Quelles autres perspectives pourrions-nous envisager pour la fin de cycle Maya à part la possibilité, très faible, que certains individus aient les tripes et l’intelligence de s’opposer aux manoeuvres d’intimidation des hordes Abrahamiques et de défier les tabous étouffant la pensée critique quant aux problématiques de la foi, ainsi que nous l’avons suggéré dans le précédent article?
Après avoir réfléchi à tout cela durant un certain nombre d’années, je suis convaincu qu’un changement, de portée considérable, est imminent sur cette planète bien qu’il ne va pas se manifester, je pense, d’une manière soudaine et spectaculaire. A bien des égards, il est déjà à l’oeuvre et il l’a été depuis un certain temps: il implique une transformation progressive plutôt qu’une rupture soudaine et définitive. Il semble que cela soit la conception d’un certain nombre d’auteurs et de conférenciers sur le sujet de 2012, tels que Daniel Pinchbeck, mais il existe aussi un sentiment croissant d’attente d’une rupture particulière liée à la date du 21 décembre 2012. La transmutation progressive, en cours, peut être comparée à l’accélération régulière d’un jet supersonique jusqu’au moment où la barrière du son est passée et que la déflagration se fait entendre. (Je suis passé deux fois à travers la barrière du son avec le Concorde qui avait un rythme de croisière un peu au-delà de Mach 2: vous n’entendez et ne sentez rien mais le monde extérieur en prend plein les oreilles!)
On peut ainsi se demander depuis quand cette accélération progressive s’est enclenchée.
Vortex Temporel
Il est peut-être intéressant de penser à Décembre 2012 comme à un point nodal dans le temps autour duquel – avant et après – se regroupent des événements. Ce concept m’a toujours été très utile dans mes recherches sur les schémas historiques en corrélation avec les cycles planétaires et stellaires. Ainsi, 1821 est le point nodal du mouvement Romantique. Les événements-clés qui définissent ce mouvement forment une constellation, avant et après ce point. Un point nodal indique un vortex temporel – une structure dissipative, pour employer le terme étrange proposé par Ilya Prigogine – par lequel le potentiel évolutif inné de l’espèce humaine est revu et corrigé. Certaines potentialités (qui s’expriment par des tendances culturelles, des découvertes, des courants de pensées et de comportements) se dissolvent dans le vortex et d’autres émergent, de façon simultanée. Les schémas transformationnels ancrés dans le moment nodal peuvent être imaginés comme des vagues d’événements qui se répandent autour du vortex temporel. (Il est certain que les notions courantes d’autopoésie, d’émergence et de structures fractales font partie de cette analogie et cela nous invite à étudier les propriétés d’auto-similarité et d’auto-organisation qui pourraient caractériser les schémas historiques.)
L’année 1821 est un point nodal dans un schéma d’intervalles de 172 ans corrélé au cycle des conjonctions de Neptune et d’Uranus. Le point nodal suivant de ce cycle fut 1992/1993, à savoir la dernière conjonction de ces deux planètes. (Le point nodal médian entre 1821 et 1993 est 1907 qui fut le vortex temporel du Modernisme). De 1993 à 2012, 19 années vont s’écouler. Pourrait-ce être la période d’accélération détectée? Peut-être, mais je proposerai une autre permutation à partir de ce point nodal: considérez 1993 comme le point nodal médian d’une période s’étendant de 1974 à 2012, à savoir 19 ans vers l’avant et 19 ans vers l’arrière. Nous avons donc maintenant cet intervalle de 1974 à 2012 (avec 1992/3 comme point clé) comme processus d’accélération vers la fin de cycle Maya. Les lecteurs de mon ouvrage “La Passion de la Terre” se rappelleront que je situe aux alentours de 1974 la co-émergence de la théorie Gaïa, des études sur la Déesse et le renouveau Gnostique.
Un des aspects intéressants, à propos de cette fenêtre temporelle, c’est qu’elle embrasse une génération seulement, à savoir un espace de temps ni trop long ni trop court. Les personnes qui élaboraient leur vision du monde en 1974 peuvent se connecter avec des personnes qui s’engagent dans leur vision propre du monde à l’approche de 2012. Cet intervalle de temps est gérable en termes de continuité générationnelle. Les leçons expérientielles, accumulées par de nombreux êtres humains durant cette période de temps, peuvent être partagées et comparées au travers d’une communication directe et interpersonnelle, une génération en interaction avec l’autre, sans la nécessité d’avoir recours à des livres, à des archives ou à d’autres ressources de seconde main. Cela présente un énorme avantage pour évaluer la pente de l’accélération et y naviguer.
Orientation Mythique
«La date mythique se manifeste lorsqu’une série de circonstances se combinent pour produire l’événement. Au contraire de la date profane, la date sacrée n’est pas une mesure du temps mais une réalité vivante, chargée de forces surnaturelles et qui est incarnée dans des endroits spécifiques». Octavio Paz. L’Arc et la Lyre.
