Commentaires de la SLOKA 3: Aengus et Etain

Rohini

C’est le nom Sanskrit pour Antares, l’étoile massive de couleur rougeâtre-or dans le coeur de la Constellation du Scorpion. Cette consorte appartient à la Souche Chasseresse, les premières femmes à saigner – bien que ce furent les séductrices de la Souche Sultress qui saignaient le plus abondamment.

Le premier saignement sur Terre fut menstruel. Les natifs terrestres croient qu’une femme ne peut enfanter que lorsqu’elle a commencé à saigner mais les Andromèdiens sont convaincus du contraire: c’est la sexualité de reproduction qui est le viol la faisant saigner. Elle ensanglante parce qu’elle enfante: elle n’enfante pas parce qu’elle ensanglante. Le passage de l’union plasmatique à l’union charnelle, qui s’accomplit sur de nombreux éons, altéra l’anatomie originelle des Sidhe et fit en sorte qu’elles saignèrent. Cette transition ferma la porte du nombril, au travers de laquelle elles avaient antérieurement extrudé la myriade d’espèces, et ouvrit leurs niches érotiques de sorte qu’elles saignèrent comme si elles étaient blessées. Après que la niche pour le plaisir se fût convertie en une écluse pour la reproduction, elle resta connectée à l’étoile-nombril par la saillie incarnée de l’ombilic.

Koré est le nom mythique pour la première génération de femmes Gaïennes à enfanter de cette manière – après avoir été violées. Leurs menstrues tachèrent le jus de grenade.  Le viol originel des Sidhe entraina des cycles aveugles et interminables de réincarnation.

Les Andromèdiens considèrent la réincarnation comme le “déjà vu” (en français dans le texte) de sembler être à un seul endroit dans un moment donné. Ils comprennent que la mémoire récurrente d’être vivant sur Terre attire le double plasmique dans ce royaume mais la génération de vies réelles sur Terre demande du vrai sang, du sang femelle. Le sang menstruel est la substance qui lie le double plasmique à la Terre. Bien que cette connexion ne soit que temporaire, elle ré-initie la boucle illusoire de samsara avec des répercussions qui se déploient sur des éons.

Le langage crépusculaire que les Dakinis accomplissent

En Sanskrit, le langage crépusculaire est le sandha-bhasa, “le langage intentionnel” utilisé par les Femmes Sultress, « un langage secret, obscur et équivoque par lequel un état de conscience est exprimé au travers d’un terme érotique et par lequel le vocabulaire de la mythologie ou de la cosmologie est chargé de connotations sexuelles». (Eliade, Le Yoga. Immortalité et liberté, Paris, Payot, Bibliothèque scientifique, 1954 ).

Le langage crépusculaire des Dakinis, les Sidhe danseuses du feu, fut ouvertement appliqué pour séduire les Hommes d’Orion. Dans des énigmes et des devinettes telles que «lorsque la tortue est traite, elle ne peut pas être conservée dans un pot» et «le tamarin de l’arbre est mangé par le crocodile», les hamadryades et les nymphes aquatiques de la Souche Sultress charmèrent les chasseurs dans des rêves très élaborés au travers desquels les hommes apprirent de nombreux secrets extraordinaires de la Biosphère. Eventuellement, cependant, les chasseurs se trouvèrent pathologiquement emmêlés dans les rêves des Sidhe. Les traqueurs furent détournés. Afin de faire face à cette situation; ils développèrent des techniques de yoga, adaptées aux mâles, qui leur permettaient de retenir la sagesse de la Terre qui leur était impartie par les femmes rêvantes mais sans la participation de ces femmes. Progressivement, nombreux parmi eux perdirent tout intérêt dans les secrets du rêve. Ils s’absorbèrent exclusivement dans des rituels mâles de rétention informationnelle.

Jambuvipa

Le nom légendaire Hindou-Tibétain pour la Terre. C’est l’un d’une poignée de termes qui sonnent en Français presque comme ils le font en Andromèdien, un langage caractérisé par la compression étroite de consonantes et d’érosion de voyelles en des effets d’échos dus à la prononciation sur l’inspiration de sorte que le corps frissonne quand il parle. Il se trouve une allusion intraduisible: le “son du fruit qui choit” rappelle “les voyelles tombantes” en langage Andromèdien, le fruit et les voyelles étant des homonymes. Ce jeu de mots intrigua Asuramaya dès le début avec la perspective que les histoires Andromèdiennes des vies terrestres pourraient être rendues en langages terrestres.

