Dans les audios de l’Expérimentation de Navigation Gaïenne, un jour, j’ai eu l’opportunité de proposer quelques commentaires sur le DMT qui ont été extraits et présentés en fichier MP3. C’est une contribution mitigée à une problématique importante – avec trop de digressions à mon goût. En tous cas, en voici le lien.
Que pourrais-je ajouter afin de plus clarifier mon exposé? J’opère une distinction très claire entre le breuvage d’Ayahuasca et le DMT produit synthétiquement en laboratoire. Je fais, également, la distinction entre le DMT de synthèse et le DMT à base d’un complexe de plantes. J’ai fait quatre fois l’expérience de l’Ayahuasca et une dizaine de fois du DMT, végétal ou synthétique.

La première fois que j’expérimentai avec du DMT synthétique fut pour moi mémorable. Cela se passa dans un appartement du quartier Lower East Side de New York, durant l’hiver de 1966, juste avant ma rencontre avec Jan Kerouac. Je me rappelle clairement fumer de la poudre cristalline dans une pipe agrémentée d’une feuille d’aluminium. J’étais assis jambes croisées sur le sol. L’effet fut si rapide que je gelai sur place, telle une statue, et je m’en suis allé quelque part pendant 30 secondes environ et je suis revenu. Je n’avais aucune mémoire de ce qui m’arriva durant cet intervalle d’absence apparente. Il n’y eut aucune charge émotionnelle accompagnant cette expérience. Cela semblait tomber à plat avec un sentiment de manque. Au fil des années suivantes, je ne ressentis aucun désir de continuer avec le DMT et je n’éprouvais aucune curiosité de m’y intéresser.
1966, c’est il y a très longtemps. Et depuis cette époque, j’ai vu le shamanisme se transformer en une mode très prisée dans la contre-culture et j’entendis de plus en plus de gens parler d’Ayahuasca et affirmant des choses extravagantes quant à ses effets. Quarante-cinq ans plus tard, je me suis retrouvé invité dans une secte d’ayahuasca opérant en Europe – menée par une Française qui se dit initiée par les Shipibos du Pérou. Les membres du groupe partagent souvent une préparation à base de plantes, le rapé, à base de poudre de tabac – elle-même en prenant parfois jusqu’à dix fois par jour. Lorsque je remis en question son authenticité et son autorité, je fus rapidement éjecté de la scène. Elle faisait jusqu’à 10 000 euros par mois avec des sessions d’ayahuasca en France – certains des participants étant des célébrités, des mannequins et des stars de cinéma. La potion Amazonienne est devenue une fureur new-age et une distraction branchée.
Entretemps, Blueberry, un film illustrant l’expérience avec l’Ayahuasca, fut très prisé de par son imagerie psychédélique complexe et colorée. J’ai rencontré le réalisateur, Jan Kounen, au premier World Psychedelic Forum de Bales en 2004 et je l’ai perçu comme une totale nullité sans intuition visionnaire et sans intention transcendante. J’ai ressenti la même impression avec certains autres dans le petit cercle d’Ayahuasca auquel je participai en Andalousie. Intellectuellement, ce n’étaient pas les plus brillants de la bande et certains d’entre eux avaient de la peine à proférer une seule phrase cohérente. Par contre, ils se vantaient de combien de fois ils avaient pris de l’Ayahuasca et continuaient à subir des nuits entières de vomissements violents et des crises, et pas peu fréquentes, de défécation involontaire. Tout cela pour toutes les gloires que cela leur ramenait – quelles qu’elles soient.
L’environnement paradisiaque de Pandora dans Avatar, introduit cinq années après Blueberry, rappela les hallucinations rapportées par ceux qui prennent de l’Ayahuasca – mais beaucoup moins les visions induites par du DMT synthétique. La planète Pandora était, notablement, un environnement vivant qui aurait pu être notre monde naturel avec une perception altérée. Par contraste, l’environnement du DMT n’est pas vivant. Lorsque j’ai écrit mon cycle d’essai sur la Psychonautique [Présenté sur le site dans la rubrique Paradis Reconquis], aux environ de 2005, j’ai fait référence à l’oeuvre spectaculaire de Pablo Amaringo (1938 – 2009), un artiste Péruvien qui peignait les visions de ce qu’il percevait durant les sessions d’Ayahuasca – et j’ai inclus l’un de ses tableaux dans mon essai “Le Glyphe d’Ollin”.