Ce qui rend l’année 2012 importante, c’est qu’elle a été identifiée comme une date sacrée, que l’on doit distinguer de l’année calendaire profane. Arguelles a, dès le début de ses recherches, souligné que nous sommes entraînés par le schéma linéaire du calendrier Grégorien – tout autant que par le programme patriarcal de rédemption qui lui est attaché, ajouterais-je même. Il tenta donc d’introduire un calendrier de 13 lunes, des cycles de 28 jours, relié (selon lui) à un temps biologique, comme une manière alternative d’archiver ce que nous faisons. La réforme du calendrier par Arguelles a été rejetée comme une corruption des calendriers Maya (ce qui est vrai) mais sa valeur réside, cependant, dans le fait qu’elle nous invite à nous resituer dans un cycle lunaire et biologique. Un outil de calcul du temps sacré doit incorporer à la fois les rythmes saisonniers et somatiques (humains), ce qui comprend, bien sûr, les macro-rythmes de Gaïa.
Octavio Paz souligne qu’une date sacrée “n’est pas une mesure du temps mais une réalité vivante”. Un des problèmes relatifs aux spéculations concernant le calendrier Maya est qu’une fois que l’année 2012 a été identifiée comme une date sacrée, elle est ensuite traitée comme une mesure, calculée, permutée, analysée, etc. J’ai suggéré, dans l’essai précédent, que de tels calculs risquent de concentrer toute l’attention sur eux-mêmes et de nous éloigner de ce qu’il nous faut découvrir dans la progression vers la fin de cycle. La solution de la problématique du Compte Long, en termes historiques et expérientiels, ne pourra pas être découverte dans le Compte lui-même, à savoir dans quelque schéma grandiose qui y soit encodé, mais bien plutôt dans la “réalité vivante” des éruptions et des occlusions du potentiel humain qui se constellent maintenant autour du point nodal futur de 2012.
Comment pouvons-nous donc déchiffrer “ces éruptions et ces occlusions du potentiel humain”? Il est tentant de sauter imaginativement dans une posture prospective et d’établir un inventaire de toutes sortes d’événements et de tendances qui soient un reflet de l’accroissement de l’accélération. Dans une certaine mesure, il semble que cela soit ce que je suis en train de faire dans cet essai, mais ce n’est pas vraiment le cas. Afin de clarifier mon approche, je propose une métaphore qui situe les développements de fin de cycle dans un cadre de référence qui soit unique et exhaustif. De cette façon, plutôt que d’empiler simplement les développement supposés de la fin de cycle, chacun d’entre nous peut se positionner sur la vague en formation. Le langage pour cette métaphore est le suivant: la Découverte du Monde à Venir, la Découverte du Prochain Monde, à mettre en perspective avec la “découverte” par Colomb du Nouveau Monde. Mais en précisant bien, néanmoins, que Colomb ne découvrit pas seulement le Nouveau Monde, il découvrit également les peuples Indigènes qui y vivaient. Il en est de même pour la découverte de 2012: elle dépend de la rencontre avec les Indigènes qui vivent dans le Monde à Venir, les tribus de la fin de cycle.
L’accélération vers la fin de cycle Maya implique la découverte des Tribus du Monde à Venir, au sein desquelles la communauté humaine va survivre lorsque la civilisation, telle que nous la connaissons jusqu’à maintenant, va se dissoudre dans le vortex temporel de 2012.
Le Nouveau Monde fut découvert en 1492, c’est du moins ce qui se dit. Il est fort à présumer que cette histoire ne soit pas si claire, mais le mal est fait. Donnons, à cette triste et vieille histoire, une conclusion futuriste: le Monde à Venir sera découvert en 2012. Cette découverte se réalise par le fait que nous rencontrons les Indigènes de ce monde, en découvrant les tribus de fin de cycle parmi nous et nous découvrant nous-mêmes dans les tribus. En tant que mythologiste qui s’est donné comme mission de traduire en termes existentiels les mythes reçus, j’apprécie cette formulation parce qu’elle exprime de façon concise et précise tout ce que nous savons quant à ce que les Mayas eux-mêmes doivent avoir pensé de leur cycle de calendrier: à savoir qu’en 2012, un monde se terminerait et un autre naîtrait. Par “monde”, ils entendaient une ère, un cycle planétaire de longue durée.
La fin d’une ère n’est pas la fin de la vie sur cette planète; elle est la transition vers un autre mode de vie sur Terre. C’est la promesse magnifique de la fin de cycle Maya.
Joseph Campbell avait un terme pour qualifier le point nodal – ou le vortex temporel: il l’appelait le moment mythogénique. A la première page de l’ouvrage “Mythologie Créative”, il indique que le 12ème siècle fut la dernière grande période mythogénique dans l’histoire de la civilisation Occidentale. (Dans mon cycle d’essais intitulé “Une histoire alternative du Graal”, j’ai consacré beaucoup d’encre cybernétique à cette période: l’époque importante des Troubadours, le culte de l’Amour, la légende Arthurienne et la Quête du Graal). Campbell ressentait passionnément que la transition vers le 21ème siècle pouvait être un moment mythogénique équivalent, moralement et spirituellement, à celui du 12ème siècle et peut-être même en résonnance avec ce siècle. Je pense que son point de vue est très fondé.