Carnation Pléromique

Un terme Andromèdien décrivant les nuages de gaz teintés telle que la Nébuleuse d’Orion, le siège de la matrice Eonique de l’humanité. Les Carnations Pléromiques apparaissent partout au travers du cosmos sous la forme de nuages luminescents, les berceaux de naissance d’étoiles. Le Télescope Hubble en orbite a capturé de nombreuses images de telles nébuleuses dont le nombre est infini. L’émergence des Carnations, au travers de la myriade d’univers, est mesurée temporellement de manière chaotique et non pas séquentielle. Les Carnations naissent dans la Matière Noire telles des bulles multicolores apparaissant sur la surface  d’une poix chauffée. Il n’existe pas d’avant ou d’après dans “l’évolution” des mondes, seulement le Devenir perpétuel en lequel la matière et la conscience sont co-émergentes.

Le Devenir est une expérimentation libre suivant des lois sublimes qui permettent une marge d’innovation à tous les niveaux. C’est pour cela qu’il existe de nombreuses anomalies dans le Devenir. Une telle anomalie possède une implication cruciale pour la vie sur Terre. Cela fut consigné dans le mythe Gnostique d’une Divinité Déchue, l’Eon Sophia. La cosmologie Gnostique décrit comment les deux types de l’humanité, Alpha et Omega, furent émanées dans la Nébuleuse d’Orion, tenus en solution mais non pas fusionnés. Le composant mâle Alpha de la souche de l’Anthropos fut déposé au coeur de la Nébuleuse mais, en raison d’un jaillissement de puissance de l’Eon Sophia, le composant femelle Omega fut précipité prématurément dans le chaos du DEMA (les régions de matière noire élémentaire). Projeté vers l’extérieur, le composant Omega de la matrice humaine s’infusa dans la masse naissante du corps planétaire de Sophia, la Terre. Le composant femelle fut dissocié de la niche céleste de la matrice humaine et déposée en une seconde niche, le monde Gaïen. Ce mythe cosmologique explique comment les Sidhe en vinrent à évoluer avec la Terre, indépendamment des Hommes d’Orion.

Malheureusement, la plupart des preuves littéraires de ce scénario extraordinaire furent détruites de par le fanatisme religieux caractéristique de l’Age des Poissons. Le mythe est très bien conservé dans la mémoire des Andromèdiens qui le connaissent comme la Saga du Grand Soupir. La Chute de l’Eon Sophia est le motif historique le plus inclusif de la membrane narrative qui connecte les êtres humains avec leurs doubles plasmiques sur M 31.

Aengus et Etain

Dans le mythe Celtique connu des Bardes de l’Estuaire de la Mer de Wending, Aengus est un reflet terrestre de Vishnou. Son histoire était célébrée parmi les Tuatha de Danaan, un peuple Indigène des Iles Occidentales dont la déesse suprême était la nymphe riveraine, Dana. Sa fille Boanne, toute en courbes, est une rivière qui s’écoule en serpentant, au-delà de New Grange, au nord de Dublin. Dans un coude de la rivière, Aengus naquit de Boanne et de Dagda, un Néphilim vaporeux de la souche Orion. Il s’agit d’une histoire typique de théogamie impliquant la mère terrestre et le père céleste d’image divine.

Le Celte Aengus était un hybride à-demi plasmatique avec des facultés solaires du type Appolinien de première génération, à savoir un shaman albino Hyperboréen avec une peau couleur d’ivoire et des cheveux en soie de maïs. Il tomba passionnément amoureux d’Etain, une fille Kerali qui fut transformée en papillon par un rival jaloux. Le papillon fut poussé par le vent vers un palais féérique où il tomba dans un gobelet d’hydromel et en fut avalé par celui qui le but, Etar. Etain ré-émergea dans le corps d’une fille humaine mortelle pleinement épanouie, laissant Aengus encore plus profondément ébloui par sa beauté. Son histoire d’amour avec Aengus fut immortalisée dans les ouvrages perdus.