Il est à noter que les peintures de Pablo Amaringo diffèrent – quant au style et quant au contenu – de l’image typique d’une entité de DMT telle qu’illustrée ci-contre. Avec Amaringo, la scène intégrale du monde naturel devient hallucinogénique – mais c’est toujours le monde naturel. L’art DMT – qui suit souvent le style popularisé par Alex Grey dont l’inspiration principale est le LSD plutôt que le DMT – ne dépeint pas le monde naturel ou, s’il le fait, il en présente une version hautement géométrique et fractalisée. Cette différence, quant au style de représentation, est cruciale et elle reflète la différence entre les effets de la potion naturelle et le DMT synthétique.

Mes propres expériences – soit avec la potion soit avec le DMT synthétisé en laboratoire – valident cette différence cruciale. Je suis convaincu que l’Ayahuasca appartient à la jungle et doit être consommée dans la jungle. Je vais m’aventurer à dire que l’entité en résidence dans l’espèce botanique de la liane (Banisteriopsis caapi) ne souhaite pas être exportée. Elle va le tolérer – mais jusqu’à un certain degré… Trimbaler des potions d’Ayahuasca, dans le monde entier, n’est pas une bonne idée et ne conduit pas à l’utilisation optimale de cette plante-médecine. C’est, en fin de comptes, une plante médicinale. Lorsque la shamane Mazatèque, Maria Sabina, introduisit Gordon Wasson aux champignons psilocybes en 1952, les cérémonies traditionnelles conduites étaient limitées au propos de guérison. Ils n’étaient pas destinés à induire des aventures visionnaires pour traverser le cosmos. De même pour l’Ayahuasca. L’Ayahuasca était utilisée strictement pour la guérison et, dans certains cas, pour la divination corrélée à des problèmes ou des questions spécifiques – incluant des communications avec les animaux de pouvoir et des pratiques magiques. Elle n’était pas utilisée pour organiser des virées psychonautiques, dénuées de sens, dans les régions les plus lointaines du mental.
Morsures de Mahakundala
Je classe la potion d’Ayahuasca – un mélange de la liane (Banisteriopsis caapi) avec la chakruna (Psychotria viridis) – parmi les cinq espèces les plus puissamment psychoactives sur cette planète. L’esprit en résidence, Sacha Mama – Vudasi dans le Tantra Planétaire – est une guérisseuse maîtrisant des pouvoirs vastes et miraculeux. Les Ayahuasqueros, sur leurs propres terres, ont soigné quasiment tout ce qui afflige l’animal humain, incluant la leucémie et le cancer. En plus de ce cadeau de guérison, cette potion confère une expérience spéciale de Mahakundala, la puissance serpentine de la Terre elle-même. Ceux qui s’abandonnent à la pleine puissance de la transe avec l’Ayahuasca rapportent des témoignages relativement consistants: ils rencontrent un énorme serpent qui les instruit dans la connaissance de soi et qui leur révèle la connexion intime entre l’espèce humaine et la planète Mère. Le serpent lumineux de la Kundala vous emmène aux racines de la Vie même.
Selon ma propre expérience, je peux témoigner de la rencontre avec le serpent de pouvoir de Gaïa-Sophia. Visualisez un anaconda de quinze mètres planant au-dessus de vous avec une tête de la taille et du volume d’un camion malaxeur de béton. Il se tord avec une puissance gigantesque de contorsion musculaire en émanant un arc-en-ciel aurique de vibrantes couleurs – et en vous capturant du jet brillant d’émeraude acérée de ses yeux. En ce qui me concerne, l’anaconda se glissa derrière moi, ou du moins me fit tourner dans la position lui permettant de planter ses crocs dans le derrière de mon cou – afin d’y délivrer son venin. Une nuit de juillet, sous un ciel d’obsidienne, avec Orion faisant la roue au-dessus de l’horizon, je me retrouvai recroquevillé sur les genoux, sur une colline aride de l’Espagne, la tête forcée au sol par l’étreinte monstrueuse me pressant le cou. Les jaillissements intenses du venin se propulsaient en moi, saturant chaque cellule de mon corps et me faisant tressauter avec un frisson extatique proche de l’asphyxie. Je frissonnais, pleurais et gémissais d’extase. Cela faisait tellement de bien que c’était dur de le croire. D’autres personnes rapportent se faire avaler par le serpent. Je sais que, dans la Nature, un anaconda n’a pas de crocs mais celui-ci en a.
