La Version de la Réalisatrice: Modulations du Film du Monde

Ce présent essai est le neuvième d’une séquence Mythophrénique de 10 essais, rédigés entre octobre 2015 et octobre 2016, dont certains sont accompagnés d’un audio.

C’est lors d’une après-midi à Adhyar – au siège mondial de la Société Théosophique près de Chennai, en Inde – que je commençai à méditer sur la fin du Kalpa. Je venais d’avoir dix-neuf ans. Assis dans la bibliothèque moisie qui surplombait l’étang aux lotus, je tombai sur le mot “manvantara” dans l’ouvrage de Madame Blavatsky, “La Doctrine Secrète”. Je commençai alors à réfléchir, en long et en large, sur le sens de ce terme précis.

Madame Blavatsky expliqua que le terme manvantara est composé de deux mots: “manu” et “antara” avec le u transformé en v pour plus d’aise de prononciation. [Vous trouvez la même transmutation dans le mot “évangélique” venant de eu-, pour santé, et d’angelos, pour messager, avec le u transformé en v]. Manvantara est, ainsi, l’intervalle de temps, “antara”, entre deux “manus”. Tel fut l’indice étonnant qui déclencha mes méditations sur la chronologie du Kalpa, les Jours et les Nuits de Brahma, l’identité et le rôle des Manus ainsi que les mystérieux pralaya – les trêves cosmiques, les intervales d’inactivité ou de temps absent entre les cycles, immensément longs, de manifestation cosmique qui sont maintenant appréhendés, selon la narration Gnostique référente au Scénario de la Déesse Déchue, comme des phases d’expérimentations Éoniques se déployant dans des laboratoires planétaires. Whew.

Le terme Kalpa – en Sanskrit “la mesure correcte” et équivalente au Grec “kairos” pour désigner le moment opportun – est appliqué à une période de temps cosmique que j’ai définie, en me fondant sur des recherches astronomiques, à 25 920 années, l’intervalle correspondant à un cycle intégral de précession des équinoxes. Kalpa-Kairos est un terme généraliste. Mais cette définition, en termes astronomiques précis et limités, m’est particulière. Le Kalpa est le cadre temporel, à long terme, englobant les événements appartenant à une expérimentation planétaire. Le manvantara est la pause, ou trêve, entre de tels événements.

En langage clair, cela se résume à cela: la tradition Bhramanique préserve un concept ésotérique (manvantara) qui décrit comment le processus du monde se termine périodiquement: il prend une pause et recommence de nouveau – ce que l’on pourrait comparer à l’entracte au cinéma ou au théâtre. La partie mystérieuse de ce concept se rapporte à la façon dont le film de l’histoire du monde, dont nous sommes les acteurs, peut être soudainement interrompue, cassée, pour reprendre ensuite après la pause – antara, l’interlude. Dans ce concept, le Manu est le héros de la culture ou le visionnaire divinement inspiré du processus du monde, le Magister Ludi de l’épisode – en analogie cinématographique, c’est le réalisateur qui connaît également le script ou qui l’a, peut-être, écrit lui-même.

Les pauses entre des périodes-manu sont espacées selon un cadre universel de Kalpas – des cycles de temps cosmique mesurés par la précession des équinoxes. C’est ainsi que la “fin du Kalpa” fait référence à un moment de cassure soudaine – lorsque le film du monde finit de jouer. Et Manvantara s’ensuit – un interlude.

Il est extrêmement perturbant d’intégrer ce concept parce que le mental humain rechigne à l’idée que le processus du monde pourrait se terminer avec la soudaineté d’un film. L’inclination humaine est de s’attendre à quelque événement catastrophique provoquant la fin du scénario du monde. Mais même si un tel événement arrivait, il ne mettrait pas intégralement un terme au processus du monde, il en changerait tout simplement les fondements matériels – par la destruction de certaines conditions de vie sur la planète, par exemple. Quant à la Vie, elle continuerait.