Dharma Vane

Un pic spectaculaire très escarpé et aiguisé comme un rasoir dans le Bras de Pallas où les Andromèdiens souvent se promènent afin d’aiguiser leurs mémoires cohabitantes. L’image miroir du Machapuchare dans les Himmalayas.

Menat

Un collier rituel porté par les prêtresses Egyptiennes dédiées à Hathor, l’Eve Egyptienne, la déesse mère suprême de la Souche Kerali. Selon Wallace Budge, «La puissance des organes de régénération mâles et femelles, considérés d’un point de vue mystique, étaient supposée s’unir ainsi». (Barbara Walker, The Woman’s Dictionary of Symbols and Sacred Objects). Dans le Zodiaque Egyptien, le menat était associé avec l’espace s’étendant entre les étoiles Arcturus dans la Constellation du Bouvier et Antarès dans la Constellation du Scorpion.

Le Récif, la Couronne Boréale

Une Constellation de l’hémisphère nord appelée la Couronne d’Ariane et identifiée dans la mythologie Celtique avec le caer (tour magique, anneau ou matrice) de la déesse céleste Arianrhod. Elle est constituée d’un anneau exquis de sept étoiles en forme de diadème. Le Récif est populaire avec les Andromèdiens qui y flânent afin d’observer les secrets intimes portés par les coeurs des êtres humains car ils détectent au sein de l’anneau un lagon profond où toute envie humaine meurt dans le ressac et émerge du ressac, en harmonie avec la cadence subtile du Rêve de Vishnou. 

En s’approchant du Récif du côté Andromèdien, on passe Alfecca, alpha Coronae Borealis, “la Brillante du Plateau”, une nova récurrente blanche étincelante avec un pic de 80 années de magnitude 10 à magnitude 2. Proche d’elle se trouve beta Coronae Borealis, Nusakan, marquant un vide dans le Récif, là où le ressac surgit du lagon, en direction de Vega dans la Constellation de la Lyre. Entre Vega et le Récif se trouve l’Apex Solaire, le point vers lequel le système solaire se meut de par sa propre motion (c’est à dire sa propre propulsion indépendante) au travers de l’espace cosmique. Vega, l’étoile la plus brillante de la Lyre, un saphir pâle de magnitude 0,3 fut identifiée photographiquement comme la première étoile connue pour accueillir des planètes terraformées, inspirant certains tisserands Pueblo aux alentours de Santa Fé à incorporer un nouveau motif dans leurs tapis sacrés.

Ma’at

Déesse Egyptienne de la Plume représentant l’harmonie délicate de la symbiose cosmique. Son totem-vautour était identifié avec Vega par les astronomes Egyptiens qui échangeaient sur la chronologie précessionnelle avec Asuramaya dans sa vie Egyptienne en tant que Nefer-Hat-Shu, “le Bienaimé de la Terre et du Ciel” aux alentours de 2525 avant EC (selon les calendriers terrestres).

Au travers de la lyre sacrée comme d’une membrane

Les rituels de composition préservés dans les annales bardiques de la Mer de Wending font référence aux sept étoiles de la Constellation de la Couronne Boréale. Les étoiles résonnent avec une octave répétée par le ressac plasmique qui s’abat sur l’Ecueil mais le son est inaudible, même pour les facultés subliminales des Andromèdiens, tant qu’il n’est pas converti en signatures et en signes divinatoires en phase avec l’art maussade des doubles humains des bardes Andromèdiens, les chasseurs de trésors shamaniques qui portent les motifs de la Lyre jusque dans le royaume des minéraux Gaïens, la demeure de Hades qui abducta Koré. Cela donne un certain tranchant à la poésie terrienne que l’on trouve rarement ailleurs dans le cosmos. Sans ce pathos, la vie humaine, tellement infusée de trahison au nom de l’amour, pourrait être véritablement insupportable.

Pour célébrer cet exploit de transmutation, Rilke écrivit:

“Seul celui qui a joué de la lyre

Dans le tréfonds des ombres

peut ressentir et dispenser la louange infinie”

(Sonnets à Orphée, I, 9)

La naissance trahie / le mariage consumé

Paroles empruntées d’une chanson de  Leonard Cohen, The Future, 1993.

