Suggestions de lectures et de recherches pour la Passion de la Terre

Mes suggestions de lectures et de recherches sur la théorie Gaïa, l’écologie profonde, les Mystères Païens et la vision Sophianique des Gnostiques se déclinent en neuf catégories avec de brefs commentaires. Dans la plupart des cas, les maisons d’édition peuvent être trouvées sur internet. A quelques exceptions près, j’ai exclu les ouvrages académiques, réservés aux experts, en faveur de lectures plus aisées et plus accessibles. Les catégories de 4 à 9 présentent des écrits contemporains non-Gnostiques que j’estime être bénéfiques dans l’approche des Mystères et de la théorie et pratique de la Gnose.

 

1. Sources primaires

Bibliothèque de Nag Hammadi.

L’édition standard en Anglais, “The Nag Hammadi Library in English (NHLE)” fut éditée par James Robinson en 1977. Cette édition est traduite et publiée en Français en 2 tomes par les Editions Le Jardin des Livres avec comme titre “Les Manuscrits de Nag Hammadi”. Il existe une autre édition en Français, de 1830 pages, chez La Pléiade intitulée “Écrits gnostiques: La bibliothèque de Nag Hammadi” et éditée par Jean-Pierre Mahé, Paul-Hubert Poirier, Collectif, et Eric Crégheur (novembre 2007).

L’édition standard en Anglais (NHLE) est destinée au grand public tandis que les érudits et les experts ont recours à une édition publiée en Hollande par E. J. Brill, à Leiden: “The Coptic Gnostic Library (CGL)”. Cette édition présente les textes Coptes sur les pages de gauche avec les traductions sur les pages de droite. Elle inclut des commentaires élaborés, des glossaires et un travail méticuleux de précisions académiques. Il arrive parfois que les traductions diffèrent d’une édition à l’autre.

“The Coptic Gnostic Library (CGL)”  contient également des écrits Coptes fondamentaux qui ne se retrouvent pas dans la NHLE: la Pistis Sophia (Codex Askew), Le Traité sans titre et les deux Livres de Jeu (Codex Bruce). Un troisième texte non NHL, le Codex de Berlin contient l’Evangile de Marie, les Actes de Pierre et des versions de deux textes des Codex de Nag Hammadi, L’Apocryphe de Jean et la Sophia de Jésus/Christ. Le Codex de Berlin est cependant inclus dans l’édition NHLE.

 

Organisation des Codex.

Il existe en tout 52 documents dans les Codex de Nag Hammadi dont la longueur varie de quelques lignes à 40 pages. Les érudits numérotent les Codex en chiffres Romains de I à XIII et les traités dans chaque codex en chiffres Arabes et avec un titre. Par exemple, V, 4, le quatrième traité dans le codex V est titré l’Apocalypse de Jacques. Certains textes se retrouvent sous plusieurs versions, particulièrement le long traité cosmologique, l’Apocryphe de Jean que l’on trouve dans les Codex II, III, IV et dans le Codex Berlin.

Les érudits numérotent les pages dans chaque Codex consécutivement, du premier parchemin de papyrus au dernier. Par exemple, le Codex VII contient cinq traités, un total de 127 pages en contant chaque feuille de papyrus comme une page. Le Second Traité du Grand Seth (VII, 2) va de la page 49 à la page 69. Les pages des Codex comptent en moyenne de 30 à 36 lignes, qui sont également numérotées. Il existe donc un système de classification en quatre niveaux: codex, traité, page, ligne. VII, 2, 54.10 indique la ligne 10 de la page 54 du traité 2 dans le Codex VII et est intitulé le Second Traité du Grand Seth: «et le plan qu’ils ont élaboré à mon sujet, pour manifester leur Erreur et leur folie – je n’y ai pas succombé comme ils l’avaient escompté». C’est un maître Gnostique qui dévoile le subterfuge des Archontes et comment il l’a déjoué. Les érudits utilisent également des abréviations pour les titres. GrSeth, par exemple. ApocPi 83.1-5 est la même chose que VII, 3, 83.1-5 mais le titre abrévié facilite la reconnaissance du texte qui est cité. ApocPi 83.1-5 est le célèbre passage  qui décrit “le sauveur qui se moque” sur la croix: «et se moquant de leur manque de perception car il sait que ce sont des aveugles-nés». Le sauveur crucifié se moquant avec mépris de l’ignorance de la populace en contrebas est l’un des événements les plus sensationnels de tout le corpus Gnostique. Le système de classification en quatre niveaux nous permet d’identifier aisément la localisation de telles lignes particulières et remarquables.

Il est absurde de penser pouvoir lire une quelconque traduction des Codex de Nag Hammadi du début jusqu’à la fin, d’une seule traite, comme s’il s’agissait d’un livre ordinaire. Ces documents doivent être lus sélectivement en abordant chacun d’entre eux avec quelque notion de ce qu’il contient. Le message non corrompu et authentique de la Gnose se manifeste en étincelles ou  jaillissements spécifiques telle que la ligne citée ci-dessus parce que la plus grande partie de la matière qui a survécu est dense, opaque et incohérente. Il est pratiquement impossible d’extraire un paragraphe clair et cohérent de la plupart des documents des Codex de Nag Hammadi. L’intégralité du corpus est un terrible embrouillamini de textes transcrits à la va-vite par le biais d’un langage sténographique conceptuellement déficient, à savoir le Copte. Prière de consulter, sur le site Liberterre, la rubrique “Métahistoire/ La Gnose: Cosmologie, Textes et Questions” pour des essais couvrant en profondeur les Codex de Nag Hammadi. A ma connaissance, ce sont les seuls commentaires, à ce jour, qui mettent l’accent sur la valeur du message Gnostique en soi, plutôt que de le considérer comme une annexe ou un dérivé des doctrines Chrétiennes de rédemption.

 

Écrits et Apocryphes ne procédant pas de Nag Hammadi

Ceux-ci incluent les Codex Berlin, Codex Bruce et Codex Askew ainsi que nous l’avons déjà souligné. A part ces documents, rien n’a survécu de la matière Copte qui puisse être identifiée comme retraçant ses origines aux cercles Gnostiques ou aux Mystères mais il existe, néanmoins, diverses matières en Grec, Latin, Hébreu, Syriaque, Éthiopien et Aramaïque. En Français, il existe une édition intitulée: “Les évangiles apocryphes: Traduits et annotés d’après l’édition de J. C. Thilo par Gustave Brunet” ainsi qu’une édition intitulée “Écrits apocryphes chrétiens” dont le premier tome publié en 1997 chez Gallimard fait 1782 pages et le second tome publié en 2005, chez Gallimard également, comprend 2156 pages. Les Apocryphes contiennent des fragments de papyrus, de la matière non biblique sur Jésus, des évangiles Juifs-Chrétiens, des dits inconnus de Jésus, des discussions avec des disciples après la résurrection, des actes de divers apôtres et de nombreux évangiles de nature Gnostique ou non Gnostique.

