La Chute de Gaïa-Sophia: un Synopsis

Voici, en neuf parties, le synopsis d’une version du Mythos sacré de Sophia, la “Déesse Déchue” des Mystères Païens. Le Scénario de la Déesse Déchue n’est pas l’invention de cet auteur, John Lamb Lash. C’est sa reconstruction d’une narration mythologique développée par des anciens visionnaires qui l’appliquèrent en tant qu’histoire de vision pour guider l’humanité afin qu’elle puisse co-évoluer interactivement avec la planète vivante, Gaïa. Je considère que cette narration complexe constitue l’argumentation suprême, et donc exceptionnelle, de finalité cosmique produite par l’imagination humaine: c’est un mythe authentique pour guider l’espèce.

Mon recouvrement, et ma reconstruction, du Scénario de la Déesse Déchue constituent l’unique version consistante et cohérente de l’Histoire de Vision Sophianique des Mystères qui ait jamais été présentée par un érudit. Cependant, elle n’est pas complète. Trois éléments-clés du mythe sont encore manquants: la création de la Lune, la séparation des sexes de l’Anthropos – le génome humain – et l’arrivée des Chasseurs d’Orion, les premiers hommes qui habitèrent sur Terre alors qu’elle était exclusivement peuplée de femmes, à l’époque (note de Mai 2011).

Dans sa forme reçue, l’Histoire de Vision Sophianique fait partie du genre de “théogonie astrale”, un récit d’événements célestes incluant les intentions, les sentiments et les actions de forces cosmiques conçues comme des dieux et des déesses. La version ci-dessous illustre l’une des façons possibles de raconter le mythe: à savoir en le replaçant dans un cadre astronomique – et, ce faisant, en le rendant peut-être plus accessible au mental moderne. Ce n’est pas la seule façon de raconter le mythe mais, après de longues réflexions, je suis convaincu que cela peut être la manière optimale d’introduire la Vision Sophianique des Mystères au 21 ème siècle.

Cette narration sacrée constitue l’unique mythe planétaire au monde qui décrive l’origine du système solaire, de la Terre et de l’espèce humaine – en les resituant dans une perspective galactique. Qu’il soit bien clair qu’un mythe n’a rien à voir avec de la fantaisie ou de la falsification: c’est une manière authentique de décrire des événements d’amplitude cosmique – incluant la galaxie en laquelle demeure la Terre. “Sophia” est le terme astro-théologique qualifiant un jaillissement de puissance émanant du coeur galactique qui impacta les bras en rotation: la “chute” de la Déesse est une éruption de ce coeur galactique. C’est un mythe animiste et qui attribue l’équivalent d’émotions, d’idéations et d’intentions aux énergies cosmiques de la galaxie – imaginativement conçues comme des dieux et des déesses. Je répondrai, dans un essai corrélé, aux objections prévisibles à l’encontre de l’animisme cosmique.

Mon ouvrage La Passion de la Terre contient, à la fois, un court synopsis et une pleine description des neuf épisodes.

Mon essai, “Avant l’Origine de la Terre: Un Mythe Planétaire Issu des Mystères Païens”, est complémentaire quant à l’orientation vers la signification unique de ce mythe.

Le Mythos de Gaïa est une tentative de rendre la narration en forme mytho-poétique en tant que poème de prose – mais seulement 11 des 16 épisodes sont complets.

Les Commentaires sur le poème en prose contiennent une quantité considérable d’informations d’ordre astronomique avec des corrélations au mythe.

 

Le Mythos de Sophia en langage astronomique

 

Episode 1: Dans le Coeur Galactique

De l’Eternel Commencement, une singularité émerge du coeur de cette galaxie – l’une parmi des milliards de galaxies dans l’Univers. Cette singularité est un jaillissement spontané de potentialité nouvelle, totalement indéfinie et inconditionnée. Elle émerge de cette source universelle qui est la matrice éternelle de chaque galaxie – mais qui est unique à chaque galaxie de sorte que l’innovation puisse aussi se manifester dans tout l’Univers. En chaque galaxie, l’Origine est la présence universelle plus vaste que tout dieu ou entité divine. Elle demeure au-delà du temps, de l’espace et de la matière et se manifeste, de temps en temps, au travers du Plérome, le vortex central de chaque galaxie particulière.

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Forme typique d’une galaxie spirale lenticulaire

Au sein du Plérome demeure la compagnie des divinités cosmiques – des vagues d’énergie d’amplitude galactique. Ce sont des torrents massifs de luminosité vivante qui se déploient autour du coeur et qui s’épanchent en sonorités, en couleurs et même en saveurs. Leur forme est un jaillissement serpentin et torrentiel et leur substance est une masse nougateuse de luminosité auto-génératrice. Ces courants Pléromiques reçoivent, de l’Origine, la singularité de potentiel pur et ils la modèlent en expression. Ils convertissent la semence informe de l’originalité en une vague matricielle qui peut, éventuellement, émerger dans le temps, dans l’espace et dans la matière au-delà du coeur galactique. L’Origine n’impose rien à ces puissances cosmiques créatrices que sont les Eons, les Générateurs. La singularité qu’elle leur confie est une potentialité d’innovation non définie, sans signature et non encodée. Elle ne possède aucune structure préconçue. C’est une potentialité pure et sans contingences. La singularité est tel un tremblement doux, vaste et indéfini qui érupte du coeur galactique et qui se dissémine au travers des vagues chorales du Plérome, au travers de la compagnie des torrents Eoniques.