En entendant que je ne pouvais pas croire o combien cela faisait du bien – presqu’intense au point d’en mourir – tout un chacun demanderait: n’aurais-tu pas souhaité recommencer? Non. Comme Timothy Leary fut réputé ironiser: «Après avoir reçu le message, raccroches le téléphone».
La Sobriété du Nagual
J’en conclus que personne ne peut tirer bénéfice de prises continuelles d’Ayahuasca – qui risquent même d’induire des diminutions de facultés. Je connais certains cas qui éprouvent des problèmes à penser et à articuler. Une femme, en particulier, qui accueille des retraites d’Ayahuasca et qui en a pris très souvent (plus de cinquante fois, je crois) ressemble à une personne retardée, incapable de formuler ses pensées, comme si elle avait le cerveau en bouillie. Pour autant que je puisse dire, ces gens sont à la chasse aux trips, dans un jeu égocentrique de prestige – en rajoutant des perles sur leur chapelet, pour chaque session. J’ai rencontré des gens qui en ont pris 200 fois ou plus. Ils n’en sont pas plus intelligents ou plus illuminés, pour autant – à aucun égard.
Un point de clarification: l’Ayahuasquero qui mène une session de groupe, ou qui offre un processus de guérison à un individu particulier pour une pathologie particulière, prend la potion chaque fois – ce qui veut dire des centaines de fois. Pourquoi le maître-shaman ne souffre-t-il pas d’un affaiblissement de ses facultés ou d’autres effets collatéraux négatifs? Pour autant que je sache, de nombreux Ayahuasqueros souffrent, en fait, d’un amoindrissement de leur intelligence et de perturbations de diverses sortes. Des témoiganges concernant des shamans dangereux et déments, qui exploitent la mode actuelle du tourisme ayahuasca, sont légion. Il faut noter, cependant, que les Ayahuasqueros, qui respectent leurs traditions, ne vivent pas les mêmes effets que ceux vécus par les personne qu’ils guident dans leur groupe, ou par l’individu qu’ils suivent en traitement thérapeutique. Ils ne vomissent pas et restent sobres, en dehors de l’action principale. L’objectif des chants d’Ayahuasca, les icaros, n’est pas seulement de permettre aux néophytes de rester alignés – et “à l’écoute de la Médecine” – mais aussi de permettre au shaman, qui préside, de conserver une position de neutralité et de détachement.
Je dirais que la mesure d’un Ayahuasquero authentique, et digne de confiance, est sa capacité de s’exclure de l’impact somatique et visionnaire de la transe profonde – afin de mieux observer les participants, de les guider au cours de l’événement visionnaire ou de les amener vers un processus concret de guérison. Vous pouvez observer un style similaire de pratique shamanique, la sobriété du Nagual, parmi les Bwiti du Gabon qui utilisent l’écorce psychoactive, l’Iboga – Tabernanthe iboga. Les anciens shamans Bwiti, typiquement, s’assoient à l’écart de la session de groupe et observent, avec détachement, sans plonger au plus profond de la transe de l’Iboga. Cependant, durant le debriefing suivant la session, ils s’avère qu’ils savent exactement ce que les participants ont vécu: les processus, les obstacles qu’ils ont rencontrés, les visions qu’ils perçurent et la manière dont ils les ont gérées. C’est uniquement la sobriété du nagual qui peut expliquer une telle capacité à voguer sur l’état de transe sans plonger en ses tréfonds – ou plus exactement en y plongeant profondément mais en se détachant des effets qui, de façon typique, subjuguent les néophytes.
L’Ayahuasca est, également, une médecine qui confère un type particulier de vision extatique connectant l’animal humain à la puissance brute de la planète. Elle possède une fonction thérapeutique, également. J’ai noté, durant la première session, que j’étais instruit dans la libération de traumatismes émotionnels que je retenais de cinq relations différentes. Avec précision et délicatesse, une présence féminine bienveillante me fit voir le problème d’attachement spécifique à chaque cas et comment le résoudre précisément. Je fus profondément ému, et reconnaissant pour l’éternité, d’avoir été accompagné de telle manière. Cette assistance me surprit totalement car je ne suis pas accoutumé à vivre des expériences de thérapie durant les sessions shamaniques que j’entreprends avec les champignons sacrés – et, d’ailleurs, je ne considère pas une telle thérapie comme étant l’intention de l’expérimentation. De nombreuses personnes témoignent que les sessions thérapeutiques avec la mère serpent leur ont conféré des révélations qui ont transformé leur vie. La transe d’Ayahuasca peut durer de six à dix heures.