Dans ces apocryphes, il existe des éléments Gnostiques étonnants tant bien même ces textes, qui furent exclus du canon du Nouveau Testament, sont de caractère Chrétien, de manière prédominante. Ils offrent des aperçus de la scène Païenne-Juive dont procédèrent les croyances Chrétiennes primitives et, ici et là, ils révèlent le corpus complexe de littérature pré et non-Chrétienne qui dut être pillé afin d’établir la narration de Jésus et la mission apostolique. Ces apocryphes constituent un fourre-tout avec une large dose de baratin évangélique; cependant, une partie de cette matière est profondément engageante.

Les Actes de Jean décrivent une danse mystique réalisée par Jésus durant la Dernière Cène, accompagnée d’un poème qui contient des versets tels que: «Le danseur appartient à l’univers. Celui qui n’entre pas dans la danse ne sait pas ce qui se passe». Le pape Léon le Grand (vers l’an 450) considéra que ce document était si scandaleux qu’il le condamna comme «un foyer de vice aux perversités multiples» et exigea que toutes les copies en fussent brûlées principalement parce que le document réfute la valeur rédemptrice de la souffrance et propose, à sa place, l’extase.

Les Actes de Jean remplacent l’acte horrible de la crucifixion par une danse mystique. C’est le point culminant des Apocryphes.

Il existe également des fournées d’apocryphes de l’Ancien Testament, des rebuts des versions conventionnelles, qui sont appelés également des pseudoépigraphes. Les Livres d’Enoch et les Apocalypses de Ezra, Isaïe et Baruch contiennent certaines informations relatives au scénario Archontes/Annunaki. (les “Veilleurs”) tout autant que des textes étranges qui ont été de nos jours incorporés à la mythologie OVNI/ET. La “littérature sapientiale”, telle que les Odes de Salomon, présente de la poésie mystique focalisée sur Sophia, la déesse de sagesse. (Sapientia est le terme Latin pour le Grec Sophia, sagesse).

 

Références classiques.

Parmi les écrits classiques en Grec, “Le Livre de Jamblique Sur les Mystères” (dans une traduction du Grec de Pierre Quillard) présente le témoignage le plus complet et le plus authentique émanant d’un instructeur accompli des Mystères. Jamblique (vers l’an 330) était le responsable de l’école Syrienne de Néo-Platonisme à laquelle Hypatia est estimée avoir appartenu. Jamblique n’est que rarement cité comme source de conceptions Gnostiques tandis que Plotin, qui confessa son exaspération de ne pouvoir obtenir des Gnostiques aucune information, l’est souvent!

L’ouvrage du Platonicien Thomas Taylor “The Eleusinian and Bacchic Mysteries” n’est pas fiable pour une vision moderne de la Gnose car il présente une interprétation allégorique des enseignements des Mystères qui n’est pas cohérente avec l’instruction directe par la Lumière. Notre maîtrise des Codex de Nag Hammadi serait grandement favorisée par la lecture d’initiés connus, tels que Cicéron et Plutarque, tout autant que celle d’autres écrivains classiques.

Les Codex de Nag Hammadi contiennent un fragment “La République” (VI, 5) de Platon traduit du Grec en Copte. Cela signifie qu’au moins un traité de la cache date d’environ 400 avant EC, ce qui le met à part des autres écrits qui sont généralement datés à 200-350 EC. Six à sept siècles, c’est un énorme intervalle de temps, semblerait-il, mais les érudits ne considèrent pas la possibilité que les “originaux Grecs” d’autres textes des Codex de Nag Hammadi pourraient avoir le même age que le texte de Platon. A ce jour, il n’existe quasiment pas de comparaison entre les Codex de Nag Hammadi et les écrits latins et Grecs classiques. Pour autant incroyable que cela puisse paraître, le message Gnostique n’a pas été évalué, à ce jour, en le resituant dans le cadre de la tradition Païenne intellectuelle dont il est issu!

“Les Méditations” de Marc-Aurèle constituent le testament suprême de l’éthique Païenne en phase avec la vision Gnostique de la vie. Le Stoïcisme représente le profil éthique mondain des Telestai.

Platon et Plotin, les superstars de l’antique philosophie en Occident, ne sont pas des références fiables et elles sont même mensongères lorsqu’il s’agit de Gnose Païenne authentique. Ces philosophes mettent en exergue tous deux des critères d’un autre monde et un mysticisme extérieur au corps (Plotin exprima même son embarras à posséder un corps physique) en opposition totale à l’illuminisme psychosomatique des Mystères.

 

Hermetica

De nombreux érudits considèrent que les écrits Hermétiques sont compatibles, pour ne pas dire identiques, avec le message Gnostique mais (grosse surprise), je tendrai à ne pas être d’accord. Les “Hermetica”, un corpus de treize textes, qui a fait surface durant la Renaissance, est communément considéré comme les vestiges des enseignements originels des Ecoles de Mystères Egyptiens. Ces oeuvres sont nommées d’après Hermès, le nom Grec pour le dieu Egyptien Thoth, le dieu de la sagesse, appelé également Trismégiste, “Trois fois grand”,  le titre formel d’un hiérophante. Les Codex de Nag Hammadi contiennent un fragment d’un texte Hermétique, “Aesclepius” (VI, 8). L’érudit du Gnosticisme, G. R. S. Mead, écrivit également un ouvrage important sur les “Hermetica”, “Thrice Greatest Hermes”.

Débattre quant aux différences entre les “Hermetica” et les Codex de Nag Hammadi nous emmènerait au-delà du cadre de cet ouvrage. Je dirais, néanmoins, que je trouve dans les écrits Gnostiques plus de témoignages directs d’une connaissance Mystérielle orientée vers Gaïa que dans les cogitations insipides des “Hermetica”. Soyez vigilants avec le fait que les écrits Hermétiques pratiquent l’esquive avec le Démiurge des Gnostiques en en faisant un instrument bienveillant des dieux plutôt qu’une pseudo-divinité pernicieuse et malveillante.

 

Hérésies para-Gnostiques

J’entends, par ce terme, les mouvements spirituels réprimés dans l’antiquité, et plus tard, qui reflètent quelques éléments de la Gnose et des Mystères. Parmi ces mouvements, les deux principaux sont le Mandéisme, une hérésie du 1er siècle qui a rejeté Jésus pour adopter Jean le Baptiste comme le messie authentique et le Manichéisme, une résurgence du 3ème siècle du dualisme Zoroastrien de source divisée. Pour la première hérésie, voir l’ouvrage, “La révélation des Templiers”, de Clive Prince et Lynn Picknett; pour la seconde hérésie, voir votre psychiatre local. Le Soufisme, estimé à certains égards être corrélé à la Bien Aimée Divine, pourrait être considéré comme une hérésie para-Gnostique. Il en est de même pour la Cabale Juive et l’hérésie Cathare du Moyen-Age. J’ai ignoré tous ces mouvements para-Gnostiques, ainsi que d’autres, dans ce présent ouvrage: une seule vie ne pourvoit qu’une portion de temps limité.