A chaque fois qu’une singularité émerge dans un coeur galactique, elle est conçue différemment par les Eons de cette galaxie qui sont infiniment créatifs, innovateurs et ludiques. Une fois conçue, la singularité peut être projetée à partir du coeur galactique vers les régions lointaines des bras spiralés qui constituent  le royaume de la potentialité finie, le Kenoma – en contraste avec le potentiel infini du Plérome, la matrice des Générateurs.

Les bras en spirales sont des régions en activité constante. Tout comme un moulin, ils moulent des étoiles, des planètes, des comètes et des astéroïdes à partir du broyât vestigial d’antiques galaxies. Les faisceaux de matière dense et élémentaire des bras spiralant – le dema – sont chaotiques et inorganiques et sont constitués de matière atomique, ou de substances encore moins denses – de la simple mousse de bulles quantiques. Cependant, le dema possède certaines capacités d’auto-organisation de sorte qu’il puisse former et reformer, avec plasticité, les fondations et les échafaudages de nombreux systèmes de monde. Le remodelage perpétuel de la matière, dans les bras en spirales, est soumis au mécanisme de moulinage de l’involution qui inclue la rotation différentielle et le processus matériel d’attraction/répulsion – des forces qui sont entièrement absentes du coeur galactique.

 

Episode 2: L’Encodage de la Singularité

La masse nougateuse du coeur galactique pulse dans la danse des courants alternatifs – des énergies sexuées. Les courants mâles jaillissent au travers de la masse Pléromique avec une action encoeurante – tels des filaments expulsés d’un tamis. Les courants femelles jaillissent avec une puissance expulsive qui leur ouvre la voie. Les processus d’encoeurer et de décoeurer constituent les expressions sexuées permanentes des Générateurs.

Dans une galaxie particulière, une singularité émanant de l’Origine est réceptionnée par deux Eons de genre mâle et femelle: l’Eon Sophia et sa contrepartie mâle, l’Eon Thelete. Son nom signifie “libre-arbitre” ou “l’intentionné”. En une activité de couple, ces deux entités co-harmonisent la singularité et la dansent en une matrice spécifique.

Chaque Générateur est une vague d’énergie possédant des caractéristiques et des propriétés innées. De même qu’un courant, voyageant le long de fibres optiques, peut transporter des signaux, ainsi ces torrents convient de vastes déploiements d’impulsions configurées. Les Eons, qui réceptionnent la singularité, lui confèrent une conjonction sélectionnée de leurs attributs – créant ainsi une matrice unique sans précédent. De par leur activité conjuguante, ils imprègnent la singularité d’un jeu de propriétés innées dérivées de leurs propres impulsions. Ils encodent sa potentialité pure avec des propriétés définies pouvant se développer, selon un mode distinct, lorsqu’elles sont pourvues d’un système de monde – un espace d’accueil. Dans cet exemple, Sophia et Thelete conçoivent une forme de vie, la matrice d’une espèce: l’Anthropos. La configuration spécifique de l’Anthropos est une expression de la vision créatrice de la dyade cosmique – le couple de Générateurs. Le génome humain prend son origine dans une danse d’énergies cosmiques au sein du coeur galactique.

Buddha-Weekly-Vajrasattva-Yabyum-BuddhismUn yab-yum Bouddhiste: une image iconographique de divinités en accouplement que l’on pourrait comparer avec la fusion des Eons dans le coeur galactique. Cependant, les Eons dansent et ils se meuvent en énergies et en émotions – alors que le yab-yum constitue une image statique. Néanmoins, la même notion archétypique d’union divine est exprimée dans les deux cas. Il doit être souligné, nonobstant, que les divinités concevantes, les Générateurs Pléromiques, ne se propagent pas par analogie à la reproduction biologique – mais bien plutôt par analogie au ludique, un acte de plaisir. L’histoire de Vision Gnostique suit la norme narrative du Tantra Hindou selon lequel Shiva et Shakti, les énergies sexuées, engendrent le monde par l’entremise des vibrations de plaisir générées par leur fusion – et non pas par insémination et par conception dues à une relation sexuelle. Cette distinction illustre la différence entre la cosmologie émanationniste (non-reproductrice) et la cosmologie créationniste (reproductrice).

 

Episode 3: La Projection de l’Anthropos

Lorsque le couple Pléromique, constitué de Thelete et de Sophia, achève sa danse rituelle, la singularité est configurée et prête à être projetée. Dans un acte collectif d’émanation, tous les Eons du coeur galactique élaborent une résille délicate, à l’image d’une plaque holographique; ensuite, utilisant cette résille comme une lentille, ils déversent leur luminosité collective dans les royaumes extérieurs, au delà de la membrane délimitant le Plérome. Dans cet au-delà existe le Kenoma, la zone de matière noire élémentaire (le dema) qui tourbillonne dans le manège gigantesque des bras galactiques. La singularité encodée sera semée dans le dema, là où de nouveaux mondes sont en création perpétuelle, de sorte que l’Anthropos puisse avoir une demeure dans un monde qui lui soit propre et en lequel il puisse développer son potentiel unique. De nombreuses souches de l’humanité peuvent émerger de la matrice ainsi projetée et il existe une pléthore de systèmes de mondes, émergeant et se dissolvant dans les bras galactiques, qui offrent d’amples opportunités à ces souches pour prendre racine et pour s’épanouir.