Dans les calendriers Mayas et Aztèques, le monde actuel est appelé Ollin et il est désigné comme le Cinquième Age ou le “Cinquième Soleil”. C’est un équivalent proche du Kali Yuga des Hindous. Peu est dit au sujet d’Ollin à part qu’il se terminera par du “mouvement”, signifiant peut-être des tremblements de terre, des déplacements de la croûte terrestre, l’effondrement des calottes glaciaires, la montée du niveau des océans, etc. Ollin signifie aussi “changement de conscience, mouvement mental”. Ce glyphe, curieusement, rappelle deux brins d’ADN entrelacés, avec le motif des trois dents et des quatre encoches suggérant les codons à trois lettres composés de quatre bases. D’accord, peut-être fabulais-je, mais peut-être pas. Le mouvement des histones constitue l’une des quelques caractéristiques mystérieuses de l’ADN. Les histones sont des protéines qui forment une sorte de “bobine” autour de laquelle s’enroule l’ADN cellulaire et qui jouent un rôle important dans la régulation des gènes. Les histones, en réalité, scellent le code génétique et lorsqu’elles se déplacent, elles le descellent. Cette action biochimique est l’équivalent du concept mythologique d’apocalypse, à savoir la “la levée du sceau”. Le moment apocalyptique du mouvement des histones ne peut pas être déterminé parce que les biologistes ne savent pas ce qui incite les histones à se mouvoir. Est-il possible qu’un mouvement d’histone puisse se manifester massivement pour l’espèce humaine à un moment donné, en raison, par exemple, de l’influence traumatisante d’événements planétaires menaçant la vie? Personne ne le sait mais on ne peut pas l’exclure.
Quelle que fût la signification que les Aztèques lui ont conférée, j’affirme avec force que nous pouvons aujourd’hui considérer Ollin comme l’icône du changement génomique, et phylogénétique, corrélé à la fin de cycle de 2012. J’aurai plus à dire, à ce sujet, dans le troisième chapitre de cet ouvrage. Ollin est le symbole d’une des vingt journées dans le calendrier Aztèque. L’un des meilleurs sites web sur les calendriers Méso-Américains est le suivant: http://www.azteccalendar.com/ et il en donne la définition suivante:
«Le protecteur de la journée Ollin (le mouvement) est Xolotl. C’est un jour bénéfique pour le principe actif et un jour non bénéfique pour le principe passif. Ollin est un jour de coeur purifié, ce qui veut dire ces moments durant lesquels les êtres humains peuvent percevoir ce qu’ils deviennent. Une bonne journée pour la transmutation, qui arrive comme un tremblement de terre qui laisse à sa traîne les ruines de la rationalité, de l’ordre et du préconçu».
Tout cela se tient sacrément, dirais-je. L’allusion à Xolotl est révélatrice. Il est le double ou le jumeau de Quetzalcóatl, le personnage mythologique le plus associé à la fin de cycle Maya. Xolotl est Vénus en tant qu’étoile du Soir, le Seigneur de l’ouest, un changeur de formes – c’est à dire, un sorcier et un maître des pouvoirs occultes, un maître des siddhis. Je reviendrai sur ce thème vers la fin de ce chapitre.
Nous sommes ainsi au coeur d’un moment mythogénique où le potentiel humain émerge avec de nouvelles expressions pendant que simultanément les vieilles expressions se dissolvent: cette intensification dynamique – et à deux voies, vers le haut et vers le bas (Ollin) – brosse le tableau du Monde à Venir qui verra la planète Terre habitée par les tribus de fin de cycle. Les personnages mythologiques tels que la Sophia Gnostique et l’Aztèque Xolotl adombrent les tribus émergentes et, d’une certaine façon, président à la naissance d’une humanité transmutée et transmigrante. Chacun de ces moments mythogéniques recèle, en solution, une constellation de choix puissants mais la magie du moment ne devient réelle que lorsque ces choix sont réellement définis et adoptés, par chaque individu à la fois. Si je poursuis avec la métaphore que j’ai proposée, le choix essentiel, auquel chacun d’entre nous est confronté quant à l’approche accélérée de 2012, pourrait être caractérisé ainsi:
Dans le Monde à Venir, parmi qui voudrais-je être: parmi Colomb et ses équipages abasourdis face aux tribus Indigènes ou bien parmi les tribus elles-mêmes?
“La date mythique se manifeste lorsqu’une série de circonstances se combinent pour produire l’événement.” (Paz, cité ci-dessus).
Espérant que certains lecteurs nous auront suivis jusque là et qu’ils auront accepté notre terminologie, nous allons donc proposer de développer cette métaphore directrice. Pour paraphraser Paz: “La date mythique 2012 se manifeste lorsqu’une série de circonstances se combinent pour produire l’événement imminent, à savoir l’émergence du Monde à Venir”. Ces découvertes sont toutes du même type: ce sont des rencontres sociales, interpersonnelles et intimes entre des gens, membres de tribus qui se reconnaissent les uns les autres. Il serait bénéfique, pour encourager cette reconnaissance, de présenter une esquisse provisoire des Tribus. Je les caractérise par les noms suivants: les Originels, les Orgiastes, les Fertiliseurs, les Evolueurs et les Visionnaires.