Serpentaria

Le nom Andromèdien pour la Constellation du Serpent qui fait partie intégrante de la Constellation d’Ophiuchus, le Serpentaire. Elle s’étend au-dessus de la Constellation du Scorpion vers le nord et vers le diadème de la Couronne Boréale de sorte qu’il semble que le Serpent se tord pour tenter de sa tête trapézoidale de percer l’anneau étoilé. Contemplant ce spectacle en rêvant dans les bras des Femmes Sultress, les Hommes d’Orion imaginèrent la technique secrète de yoga du sat-chakra-nirupana – “traverser les sept chakras” avec le courant ascendant de la Kundalinin, le Serpent de Feu. (The Serpent Power, Sir John Woodruffe). Pour les Andromèdiens, Serpentaria est le Yosemite des zones étoilées.

Fatalité sexuelle

La diversité sidérante des animaux dans le berceau Gaïen des espèces en fit un royaume de magie chasseresse sans équivalent dans la Galaxie d’Orion. L’acte de tuer était initialement un acte de partage de pouvoir. Mais l’immersion dans l’habitat Gaïen imprégna les Hommes d’Orion d’un mana non ordinaire et ils excédèrent leur quota. Ils se laissèrent emporter par la folie de la chasse. Ironiquement, ce furent les prêtresses de la Souche des Chasseresses, telle Artémis, celles qui avaient perdu leurs pouvoirs parthénogéniques en adoptant l’arc, qui furent les plus insistantes à exiger un sacrifice mâle pour préserver la symbiose Gaïenne.

Certaines des Sidhe, cependant, restèrent curieusement non affectées par cette situation. Elles cultivèrent des liaisons érotiques avec les Hommes d’Orion et les éloignèrent, par la ruse, de leur magie chasseresse grâce à leur parler crépusculaire. Elles firent en sorte que le rêve devint plus séduisant que la traque. Une grand partie de cette Souche Sultress étaient des hamadryades, les autres étaient des nymphes aquatiques et certaines autres encore étaient de la souche Kerali, telle Vulka, la consorte d’Asuramaya. Tous les actes subséquents d’union sacrée, incluant le hieros gamos par lequel une prêtresse Gaïenne consacrait un homme pour être roi, dévoluèrent de ces romances chtoniennes anciennes.

Les Femmes de la Souche Sultress fournirent la fondation pour les arts érotiques qui, à leur tour, pourvurent la base des sociétés civilisées, avant que la civilisation n’émergeât. Dans leur lignée de descendance, apparurent des générations de sorcières féroces et de harpies tutélaires: Hecate, Lilith, Cybèle et les déesses qui en descendirent, Eurydice, Eriskigal, Perséphone. Les Ménades étaient des femmes Chasseresses qui se convertirent plus tard au culte des Sultress, apportant avec elles la folle extase de la chasse et souvent la retournant à l’encontre des hommes lorsque leurs ressentiments primitifs prenaient le dessus. Koré en Enfer fut leur martyre. La descente s’opéra dans la reproduction, un vortex assoiffé de sang en lequel l’humanité sombra et sombre encore.

D’autres parmi les Sidhe refusèrent d’adopter l’archerie. Elles résistèrent aux Hommes furieux et renoncèrent à la magie de la chasse, se consacrant à l’identité totale avec la Terre. Ces dissidentes guidèrent le lignage des femmes natives qui développèrent l’agriculture à partir de rituels complexes de rêve. Elles sont appelées la Souche Parthénique – de parthenos “vierge”. Ce sont elles seules qui préservèrent la Souche Kerali, les Sidhe de pré-Orion. De toutes les femmes natives de Gaïa, elles retinrent les capacités parthénogéniques jursqu’à une période avancée. C’est parmi elles que sont Rhéa, Demeter et Koré. La transition de Demeter à Koré représente la dernière phase durant laquelle la naissance parthénogénique assistée par les pouvoirs de la Terre fut remplacée par la reproduction sexuelle. C’est pour cela que Koré fut “violée” par Pluton et que Perséphone descendit aux Enfers – une allusion au mouvement du flux sanguin, riche en fer, entraîné par le champ magnétique de la Terre. Le coeur préhistorique de ce mythe est sexuel mais les conséquences de cette transformation furent largement cognitives car l’acte d’union sexuelle induisit une hypertrophie des circuits du cerveau frontal chez les deux sexes. Historiquement, cette mutation émergea entre 2100 avant EC et 60 avant EC. L’un des résultats en fut un pic de spéciation chez les Grecs générant le virus rationnel du narcissisme pour l’entièreté de l’humanité. Ces événements historiques anciens (consignés) constituèrent les développements culminants, en une fraction de seconde, de mutations psycho-anatomiques qui prirent des millions d’années pour se manifester.