 

Les Polémiques ou la Littérature Patristique: les écrits à l’encontre des Gnostiques

C’est le dossier de l’accusation concocté par les Pères de l’Église pour condamner l’hérésie Gnostique. C’est un dossier massif qui emplit des douzaines de volumes épais de rhétorique indignée et de raisonnements guindés. L’édition standard est “The Writings of the Ante-Nicene Fathers”. Anté-Nicéen fait référence à la période précédant le Concile de Nicée de l’an 325. Toute la littérature patristique ne peut pas entrer sous cette dénomination parce que les défenseurs de la doctrine Chrétienne continuèrent d’écrire à l’encontre de la religion Gnostique et Païenne durant de nombreux siècles après ce concile. En fait, à ce jour, ils n’ont pas encore cessé.

Les principaux écrivains polémistes furent Justin Martyr, Tertullien, Epiphanius, Irénée, Hippolyte, Origène, et Augustin d’Hippone qui écrivait “la Cité de Dieu contre les païens” l’année même du meurtre d’Hypatia. L’ouvrage “Iranaeus of Lyon” de Robert Grant donne un bon profil de l’idéologue influent qui établit le canon des quatre évangiles et condamna aux oubliettes toutes les autres alternatives.  Malheureusement la traduction Anglaise, bien que très lisible,  par ce même auteur de “Contre les Hérésies” comprime les passages-clés sur la chute de Sophia et de l’intercession Christique. La matière ténue concernant ces événements ne se retrouve que chez Irénée.

Le “Panarion” d’Epiphanius, un converti Chrétien qui s’infiltra dans un groupe Gnostique pour l’espionner, contient un récit horrible décrivant une orgie durant laquelle les participants consomment leurs propres fluides sexuels en tant que sacrements. A part ces rares éléments émoustillants, la lecture des Pères de l’Église n’est pas un passe-temps que je conseille à tout un chacun; cependant,  “La littérature pseudo-clémentine” offre quelques anecdotes amusantes de rencontres entre Gnostiques et Chrétiens primitifs.

 

Marie Madeleine

C’est la «femme qui connaissait tout», que Jésus aimait dans la chair et dans l’intimité si l’on en croit certaines histoires. Certains érudits l’identifient comme l’auteur de l’Evangile de Marie (Codex Berlin). Des légendes médiévales présentent une histoire alternative de Marie Madeleine qui s’est transformée, de nos jours, en un phénomène du folklore moderne, généreusement embelli de spéculations ésotériques. Le culte populaire de Marie Madeleine fut lancé avec  l’ouvrage “L’énigme sacrée” de Baigent, Lincoln et Leigh et il atteignit son paroxysme (espérons-le, du moins) avec le “Da Vinci Code” de Dan Brown. De par le succès sans précédents du roman kitsch de Brown, les ouvrages sur Marie Madeleine ont proliféré. La plupart sont horribles et purement redondants. Le meilleur ouvrage sur ce personnage important est “Venus in sackcloth” (1975) de Marjorie Malvern qui est actuellement épuisé en Anglais et jamais traduit en Français. “Marie Madeleine” de Lynn Picknett n’est pas trop mal. Il évoque la connexion Madeleine/Cathares et suggère que nous distinguions le message de Madeleine des enseignements attribués à Jésus – sans nous dire, néanmoins, comment le faire. “The Goddess in the Gospels: Reclaiming the Sacred Feminine” de Margaret Starbird utilise Madeleine comme vecteur d’une critique du patriarcat et d’un symbole du mariage idéal mais, à part cela, il reste strictement conventionnel. Le site Liberterre contient une collection d’essais que j’ai rédigés sur la Connexion Madeleine (voir chez Liberterre, la section Métahistoire/Le Lotus d’Émeraude et le Cygne Noir.).

 

2. Recherches académiques sur le Gnosticisme et les Mystères

“Les Évangiles Secrets” d’Elaine Pagels (chez Flammarion) est de loin l’ouvrage le plus connu sur les Codex d’Egypte. Il a permis que le sujet du Gnosticisme soit largement connu mais, paradoxalement, son traitement de la matière Gnostique rend difficile d’appréhender la nature réelle de la Gnose. C’est parce qu’Elaine Pagels considère le Gnosticisme comme un Christianisme alternatif – tel qu’il est indiqué par le terme “Évangiles” dans le titre – et elle ignore complètement la connexion des Mystères. Son travail va plaire à ceux qui veulent absorber des notions Gnostiques sans mettre en danger ce à quoi ils croient déjà. A mon avis, utiliser les écrits Gnostiques pour bricoler une nouvelle version, améliorée, pseudo-féministe et quasi-mystique du Christianisme est une cooptation supplémentaire de la sagesse des Mystères Païens en phase avec les crimes idéologiques de l’Église Universelle.

Les érudits modernes ne veulent pas reconnaître “The Gnostics and their remains” (1887) de C. W. King malgré qu’il contienne plus d’éléments valides et vérifiables sur les connexions Gnostiques/Mystères que chez Pagels et toute la fournée d’autres experts réunis. Citant des sources patristiques, King montre la vaste amplitude du réseau des Gnostiques Levantins des Mystères qui survécurent en France et en Espagne durant l’ère Chrétienne: «le Gnosticisme était plus étendu que l’Empire Romain et il survécut à sa chute» (page 337). Les experts modernes rejettent de telles affirmations comme étant du pur non-sens.

“The Gnostic Religion” de Hans Jonas fut originellement écrit avant que l’on connaisse beaucoup de choses sur les Codex de Nag Hammadi mais il contient des intuitions que l’on ne trouve pas dans des ouvrages subséquents plus documentés. Jonas s’appuie fortement sur le modèle standard “anticosmique” largement (et erronément) attribué aux Gnostiques: l’âme emprisonnée dans la matière, le déni du corps, la création du monde matériel par le Démiurge. Il s’inspire de la version Valentinienne du Mythos de Sophia dans lequel Sophia est séparée en parties inférieure et supérieure, résolvant ainsi le problème de savoir comment le monde matériel pouvait être à la fois la métamorphose de son corps divin et la création du Démiurge malfaisant. Cet ouvrage contient un épilogue remarquable et beaucoup débattu sur le Gnosticisme et l’existentialisme. Une lecture difficile mais essentielle si l’on veut acquérir une maîtrise plus profonde de la Gnose.

Deux autres ouvrages académiques valant la peine d’être lus sont “Les Livres Secrets de l’Egypte” de Jean Doresse, l’archéologue Français qui découvrit les Codex de Nag Hammadi dans la Bibliothèque Copte du Caire et “Gnosis” de Kurt Rudolf. Ces deux ouvrages sont denses mais valent une lecture lente et attentive. Si l’on digère ces deux livres correctement, on manque peu de choses. De “Fragments of a faith forgotten” de G. R. S. Mead est une compilation, antérieure à la découverte des Codex de Nag Hammadi, de divers textes, incluant les polémiques. Il analyse le Codex Askew (Pistis Sophia) et le Codex Bruce. Dans, “Gnosticism and the New Testament”, Pheme Perkins donne une vision inhabituellement honnête et aimable des Gnostiques perçus de l’intérieur de l’enclos Chrétien. “The Allure of Gnosticism” édité par Robert Segal contient des écrits sur le Gnosticisme en relation avec la psychologie Jungienne et la culture contemporaine incluant l’essai décisif par l’érudit Bouddhiste Edward Conze qui compare le Gnosticisme avec le Bouddhisme. Il contient également de grossières erreurs; par exemple, l’assertion de Murray Stein selon laquelle le Démiurge (dans le parler Jungien, “L’ego Yaldabaothien” émerge à l’intérieur du Plérome et représente ainsi une étincelle de divinité qui s’est perdue dans la matière!