Imaginez un bâton creux de lumière dans la forme d’un immense sceptre, d’un gigantesque caducée opalescent avec la matrice génomique qui y est enchâssée. La matrice génomique de l’humanité est une projection stéréomorphique dans les régions extérieures de la galaxie. Demeurant dans les limites du coeur galactique, les Eons injectent le génome préconçu dans les marches extérieures de la galaxie comme au travers d’une pipette. Oeuvrant en fusion, les Générateurs implantent l’innovation potentielle de l’espèce humaine dans les bras galactiques en manège – tel un oeuf fertilisé s’implantant dans la paroi de l’utérus. Pour les Eons, la projection de la matrice Anthropique, conçue par Sophia et Thelete, est l’initiation d’une expérimentation divine. A partir du centre de la galaxie, ils vont observer comment la souche humaine se propage et développe sa nouvelle potentialité dans de nombreux mondes. Leur acte de projection peut être comparé au rêve plutôt qu’à la reproduction biologique d’une progéniture par deux parents – ou plutôt qu’à une création artéfactuelle, tel un potier façonnant une poterie. Il s’agit d’un processus d’émanation et non pas de création.

L’humanité n’est pas la progéniture d’êtres divins, faite à leur image, mais l’expression de l’imagination divine des Générateurs qui conçoivent et projettent des singularités cosmiques, en manifestation de forme ouverte, au sein d’une myriade de mondes.

Les Eons Pléromiques projettent l’Anthropos dans les bras galactiques avec une intention précise et ciblée de localisation. Ils enchâssent la matrice à incuber dans un nuage moléculaire, une nébuleuse galactique, dans le troisième bras, en comptant vers l’extérieur. L’humidité fertile de la nébuleuse est le médium idéal pour tester le nouveau complexe de vie. Cela étant fait, les Générateurs rétractent leur action projective pour observer, en tout détachement, ce qui s’ensuit. D’un point de vue énergétique, les Eons n’outrepassent pas les limites du Plérome, la matrice de l’infini potentiel. Tout en demeurant au sein des limites du noyau, ils observent et sentent ce qui se passe au-delà, dans le Kenoma – la matrice du potentiel fini. Le plaisir des Eons consiste à contempler le jaillissement et la dissolution spontanées de myriades de mondes et de deviner les aventures des créatures qui émergent en ces mondes. Pour ce faire, ils ont recours à une sorte d’empathie cosmique qui ne requiert pas qu’ils pénètrent ou interviennent dans les mondes qu’ils contemplent. Les Eons sont sensibles – d’une extrême intensité sensible – et ils réagissent à ce qu’ils observent tout en en demeurant détachés. Les divinités cosmiques sont impartiales: elles n’imposent pas leurs intentions vers des résultats déterminés en ce qui concerne toutes les expérimentations qui se développent dans les bras galactiques. Avant tout autre chose, ils n’interviennent pas dans les expérimentations qu’ils ont conçues et mises en mouvement de par une externalisation dans les bras spiralant. Pas habituellement, en fait.

Mais, à un certain moment, un Générateur, dans la compagnie de cette galaxie particulière, réagit plus vivement que les autres à la vue de la matrice de l’Anthropos enchâssée dans le nuage moléculaire d’Orion. Alors que les autres Eons se tiennent en retrait, celle qui est appelée Sophia ressent un mouvement inhabituel de ses courants. L’équivalent cosmique du désir l’attire jusqu’à la limite du Plérome – où elle s’attarde. L’Eon Sophia ressent une profonde et troublante attraction envers ce qu’elle contemple. Elle est totalement sous le charme de la fascination d’imaginer comment l’Anthropos va évoluer et manifester son potentiel unique. Entraînant ses courants hors de la compagnie générale, Sophia songe à un monde à venir en lequel la singularité humaine va émerger et prospérer. Elle se met en profonde empathie avec la créature humaine qui va apparaître dans l’expérimentation divine présentement en cours. En tant que l’un des Eons qui a configuré le génome, elle développe un intérêt inhabituel quant à son développement futur – mais elle le fait sur un mode unilatéral, sans consulter sa contrepartie, Thelete. C’est un comportement inhabituel pour un Générateur, une transgression de la norme, mais qui participe de la liberté conférée par l’Origine quant à la possibilité que de telles conditions puissent se manifester. 

L’Eon Sophia formule maintenant son propre acte de rêve de projection qui est focalisé sur la matrice étincelante suspendue dans les bras spiralés. Indépendamment des autres Eons, cette vague torrentielle rêve, en solitaire, de ce qu’il pourrait advenir d’une souche de l’Anthropos. Dans sa liberté, Sophia est audacieuse et téméraire. Elle va beaucoup plus loin, que les autres Eons généralement le font, pour anticiper comment une certaine expérimentation pourrait se développer. Elle idéalise, alors, la situation en imaginant un système à trois corps – étoile-planète-lune – où une souche de l’Anthropos bénéficierait d’une opportunité optimale pour découvrir et épanouir ses talents encodés et même pour accomplir des oeuvres de génie. Sophia est immensément enthousiasmée par les prospectives de l’expérimentation divine qui a été maintenant uniquement semée dans le Kenoma, la matrice du potentiel fini.

 

Episode 4 : Jaillissement de Puissance Cosmique

Totalement sous le charme de sa vision solitaire, et de plus en plus détachée des autres Générateurs du Plérome, Sophia imagine un monde à éclore en lequel l’humanité émergera afin de vivre, d’apprendre et d’aimer. La vision de l’Anthropos, enchâssé dans le nuage moléculaire, impulse ses pouvoirs divins de Rêve d’une manière inhabituelle avec une implication exceptionnellement intense. Plutôt que de laisser cette innovation cosmique mûrir et s’épanouir de son propre fait, en harmonie avec les instructions qui y sont encodées, le torrent Pléromique dont la signature est sagesse succombe à une attraction étrange. Sophia est profondément poussée à s’impliquer dans une expérimentation avec une souche de l’Anthropos.