Les Hommes d’Orion n’apprécièrent pas la requête d’échange sacrificiel mais non pas parce qu’ils n’étaient pas enclins à mourir. Pour eux, la mort constituait un blackout qui produisait un retour immédiat à la Carnation Pléromique. Leur fil génital accomplissait le miracle sans qu’ils en aient l’intention mais le rite sacrificiel exigé par les Femmes Chasseresses modifia cet état de fait. Ceux qui étaient sacrifiés devaient mourir intentionnellement, non pas comme un effet colatéral d’un accident ou d’un concours de chasse. Mais il y avait un problème: mourir de cette manière, de façon volontaire, ouvert et vulnérable, affaiblissait le fil génital. De moins en moins d’Hommes sacrifiés tendaient à repartir vers leur nébuleuse natale en mourant. Ils s’attardaient, plutôt, parmi les Sidhe, ils étaient parfois même sur le point de se lier avec la Terre… Le sacrifice d’une vie mâle était un rituel qui exigeait que l’homme devienne complètement vulnérable. Cet acte d’abandon fournissait un modèle pour les autres chasseurs qui étaient romantiquement impliqués avec les Femmes Gaïennes, plus particulèrement les nymphes des arbres. Ils accomplissaient le même effet lorsqu’ils mouraient extatiquement dans les bras des hamadryades. Pour les Hommes d’Orion, le tournant crucial advint lorsque l’attraction de la romance chtonienne les inspira à mourir pour l’amour, plutôt que pour l’excès. Ils escaladaient, en toute liberté, les arbres et expiraient en rêve co-émergent avec leurs consortes nées d’arbres.

Dans la fatalité sexuelle, ils découvrirent le liebestod, l’amour-mort, et cela les libéra pour qu’ils deviennent, enfin, des hommes authentiques.

Certains d’entre eux, au moins. Le rituel du supplice mortel de l’arbre fut crucial pour les futurs exploits des Hommes d’Orion. Il leur ouvrit une quête de l’aventure dans l’amour. Ce fut une spiritualité primordiale dans l’habitat Gaïen, profondément épanouissante tant pour les Hommes que pour les Sidhe. Mais la romance chthonienne fut entachée des semences de l’inimitié. Au fil des éons, l’identité originelle de l’Anthropos se fractionna en un kaléidoscope de fixations totémiques et les rituels sacrificiels se transformèrent en formes étranges et humiliantes. Plutôt que de passer par la perte d’identité dans les bras des Sidhe, des traqueurs déviants parmi les Hommes retinrent leur identité par le biais de méthodes sinistres et obscures. Longtemps après que la romance s’estompa, des shamans se pendaient aux arbres, dans tout le monde, ou bien érigeaient des piquets sans feuilles lorsque les arbres étaient rares ou bien construisaient des échelles de vrai bois ou des échelles imaginaires faites de fumée – pour évoquer quelque chose de plus plaisant, certains sorciers et sorcières jouent encore dans les arbres lorsqu’il leur plait. Des descendants tardifs des mâles Alpha d’Orion se pendaient dans les arbres au travers de rites futiles, imitant aveuglément ce qui avait été originellement un acte sublime d’abandon.