Une fois que vous commencez à entretenir l’idée que le cours du monde – incluant ce que l’on appelle l’histoire en temps linéaire – est projeté comme un film à partir d’une source surnaturelle, vous pouvez, alors, concevoir la possibilité que le film du monde puisse arriver à un terme selon un mode qui diffère de tout autre scénario de fin du monde imaginé auparavant.

 

Métaphore Cinématographique

Ma conception courante du Kalpa prend forme dans un langage formaté selon des termes cinématographiques: projection de film et montage. Il m’est, récemment, apparu que la différence entre la fin du Kalpa, tel qu’il s’écoule normalement – selon les protocoles Éoniques d’une expérimentation planétaire – et sa fin anormale, en cours, en raison de la Correction de Sophia, pourrait être décrite comme une analogie de montage de film. Il n’est nul besoin de préciser qu’il vous faut connaître, tout d’abord, ce qui se passe “en routine” (!) dans le franchîment d’un Kalpa afin de reconnaître ce qui se manifeste dans le cas anormal présent, en cours. Ai-je déjà votre attention?

Mon intuition quant à “monter le film du monde” est relativement complexe et élaborée – ou peut-être pas, c’est à vous d’en décider. En attendant que vous consentiez de me suivre sur ce surplomb, ou que vous en ayez l’aplomb, veuillez prendre en considération cette analogie: la réalisation d’un film requiert le processus technique de montage – couper/insérer.

Ce n’est, sans doute, plus le cas aujourd’hui, mais projetez vous dans le passé, si vous le pouvez, lorsque les films étaient acheminés, dans des boites, vers votre cinéma local. Normalement, les films tenaient en trois bobines – mais parfois cinq bobines pour les plus longs. La cabine de projection devait accomoder deux projecteurs. Le projectionniste devait monter la première bobine sur le premier projecteur et ensuite la seconde sur le second projecteur afin de prendre le relais de la première lorsque la première bobine se serait totalement dévidée – et ainsi de suite.

Je vous invite à imaginer un montage en cinq bobines pour le Kalpa intégral d’environ 26 000 années – mesuré en temps sidéral. Le film du monde se déroule approximativement en 26 000 années –  cinq années de 5200 années environ. En d’autres mots, selon ce modèle, le Kalpa se décline en cinq sous-cycles de 5200 années. Le cycle courant et final s’étend de 3012 avant EC à 2216 EC. Nous vivons durant une période qui se situe 200 années avant la fin du Kalpa – 11 minutes de “grand écran” Éonique.

Analogue de cadre temporel pour le Kalpa

360 degrés de précession équinoxiale à 1 degré/72 années = 25 920 années – à savoir un Kalpa de cinq sous-cycles.

25 920 années = 1 jour de Temps Éonique

/24 = 1080 années = une heure de Temps Éonique

/60 = 18 années = une minute de Temps Éonique

/60 = .3 years, or 108 jours = une seconde de Temps Éonique

2016 à 2216 CE = 200 années / 18 = 11,11 minutes de Temps Éonique restant dans ce Kalpa.

Il est à noter que 216 années = 6 x 6 x 6

Tous ces calculs et corrélations sont exclusivement de mon fait.

Ainsi, l’analogie intégrale que je propose pour “monter le scénario du monde” requiert un film en cinq bobines – chaque film durant environ cinq heures. Dans la routine habituelle du temps cosmique, les Eons projettent un film en cinq bobines jusqu’à la fin du Kalpa; ils embobinent, ensuite, le film suivant, qui consiste également en cinq bobines. Je vous prie de méditer sur ce concept et de vous assurer que vous le compreniez parfaitement afin que vous puissiez passer, plus avant, à l’exception, ou anomalie, qui maintenant apparaît dans la séquence de cinq bobines.