Les Originels
Les Originels sont les peuples premiers de la Terre, ou du moins ce qu’il en reste. Ils vivent dans une symbiose mutuelle avec les espaces géographiques en lesquels ils demeurent, ce qui leur confère une certaine puissance d’enracinement. Ils sont aussi, cependant, vulnérables car en risque de délocalisation et de déracinement par des sociétés prédatrices poussées par la double idéologie de la conquête et de l’appropriation. Les membres de ces sociétés prédatrices croient que la planète leur appartient matériellement et qu’ils possèdent le droit de la revendiquer, par la force, aux peuples qui ont la malchance de demeurer sur des ressources qu’ils aimeraient acquérir pour eux-mêmes. Leur sentiment de droit est renforcé par la croyance qu’ils sont faits à l’image de la divinité paternelle qui leur donne l’autorisation de pulluler comme de la vermine et de dominer la Terre.
Voyez cette statistique: en 2006, 40 000 Indigènes se sont suicidés. Ce n’est pas la peine de vous demander pourquoi. Il est malheureusement évident que certaines personnes ne peuvent pas vivre si leur mode de vie est détruit. Un mode de vie, ce n’est pas une façon de Gagner sa vie, ce n’est pas une manière d’occuper un poste dans le Système, le jeu socio-économique dominant. Le mode de vie des Originels est enraciné dans la Terre, structuré par les étoiles, connecté aux plantes et aux animaux, nourri par les générations passées et consacré aux générations futures. Enlevez-leur tout cela et certains Indigènes choisiront de mourir plutôt que d’accepter les alternatives que cette “civilisation” leur propose: la San Bushman, par exemple, dont j’ai évoqué l’exemple dans l’essai “l’Arbre et la Source” (voir le tome 1 de la collection Liberterre). C’est une Originelle.
Durant l’accélération vers la fin de cycle Maya, nous serons peut-être les témoins de la destruction des derniers Originels survivants mais il existe également une résurgence de cette tribu car ceux qui sont encore avec nous possèdent un rôle crucial à jouer dans le passage vers le Prochain Monde. La tournée planétaire des Treize Grand-Mères Indigènes, par exemple, est un projet de fin de cycle conçu par des Originels pour attirer l’attention du monde sur le pouvoir de guidance et de guérison des plantes enthéogéniques.
Les membres de la Tribu des Originels comprennent non seulement les peuples Indigènes survivants dans le monde mais également ceux qui embrassent leur cause et qui oeuvrent pour les protéger et les soutenir. Il y a des années de cela, lorsque je parlai pour la première fois au Marion Institute, j’ai proposé que dans l’esprit de faire revivre les Mystères, chaque personne adopte une tribu Indigène et un animal en danger. Les Originels et les animaux oeuvrent ensemble et il se peut qu’ils disparaissent ensemble. Après avoir signé un traité avec les colons Européens en 1854, «le Chef Seattle de la tribu des Suquamish aurait dit que lorsque les derniers animaux auront péri, les hommes mourront de solitude». (“Loneliness and Presence”. Thomas Berry, Parabola Magazine).
Les animaux, les oiseaux, les insectes appartiennent aussi à la Tribu des Originels. La plupart des peuples Indigènes, autour du monde, reconnaissent les animaux à quatre pattes et ceux qui rampent et les autres espèces comme nos cousins qui ont aux yeux de la Terre tout autant de dignité, d’intelligence et de valeur. La rencontre des baleines bleues, des lions blancs, des dauphins, des scorpions, des hiboux tachetés et des aigles dorés d’Andalousie est essentielle à la découverte du Monde à Venir. Les reconnaissances qui modèleront le Monde à Venir devront être profondément enracinées dans la connexion avec toutes les espèces. Ceux qui se font les champions de cette connexion appartiennent à la Tribu des Originels.
Les Orgiastes
Cette tribu est un reflet distant des Originels ou peut-être alors en est-elle une projection future en termes d’évolution. Elle consiste en un très large spectre de “tribus citadines”, la communauté diversifiée de jeunes qui partagent un sentiment clanique d’identité et un esprit commun de célébration; les partisans, par exemple, de Burning Man et de Rainbow Tribe. Il existe des milliers de clans au sein de la Tribu des Orgiastes, dont certains ne comprennent pas plus de deux ou trois membres. Une grande partie d’entre eux utilisent l’internet afin d’organiser leurs activités et de continuer à communiquer; cependant, ils se tiennent à part de la communauté cybernétique de par leur affinité profonde pour le monde naturel et les peuples Indigènes, à savoir la Tribu des Originels.
On pourrait dire que la prochaine génération des Originels sera recrutée parmi les Orgiastes. Une grande partie des membres de cette jeune tribu seront les aînés des communautés tribales qui vont émerger après 2012.
Ainsi que Dale Pendell (“Pharmakopoeia”) le souligna «Il n’existe pas de plantes dans l’espace cybernétique… et il n’en existe pas, non plus, dans la noosphère.» Rien ne se passe sur l’Internet – qui n’est qu’un réseau électronique dépendant d’hectares de consoles clignotantes dans des entrepôts anodins en béton – mais c’est un médium puissant pour annoncer les choses qui se passent et même pour déclencher l’étincelle qui les fait se passer. De nombreux Orgiastes sont enclins à la planante chimique, et aux idéologies cybernétiques et creuses qui y sont associées, mais ils restent fondamentalement des amoureux de la Nature et du Vivant et il ne faudrait pas les confondre avec cette partie de la jeune génération qui ne sait pas d’où viennent les oeufs (ce qui représente en France, selon une étude récente, 60% des jeunes dans la vingtaine).
