et là des fragments de sagesse transcendante, toujours dans son style raffiné et incomparable:

“L’ego conscient ne sait pas qu’il est quelque chose que cet organe divin, le corps, prétend seulement être.

Il n’existe tout simplement pas de problème de vie: c’est un jeu totalement sans finalité – une exubérance pour le plaisir de l’exubérance.

Nous avons perdu le contact avec notre identité originelle, qui n’est pas le système d’images mais le magnifique geste indépendant de ce moment jusqu’alors oublié”.

Novembre 1963. En un mois, trois événements décisifs se passèrent, dont deux le même jour.  En 1963, l’Université d’Harvard licencia Timothy Leary et Richard Alpert à la suite de plaintes déposées par des parents d’étudiants impliqués dans des expérimentations avec le LSD. Ils déménagèrent vers le nord de l’état de New-York, s’installèrent dans une grande demeure à Millbrook et créèrent le Castilia Institute où ils continuèrent à réaliser des recherches avec les substances altérant le mental. En novembre, les agents du FBI firent un raid sur Millbrook (l’une de plusieurs occasions) menés par G. Gordon Liddy, un voyou de la CIA qui fut plus tard accusé de l’infraction du Watergate.

Le 23 novembre, John F. Kennedy était assassiné à Dallas. Le jour même, le psychonaute proéminent de la G1, Aldous Huxley, mourait accompagné dans le voyage final par une dose sous-cutanée de LSD administrée par sa femme, Laura Archer. Dans “Flashbacks”, Timothy Leary affirme que le jour suivant l’assassinat de Kennedy, il reçut un appel téléphonique de Mary Pinchot Meyer, qui avait été la maîtresse, depuis deux années, du président assassiné. Selon Leary, elle lui dit: «Ils ne pouvaient plus le contrôler (JFK). Il changeait trop vite. Il apprenait trop… Ils vont tout maquiller. Il faut que je vous voie. Je suis terrifiée. J’ai peur».

John Kennedy est connu pour avoir pris du LSD. Lorsque l’on écoute aujourd’hui son discours contre les sociétés secrètes, qui évoque le risque que le gouvernement se retourne contre son propre peuple et qui évoque la nécessité que le gouvernement soit transparent et qu’il prenne la responsabilité de ses erreurs, on éprouve des sueurs froides dans le dos dans un monde post-911; il est possible que ce discours ait été la raison unique et ultime de sa liquidation.

Octobre 1964. Mary Pinchot Meyer fut assassinée à Georgetown. Le meurtre fut le travail d’un professionnel.

1964. “The Psychedelic Experience: A Manual based on the Tibetan Book of the Dead” par Richard Alpert, Timothy Leary et Ralph Metzner. Durant la dernière année de la première génération de psychonautes, trois hommes collaborèrent à une adaptation du “Livre des Morts Tibétain” afin qu’il puisse être utilisé comme un guide pour les voyages sous LSD. Disponible aujourd’hui sur internet, le livre est un petit chef d’oeuvre qui substitue intelligemment les phases de la mort de l’ego typiques du voyage sous LSD par les phases de la mort physique et les visions de l’après-mort décrites dans les manuels Tibétains qui sont destinés à être lus aux personnes mourantes et aux défunts. Au lieu de retracer le processus de désincarnation progressive et la dissolution de la conscience au travers des éléments physiques, décrits dans les manuels Tibétains, “The Psychedelic Experience” constitue un guide au travers des phases progressives de la dépersonnalisation et de la perte de l’identité habituelle, jusqu’au point de la mort de l’ego, suivie par l’émergence de la Claire Lumière et, au fur et à mesure que la conscience de la réalité primaire s’effiloche et se dissipe, par des hallucinations sous forme de mandalas des Divinités Paisibles et Courroucées.

1964. Ken Kesey (1935-2001) et les Merry Pranksters partirent pour traverser les USA, conduisant de Californie vers New York avec un bus sur la plaque d’immatriculation duquel était inscrit “further” (plus loin). Description dans “The Electric Kool-Aid Acid Test” par Tom Wolfe (voir ultérieurement dans G2).

En 1960, Ken Kesey s’était engagé pour servir de cobaye dans un programme de recherche médicale subventionné par la CIA (ce dont il n’était que peu averti). Dans l’asile psychiatrique de l’hôpital de Stanford, on lui donna du LSD qui lui fit voir en hallucination un visage primitif qui se métamorphosa ultérieurement en celui de Chief Broom, un personnage de son roman “Vol au-dessus d’un nid de coucou” (1962). La version cinématographique qui parut en 1975 (et pour laquelle Jack Nicholson gagna l’Oscar du meilleur acteur) fit beaucoup pour répandre une désinformation populaire sur le LSD en dépeignant les psychonautes comme des clowns téméraires et des échappés d’asiles psychiatriques.

Lorsque les Pranksters arrivèrent à Millbrook, Timothy Leary fut assez surpris par le spectacle qu’ils présentaient, bien que lui-même et Ken Kesey devinrent des amis de toute une vie. Ainsi que l’a souligné John Higgs dans “I have America surrounded”, un excellent récit sur Timothy Leary et la controverse entourant le LSD, Leary, à cette époque, considérait l’expérience psychédélique «comme essentiellement de nature Britannique.» Huxley, Alan Watts, Michael Hollingshead et Humphrey Osmond étaient tous des Britanniques qui émergèrent de la tradition du poète mystique William Blake, du moins dans l’imagination de Leary. En rendant l’expérience psychédélique «plus libre, plus joyeuse et moins respectable» (Higgs), les Pranksters mirent le LSD sur la scène US et le célébrèrent comme le sacrement social (“Electric Kool Aid”) qui fut une source d’inspiration pour l’anarchie sérieuse et la pure rigolade de la Révolution des Années Soixante.

1965. Aube de la Seconde Génération. «La quantité de matière publiée en 1965 dans les magazines scientifiques, au sujet du LSD 25, dépassa en diversité et en contenu tout ce qui avait été publié sur les autres drogues découvertes durant le 20ème siècle». Escohotado dans l’ouvrage “Une Histoire Générale des Drogues”, page 99.

Voir les faits essentiels sur le LSD qui fut rendu illégal à la fois pour la consommation publique et la recherche clinique en 1966 sur le site d’Erowid.