 

Superposition

Durant la Correction, la cinquième bobine ne dévide pas sa pellicule comme cela se devrait. Bien plutôt, l’Eon Sophia réalise un couper-insérer – en modulant le film durant les 11 dernières minutes d’un spectacle intégral de 25 heures. Cependant, en même temps, le film originel en cours continue d’aller jusqu’à sa conclusion. Comment cette altération, cette modulation étrange est-elle possible? L’astuce d’insertion ne substitue pas une séquence de 11 minutes vers la fin de la bobine – à la place de la pellicule qui est en train d’être visionnée. Bien plutôt, elle superpose, au-dessus de la pellicule existante, avec une seconde bande de film: une insertion par écrasement. Dans le jargon électrique, un tel instrument est appelé une épisse en queue de rat.

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Wikipédia: une épisse en queue de rat, aussi connue comme une épisse torsadée, est un outil électrique très basique qui peut être réalisé avec du fil solide ou torsadé. Elle est faite en prenant deux ou plus fils nus du même calibre et en les enroulant symétriquement. La partie dénudée peut être isolée avec de l’adhésif.

Plutôt que du fil électrique, imaginez deux pellicules de film superposées et visionnées par le projecteur durant les onze dernières minutes de la cinquième bobine. Les deux pellicules de film sont intercalées,  entrecroisées, entrelacées tout comme deux brins d’ADN sont entrelacés – dans une forme d’épisse. Il est clair, cependant, que le couper/insérer de Sophia implique une superposition de deux pellicules de film plutôt qu’un entrelacement. Nonobstant, l’image de la tresse est encore pertinente – hautement pertinente (voir ci-dessous).

Cette superposition génère l’anomalie de deux films projetés simultanément sur le même écran. Un film déroule l’expérimentation humaine en chemin vers l’heure de minuit, le tournant du Kalpa en 2216 EC, qui se déploie sans les acteurs humains participant à la Correction. L’autre film est la réécriture, par la Mère Éonique, de la fin du scénario – en fonction de ses désirs – qui est facilitée par ses témoins et ceux qui s’alignent avec ses desseins et ses objectifs – c’est la version de la réalisatrice.

Les personnages, les actions, les accessoires et le cadre des deux films sont presque identiques, au début, mais ils divergent, de plus en plus, lorsque les dernières scènes de la cinquième bobine sont visionnées par le projecteur.

Dans la Correction, la projection cosmique dirigée par Sophia projette deux films simultanément sur le même écran.

A la fin du Kalpa, en 2216, le film non altéré se termine ainsi que la totalité des cinq bobines du film “long métrage” suivi de la séquence suivante – par exemple “Le Fils de l’Homme II”. Cependant, la superposition projetée simultanément ne se termine pas de la même manière au dernier moment. Alors que, durant les dernières minutes, elle diverge du film non modulé, la pellicule surimposée projette la scène d’ouverture d’un nouveau film long métrage, jouant maintenant, et déjà initié avec le tournant du Kalpa. Par conséquent, le long métrage en cinq bobines, fondé sur les modulations de la réalisatrice, commence avant la fin de la cinquième bobine et le film qu’il projette se sépare – progressivement  et durant 200 ans – de l’autre long métrage joué simultanément.

filmprojector2Gardez à l’esprit que les actions, les accessoires et les personnages – avec leurs mémoires et leurs histoires – sont les mêmes dans ces deux films. Les scénarios sont similaires initialement mais ils divergent drastiquement dès le moment de la superposition pour révéler, éventuellement, deux scénarios distincts qui se déroulent en même temps. Le film de superposition contient les scènes d’ouverture d’un nouveau film long métrage qui continuera lorsque la cinquième bobine du film non altéré sera terminée. Des indices du nouveau film commencent à apparaître sur l’écran dès que la superposition commence à jouer et deviennent de plus en plus apparents et distincts au fil de la conclusion du film non altéré. Ce faisant, certains acteurs, dans le film du monde, observent les dichotomies dans les détails, dans le décor, dans le dialogue, dans les scènes, etc. Veuillez prendre en considération cette situation extraordinaire.