Pourquoi Orgiastes? Le mot Grec orgia signifie “opération, travail”. Dans les Mystères, les orgies étaient des événements de groupe comme des séminaires participatifs dont les membres oeuvraient ensemble sur certains projets. Parfois, mais pas toujours, les orgies avaient une composante sexuelle. Mais même lorsque cela était le cas, l’activité sexuelle n’était pas simplement hédoniste. C’était plutôt comme une session de Tantra de groupe dont la finalité était d’élever l’intensité cognitive, somatique et émotionnelle. Les membres de la Tribu des Orgiastes partagent un même désir inné de revivre cette sorte d’énergie communautaire et de se connecter, à travers elle, au corps de la Terre et au cosmos dans son ensemble. Ils sont donc enclins à la transe, à la danse, à la célébration des arts Dionysiens de la musique et du mime, pour ne pas mentionner les divines “manias”. Même lorsque tout cela est vécu dans un environnement urbain, au milieu des braillements et des rugissements des gadgets électroniques, dans l’oubli total des conditions naturelles, leur ravissement rituel inné est une résurgence des célébrations extatiques d’antan qui étaient vécues en dehors de l’emprise de l’urbanité et de l’électronique.
Les Fertiliseurs
Cette tribu partage avec les Orgiastes une orientation fondamentale vers l’effort de groupe et les plaisirs du monde naturel, mais ils les mettent en oeuvre d’une manière plus conservatrice. Le mouvement pour “la vie soutenable” est la progéniture des Fertiliseurs. Une grande partie de leurs dynamiques sont similaires aux actions des Orgiastes qui, comme eux, se tournent vers les peuples primitifs et Indigènes pour modeler le futur. Les membres de la Tribu des Fertiliseurs sont enclins à créer un espace harmonieux à la maison et à se focaliser sur l’auto-suffisance et l’indépendance socio-économique. Ils travaillent beaucoup en réseau, mais avec le dessein de mettre en place des programmes spécifiques plutôt que dans le but de sociabiliser.
Par nécessité, les Fertiliseurs s’opposent au Système et à ses tyrannies politiques et économiques parce qu’ils savent qu’un grande partie des agissements du Système ne sont pas durables. Leur souhait le plus fervent n’est pas tant de proposer des aménagements au Système que d’en découvrir des alternatives. Ils ont tendance à vivre en marge, dans le Système mais sans en faire partie, en conduisant une voiture hybride, par exemple, mais leur préférence est d’en sortir entièrement, dès que possible. Lorsque vous avez l’esprit et la vision d’un Fertiliseur, il ne fait pas de sens de miser votre vie sur quelque chose qui ne soit pas durable. La Tribu des Fertiliseurs comprend des survivalistes authentiques dont la connaissance des voies naturelles sera indispensable à la fondation des communautés de fin de cycle. Le biomimétisme de Jeanine Benyus représente le point focal de la mission des Fertiliseurs, la pointe de leur flèche visionnaire.
Les Fertiliseurs possèdent une soif énorme et inextinguible d’apprendre. Ils amassent et disséminent constamment des informations sur les modes de vie alternatifs, la nourriture bio, la guérison naturelle, les jardins de légumes, le chauffage solaire, les maisons de paille, et la découverte de voies innovatrices pour créer une société durable. Leur rôle dans le monde des Cinq Tribus est empreint de sobriété, de stabilité et d’assise générationnelle en contraste avec le mode de vie hédoniste, libertaire et nomade des Orgiastes. L’Institut Marion, par exemple, qui sponsorisa le site de Metahistory.org durant un certain nombre d’années, caractérise la mission des Fertiliseurs en associant des éléments pratiques et visionnaires dans une perspective futuriste du monde et en se focalisant sur la “connexion pour le changement”. Certains de ses projets sont au service des Originels, tels que Mangari Maathai, la lauréate du prix Nobel de la Paix en 2004, qui a fondé le Greenbelt Movement. La plantation des arbres est un rituel Fertiliseur – réalisé, dans son cas, par une Originelle. Le soutien de l’Institut au projet de Jeremy Narby, “Nouvelle Planète”, un programme pour faire respecter les droits légaux des peuples Indigènes de l’Amazonie sur leurs plantes et connaissances médicinales, est un autre bon exemple d’une association Originel/Fertiliseur.
Les Evolueurs
Cette tribu partage de nombreux traits des Fertiliseurs avec une différence cruciale néanmoins: la Tribu des Evolueurs oeuvre au sein du Système, cherchant à l’améliorer plutôt que de chercher à créer quelque chose d’autre ou de meilleur que le Système. L’Institut du Capital Naturel de Paul Hawken, qui promeut des méthodes et des modèles pour un investissement socialement responsable, est caractéristique de cette tribu. L’Institut Marion soutient aussi l’Institut du Capital Naturel, et donc l’Institut Marion est une organisation hybride, qui s’inspire tout aussi bien des motivations des Fertiliseurs que de celles des Evolueurs. Cette mission d’harmonisation ou de coordination de projets de fin de cycle se reflète dans le fait que l’Institut Marion fut fondé en 1992, au point nodal de l’intervalle 1974 – 2012.