Avec une lenteur exquise, le désir irrésistible de Sophia l’attire en une position précaire à proximité de la membrane poreuse qui délimite le Plérome – la bordure extérieure du coeur galactique. Son désir l’entraîne le long du parcours emprunté par l’Anthropos, dans le dema, le flux chaotique de matière élémentaire dans les bras galactiques. Poussée par l’excitation de ce qui pourrait s’y passer, cette Eon est progressivement tirée loin du coeur – jusqu’à ce qu’elle en plonge au-delà. Telle une cascade au ralenti tressée en une chevelure torrentielle, la Déesse tourne et tourne en spirale vers l’objet de son propre désir. Les courants qui composent sa forme énergétique forment une flèche de puissance gigantesque, une langue de luminosité de couleur de la perle qui jaillit du Plérome et qui se projette à des années-lumière dans les régions extérieures.

La Déesse de Sagesse chute du coeur galactique.

La luminosité composite d’un Eon, un dieu ou une déesse Pléromique, peut être appelée la Lumière Organique parce qu’elle est organiquement réceptive et capable d’intention, tel un animal. Cette divine luminosité possède deux qualités spécifiques mais étrangement contrastées: elle est dépourvue de masse et infinie en densité. La chute de Sophia produit une plume de Lumière Organique s’étendant du coeur galactique jusque dans le troisième bras du manège tournant – en lequel la Nébuleuse d’Orion est située. Et là, elle atteint l’espace où la matrice de l’espèce humaine est enchâssée – tout comme une résille de rosée sur une toile d’araignée.

 

Episode 5: L’Emergence des Archontes

Lorsque l’Eon Sophia plonge du coeur galactique, le jaillissement immense de lumière de haute densité et de masse nulle, dont sa vague est constituée, frappe de plein fouet le dema d’une manière totalement imprévisible. Le dema est une écume quantique composée de matière subatomique qui n’est pas encore structurée en éléments distincts. C’est un pur chaos mais ce n’est pas de la matière morte et aveugle. Le flux chaotique de matière élémentaire est un résidu de mondes antérieurs et le matériau brut de mondes à venir. Même le dema possède une potentialité pour la vie – si parfois non organique. Le dema étincelle et grésille d’une sorte de vie spectrale.

Dans la poussière résiduelle de mondes dissous, de vastes champs de particules surgissent en attractions et en répulsions qui sont des potentialités constituées d’impulsions perdurant de phénomènes perçus et ressentis lors de mondes antérieurs – des impulsions qui n’ont pas atteint leur complétude au moment où ces mondes se dissolvaient. De ces vestiges, d’autres mondes émergent continuellement. Dans le Kenoma, de nombreux mondes sont en processus d’élaboration et certains deviendront, bientôt, les habitats d’espèces organiques telles que l’Anthropos.

Mais en raison du plongeon de Sophia, l’ordre habituel de l’évolution cosmique est perturbé dans le Kenoma. L’impact du jaillissement de puissance de Sophia sur le dema est anormal et il engendre des conditions bizarres. Le résidu subatomique, des zones de matière élémentaire dense, ne reçoit pas habituellement un tel direct influx d’énergies Eoniques – tout droit émanant du coeur. Les conséquences de cette anomalie sont étranges et de longue portée. En heurtant le dema, la vague torrentielle de l’Eon femelle provoque une énorme éclaboussure circulaire – tout comme les rides générées par une pierre jetée dans un étang. Mais, dans ce cas, le corps impactant ne possède aucune masse tandis que la matière impactée possède la masse de la substance élémentaire. Bizarrement, le schéma d’éclaboussure est plus semblable à une fracture sur un lac glacé. L’éclaboussure dans le dema gèle immédiatement et se congèle tout comme du métal fondu se durcit en s’épanchant en formes circulaires.

Le courant torrentiel de Sophia véhicule la puissance Eonique d’animation et la transfère dans le dema. Cette action est anormale car, habituellement, un Eon n’agit pas directement sur les processus physiques dans les bras spiralés. Et, donc, le Générateur s’immisce dans le dema avec force et Sophia est témoin de sa puissance de rêve déclenchant une séquence d’événements qu’elle ne peut pas contrôler. Comme tous les Générateurs, la Déesse de Sagesse maîtrise une volition super-animante. Pour une telle entité cosmique, le simple fait de sa présence spontanée induit l’émergence de formes et de processus. Comme si le fait de contempler un bouton floral de rose le faisait s’épanouir ou comme si le fait de contempler une flaque d’eau dans les rochers induisait les formes de vie microscopiques, qui y flottent, à croître, muter, se combiner et s’assembler en colonies. Juste par la puissance innée de votre attention.

C’est ainsi que là où Sophia dirige son attention, le dema éclate d’animation et acquiert de la forme. A son étonnement et horreur, l’Eon se retrouve entourée par des créatures bizarres, une espèce spectrale frayée de la matière élémentaire. Ces entités sont légion, tels des essaims de sauterelles. N’ayant nul endroit pour se poser, elles se massent autour de Sophia – aspirées et rejetées par ses courants. Elles grouillent comme des sauterelles ou des abeilles tournoyant en masse mais, cependant, de manière non totalement chaotique. En raison des puissances conceptrices innées à l’intention cosmique, les Archontes émergent en une sorte de parade, une formation d’itérations fractales. L’espèce des Archontes est inerte, inorganique; cependant, elle acquiert instantanément une forme de vie fantomatique à partir de la super-animation des puissances de rêve de l’Eon.