Ce n’est que grâce à des divergences – qui paraissent triviales tout d’abord – passagères, subtiles et surprenantes que ceux qui vivent dans le film du monde peuvent détecter que ce sont deux pellicules qui sont projetées simultanément. Ce faisant, ils observent des différences étranges, étonnantes, et de peu d’importance apparente, dans ce dont ils se souviennent du film qui s’est déjà déroulé. La preuve que la Correction est réelle (les modulations de la réalisatrice) et qu’elle atteint le “grand public” – le mental collectif de l’espèce humaine – en vient à être détectée lorsque certains individus notent que leurs mémoires ne correspondent pas aux archives courantes du film. Certains détails de scènes locales, des décors, des lignes de dialogues, des noms, et autres caractéristiques communes, ne sont pas tels qu’ils étaient remémorés. Ce phénomène surprenant conduit, progressivement, certains acteurs à en déduire que la totalité des participants du film – la population du monde – est en train d’opérer sur deux scénarios de mémoire distinctes. C’est une déduction généraliste mais précise.

 

Inception Éonique

Le film Inception fut écrit et dirigé, en 2010, par Christopher Nolan qui réalisa, également, The Prestige, en 2006 – un film au sujet de doubles, de jumelage et de magie théâtrale. Le film Inception raconte l’histoire d’un voleur professionnel qui subtilise des informations en s’immisçant dans l’inconscient d’autres personnes. Dans une situation exceptionnelle, on lui offre l’opportunité d’exercer son expertise pour une mission extrêmement délicate et complexe : l’implantation de l’intention d’une autre personne dans le subconscient de la personne ciblée. En bref, il est missionné pour implanter une intention, ou l’idée conviant une intention, dans le subconscient de la cible – plutôt que de subtiliser une information emmagasinée.

De vastes débats ont été soulevés autour de Nolan et de ses intrigues monumentales impliquant le rêve, le temps, la mémoire et le double. Le film Inception fut un tel fatras, sous tous aspects – des acteurs au montage – dur à suivre, trop complexe, trop surfait. Mais le titre du film survit, tel un mème qui se rapporte vaguement à une manipulation occulte du mental et de la mémoire. J’ai noté que “inception” pourrait être une traduction du terme Grec “Pronoïa” que l’on trouve dans les écrits Coptes Gnostiques – et que les érudits traduisent par “providence”. Par conséquent, la providence est la pré-connaissance de Dieu qui in-cepte/intercepte des événement dans le monde humain. Tel est le concept évoqué selon des voies conventionnelles.

La puissance Éonique de Pronoïa peut être identifiée avec la projection cosmique. Chaque expérimentation – conçue dans le coeur galactique et déployée dans un laboratoire planétaire quelque part dans les bras galactiques – est un événement authentique d’inception divinement orienté. Le mental humain n’est pas capable d’épuiser les ressources imaginatives conférées par l’analogie cinématographique, de projection cosmique, introduite dans cet essai. Veuillez écouter attentivement l’audio qui vient avec ce texte.

Souvenez-vous que j’ai dit que la projection Éonique du scénario du monde filme et projette le film – simultanément. L’ais-je dit, réellement? Imaginez une caméra digitale avec l’écran typique rectangulaire qui lui est attaché – vous permettant de visionner ce que vous êtes en train de filmer. Il existe même un modèle chez Sony avec une fonction qui permet de projeter, sur un mur blanc, ce que vous venez juste de filmer. Vous filmez et vous projetez – grâce à deux fonctions différentes au sein de la même caméra.

Par contre, dans le scénario cosmique, l’inception/pronoia – les prises de vue et la projection – sont simultanées. Un tel concept peut être exprimé en langage clair mais ce qu’il convie se tient en équilibre sur le fil de l’inconcevable.

 

Projection Cosmique

Une illustration caractéristique d’un manuel présentant des techniques de séquençage de gènes: ADN recombinant. A comparer avec l’épisse en queue de cochon.