Deux livres difficiles mais essentiels, pour ceux qui souhaitent plonger profondément dans les études Gnostiques, sont “Images of the Feminine in Gnosticism” édité par Karen King et “Rethinking Gnosticism” de Michael Allen Williams. Le premier est rébarbativement académique mais il aborde, néanmoins, des problèmes essentiels en ce qui concerne le Mythos de Sophia et les aspects féminins de la Gnose. Le second est une réfutation brillante des allégations négatives, rabâchées depuis longtemps, sur les Gnostiques, leurs méthodes et leur message. William réfute totalement le modèle anti-cosmique et montre comment la condamnation patristique des Gnostiques rebondit sur les polémistes.

Il n’existe pas d’histoire du mouvement Gnostique. “The History of Gnosticism” de Giovanni Filoramo traite les Mystères comme une digression et resitue l’origine du mouvement à l’ère Chrétienne. Tout comme de nombreux érudits du Gnosticisme, incluant Doresse et Rudolf, Filoramo fait montre d’une attitude méprisante (voilée) envers son sujet. Des informations essentielles sur les origines préhistoriques et pré-Chrétiennes du Gnosticisme et de l’Ordre des Mages peuvent être trouvées dans l’ouvrage extraordinaire mais peu connu, “Plato Prehistorian”, de Mary Settegast.

Les deux ouvrages les plus accessibles sur le Gnosticisme portent tous deux le même titre “Les Gnostiques”. Le petit volume (chez Albin Michel) par Jacques Lacarrière est une évocation très documentée et poétiquement rédigée de la vision Sophianique qui met en exergue la connaissance astronomique des groupes Gnostiques. Il contient une préface de Lawrence Durell et une lettre d’Henry Miller, connectant ainsi les conceptions Gnostiques avec deux personnages-clés de la littérature du 20ème siècle. L’ouvrage informatif de Tobias Churton (chez Barnes and Noble) offre trois chapitres sur les Gnostiques Egyptiens et retrace ensuite la survie underground de la Gnose et des Mystères dans le Catharisme, chez les troubadours, dans l’humanisme de la Renaissance, dans l’Herméticisme et dans la Rose-Croix jusqu’à William Blake et John Lennon. Bien que l’on puisse débattre du fait que des enseignements Gnostiques authentiques soient préservés dans ces divers mouvements, ils furent certainement influencés par la tradition perdue des Mystères.

“Les cultes à mystères dans l’Antiquité” (Éditions Les Belles Lettres) de Walter Burkert reste le meilleur ouvrage sur les Mystères Païens. Il est clair, concis et rédigé avec élégance. Burkert fait preuve de respect pour son sujet et distingue la régénération Païenne de la rédemption Chrétienne (ainsi que le fait l’historien Robert Turcan dans “Les cultes orientaux dans le monde romain” aux Editions Les Belles Lettres).

L’ ouvrage académique fondamental antérieur, à la découverte de Nag Hammadi, est “The mystery-religions” (1925) de S. Angus. Le sous-titre, “a study in the religious background of early christianity”, stipule de suite qu’Angus tend à considérer son sujet comme accessoire au Christianisme. Le livre est une mine d’anciennes références mais lorsqu’il arrive à la conclusion, tel que dans le chapitre 7, “The Victory of Christianity”, Angus affirme que la religion Chrétienne est supérieure parce qu’elle pourvoit «un message satisfaisant» au problème de la souffrance ce que, selon lui, les Mystères ne faisaient pas. Angus ne plonge pas dans le Gnosticisme en tant que tel et ne connecte le Gnosticisme et les Mystères que dans un seul paragraphe de son ouvrage. En fin de compte, Angus est relativement schizoïde dans son traitement des Mystères. Alors qu’il affirme que le personnage de Jésus fut façonné directement à partir du guérisseur et de l’initié Païen, Esculape, il accepte la théologie de la Croix comme un message personnel et historique de rédemption qui a plu aux masses populaires, qui était supérieur aux Mystères et qui les a supplantés à juste titre.

Pour des lectures complémentaires sur les Mystères, “Eleusis” de Karl Kerenyi et “The Eleusinian Mysteries” de George Mylonas sont indispensables. “Hellenistic religions” de Luther Martin présente une vision d’ensemble correcte mais cependant inférieure à celle de Burkert. Soyez vigilants vis à vis d’ouvrages tels que “The Mystery teachings in world religions” de Florence Tanner ou “The Gnosis”, un classique occulte de William Kingsland. Ils appartiennent au genre de spéculation mystique qui remonte à Clément d’Alexandrie. De tels ouvrages ne font que répandre un écran de fumée autour des Mystères. L’équation Dieu/Soi proposée par Clément trouve sa culmination dans les “Nouveaux Mystères” de Jean Houston, auteur de “Godseed: the journey of Christ”, un livre qui présente une technique psychodramatique permettant d’atteindre le Divin à l’intérieur. Cet exercice est tout aussi éloigné du biomysticisme Gaïen et de la vision Sophianique des Mystères que votre chance d’aller faire un tour sur la navette spatiale.

 

3. Manuscrits de la Mer Morte

Les lecteurs peuvent remarquer que mon ouvrage est le seul, à ce jour, qui fait une corrélation entre les Codex de Nag Hammadi et les Manuscrits de la Mer Morte, en montrant des références croisées entre ces deux matières qui, à ma connaissance, n’ont été soulignées ou recherchées par aucun érudit: par exemple, le fait que les Enfants de Seth soient nommés en tête de liste dans le Manuscrit de la Guerre ainsi que la localisation du camp de contre-intelligence Archontique à l’arrière-cour des Zaddikim. Un ouvrage ancien (1955) de Millar Burrows, “The Dead Sea Scrolls”, contient un chapitre intitulé “Beliefs” dans lequel l’auteur compare “la rédemption par la connaissance” des Gnostiques avec les conceptions de la secte Qumranique. Cet exemple rare de comparaison textuelle est instructif mais ne fait qu’effleurer le contraste entre tzaddik, le standard transmondain et inhumain de perfection de l’alliance Qumranique, et telos, l’idéal Gnostique du potentiel humain réalisé dans les Mystères.