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Production de quasi-embryonnaires “hippocampes” fractals dans une séquence de Mandelbrot à itération élevée. Cela permet de visualiser l’effect de fracturation de Sophia, sur la matière élémentaire du dema, qui a engendré l’espèce préterrestre des Archontes. La fractalisation est la signature d’un Eon ou Générateur, l’expression des “puissances conceptrices innées à l’intention cosmique”. En termes Gnostiques, l’intention est “ennoia” et la capacité de conception de l’intention divine est “autogenes”, “l’autopoésie, l’autogénération, l’autopoïèse”. La théorie de la complexité (antérieurement, la théorie du chaos de la stochastique), de nos jours, reconnaît dans l’autopoïèse la signature de la vie organique sur Terre et de l’auto-organisation intelligente partout ailleurs dans le cosmos. La théorie de la complexité dérive des spéculations initialement déclenchées par des itérations fractales, telles que celles des séquences de Mandelbrot.

Alors qu’elle observe ce monstrueux effet collatéral de ses pouvoirs divins, l’Eon Sophia perçoit une forme distincte dans l’espace de fracturation qu’elle génère dans le dema: quelque chose comme un foetus avorté, une forme humaine née prématurément avec une tête démesurée et des membres grêles. La tête et les membres de cette créature sont profilés. Ce n’est pas l’Anthropos qu’elle conçut avec Thelete mais cela en est une grotesque distortion. Cette forme nouvelle-née se multiplie fractalement par millions d’entités alignées en cascades de vagues emplissant la zone d’impact circulaire en laquelle sa plume d’énergie plane. Les forces barattant les bras spiralés commencent à prendre prise sur l’Eon avec une intensité excessive – contractant son ondulation. Ployant sous la compression élevée de la matière élémentaire, dans les bras galactiques, la plume de Lumière Organique de Sophia tourbillonne en un noeud s’enroulant sur elle-même en une quasi-contraction foetale. La fracture circulaire dans le dema se rassemble en un vortex contracteur, entourant l’Eon – et bloquant le libre flux de ses courants composites.

A son étonnement, Sophia réalise qu’elle est maintenant la mère d’une espèce bizarre qui a émergé du dema en raison de l’impact de ses courants divins – mais sans son intention divine. Telle est la conséquence étrange de son plongeon vertigineux du coeur galactique. Mais elle n’en a pas fini  avec les bizarreries. Sophia observe une mutation distincte dans l’essaim des Archontes: une figure aggressive apparaît, un corps dragonesque avec la tête d’un lion en rage qui rugit. Cette mutation quasi reptilienne de la horde archontique domine rapidement les créatures embryonnaires et assume le rôle de seigneur. Toute la colonie des Archontes s’anime lorsque le seigneur reptilien assume une position quasi-divine sur le reste de l’espèce.

Le seigneur de l’espèce des Archontes devient rapidement conscient de lui-même et de son environnement. Il caracole et se pavane devant la horde grouillante qui a émergé de la zone fracturale d’impact de Sophia. C’est l’incarnation de l’arrogance aveugle – et il est réellement aveugle. S’il regarde alentour, le chef des Archontes ne peut discerner ni le Plérome, ni l’Anthropos, ni même l’Eon Sophia. Ce monstre, le Démiurge, considère que la zone d’impact représente tout le cosmos et il se déclare lui-même comme le seigneur de tout ce qu’il supervise: «Je suis le dieu unique et qu’il n’en existe aucun autre que moi». Le seigneur des Archontes est délirant et il croit qu’il a créé le cosmos élémentaire en lequel il se trouve avec sa horde de laquais innombrables que constituent les Archontes embryonnaires.

Sophia prend conscience que quelque chose de terriblement bizarre est en cours. Elle est en train de contempler une espèce cosmique propagée par erreur de sorte qu’il n’existe pas d’habitat qui lui soit naturellement dédié. Au contraire de l’Anthropos, qui est une émanation de l’imagination divine projetée intentionnellement hors du coeur Pléromique, les Archontes émergent d’en-dehors le coeur, dans les bras spiralés – et sans qu’une intention n’ait été manifestée. Témoin de ce spectacle étrange, l’Eon est constamment consciente de la présence de l’Anthropos enchâssée dans une nébuleuse galactique proche de l’endroit où elle a impacté le bras, le troisième bras spiralé de la galaxie, en comptant du coeur.

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Fronde de fougère. La forme élégante de cette plante suggère l’involution ondulante de la plume de Lumière Organique: la contraction naturelle d’un système d’énergie vivante en un environnement non-vivant et hostile. Dans la Nature, la fronde de la fougère se déroule du coeur vers l’extérieur mais, dans sa situation anormale, la Déesse Déchue peut être imaginée comme enroulant sa plume en un point terminal – un noyau fermé. Cependant, même dans ce processus d’involution, la luminosité de la Lumière Organique retient son pouvoir de structuration fractale – la quintessence de signature des Eons dans le coeur galactique. Dans la cosmologie Gnostique, cette faculté est appelée “autogenes”, “auto-génération” et évoque à l’esprit l’autopoïèse de la théorie moderne de la complexité et des biophysiques Gaïennes.

Les Archontes ne peuvent pas tournoyer dans le vortex du dema éternellement. Il est nécessaire de leur pourvoir un environnement plus stable. Et, de plus, le chef des Archontes désire un royaume pour refléter sa fausse omnipotence et ses prétentions arrogantes. Il souhaite élaborer de fantastiques demeures célestes pour lui-même mais, comme il ne possède pas d’intentionnalité, de volition en propre, il ne peut rien créer. Les Archontes ne sont pas le fruit de l’intention divine comme l’Anthropos l’est – la matrice génomique de l’humanité. Ils constituent une espèce-cyborg de substances inorganiques. A l’image des robots programmés pour des tâches répétitives, ils peuvent imiter mais il ne peuvent pas innover. Ils peuvent copier ou simuler la vie mais ils ne peuvent pas faire preuve des dynamiques innées du vivant. Les Archontes sont une espèce simulacre qui emprunte tous les pouvoirs et facultés qu’elle a de l’énergie divine de l’Eon, de la Déesse Déchue – de leur mère, non consentante.