Trolls Archontiques
Par contraste, les flashes de DMT ne durent que quelques secondes ou, au plus, un couple de minutes. De nombreuses personnes témoignent être incapables de se remémorer quoi que ce soit durant le flash. Et ceux qui se remémorent rapportent, presque tous, le même phénomène: ils sont confrontés par un gang de trolls, ou entités elfiques, qui jacassent et gesticulent avec excitation – comme s’ils avaient quelque chose d’importance extrême à délivrer, et urgemment. L’apparition et le comportement des “trolls du DMT” est, de nos jours, un phénomène qui fait partie intégrante du folklore psychédélique (ou enthéogénique) de la planète.
Je n’ai jamais rencontré les trolls du DMT mais j’ai vécu d’autres effets communément rapportés durant le flash: la sensation d’être en-dessous d’un énorme dôme en forme de cloche qui emplit le ciel entier; un calme profond empli d’un bourdonnement omniprésent mais évasif; le sentiment d’être immergé dans un décor modelé comme dans un moule ou tout se tient inerte mais en apparence rangé. Cela s’accompagne, également, d’une odeur réminiscente de colle en plastique – telle une légère vapeur chimique que je trouve déplaisante. Tout aussi déplaisante est l’impression que tout ce qui est perçu dans le paysage naturel, ou dans le ciel au-dessus, est formé d’une substance uniforme, telle de la gomme – comme si le monde n’était qu’un artefact moulé artificiellement dans de la gomme. Cette apparence de chewing-gum plastifié a été consistante dans toutes mes expériences avec le DMT synthétique.
J’ai d’autres commentaires, et plus élaborés, à proposer quant au cosmos de pacotille du DMT qui sortent du cadre de cet essai.
Il est possible que je n’ai jamais rencontré de trolls du DMT parce que cela fait bien longtemps que j’ai banni les archontes de ma présence. Ces entités, décrites dans les instructions Gnostiques, m’évitent à tout prix. Je suppose qu’ils se sont passé l’information, dans leur ruche, que j’annihile tout archonte à vue. Je ne tolère pas leur présence dans mon mental ou dans mon aura.

Et je ne tolère, pas plus, des entités archontiques ou des visions archontifiées, de quelque sorte que ce soit, dans mon champ mental lorsque je suis au coeur d’une transe visionnaire. Cette intrusion particulière d’un mental étranger se manifeste, de façon routinière, dans les flashes de DMT – qui, en fait, l’encouragent et l’invitent. Dans mon essai “Le Terton à la Rose Coupée”, j’explique avec grand soin que le shaman Gaïen ne se laisse pas aller dans des hallucinations mais, au contraire, focalise son regard, avec intensité, sur le monde naturel en s’inspirant de la méthode Goethéenne d’observation. Je met en exergue le fait que les hallucinations archontiques diffèrent, intégralement, des perceptions authentiques de la beauté vivante du Surnaturel.
En bref, je maintiens que les célèbres elfes du DMT sont des trolls archontiques, des projections de cette présence extraterrestre dans le système solaire qui émergent dans la “soupe” – le kenoma, le dema, la zone de la matière élémentaire telle que je l’explique dans ma causerie. Ils se présentent comme des entités possédant des connaissances sur le cosmos. En réalité, ils ne sont pas différents des imbéciles que vous rencontrez dans les forums et les sections de commentaires internet: des cerveaux insipides, fantasques et charognards qui vous trollent. Tout comme les trolls de l’internet, les elfes DMT interviennent pour s’amuser en vous tourmentant et en vous harcelant et en interférant, méchamment, afin d’empêcher que les communications soient respectueuses et cohérentes. De tels perturbateurs n’ont strictement rien à enseigner.
Je rejette l’affirmation répandue concernant les trolls du DMT, à savoir qu’ils auraient des connaissances à nous apporter, nous créatures du monde humain. Ils possèderaient des secrets de l’univers à nous conférer, des révélations quant à son fonctionnement. Vraiment? Cela reste à prouver. A ce jour, je n’ai rencontré aucun témoignage se rapportant à un seul élément de connaissance, valide et vérifiable, transmis au travers d’un flash DMT.