Le témoignage vécu et direct le plus cité de l’émergence du complexe de rédempteur, dans l’antique Palestine, est “les Guerres Juives” de Joseph. Il en existe diverses éditions. L’ouvrage d’Erich Fromm, “Le Dogme du Christ”, présente une analyse tranchante de l’instabilité sociale qui prévalait durant la période Hérodienne, avec un commentaire psychologique Freudien. Sur les Manuscrits de la Mer Morte et leur histoire, il existe un grand nombre de bons ouvrages incluant  “The Hidden Scrolls” de Neil Asher Silberman, “The Dead Sea Scrolls” de John Allegro, “Deciphering the Dead Sea Scrolls” de Jonathan Campbell et “Mystery and Meaning of the Dead Sea Scrolls” d’Herschel Shanks. Ce dernier ouvrage est particulièrement bénéfique pour son évaluation des textes mais Shanks (un personnage-clé dans le dévoilement de la dissimulation des Manuscrits par le Vatican) reste ambivalent quant au personnage historique de Jésus tel qu’il est reflété dans la littérature Qumranique. Sur cette problématique épineuse, je recommande “The Passover plot; new light on the history of Jesus” de Hugh Schonfield, une exploration brillante du personnage de Jésus. Également, “The Dead Sea Scrolls and the Christian Myth” de John Allegro est un ouvrage essentiel pour déconstruire la mythologie de la rédemption. “Apocalyptism and The Dead Sea Scroll” de John J. Collins est un ouvrage difficile à lire mais indispensable pour la compréhension des étranges permutations du complexe du messie Juif.

Quant aux traductions, “The Dead Sea Scrolls: a new translation”, celle de Michael Wise, Martin Abegg, et Edward Cook est remarquable. Les commentaires présentés dans l’ouvrage permettent de lire les Manuscrits de la Mer Morte de manière cohérente. Une autre bonne traduction est “Les Manuscrits de la mer Morte révélés” de Robert Eisenmann et de Michael Wise.

“La Bible confisquée” de Michael Baigent et de Richard Leigh est le meilleur récit, et le plus populaire, de la campagne de désinformation et d’occultation orchestrée par le Vatican dans le but d’empêcher le monde de découvrir les origines authentiques du Christianisme. Bien qu’il frise parfois le journalisme à sensation, cet ouvrage est intellectuellement cohérent, précis au niveau des faits et fondé par une recherche minutieuse. L’ouvrage “Apocalypse” de D. H. Lawrence, que j’ai cité au travers de tout mon ouvrage, est une mise en accusation remarquable des croyances démentes et inhumaines encodées dans la théologie de la rédemption du Judéo-Christianisme. Il se tient à part de tous les autres ouvrages: c’est un chef d’oeuvre de déconstruction Gnostique.

 

4. Gnose perçue au travers d’ouvrages non-Gnostiques

Pour une approche du renouveau moderne de la Gnose et de la vision Sophianique, je signalerai aux lecteurs trois essais essentiels: “The Historical Roots of our Ecological Crisis” (1966) de Lynn White;  “The Perceptual Implications of Gaïa” (1985) de David Abram; “The Meaning of Gaïa”  (1990) de David Spangler. Ces trois courts essais déclinent les problématiques méthodologiques et les éthiques essentielles évoquées dans cet ouvrage. L’article de White ouvrit le débat au sujet des valeurs anthropocentriques et dominatrices de la Nature qui sont propres au Christianisme; c’est ce qui a conduit directement à la problématique épineuse de “l’identification” qui a enlisé l’écologie profonde dans une impasse. J’ai émis des critiques vis à vis de la solution à cette impasse proposée par Warwick Fox dans  “Toward a Transpersonal Psychology” mais il reste encore beaucoup de choses à clarifier avant que l’écologie profonde puisse acquérir une dimension authentiquement religieuse dépourvue de l’idéologie dominatrice et du narcissisme de soi unique.

La fondation essentielle préhistorique de la vision Sophianique repose dans les religions de la Déesse recouvrées par Marija Gimbutas dans ses écrits capitaux incluant “The Goddesses and Gods of Old Europe” et  “The Living Goddesses”. (NDT: le seul ouvrage de Marija Gimbutas en Français est “Le langage de la déesse”). “The Myth of the Goddess” d’Anne Bearing et de Jules Cashford et “When God was a woman” de Merlin Stone sont des lectures essentielles dans cette veine.

Le premier contient un chapitre très éclairant sur Sophia et la répression du Divin Féminin dans le Judaïsme (“The Hebrew Goddess” de Raphael Patai est le texte de référence sur ce sujet). “La Déesse blanche” de Robert Graves est, bien sûr, la célébration mystico-poétique insurpassable de la tradition de la déesse. Il rayonne de nombreux éclats de la Divine Sophia. L’ouvrage de Ralph Metzner, “The Well of Remembrance”, s’inspire de Gimbutas pour présenter un chemin néoshamanique compatible, à bien des égards, avec le biomysticisme Gaïen.

Les écrits sur l’écopsychologie présentent des approches fertiles vers une vision du monde Gnostique-Gaïenne contemporaine, particulièrement “The Voice of the Earth” de Theodore Roszak et l’ouvrage plus difficile “Radical ecopsychology” d’Andy Fisher. Voir également l’anthologie “Restoring the Earth, Healing the Mind” éditée par Theodore Roszak et “Green Psychology” de Ralph Metzner qui est couramment le défenseur le plus impliqué dans le biomysticisme Gaïen et les pratiques enthéogéniques.

L’anthologie “Dharma Gaïa”, éditée par Allan Hunt Badiner, présente une perspective écologique rare sur le Bouddhisme. “Le Tao de l’Écologie” d’Edward Goldsmith est un texte fondateur de l’éthique écologique qui nous permet d’imaginer comment les Européens auraient considéré l’environnement. Il en est de même pour l’ouvrage de Gary Snyder “The Practice of the Wild” qui conseille que la reconnaissance de l’apprentissage classique Païen est essentiel à une vision plus saine de la Nature. Je me suis également inspiré de “Nature and Madness” de Paul Shepard pour resituer la critique Gnostique à l’encontre de la religion patriarcale. Ce sont les ouvrages de Shepard qui complémentent le mieux mon argumentation à l’encontre du Christianisme.  (NDT: les seuls textes traduits en Français le sont par Dominique Guillet sur le site de Liberterre dans la rubrique GaïaSophia/Inter-spécificité et GaïaSophia/Mythologies.)

“Où finit le Désert” de Theodore Roszak est un puissant plaidoyer pour le renouveau de “l’Antique Gnose” qui prend William Blake et les Romantiques comme exemples (le meilleur ouvrage sur le Romantisme est celui de M. H. Abrams, “Natural Supernaturalism”). L’écologiste culturel Neil Evernden met en lumière le rôle des Romantiques en tant que précurseurs du mouvement écologique.

Dans “The Natural Alien”, il met en exergue la nature unique de l’humanité, non pas en termes de supériorité sur les autres espèces, mais en termes de son besoin de découvrir ou de construire sa propre niche dans la Nature, en contraste avec les autres espèces pour lesquelles la Nature pourvoit une niche. Cet argument est compatible avec l’appel de Lynn Margullis (voir la rubrique suivante) pour l’espèce humaine de trouver “une adaptation créative” avec le monde naturel ou bien alors de périr.

Finalement, dans le genre de la théologie écoféministe qui se rapproche d’une vision Gaïenne/Gnostique (ou qui tente de la copier), “Gaïa and God” de Rosemary Radford Reuther témoigne de la difficulté problématique de réconcilier le Judéo-Christianisme  avec l’écologie profonde Sophianique – ce qui est, en fait, strictement impossible. Mais l’effort, bien que futile, est instructif. La meilleure voie pour que l’écoféminisme intègre la théorie Gaïa serait au travers du shamanisme si ses origines authentiques étaient vraiment explorées.