Les rites d’initiation mâle dégénérèrent éventuellement en crucifixion, une parodie grotesque du supplice de l’arbre. Mais une victime glorifiée, fallacieusement identifiée avec l’Anthropos, ne pouvait pas restaurer l’humanité à elle-même. Cette illusion religieuse est profondément horrifiante pour les natifs de M 31 mais ils en comprennent sa logique bizarre: comment l’ersatz de religion de l’amour sacrificiel, faussement attribuée à une intervention cosmique, devint une fin de partie pour l’humanité alors que l’amour authentiquement passionnel entre les Hommes d’Orion et les Sidhe se dissipait dans l’oubli.

Parti pour un désir passager, ta confiance sacrée

Le destin d’Alizan rapelle celui d’un adepte et découvreur de trésors, Tshultrim Dorje, l’auteur du “Seminal Heart of the Dakinis”.

Pour Alizan, les vies passées en une séquence ouverte déterminèrent la trajectoire élégante vers le liebestod: Silénus dans les brumes Atlantéennes, et puis une femme-léoparde de Zhang Zhung, puis une ninja Perse de genre incertain, puis Asuramaya à la cour de Krishna, puis Nefer-Hat-Shu la fille hiérophante de Mut-Hathor, puis Timotheos de Naxos qui mit en garde Dédale à Minoée, et puis Priam, le prince tragique rançonné par des femmes. Ensuite, au travers de l’instruction d’une Sybille Mantinéenne, Diotima, il réalisa dans une vie Grecque la vision de corps intégral d’Eros, arrêton et délectation. Passe après un interlude de quatre siècles avec les Sabiens, un groupe d’astronomes Gnostiques de Parthie avant de réapparaître en Irlande parmi le Clan des Dalcassiens près de la rivière Shannon. Le long voyage en Asie avait bouclé l’extase en dialectique et avec Allisandra de Montfaucon, de nouveau en extase, cette fois de la sorte lyrique, cette fois avec tout le prestige des Celtes. 

Le terma – le trésor spirituel – confié à Alizan était constitué d’une paire d’ouvrages décorés, le testament sacré d’Aengus et d’Etain. Ces deux volumes, vert et blanc, magnifiquement enluminés par les Enfants de Dana, ils décrivaient la romance du couple mythique des amants Celtes comme s’ils étaient perçus à partir de M 31. La pureté et la finalité de la passion humaine, dans toute sa magnificence de métamorphoses, y était consignées – une seule fois et une fois pour toutes.

Chargé d’un voeu de famille, le fils des Montfaucon devait délivrer l’ouvrage précieux dans une enclave Celte, sur l’Ariège, pas loin de Montségur. La mission fut un échec. En raison d’une connexion défaillante avec la châtelaine locale, il mourut en tombant dans un piège à biches installé dans la forêt derrière le château. Cela se passa dans les Flandres, à la fin du mois d’août de l’an 968, pas très loin de ce qui est maintenant la frontière entre la Belgique et la France. Dévastée par le chagrin, la petite troupe se dissémina aux quatre vents. A ce jour, les ouvrages n’ont pas été retrouvés.

Tshultrim Dorje [1291 – 1317] était la réincarnation d’une Princesse Tibétaine du 8 ème siècle, Lhacam Pemasel, qui fut ramenée à la vie par Padmashambava. C’était un terton, un découvreur de trésors chez les NyingmaPa. Aux alentours de 1313, alors qu’il était dans sa vingtaine, Tshultrim Dorje transcrivit The Seminal Heart of the Dakinis, un recueil méticuleux de magie Nyingma contenant les secrets de la langue crépusculaire parlée sur M 31. D’autres termas furent révélés mais le jeune adepte ne réussit pas à les compléter. «Tshultrim Dorje mourut dans des circonstances mystérieuses au cours desquelles une relation sexuelle malheureuse avec une femme et son incapacité de garder ses révélations de Termas secrètes, alors qu’il maîtrisait sa propre pratique contemplative à partir de leurs instructions, jouèrent un rôle, selon les rumeurs». (“Long Chen Pa and the Possession of the Dakinis,” dans Tantra in Practice).