 

Episode 6: Une Etoile est Née

Sophia éprouve une sorte de compassion pour le malheur des Archontes et de leur seigneur, le Démiurge. Ils sont, dans un certain sens, sa progéniture et elle est responsable de leur survie – pour ne pas dire de leur destinée ultime. Mais ils ne constituent qu’une espèce aveugle et enragée – grouillant sans sens et sans intention. Ils ne possèdent pas même un habitat adéquat où demeurer! Elle confère une portion de son Rêve au chef des Archontes pour qu’il puisse percevoir le Plérome bien qu’il ne réalise pas ce qui se passe. En effet, les énergies vivantes du coeur galactique lui apparaissent comme un spectre kaléidoscopique de rayons colorés en structures régulières. Le Démiurge ordonne, alors, à sa légion de drones célestes de façonner une imitation de ces courants fractals vivants. De la zone de fracture provenant de l’impact de Sophia, émerge maintenant le disque proto-planétaire, la fondation d’un système de monde stable où les Archontes puissent construire un système de demeures célestes qui simule les desseins divins des Générateurs dans le Plérome. Car le ciel archontique n’est qu’une simulation des desseins Pléromiques: le simple échafaudage d’un mécanisme d’horloge – majestueux en ses propres termes, mais rigide et sans vie.

Le système de monde inorganique des Archontes est soumis à l’influence d’autres forces cosmiques dans la région du bras galactique où il émerge. Il prend, tout d’abord, la forme d’un disque proto-planétaire avec des bandes distinctes – plutôt qu’un système totalement élaboré de planètes en rotation. Tant que le cosmos inorganique n’a pas de point focal, il reste instable et inachevé. C’est alors qu’un événement arrive, dans la région immédiate du dema, qui va affecter radicalement l’activité des Archontes. De la Nébuleuse d’Orion, le nuage moléculaire où la matrice de l’Anthropos est déposée, une étoile nouvelle-née émerge – comme cela se manifeste souvent dans les bras galactiques. Les nébuleuses galactiques sont les berceaux de naissance d’étoiles. Des étoiles naissent continuellement dans les profondeurs de M42, la Nébuleuse d’Orion, et elles sont expulsées comme des boulets de canon vers les bras galactiques. Les forces impliquées dans la naissance des étoiles sont indépendantes des Archontes, et leur sont supérieures, bien qu’impliquant les mêmes composants bruts de la matière élémentaire et atomique.

En raison de la nature dépourvue de masse de la Lumière Organique, l’Eon Sophia est incapable de pourvoir un espace d’habitat pour le cosmos des Archontes. Ses énergies fluides sont de plus en plus contractées par les pressions massives barattant le manège des bras spiralés – des conditions totalement absentes du coeur galactique. Sophia tourbillonne sur elle-même, sa plume d’expulsion s’enroulant en un noeud noyauté sous la pression du dema qui l’enclôt de son nuage dense et sombre. Sa plume en contraction plane avec hésitation dans le bras galactique – dont les forces de cette région tournent pour elles-mêmes. Sophia contemple la formation du cosmos archontique. En même temps, elle est profondément consciente de la présence de l’Anthropos, une résille étincelante enchâssée dans la Nébuleuse d’Orion.

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La “chute” de la Déesse de Sagesse: une extrusion de puissance émanant du coeur galactique (couleur or) forme une immense plume qui impacte la matière élémentaire du bras galactique (limité par une ligne bleue). Cet impact précipite les conditions pour un disque proto-planétaire, un vortex de matière élémentaire (dema). Initalement, le disque est constitué de vagues ondulant en une structure de fracture – mais, étrangement, cette structure acquiert de la vie en raison de la puissance animatrice de l’intention de Sophia. Les Archontes émergent en cascades fractales et circulent follement tel un essaim de criquets: ils sont une espèce sans une demeure fixe. Le disque proto-planétaire ne possède pas de centre stable mais c’est alors q’une étoile nouvelle-née érupte de la Nébuleuse d’Orion en laquelle la matrice (une résille) de l’Anthropos est enchâssée. L’énorme masse de cette étoile concentre le disque instable en un système planétaire avec des parcours orbitaux réguliers et l’étoile en son coeur. La Terre, par contre, n’est pas formée de cette manière. Elle se congèle, éventuellement, à partir du point d’involution de la plume d’expulsion du coeur galactique. La luminosité divine de la Déesse (la Lumière Organique) se métamorphose en une diversité d’éléments matériels qui deviennent englobés en une planète organique. La Terre est ensuite capturée dans les mécanismes horlogers des Archontes – le système planétaire inorganique.

Le seigneur des Archontes, le Démiurge, désire contrôler le ciel de pacotille qu’il vient d’élaborer mais le centre du disque proto-planétaire ne va pas tenir en raison d’un manque de masse suffisante pour l’équilibrer face à la masse totale des éléments composants le système. Un système planétaire stable doit être soutenu par un soleil central, une étoile. Heureusement pour le Démiurge, l’étoile qui s’est condensée, de la Nébuleuse d’Orion, possède la masse requise. Et elle est composée d’éléments inorganiques comparables à ceux prévalant dans la sphère archontique de matière élémentaire, dans le dema: les physiques de l’étoile et du disque proto-planétaire sont ainsi compatibles.