Tant bien même le shamanisme constitue la racine pivot des Mystères Païens, je ne puis recommander aucun livre sur le shamanisme qui ne mette pas en valeur, de façon erronée, son monopole mâle. Peut-être avec le plaidoyer pour la Déesse de sagesse de Barbara Tedlock, “The woman in a shaman’s body”, peut-il être possible de relocaliser la théorie et la pratique shamaniques contemporaines dans la perspective Gaïenne.

 

5. Écologie Profonde et Théorie-Gaïa

Certains des ouvrages ci-dessus pourraient être inclus dans la catégorie présente. L’ouvrage fondateur de l’écologie profonde “Sacred Land, Sacred Sex: Rapture of the Deep: Concerning Deep Ecology and Celebrating Life” de Dolores LaChapelle. Son autre ouvrage, “D. H. Lawrence: Future Primitive”, une biographie critique de Lawrence est un ouvrage riche et évocateur qui présente, de manière convaincante, Lawrence comme le pionnier visionnaire du mouvement de l’écologie profonde (voir également la catégorie 6). Les ouvrages de Derrick Jensen, “A Language older than Words”  et “Listening to the Land” (une compilation d’interviews réalisés par Derrick Jensen) constituent des ouvrages essentiels également d’écologie profonde. Il en est de même des oeuvres de Gary Snyder et de Teddy Goldsmith, cités dans la catégorie précédente.

(NDT: le seul ouvrage de Derrick Jensen traduit en Français est: “Pendant que la planète flambe: 50 gestes simples pour continuer à nier l’évidence”. Octobre 2010. La Boite à bulles).

Le meilleur ouvrage sur le développement de la Théorie Gaïa reste “Gaïa: the growth of an idea” de Lawrence. D. Joseph. “Lovelock and Gaïa” de Jon Turney est également un bon ouvrage pour une vision globale. “Gaïa’s body” de Tyler Volk est plus techniquement orienté vers les détails de la science biosphérique.  Pour les implications culturelles et scientifiques de la théorie, voir “Gaia, a Way of Knowing: Political Implications of the New Biology” et “Gaia 2: Emergence” édités par William Irvin Thompson.

“La Terre est un être vivant: L’hypothèse Gaïa” et “Gaïa: Une médecine pour la planète”, les ouvrages de James Lovelock sont des lectures incontournables pour une perception adéquate des origines de la théorie et de ses orientations futures.

(NDT: John Lash fait ici référence aux premiers ouvrages rédigés par Lovelock. Depuis la rédaction de ces commentaires, à savoir mai 2006, John Lash a mis en garde contre les terribles dérives récentes de James Lovelock, en particulier dans ses deux derniers ouvrages: “La revanche de Gaïa: Préserver la planète avant qu’elle ne nous détruise” et “The Vanishing Face of Gaia: A Final Warning”, publié en 2009. John Lash a particulièrement dénoncé la cooptation de la théorie Gaïa et surtout la cooptation d’une partie de la mouvance écologique, ou auto-proclamée telle, par le Nouvel Ordre Mondial ou du moins tout ce qui se cache derrière ce vocable.)

Les livres essentiels de Lynn Margulis, rédigés avec son fils Dorian Sagan, sont: “Microcosmos”, “Symbiotic Planet: A New Look At Evolution” et “Slanted Truths”.Ce dernier ouvrage est une compilation d’essais très intéressants sur la biologie et l’évolution incluant “Big troubles in biology” (une réfutation du Darwinisme) et “A Pox called Man” (la vision de Margullis sur le rôle de l’espèce humaine dans les biophysiques Gaïennes). La section Métahistoire de Liberterre contient une pléthore d’essais sur les parallèles entre la Vision Sophianique et la théorie Gaïa. (NDT: Le seul ouvrage de Lynn Margulis traduit en Français est “L’Univers bactériel”.)

Bien qu’il ne soit pas généralement inclus dans les débats concernant l’écologie profonde et la théorie Gaïa, Wilhelm Reich (1897-1957) fut le scientifique du 20ème siècle dont l’oeuvre peut contribuer de manière essentielle et magistrale à des avancées expérientielles dans ces deux sphères de recherches. Pensant tel un Gnostique, Reich investigua «les larges contours qui ont modelé les erreurs de l’animal humain» et il analysa les esclavages aux croyances idéologiques. Le déni et la suppression de la force de vie constituaient l’objet de ses plus grandes inquiétudes tel qu’il l’exprime dans “Le meurtre du Christ”. “La psychologie de masse du fascisme” est une analyse brillante de la démence “mystico-militariste” commune aux Nazis et à la secte Zaddikite ainsi qu’une condamnation courageuse des doctrines Chrétiennes qui élèvent l’esprit au-dessus de la Nature. Dans ses dernières oeuvres, “L’éther, Dieu et le diable” et “La Superposition cosmique”, sur lesquels il échangea avec Albert Einstein, Reich proposa des critères Gnostiques pour la science.

Il affirma que «la sensation est le plus grand mystère de la science naturelle» et mit en garde contre le fait que les scientifiques «s’égarent à la mesure de leur négligence de leur propre système de perception sensorielle et de conscience». La conception de Reich selon laquelle la connaissance authentique de la Nature doit être enracinée dans le contact sensoriel avec la Nature est purement Télestique, rappelant la révélation cognitive à Eleusis.

Enfin, je suggère que les techniques d’observation Goethéenne sont très proches de la méthode Gnostique et, à certains égards, la reproduisent. “Goethe on science” de Jeremy Naydler présente un inventaire de citations utiles. L’ouvrage de Rudolf Steiner, “Goethe et sa conception du monde”, peut également être une lecture bénéfique. “The Wholeness of Nature: Goethe’s Way of Science  d’Henri Bortoft est un traité complet et brillant sur la théorie de la perception intense de Goethe. Très simplement, cette théorie affirme que les impressions du monde, qui nous sont données par les sens, sont incomplètes à moins que nous ne projetions notre regard, avec plus d’attention et d’intensité, dans ce que les sens nous présentent véritablement. Ainsi, la Nature a beaucoup plus à nous révéler au travers de nos sens que ce que nous assumons habituellement. Goethe insista sur le fait que la perception intense peut plonger si profondément dans les dynamiques des phénomènes naturels qu’elle excelle toute théorisation que nous pourrions établir en dehors des phénomènes. L’ouvrage de Boroft est une lecture incontournable pour toute étude de science naturelle Gnostique.