Si j’interprète correctement les annonces cybernétiques, le projet “Evolver” de Daniel Pinchbeck est, comme l’Institut du Capital Naturel, dédié à créer et à promouvoir des formes nouvelles et progressives de commerce au sein du Système. Le mot-clé ici est commerce. En contraste avec cette approche, les motivations de la Tribu des Fertiliseurs n’incluent pas généralement des projets mis en oeuvre pour générer du capital. Pour eux, ce qui est soutenable possède de la valeur en soi-même: cela n’a pas besoin de “croître” économiquement. Il existe certainement ici une frontière idéologique entre les tribus mais (espérons-le) aucune raison de guerre inter-tribale. Tant que le système économique courant ne sombrera pas dans le chaos total, il y aura toujours des opportunités pour les Evolueurs de mettre en place des formes bénignes de capitalisme et de libre-entreprise respectueuse de l’environnement planétaire. En même temps, par des efforts parallèles, les Fertiliseurs mettront en oeuvre des modèles alternatifs qui ne nécessitent pas un retour financier.
Le marché de l’alimentaire biologique (ou “naturel”) est un parfait exemple de la motivation financière de certaines tribus de fin de cycle. L’écotourisme est également caractéristique des services commerciaux mis en place par les Evolueurs pour ceux qui partagent un esprit similaire et le grand public. Dans de nombreux cas, les Originels, ou leurs descendants, sont employés pour loger, guider, animer ou nourrir les écotouristes, permettant ainsi aux Indigènes de vivre une double vie, en travaillant dans le Système et en restant libres de maintenir leur mode de vie en toute indépendance du Système. L’écotourisme n’est pas parfait, loin s’en faut, mais c’est un grand challenge pour les Evolueurs qui croient dans les bienfait d’un capitalisme bienveillant. Etant donné que l’économie entière de certaines régions de la planète dépend du tourisme, ce dernier pourrait être le front principal du champ mondial d’activités de la Tribu des Evolueurs, un secteur optimal pour focaliser leurs efforts. Les Fertiliseurs, au contraire, sont plus enclins à rester à la maison. Les Orgiastes, qui probablement n’auront pas les moyens de s’offrir les propositions de l’écotourisme, réussissent généralement à faire de leur vie même une grande aventure touristique.
Les membres de la Tribu des Evolueurs tendent à développer une vision utopiste, ou au moins optimiste, de la technologie, lorsque ce ne sont pas des technophiles invétérés. La finalité du projet Evolver est de promouvoir «des technologies dans la production durable de nourriture, l’organisation des communautés, les énergies alternatives, les monnaies parallèles, la transformation méditative et shamanique, etc. Ensuite, grâce à l’organisation des membres, nous aiderons les gens à avoir accès à ces outils aussi rapidement et localement que possible. Nous comptons sur l’engagement actif des membres qui vont nous aider à visualiser et mettre en oeuvre une nouvelle culture planétaire». (Daniel Pinchbeck, cité dans l’interview avec Tim Boucher). La nouvelle société ainsi visualisée n’est pas une aventure culturelle ou éducative, c’est une nouvelle phase du commerce planétaire, de loin plus sophistiqué que tout ce qui a émergé du mouvement Hippie des années 1960. Lorsque les Evolueurs ont un flair économique authentique, ils peuvent faire beaucoup pour faire évoluer le cadre économique actuel et l’humaniser tout en en réduisant l’empreinte écologique.
La problématique de lucratif versus non-lucratif est présente au coeur des relations inter-tribales, comme je viens de le souligner. Sous certains aspects, ces deux perspectives ne peuvent pas être réconciliées. Selon les leçons d’une antique fable planétaire (appelée “l’émergence de l’agriculture”), le sujet du profit provoque de la tension parmi les tribus, tension qui entraîne de la division sociale et la guerre. Mais je pense que toutes les tribus seraient d’accord pour dire que nous, en tant qu’espèce, pourrons envisager les processus de survie (c’est à dire la nourriture, l’eau, l’habillement et l’hébergement, s’il est nécessaire de le préciser) de façon plus sage et les mettre en oeuvre plus efficacement si nous n’en faisons pas une aventure lucrative.
Les Visionnaires
La marque des Visionnaires est assurément leur capacité visionnaire, leur talent pour développer une vision holistique et pour proposer des modèles qui aident toutes les tribus à prendre le virage évolutif de la fin de cycle. Ils font découvrir au monde moderne des systèmes visionnaires d’origine ancienne telle que la splendide cosmologie du serpent du ciel des Desanas du nord-ouest de l’Amazonie. (Voir “Amazonian Cosmos: The Sexual and Religious Symbolism of the Tukano Indians”, de Gerardo Reichel-Dolmatoff. Je cite cette vision dans mon ouvrage sur les phylogénétiques astrales, “Quest for the Zodiac”, dans lequel j’explique comment l’image du cerveau-serpent-ciel de la cosmologie Desana me permit de décoder l’écriture stellaire). Les chansons des Aborigènes Australiens présentent un autre exemple de l’héritage de la Tribu des Visionnaires qui puisse enrichir notre connaissance de nous-mêmes en tant qu’espèce et nous aider à concevoir notre niche évolutive. Les membres de cette tribu préservent la vision à long terme de l’expérience humaine.