Réagissant mutuellement aux lois de la matière élémentaire, le vortex d’Archontes et le nouveau soleil fusionnent. Progressivement, le disque plat et turbulent de la zone d’impact assume la forme d’un disque en multiples bandes avec, en son centre, un noyau étincelant et palpitant, le soleil nouvellement né. Les globes planétaires se formant dans le dema, ainsi que les métaux incandescents forgés au sein de la nouvelle étoile, produisent un cosmos à une étoile: un système solaire avec des planètes en orbite. Les Archontes possèdent maintenant une sorte de demeure. Ils se rassemblent autour du Démiurge – qui délire et qui croit qu’il est le créateur de ce mécanisme d’horloger. La divinité archontique démente gouverne son royaume, le système planétaire à l’exclusion de la Terre, de la Lune et du Soleil.

La Terre n’appartient pas à ce système planétaire élaboré et habité par les Archontes. La Terre n’a pas encore été formée et elle ne va pas émerger de la même manière que le système planétaire inorganique. Les Archontes reçoivent leur nom de la racine “archai” signifiant “premier, de l’origine” – parce qu’ils étaient présent avant que la Terre n’émergeât.

 

Episode 7: La Planète Vivante

Lentement, avec une désorientation croissante, l’Eon Sophia passe de son état naturel de torrent de lumière vivante à quelque chose d’autre, comme un globe marbré de yoghourt s’épaississant. En son extrémité, la plume d’expulsion s’enroule sur elle-même et le long panache s’étirant du Plérome se dissipe. Mais, en dépit de ces déformations, l’Eon est encore dotée de perception et d’intention. L’attraction puissante, qui a tiré Sophia du coeur galactique, est encore opérationnelle. L’attention de la Déesse de Sagesse ne cesse de retourner vers la source de ces difficultés – la matrice génomique enchâssée dans la Nébuleuse d’Orion.

L’apparence de cette matrice génomique peut être imaginée comme une résille de rosée sur une toile d’araignée mais, en examinant de près, les noeuds étincelants de la résille sont des amas denses de filaments tel du mycélium. Les soies entourant les semences des Asclepias pourvoient une bonne image visuelle.

Contemplant le système planétaire construit par la ruche d’Archontes, Sophia est stupéfiée de voir ce qu’elle a produit sans le vouloir mais, lorsque son attention retourne vers l’Anthropos, elle se rappelle pourquoi elle est là en premier lieu. L’Eon subit une métamorphose massive au fil des circonvolutions croissantes de sa Lumière Organique en un noeud de concentration dans le dema. Les planètes du système archontique sont inorganiques, incapables de soutenir la vie, mais Sophia ressent maintenant qu’elle est en train de se transformer en planète – mais d’une forme très différente, d’une genèse différente.

Avec toute la force divine qui lui reste, Sophia concentre sa passion sur l’Anthropos en tenant cette faible image lumineuse au centre de son coeur, tel un précieux yidam – une divinité imaginée. Et lorsque le moment crucial vient, elle ne faillit pas en son Rêve de la singularité humaine. Si vaste est la force de sa fidélité à cette image que, alors qu’elle tournoie sur elle-même, ses vastes torrents de Lumière Organique se contorsionnant en forme matérielle, elle carène sauvagement au travers du bras galactique et au coeur de la Nébuleuse dans le Trapèze – où la matrice est lovée. Ce faisant, elle en déchire une partie avant de repartir en toupie et de s’effondrer dans les mécanismes horlogers gravitationnels du monde Archontique. Tel fut son dernier acte outrancier de désir ardent.

Lorsque l’Eon Sophia caréna dans Orion et déchira la matrice, elle ramena une partie du génome de l’Anthropos avec elle et les filaments brisés de rosée nucléique furent absorbés par le tendre globe de la Terre maternante. En déchirant la matrice, Sophia occasionna la séparation des sexes et précipita les conditions pour la reproduction méiotique (par fusion) dans l’espèce humaine – ce qui ne constitue pas une caractéristique de son Rêve original.

Finalement, ses torrents de Lumière Organique se matérialisèrent intégralement en un corps planétaire qui n’appartient pas au royaume des Archontes – mais qui, cependant, en fut capturé. Sophia se métamorphose en une planète qui est organique, sensible et consciente. Mais la vie qu’elle acquiert, de par cette transformation, est différente de la vie dont elle jouissait parmi les Eons Pléromiques. Ce n’est pas une vie singulière et entière, en douceur, autonome, mais une vie de dépendances et d’interrelations – une vaste toile de complexité précaire.

 

Episode 8 : L’Intercession Pléromique

Au fur et à mesure que Sophia perd sa forme Eonique, ses émotions se métamorphosent dans les éléments physiques de la Terre. Le globe terrestre se solidifie – une planète foetale capturée dans l’horlogerie céleste du Démiurge et de ses sbires. La mère étoile, au centre de ce système, confère un flux de chaleur maternante à la planète émergente. Simultanément, l’horlogerie planétaire impose ses forces aveugles assujettissant Sophia à des conditions qui n’existent pas sur le Plérome.

Au fil de nombreux éons, la Déesse Déchue produit une atmosphère et des océans. La Génératrice se voile modestement dans les vapeurs nuageuses marbrées de la Biosphère. Sur son corps planétaire, la vie émerge à foison. Des créatures, petites et grandes, apparaissent en une telle profusion que Sophia est incapable de gérer sa ménagerie. Contemplant la scène du centre de la galaxie, les Générateurs sont témoins de sa peine. Par consentement mutuel, ils envoient l’Eon Christos pour conférer de l’ordre dans la diversité biologique foisonnant dans le monde de Sophia. En raison du pouvoir unique qu’il maîtrise, l’Eon Christos peut induire le processus cosmique de gemmation, de nucléation – plaçant ainsi des frontières sur tous les processus de vie – car tous les corps nucléés possèdent des membranes qui définissent leur propriétés et actions. La nucléation implique le renflement de nodules, semblables à des bourgeons végétaux, qui exsudent de l’humidité et des parfums, comme un chrisme. De par le fait que cet Eon convie l’action chrismatique, Christos est dénommé “l’Onctionneur”.