 

6. Culture et Littérature Contemporaines

Les récentes éditions des Codex de Nag Hammadi (en Anglais) contiennent une postface de Richard Smith décrivant comment les notions Gnostiques ont réussi à imprégner de nombreux aspects de la culture et de la littérature Occidentales.  Smith cite Blake, Melville, Hesse, Doris Lessing, Lawrence Durrell, et la Beat Generation, comme étant des héritiers littéraires du Gnosticisme. Cette liste pourrait être aisément triplée, particulièrement si nous incluons des écrivains de science-fiction tels que Philip K. Dick  et Roger Zelazny. En psychologie, Smith cite Carl Jung, le premier revivaliste Gnostique, et en philosophie, Martin Heidegger pour lequel Dolores LaChapelle a une profonde estime. Bizarrement, il ne cite pas D. H. Lawrence. Les lecteurs qui souhaitent avoir un aperçu d’une sensibilité authentiquement Gnostique peuvent consulter les derniers poèmes de Lawrence qui incluent de magnifiques évocations de la Nature et de la vie animale. Dans ses poèmes polémiques, Lawrence attaque impitoyablement l’identité égoïque et l’auto-narcissisme. Ses deux lignes de réplique à Jésus vont ainsi: «Et quiconque se force à aimer quelqu’un d’autre, engendre un meurtrier dans son propre corps». C’est plus ou moins ce que j’ai souhaité exprimer dans le chapitre 19.

Smith parle également du virtuose culturel Américain Harold Bloom qui écrivit  des oeuvres de dérivation Gnostique, à la fois de fiction et de non-fiction. Dans “Omens of Millenium”, Bloom adopta, sans discrimination, l’équation Dieu/soi, définissant la Gnose comme une «connaissance directe de Dieu à l’intérieur du soi» mais, sous d’autres aspects, il plaida assez bien pour les valeurs Gnostiques.  Et surprise, surprise, l’ouvrage inclut un passage bref, sobre et clair sur le shamanisme et sur les pratiques enthéogéniques. Il est difficile de dire si son style relativement narcissique d’illuminisme de salon a eu, ou aura, quelque influence signifiante dans les cercles académiques ou religieux. J’en doute fort. (NDT: les ouvrages de Bloom traduits en Français sont “Le livre de J: Et si une femme avait écrit la Bible?” et “Ruiner les vérités sacrées – Poésie et croyance”.

Les films qui viennent à l’esprit, dans cette catégorie, sont “The Man Who Fell To Earth” de Nicholas Roeg et “la Trilogie Matrix”. Dans le film de Arthur C. Clarke, “2001, l’Odyssée de l’espace”, le superordinateur qui pirate la mission est appelé HAL, ce qui signifie “simulation, intelligence artificielle” en Copte. L’ouvrage de Clarke, “Les Enfants d’Icare”, est l’un des nombreux qui explorent le thème Gnostique de la prise de pouvoir par les Archontes. D’autres classiques de science-fiction, tel que “Invasion of the Body Snatchers” inspiré d’un ouvrage de Jack Finney évoque également la menace de la substitution Archontique. Voir également sur le site Liberterre (dans la rubrique Métahistoire/Fondements) pour mon essai sur les éléments Gnostiques dans le film classique d’horreur “Les Enfants des Damnés”.

 

7. Cosmologie Sophianique incluant la problématique OVNI/ET

En continuation de la catégorie précédente, les écrits de science-fiction de Philip K. Dick (1928-1982) présentent une nouvelle version de certains aspects de la cosmologie Sophianique. La maîtrise par Dick de l’instruction dans le Gnosticisme et dans les Ecoles de Mystères était sélective, comportant de sérieuses lacunes, mais néanmoins profonde quant aux aspects qu’il avait assurément compris. Sa définition de la Gnose comme des “instructions de désinhibition” est superbe et sa métaphore de l’hologramme à deux sources l’est tout autant. Une grande partie du pathos de son oeuvre réside dans sa résistance humaine ardente vis à vis de HAL, la simulation Archontique. Dick anticipa un monde dont les habitants seraient incapables de détecter les simulations, incapables de discerner un chat réel d’un simulacre électronique, ou incapables de discerner la perle du plastique. Une grande partie de ce qui semble futuristique dans ses romans est, de nos jours, devenu commun.

Bien qu’il fût très concerné par la substitution Archontique, ou contre-imitation, Philip K. Dick n’a pas dressé le portrait des Archontes. Par contre, ses meilleures oeuvres dépeignent des êtres humains (généralement des enfants) qui sont des instruments vivants de Sophia. Sa “Trilogie Valis” associe la matière des Codex de Nag Hammadi avec des concepts tirés des Manuscrits de la Mer Morte, ce qui génère un mélange bizarre d’éléments Gnostiques et Qumraniques. Dans le second tome de la trilogie, “L’Invasion Divine”, deux enfants sont les incarnations de la sagesse divine dont le jeu est l’univers. Dans le troisième tome de la trilogie, “La réincarnation de Timothy Archer”, Dick adopte la thèse hérétique de John Allegro selon laquelle le sacrement du culte Qumranique était Amanita muscaria, l’amanite tue-mouche, un champignon psychoactif traditionnellement utilisé par les shamans. Le chef d’oeuvre non publié de Dick, “L’Exégèse”, contient de longs passages sur la philosophie Gnostique, Sophia et le Démiurge. Valis est une lecture incontournable pour toute personne intéressée par la manière dont les notions Gnostiques peuvent fertiliser l’imagination littéraire. Voir le site philipkdick.com.

Frisant la science-fiction, les multiples ouvrages de Zecharia Sitchin (1920-2010) sur le scénario Annunaki dans la mythologie Sumérienne, sont néanmoins considérés par de nombreuses personnes comme des oeuvres sérieuses. Il est difficile de prendre Sitchin à défaut sur le plan de l’érudition – il lit l’ancien Hébreu, l’écriture cunéiforme et une demi-douzaine d’autres anciennes langues – mais il est aisé de percevoir lorsqu’il fabule ou lorsqu’il établit des déductions non fondées.  Ses “Chroniques de la Terre” font totalement foi aux tablettes Sumériennes et acceptent le fait que les Annunaki/Archontes soient réellement nos souverains cosmiques. Dans “The Cosmic Code” (Earth Chronicles, No. 6), il affirme que les anciens avaient une connaissance de la chimie moléculaire et du code génétique parce que les Annunakis leur transmirent et non pas parce qu’ils auraient pu l’acquérir au travers de facultés innées au potentiel humain (ainsi que je l’argumente). Zecharia Sitchin est intelligent et assez divertissant à lire. Il reste au-dessus du lot en ce qui concerne le monticule d’ouvrages sans cesse croissant concernant le scénario Annunaki/Archonte pour ne pas mentionner le bavardage massif sur la toile. Depuis janvier 2005, date à laquelle mon essai “La théorie Gnostique de l’intrusion Extraterrestre” apparut sur mon site Metahistory.org, ma théorie sur les OVNI/ET semble avoir intégré les débats. Néanmoins, il existe encore une absence presque totale d’analyse métacritique du phénomène OVNI/ET. A ce jour, la vision Gnostique stipulant que les Archontes sont des imposteurs cosmiques, des illusionnistes tentant de nous transformer en leurs dupes, reste largement inconnue.