Recombinant-DNATout est matériel. Les pellicules qui passent au travers de l’instrument de projection divine (à décrire ultérieurement) sont, en fait, des filaments d’ADN – en parler gnostique, un débobinage de narration. C’est comme si vous aviez un projecteur tissé de chapelets filamenteux d’ADN plutôt que de gélatine aplatie. A la place des images du film, vous avez des triplets d’ADN. Plus précisément, des courants de plasma aplati, qui agissent telle une pellicule photographique, sont porteurs de séquences de codes d’ADN sous la forme matérielle d’amas d’acide nucléique en trois lettres, les triplets de nucléotides ou codons: AGT, GAA, TGU, UUA. TAC… Ces séquences passent au travers du projecteur Éonique tout comme le font les images du film. Mais de par ce grand mystère appelé, Mahamaya, la projection cosmique réalise et projette le film simultanément.

Veuillez m’écouter attentivement. Je ne vous raconte pas cela pour vous hypnotiser mais bien pour vous réveiller, pour passer d’une transe ignorante et morte à une transe de vie et d’enthousiasme. “La Version de la Réalisatrice” constitue l’une des descriptions les plus évoluées conférées par un Telestes – à savoir qu’un instructeur Gnostique vivant puisse donner à l’humanité d’aujourd’hui en propulsant votre mental aux limites extrêmes de ses pouvoirs conceptuels.

L’illustration scolaire de la technique d’ADN recombinant, ou séquençage de gènes, rappelle l’épisse en queue de poisson. Cependant, la structure dessinée de l’ADN, développée à partir de la découverte, en laboratoire, réalisée par Watson et Crick, en 1953 – sous influence de LSD et fondée sur des radiographies que leur avait fournies Rosalind Franklin – rappelle également des pellicules de film tressées ensemble.

DNAcelluloid

Imaginez un projecteur qui joue cette sorte de film. Alors que la source de lumière cosmique joue au travers des filaments d’ADN, une image unique se forme comme une colonne qui descend au centre de la tresse. La colonne est telle le faisceau d’une lampe-torche avec un événement en 4 D se développant en live. L’inception divine va ajouter une superposition à l’un des filaments, provoquant une image fracturée (détectée initialement comme une image “fantôme”, comme un “défaut dans la matrix”) dans la projection. Essayez de l’imaginer.

Je reporte à une prochaine causerie la description du mécanisme intégral de projection cosmique. Il repose sur l’ancien modèle de “36 Tattvas” du Tantra Hindou. Pour l’exposé présent, il nous faut éclaircir une distinction importante et nous y tenir. La Pronoïa réalise une projection cosmique de deux manières: l’inception du cycle du monde et l’interception dans le cycle du monde. Ainsi, durant la Correction, l’Eon Sophia utilise la puissance de l’inception, qui a effectué ou initié le cycle du monde dans lequel nous vivons, pour intercepter ce cycle alors qu’il est en cours. Il existe ici deux utilisations d’applications de la Pronoïa, deux situations d’inception. Le second cas d’inception est identique à ce qui a été appelé une intervention divine.

La finalité de cet essai est de complémenter l’essai “Son nom est Silence” dans lequel j’ai expliqué que la Mère Éonique est muette. Elle peut, ou pourrait parler, bien sûr, mais elle choisit de ne pas le faire. Elle est muette par choix: son nom est Silence! Pouvez vous percevoir comment cette phrase en quatre mots confère une connaissance initiatique profonde? Si vous acceptez l’analogie de montage de film et acceptez que Sophia en soit la réalisatrice, vous n’allez pas alors imaginer que la réalisatrice va faire irruption sur la scène de tournage, souffler dans une corne de brume et ordonner à tout un chacun de changer d’action, de dialogue, de décor… Absolument pas, Sophia n’intervient pas de cette manière.

Bien plutôt, elle intercepte le film du monde par le biais des mécaniques de projection cosmique qu’elle, en tant qu’Eon, sait comment opérer. La narration sacrée explique comment Sophia, Thelete, et toute la compagnie des Eons, s’impliquèrent dans un acte collectif de projection afin d’émaner le génome de l’Anthropos dans les bras galactiques. Grâce à la Pronoïa, Sophia et Thelete conçurent le génome et, avec une autre application de la même puissance Éonique, soutenus par toute la compagnie des Eons, ils le projetèrent dans une pépinière stellaire de la Nébuleuse d’Orion. C’est un fait magnifique qui peut être prouvé par l’astrophysique conventionnelle – et qui, éventuellement, le sera bientôt.