Par l’entremise d’une action qui reflète intentionnellement ce que Sophia a réalisé non intentionnellement, Christos traverse la frontière Pléromique et intercède dans l’expérimentation en cours dans les bras spiralés. Le Générateur organise les formes de vie bourgeonnant sur la planète et s’en retourne au coeur de la galaxie.

 

Episode 9: La Correction de Sophia

Totalement identifiée avec les processus de vie de la planète qu’elle est devenue, Sophia incarne maintenant le monde dont elle a rêvé, dans lequel l’humanité, l’Anthropos, émerge maintenant et commence à incarner une expérience divine: le déploiement d’une singularité cosmique. Mais pas vraiment tout comme elle l’avait rêvé. La planète organique est capturée par un système inorganique.

Sophia incarnée est la planète vivante, intégralement, de son coeur en fusion aux limites de la biosphère. Ses passions sont devenues les éléments physiques, solides, aqueux, aériens, ignés. Sophia éprouve de l’angoisse et de la joie, dans les éléments et au travers des éléments, comme tout être vivant sensible et son champ émotionnel englobe le spectre de la sensibilité et de la conscience planétaire, dans son entièreté. S’étant transformée en un corps planétaire, Gaïa, elle n’oublie pas sa nature intrinsèque d’Eon, un torrent dansant de Lumière Organique, vivant et conscient, autopoétique, super-animant. Elle est à la fois le flux torrentiel de Lumière Organique et le corps planétaire matériel: elle est Gaia-Sophia.

Mais la mémoire de Gaïa de sa propre condition divine est dépendante de ce qui se développe dans les conditions terrestres. Et d’une manière mystérieuse, la Déesse dépend, pour son auto-rappel, d’une espèce parmi toutes les autres – la singularité, la souche humaine.

Bien avant son plongeon, Sophia était intimement impliquée dans les innovations qui devaient émerger sur Terre au travers de l’Anthropos. Cette espèce ne décide pas du destin de la vie sur Terre et elle ne détermine pas non plus la reconnexion ultime de Sophia avec le Plérome. Mais, par contre, va-t-elle jouer, réellement, un rôle-clé dans la manière dont Sophia se réaligne avec le Plérome alors qu’elle est encore entraînée dans les cycles de la nature, passant par les métamorphoses cycliques de la vie planétaire? Le message des Telestai, ces initiés formés qui étaient animés par cette histoire de vision, le suggère fortement. Les enseignements qui ont survécu des Mystères nous présentent un total mystère à résoudre: la Correction de Sophia.

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Illustration alchimique de la Sophia Divine en Arbre d’Instruction et en source de l’Elixir de Vie. En tant que telle, elle était connue des Alchimistes en tant que Sapientia, Dame Sagesse, Dame Nature, Alkimia. L’enclos de plusieurs murs autour d’elle peut suggérer le cosmos en multiples bandes des Archontes. Métaphoriquement, cela représente l’alcove de l’enseignement – à savoir, alors, les chambres exotériques, mésotérique et ésotériques de l’instruction divine.

Après des milliards d’années, la Déesse montre qu’elle est parfaitement capable de recouvrer sa force de vie à la suite de traumatismes et d’extinctions massives. La continuité des cycles de vie est partagée par toutes les créatures, qu’elle sélectionne pour les ressusciter, mais elle est incarnée par l’humanité d’une manière spéciale parce que les êtres humains possèdent une capacité de narration beaucoup plus évoluée que tout autre animal. Il se pourrait que l’humanité, de par sa faculté de raconter des histoires, sert de circuit de mémoire pour Gaïa-Sophia. En imagination, grâce au médium du langage, l’espèce humaine se souvient et relate la trajectoire intégrale de la métamorphose de Gaïa-Sophia.

Mais l’espèce humaine peut-elle se percevoir elle-même dans une telle grandiose mission? Peut-elle, en fait, se percevoir comme une espèce divinement imaginée? Peut-elle tracer son propre cours d’évolution au sein du cadre de la biographie cosmique de Sophia? Peut-elle relever le défi d’accomplir certains aspects de l’imagination divine et contribuer à la correction de la Déesse Déchue?

Bien qu’elle ne soit pas son espèce la plus précieuse – toute sa progéniture est précieuse aux yeux de la Mère Animale Planétaire – l’humanité possède le rare privilège de participer intimement à la Correction de Sophia, à son réalignement avec la source cosmique, le Plérome. Mais, pour ce faire, l’Anthropos doit tout d’abord se corriger lui-même. Il doit accomplir son propre potentiel authentique et confronter, et vaincre, la déviance représentée par les Archontes. Comment l’humanité va-t-elle relever ce challenge et comment la trajectoire cosmique de la correction de Gaïa sera-t-elle accomplie? C’est la partie non rédigée de l’histoire de Sophia qui appartient au futur – et au présent.

«La nature réalise ses oeuvres progressivement et je te demanderai assurément de faire de même: que ton imagination soit totalement guidée par la nature. Et observes selon la nature au travers de laquelle les substances se régénèrent dans les entrailles de la terre. Et imagines cela avec l’imagination vraie et non pas l’imagination fantastique.» (Artis Auriferae, “The Art of Goldmaking” 1610).

Mars 2006. Flandres. Révision en Octobre 2010. Andalucia