Sois pour toujours mort en Eurydice

Rilke, Sonnets à Orphée. Le mythe Grec d’Orphée et d’Eurydice préserve, sous forme élusive et fragmentaire, le jeu de passion des Hommes d’Orion qui se dévouèrent, avec de nobles intentions, à certaines femmes de la Souche Chasseresse, telles que les Ménades Thraciennes qui démembrèrent Orphée. Dans la phase tardive de la Romance Chtonienne, les héros cessèrent de grimper dans les arbres et d’expirer extatiquement dans les bras des hamadryades. Ils moururent aux troncs des arbres ou, comme Alizan, dans les champs environnants. Parfois les  dakinis accompagnaient leur trépas.

Tout comme les Vila, les prêtresses de la mort d’Europe centrale, et les Dakinis de l’Extrême Orient, les Banshee pouvaient être aussi bienveillantes que les femmes sacrées qui accompagnaient les mourants en leur chantant doucement. «Lorsque les Banshee aiment ceux qu’ils appellent, leur chant avertit, sur une tonalité basse et douce, que la mort est proche. Mais c’est avec une tendresse telle qu’elle rassure ceux qui sont destinés à mourir et conforte les survivants: c’est en fait plutôt un chant de bienvenue plutôt que d’avertissement». (Barbara Walker, The Woman’s Encyclopedia of Myths and Secrets, citant Elizabeth Pepper et John Wilcock, Magical and Mystical Sites.)

Rétromingente

Anatomiquement adaptée pour une union sexuelle dorsale. «Il est une caractéristique de première importance essentielle aux prêtresses des mystères les plus élevés: elle doit être rétromingente.» (Kenneth Grant, Cults of the Shadow). 

Les postures conduisant à une “résurgence ataviste” d’Eros furent préservées dans le mysticisme sexuel Gnostique et Tantrique jusqu’à des périodes très proches. Originellement, ces postures étaient des actes d’amour spontanés pratiqués par les Sidhe qui se métamorphosaient souvent en animaux lorsqu’elles s’unissaient avec les Hommes qui chassaient les animaux. La plupart des animaux copulent en s’accouplant dorsalement et les moeurs sexuelles de l’espèce humaine suivirent cette norme jusque dans les ères préhistoriques. Les orgies des satyres et des ménades, les nymphes sauvages des bois couvertes d’une fine fourrure de lanugo, représentent la dernière phase déchainée de la romance chtonienne avant que l’union sexuelle ne devienne ventrale.

Pour l’espèce humaine, la magie érotique émergea dans les dernières lueurs douces des conjugaisons éoniques des Hommes d’Orion et des Sidhe, à savoir les rites primoridaux des unions sexuelles plasmatiques. La copulation fut pratiquée de cette manière avant que cela ne devint  quoi que ce soit de connaissance charnelle et même bien avant que les deux sexes prennent conscience qu’il existait deux sexes. Le verouillage dans l’union biologique dévolua avec une lenteur pénible et infinie. De par le fait que les corps plasmatiques reculaient au fur et à mesure que les corps somatiques se consolidaient, le courant-Eros de la Kundalini se verrouilla à la base de l’épine dorsale, alors que chez les doubles Andromèdiens, cela ne se passe pas ainsi car il n’existe pas d’anatomie interne pour mouler le verrouillage. Ce qui descend doit remonter et c’est pour cela que la Kundalini s’élève chez les mortels humains, alors que pour les Andromèdiens, elle descend. A chaque fois qu’ils inspirent.

Avec l’anatomie humaine, “le réversion du courant” est induite par l’union sexuelle dorsale qui suscite, chez la consorte, la production de nectars spécifiques. «La réversion de la force s’applique non seulement à la respiration mais également au feu lui-même et c’est pourquoi – dans l’imagerie poétique et dans les sculptures – les prêtres exibaient les jeunes filles avec les yeux tournés obliquement vers le haut, à savoir en rétroversion, en apanga. Apanga ne se manifeste que lorsque la Déesse est baignée du flux de l’Amrita, le nectar exsudé par les fleurs des sensualités inversées, le parfum et la radiance de l’Elixir de Vie même» (Grant).

En arquant son dos, Rohini accède aux mémoires de millénaires d’union sexuelle dorsale mais le rappel est “tranquille et sans passion” parce que l’amour de style Andromèdien est un rituel de transfusion ventrale au travers duquel les narrations, soutenues dans les regards des amants, sont séparées et retissées comme des fils d’ADN recombinant.