Il serait tentant d’esquisser un inventaire des grandes visions élaborées par divers Visionnaires depuis 1974 mais une telle liste serait dure à achever dans le cadre de cet article. Avant tout chose, bien sûr, nous avons la théorie Gaïa développée par James Lovelock (aspects atmosphériques) et Lynn Margulis (aspects bioévolutifs). Elle fut explicitée au début de la période 1974-2012 et constitue, sans nul doute, la vision clé de voûte de notre époque et de la fin de cycle. Le modèle interactif de la symbiose planétaire Gaïenne est loin d’être défini. Je dirai que nous en sommes au tout début de sa définition. Le développement de cette vision, grâce à la collaboration de nombreuses personnes, nous incite à faire preuve de discernement et de sagesse quant au choix entre des modèles visionnaires qui contribuent à la théorie Gaïa – et peut-être même qui la renforcent et l’approfondissent – et d’autres qui n’y contribuent pas.
Un exemple très connu de talent visionnaire est le concept de noosphère de Teilhard de Chardin (1881-1955), le paléontologiste et jésuite Français qui proposa un scénario téléologique dans lequel la culmination de l’histoire humaine au “Point Oméga” serait achevée au travers de la “Christogenèse”, l’espèce humaine complétant, en quelque sorte, la mission du Christ. Bien que Teilhard rejetait l’interprétation littérale de la Genèse, il retint néanmoins la croyance religieuse selon laquelle Jésus Christ incarnait ou focalisait la plénitude du potentiel humain et portait le Point Oméga jusqu’à ce que l’humanité puisse y accéder. Cette vision Christocentrique rappelle fortement les enseignements de Rudolf Steiner (1875-1925), philosophe Autrichien et fondateur de l’Anthroposophie, qui considérait Jésus-Christ comme le “représentant de l’humanité”. Les oeuvres de Steiner et de Teilhard caractérisent ce que j’appelle des “structures mentales mâles totalitaires” dans lesquelles les aspects féminins, écoféministes et Sophianiques sont minimisés lorsqu’ils ne sont pas complètement absents. La très vaste amplitude de tels scénarios visionnaires attirent de nombreuses personnes en dépit de ces très graves lacunes (selon mon opinion). Certaines voix proéminentes de la contre-culture voient dans la noosphère de Teilhard de Chardin une préfiguration de l’Internet en tant que conscience collective globale dans l’espace cybernétique.
Dans mon ouvrage “The Seeker’s Handbook” (1991, proche du point nodal médian), je me suis aventuré à présenter une liste brève des théories de planétarisation: l’orthogenèse de Teilhard; la vision des éoniques et des shishtas, l’avant garde de l’évolution planétaire, de Dane Rudhyar; la galaxie Gutemberg et le village global de McLuhan; l’humanisme et l’embryogenèse cosmiques de Oliver Reiser (reprises plus tard par John Major Jenkins pour ses ruminations sur 2012); la spirale évolutive de Barbara Marx Hubbard; la conspiration du Verseau de Marilyn Ferguson – cette dernière étant un compendium de modèles et de programmes visionnaires plutôt qu’un modèle en soi-même. Cette liste est assurément ténue. On pourrait aujourd’hui la multiplier par dix. Elle devrait inclure de nombreux modèles, de l’onde de temps de Terence McKenna (étroitement reliée aussi au calendrier de 2012) à l’hypothèse de connectivité d’Erwin Lazlo et ainsi de suite. Ken Wilber, qui est de nos jours considéré comme le doyen en titre des Visionnaires, devrait être aussi inclus. Je ne l’inclus que pour avouer que je l’exclue. Je ne peux pas lire Ken Wilber. Et je ne peux pas non plus me résoudre à plonger la tête dans un grand nombre de toutes ces prospectives grandioses.
A dire vrai, je ressens une profonde aversion vis à vis de tous ces modèles mâles totalitaires quand bien même ils émanent de femmes telles que Barbara Marx Hubbard. Je suis fondamentalement opposé à la vision de Hubbard, partagée par de nombreux autres, selon laquelle l’espèce humaine est l’animal couronné de gloire, l’apogée de millions d’années d’évolution cosmique. Je ne crois pas que la conscience de soi de notre espèce humaine soit un grand accomplissement vers l’évolution de laquelle la Nature se serait focalisée pendant des ères de temps incalculables. Je suis plus enclin à la considérer comme notre pire handicap, à savoir l’obsession égoïque d’un animal blessé qui se serait égaré.
J’ai glissé vers la narration à la première personne parce qu’au vu de la “vision Sophianique des Mystères” que j’ai développée sur le site de la Métahistoire et dans mon nouvel ouvrage “La Passion de la Terre”, je pourrais être moi-même placé dans Ta tribu des Visionnaires et peut-être en compétition avec les noms inscrits sur le pavillon. Mais il n’existe pas de compétition. Je ne concours pas. La vision Sophianique fondée sur le mythe sacré de la Déesse Déchue n’est pas de mon invention. C’est un héritage que j’ai recouvré et restauré. Personnellement, je ne me placerais pas dans la Tribu des Visionnaires mais bien plutôt dans la Tribu des Fertiliseurs, dans le clan de l’écologie profonde. Je n’ai pas développé un schéma évolutif cosmique de grande portée et très sophistiqué. Cela n’a pas été ma mission dans la vie bien que pendant longtemps je pensais que cela le fût. Je pensais que j’étais un cosmologiste, un originateur, parce que je travaillais avec l’astrologie et l’astronomie à l’oeil nu, mais il serait plus adéquat de dire que je suis un enseignant en cosmologie et un avocat des cosmologies. J’évalue et je critique les maîtres modèles mais je n’en propose aucun de mon crû. (Le système de phylogénétiques astrales que je présente dans mon ouvrage “Quest for the Zodiac” n’est pas un modèle cosmologique, c’est une méthode cosmographique, une manière de décoder les talents d’un individu à partir du potentiel génomique de l’espèce).