A l’exception de moi-même, seuls deux auteurs réputés, Nigel Kerner (The Song of the Greys) et William Henry (Oracle of the Illuminati) ont directement identifié les Archontes avec les Annunaki. L’ouvrage de Boulay, “Flying Serpents and Dragons”, présente une matière soigneusement recherchée sur les religions anciennes qui suggère comment le “programme Reptilien” des Annunaki pourrait avoir été insinué dans les cultes Jéhoviens de la Palestine. Boulay se situe à un cran ou deux au-dessus de Sitchin. La critique la meilleure du phénomène OVNI/ET vient de Jacques Vallée (1939-) dans ses ouvrages “OVNI: la grande manipulation” (Rocher, 1983), “Autres dimensions: chroniques des contacts avec un autre monde” (Laffont, 1989), “Confrontations: un scientifique à la recherche d’un autre monde” (Laffont, 1991) “Révélations: contact avec un autre monde ou manipulation humaine?” (Laffont, 1992). L’analyse de Vallée du phénomène OVNI/ET comme un “système de contrôle spirituel” est hautement compatible avec les enseignements Gnostiques. L’ouvrage de John Keel, “Operation Trojan Horse: An exhaustive study of unidentified flying objects, revealing their source and the forces that control them”, est également excellent, sobre et lucide. “Humanity’s Extraterrestrial Origins”, par A. D. Horn, et “The Genius of the Few” par Christian O’Brien présentent un profil convaincant de Yahvé/Jéhovah comme un Archonte reptilien, vicieux, tyrannique, l’ultime parent indigne.

La cosmologie Sophianique requiert non seulement une approche imaginative vis à vis des Archontes, ces habitants du système planétaire à l’exclusion de la Terre, mais également une rencontre directe avec les merveilles du monde naturel. C’est, pourrait-on dire, une cosmologie faite maison. En non-fiction, les meilleures approches de la cosmologie Sophianique peuvent se trouver dans les  écrits récents sur l’émergence, “Biology Revisioned” de Willis W. Harman et Elisabet Sahtouris; sur les fractales, “Fractals: The Patterns of Chaos. A New Aesthetic of Art, Science, and Nature” de John Briggs et “Turbulent Mirrors” de John Briggs et David Peat; et la cosmologie de plasma, “The Big Bang never Happened” d’Eric Lerner. Tout cela est de la recherche de pointe, radicale et controversée mais largement théorique.

Pour une approche directe et vécue de la cosmologie Gnostique, il n’existe pas de meilleur guide (après Reich) que Goethe. La morphologie Goethéenne, incluant la théorie colloïdale de la lumière, constitue l’approche scientifique la plus en phase avec la méthodologie des Mystères. L’observation intensive, par laquelle nous pénétrons plus profondément dans les contenus patents de la perception sensorielle, est la meilleure approche moderne à la connaissance initiatique de Gaïa-Sophia.

 

8. Théorie Enthéogénique de la Religion

“Sacred Mushrooms of Vision” de Ralph Metzner est le meilleur ouvrage sur la pratique enthéogénique courante. Le long essai de Metzner, “Visionnary Mushrooms of the Americas”, couvre le mouvement enthéogénique depuis ses origines avec Huxley et Wasson jusqu’à Terence McKenna. “The Sacred Mushroom Seeker”, une compilation de Thomas J. Riedlinger, présente également une vue d’ensemble et une évaluation du mouvement qui naquit lorsque Gordon Wasson rencontra Maria Sabina (1894-1985) au Mexique en 1955. L’ouvrage de Wasson, “Soma: divine mushroom of immortality”, est un trésor littéraire que l’on peut comparer à des oeuvres novatrices telles que “The Golden Bough” et “Black Athena”. “Persephone’s Quest”, co-rédigé par Wasson avec G. S. Kramrisch et Carl Ruck, est l’ouvrage définitif sur la théorie enthéogénique de la religion avec des références abondantes à Eleusis.

Il existe des centaines de sites et de forums dédiés aux enthéogéniques sur internet mais, malheureusement, ils sont tous orientés vers une utilisation récréative des substances et des plantes sacrées, plutôt que vers un usage sacramental.

 

9. Mysticisme Asiatique (Tantra, Mahayana, Dzogchen)

Les exposés sur le mysticisme Asiatique et la théorie de l’émanation, qui sont bénéfiques à la compréhension du Gnosticisme, commencent avec les oeuvres de Sir John Woodroffe, toutes publiées chez Ganesh and Co, à Madras. “The Serpent Power”, “Shakti and Shakta” et “The Garland of Letters” sont des lectures indispensables. Dans divers passages de ses ouvrages, Woodroffe développe librement des parallèles Gnostiques-Tantriques. Son travail sur la Kundalini, la Puissance du Serpent, est essentiel pour comprendre, et expérimenter, l’illuminisme psychosomatique des Mystères Païens. Woodroffe cite des textes Tantriques qui décrivent, en langage explicite, l’épiphanie de la Lumière Organique.

Parmi les érudits Bouddhistes, c’est John Myrdhin Reynolds (The Golden Letters, Self-Liberation through Seeing with Naked Awareness) qui établit les parallèles Gnostiques-Bouddhistes les plus pertinents. Les écrits de Herbert V. Guenther sont également instructifs, plus particulièrement “The Life and Teachings of Naropa”, “Yuganaddha” et “Kindly bent to ease us”, sa trilogie d’écrits sur Long Chen Pa, le célèbre maître Nyingma. L’ouvrage “Foundations of Tibetan Mysticism” (1960) de Lama Govinda est encore le texte le plus accessible sur le Bouddhisme Tibétain. “The Science of Yoga” de I. K. Taimni, un commentaire sur les “Yoga Sutra” de Patanjali, se lit comme on le ferait de nos jours avec un traité des Codex de Nag Hammadi si la matière Copte nous était parvenue intacte et non corrompue. Dans “Shiva et Dionysos” et “Le Destin du monde d’après la tradition shivaïte”, l’expert en mythologie comparée, Alain Daniélou, corrèle la Gnose aux antiques méthodologies shamanistes de l’Asie du sud.

Finalement, je peux orienter les lecteurs vers mes autres ouvrages publiés en Anglais dans la mesure où ils abordent des thèmes corrélés au sujet de ce présent ouvrage. “The Seeker’s Handbook” (1991) présente un bref essai sur le Gnosticisme et de nombreuses références aux thèmes Sophianiques et Gnostiques. “Twins and the Double” (1993) propose que les anciennes techniques shamaniques donnaient accès aux processus moléculaires et génétiques, explique le mécanisme de victimisation et prend en considération certains phénomènes occultes qui étaient communément explorés et étudiés dans les Mystères. “The Hero” (1995) décrit la connexion intime entre le shamanisme et la religion de la Déesse, une connexion intrinsèque à la longue période historique de gestation de la Gnose et des Mystères. Cet ouvrage traite également du Culte de l’Amour, un phénomène culturel au coeur de la résurgence médiévale du sens Païen de la vie.

Enfin, “Quest for the Zodiac” (1999) explique la distinction importante entre d’une part le zodiaque stellaire, ou de ciel réel, de treize constellations, et d’autre part le zodiaque tropical de douze signes. Il propose également une théorie de transfert phylogénétique de la connaissance et des expertises acquises lors d’expériences transpersonnelles ou extatiques. Je suggère que cette théorie puisse baliser le chemin vers la méthode Télestique d’amplification téléologique du potentiel humain, telle qu’elle était mise en oeuvre de par le passé dans les Mystères.