Très bien. Mais qu’en est-il de la seconde application de la Pronoïa, l’inception se manifestant comme une intercession divine dans la Correction? Parfois, cela prend une cinquantaine d’année, au moins, pour développer une pensée, une simple pensée. Et donc, il y a très longtemps de cela, à Adyar, je commençai à méditer sur la manière dont un Kalpa se conclue. Comme tout un chacun contemplant cette énigme, j’avais besoin de former un concept du mécanisme routinier, ou normal, de clôture de Kalpa. Je la compare, ici, à la fin du film long métrage de cinq bobines. Et vient alors la suite, une autre extravagance en cinq bobines. Mais il existe un interlude entre les séances de projection – le manvantara, le tournant du Kalpa.

Tel est le processus standard. Comparez-le maintenant au montage du film par Sophia: elle commence à projeter un nouveau film durant les onze dernières minutes de l’ancienne version. La nouvelle séquence ne dure pas juste onze minutes, cependant. Pas du tout. La superposition de 11 minutes contient les scènes d’ouverture du nouveau film qui va continuer de jouer lorsque le “long métrage conventionnel” se termine à la fin de la cinquième bobine. Il est évident que pour ce film, il n’y aura pas d’interlude.

Je dois concéder que je me demande si la “cinquième bobine” pourrait se métamorphoser en un puissant mème. Ou ce que l’on pourrait dénommer, plus adéquatement, un mnème?

Finalement, si vous vous demandez – et ce n’est pas une question de choix, en fait, si vos circuits d’émerveillement fonctionnent comme ils le devraient – comment la Mère Éonique accomplit concrètement cette inception au sein de l’expérimentation en cours? Comment elle peut l’orchestrer, techniquement et matériellement? Observez de nouveau la photographie d’insertion d’une pellicule dans un projecteur. Visualisez la main gauche qui touche le film se débobinant juste d’un toucher léger mais suffisant pour potentiellement impacter le défilement des images – générant des anomalies dans le cours des événements, une étrange altération du temps. Visualisez la main droite insérant la nouvelle pellicule dans les pignons – l’action d’enfiler. La main droite enfile, avec dextérité, la nouvelle pellicule sur les pignons de sorte qu’elle soit immédiatement entraînée par le projecteur – les deux pellicules de gélatine sont alors projetées simultanément

Ainsi que je l’ai noté dans le commentaire de cette photographie, une telle insertion d’une nouvelle pellicule pourrait être mécaniquement plausible SI l’on pouvait disposer d’un second apparatus, installé dans le corps du projecteur, capable de contenir la seconde pellicule et de la projeter en parallèle avec la version courante. Et c’est ainsi que l’Eon Sophia accomplit sa Correction du point de vue avantageux de sa condition anormale – à savoir située au sein de l’expérimentation planétaire qu’elle a projetée à partir du coeur galactique. Comment est-elle capable de corriger le cours du monde avant la fin du Kalpa, la fin de la cinquième bobine? Elle n’altère pas la conclusion de l’ancien film mais elle le superpose avec sa version de la réalisatrice, la version qu’elle a originellement rêvée quant à son déroulement – étant donné que l’Anthropos était laissé libre d’incarner et d’exprimer sa dotation de génie non brimée par des duperies extraterrestres.

La vision selon laquelle Sophia pourvoit le mécanisme de projection pour moduler le film du monde, alors qu’il se déroule jusqu’à la fin de la cinquième bobine, et insère une conclusion différente afin d’initier un film alternatif, constitue la complétude de la pensée que je commençai à développer en décembre 1965, près de l’étang aux lotus, à Adyar.

3 novembre 2016. Andalucia