Les Bioneers, fondés par Kenny Ausubel et Nina Simons, constituent l’événement phare de la Tribu des Visionnaires. Les cinq tribus convergent dans Bioneers et les membres de la Tribu des Visionnaires sont souvent invités à donner des causeries en salle plénière, offrant un sens d’orientation holistique pour une vaste diversité de projets et de programmes. Les chambres de compensation que sont Esalen, l’Institut Noétique, Omega, Hollyhock, offrent également des plate-formes qui permettent aux Visionnaires de s’exprimer. Le biomimétisme de Jeanine Benyus est un cadeau des Fertiliseurs aux Visionnaires, un savoureux potlatch évolutif. Je placerais probablement Terence McKenna parmi les Orgiastes mais il est aussi connu pour son génie de modélisation quasi-Visionnaire. Les membres de la Tribu des Visionnaires incluent non seulement ceux qui engendrent les visions déterminantes et les scénarios cosmiques mais aussi ceux qui les embrassent et les propagent. Le modèle cosmique de Brian Swimme “The Story of the Universe” a généré un mouvement entier dont certains adeptes répandent le mythe évolutif que Swimme articula initialement.
Voilà donc un exposé résumé des cinq tribus de fin de cycle. Dans le Monde à Venir, nous allons vivre sur une planète à cinq tribus. Les êtres humains qui représentent les cinq tribus et parlent de leurs espoirs et de leurs peurs pour les communautés émergentes dans le futur peuvent être entendus sur Futureprimitive.org, le site soeur de Metahistory.org, qui est produit et radiodiffusé par Joanna Harcourt Smith. Je pourrais citer bien d’autres exemples (The Nature Conservancy, par exemple). J’ai dû en oublier parmi les plus connus. Ce serait bien de pouvoir faire un inventaire des activités tribales. Des volontaires?
La caractérisation des tribus n’est pas un jeu consistant à caser les gens. C’est un cadre souple de reconnaissance. L’identité tribale est un processus volontaire. Le Monde à Venir sera découvert dans les yeux de ceux qui lui donnent naissance. Comme Thoreau l’a souligné à Walden Pond, la grande aventure de chaque jour, que nous partageons tous avec le soleil, est de vivre le jour.
La Fin du Nouvel Age
Le temps ne va pas se terminer lorsque le moment déterminant de la fin de cycle arrive en 2012 mais pour de nombreuses activités humaines, le temps arrive à son terme. Parmi les activités dont la date d’expiration s’approche, je mentionnerai la spiritualité nouvel-âge. La plupart des lecteurs, qui sont arrivés jusqu’à ce point de l’ouvrage, pourraient penser que la spiritualité nouvel-âge, sous certains aspects au moins, éclairent le chemin vers la fin de cycle et vers ce qui est possible durant la période de changement, mais je suggérerai une autre perspective. J’ai l’intuition qu’une grande partie de ce qui est considéré, de nos jours, comme spiritualité va s’estomper rapidement lorsque va s’imposer à nous, individuellement et collectivement, l’époque d’épreuves spirituelles authentiques et d’épreuves formidables pour notre imagination et pour notre détermination. Avec l’accélération vers 2012, il se peut que s’achève le grand jeu des prétentions et des sessions de “développement personnel” du nouvel âge, tels que le grand fourre-tout du “shamanisme”.
Je conçois que ma position puisse paraître extrêmement critique. Mais, si je puis me permettre, j’ai suivi le “Nouvel Age” depuis sa naissance lors de la Révolution Psychédélique des années 1960. J’ai rédigé un manuel critique des divers phénomènes de la spiritualité alternative qui est un ouvrage relativement naïf, mais néanmoins pratique. Je n’affirme pas à la légère que la spiritualité nouvel-âge est en train d’expirer. Je le dis de façon réfléchie dans l’espoir que nous puissions percevoir comment la transformation surgit de la mort, lorsqu’une impulsion est authentique et enracinée dans le potentiel évolutif de l’humanité. Je veux dire que tout ce qui a été considéré, jusqu’à maintenant, comme de la spiritualité nouvel-âge n’est sans doute que la coquille enveloppant une graine beaucoup plus riche. Le Nouvel Age, parasité par une telle quantité de prétentions abusives, de charlatanisme et de narcissisme déguisé aura bien servi son propos s’il conduit maintenant à quelque chose de réellement authentique et qui le transcende.
La découverte du Monde à Venir va se manifester en partie au travers de la fin du Nouvel Age en tant que phénomène de naïveté spirituelle embrassée par de nombreuses personnes cherchant vraiment à s’engager pour l’humanité… mais cette disparition pourrait permettre d’accéder à un chemin plus authentique, la voie du double, du changeur de formes, du Souverain de l’Etoile du Soir… Xolotl.