Durant l’un des récents séminaires sur le DMT, de septembre 2015 – auquel je fus invité sans pouvoir y assister – l’un des participants proposa de poser des questions aux entités du DMT en s’efforçant de prolonger le temps en leur présence (si possible) afin de converser, avec eux, en profondeur et d’en ramener ce qu’ils peuvent nous enseigner, ce qu’ils peuvent nous révéler – à nous, les créatures humaines – que nous ne pourrions pas apprendre de nos propres ressources. Je dois vous informer que cette approche est une impasse. Et vous avertir, à nouveau, que de telles explorations – dans cette direction et avec cette intention – pourraient fort bien mener à la démence. Ou tout simplement du non-sens. Selon mon opinion, une investigation de la conscience, et de l’ordre cosmique, avec du DMT est un cul-de-sac. Cela n’aboutit nulle part si ce n’est à des spéculations sans fondements et de plus en plus fantasmagoriques. Je poserais, également, la question de savoir si des doses continuelles de DMT synthétique ne pourraient pas induire des lésions neurochimiques de quelque sorte et de quelque amplitude.
Ce dernier commentaire évoque le fait très débattu – et je le considère comme étant un fait établi – que le DMT sature le corps humain et que l’on peut le trouver, en quantité abondante, dans l’intégralité du monde naturel. C’est indubitable. La question pertinente est de savoir ce qu’il y fait. Quelle est la fonction du DMT dans la Nature et spécifiquement dans le cerveau et le corps humains?
Je vais proposer une réponse provisoire, à toutes ces questions, dans la conclusion de cet essai. Entretemps, je vais présenter le synopsis que j’écrivis pour ma causerie destinée au séminaire de septembre 2015 auquel je ne pus participer. J’ai intitulé ma causerie “Mutus Liber” en référence à un traité alchimique de la fin du 17 ème siècle.
Mutus Liber : Une vision Gnostique et Alchimique du DMT.
Ayahuasca et Planète Sentience
La causerie ouvre avec une critique brève de l’expérimentation DMT/Ayahuasca, fondée sur mon témoignage direct tout autant que sur mes interactions avec ceux qui réalisent de telles expérimentations. J’étaye mes objections quant à l’évangélisation de l’épreuve de la transe d’Ayahuasca comme un remède de rédemption, comparable à des scénarios de jugements des morts dans les traditions Egyptienne (“pesée des âmes”) et Chrétienne (“Purgatoire”). Personnellement, je ne peux témoigner d’aucuns changements de personnalité chez les dévots de l’Ayahuasca. Selon un Ayahuasquero que je rencontrai, l’amélioration de la moralité personnelle n’est pas donnée par la médecine ou son propos rituel. L’impact de l’Ayahuasca en tant qu’instructeur thérapeutique est incontestable; cependant, les résultats durables varient en fonction du sujet.

Je ne consacre que 10/15 minutes à ce que contre quoi je suis opposé. Le reste expose ce que je promeus, le type de pratique enthéogénique que j’accomplis et que j’enseigne. J’y explique que ma méthode dérive de la theoria, ou mathesis divine, des Mystères: l’Instruction par la Lumière. Et je fais spécifiquement référence à la luminosité vivante qui irradie de la Terre, la Lumière Organique. Mes investigations, quant à la sentience des plantes, démontrent que la planète – qui pourvoit des plantes psychoactives pour la consommation humaine – est un corps radieux. La rencontre de cette radiance, dans un état d’extase cognitive (la gnose) constitue l’accomplissement du Graal.
J’y mets en exergue que la theoria (contemplation) de la Lumière Organique n’est pas simplement subjective: elle est également objective, répétitive, et enseignable. Tous les témoignages de sa contemplation sont cohérents. Mes affirmations concernant la Lumière Organique sont fondés sur les sources alchimiques et l’ensemble des archives qui ont survécu des Mystères Païens focalisés sur l’identité de l’Eon Sophia. La méthode Télestique de shamanisme consiste à pénétrer dans la transe extatique dans le but déclaré de rencontrer la Lumière Organique et d’en recevoir l’Instruction.
En conclusion, je m’aventure dans une interprétation, d’une transe typique de DMT, fondée sur des instructions Gnostiques transmises par la pratique Télestique. J’affirme que la source des phénomènes DMT ne peut pas être détectée au sein de l’état en lequel ils émergent – qui est transdimensionnel relativement au monde naturel: à savoir extraterrestre, en dehors de notre monde. Considérant que certaines espèces botaniques, pourvues par la Nature, témoignent d’intelligence, de sentience, d’empathie et d’autres capacités qui leur permettent d’être interactives avec le mental humain, je pose la question de savoir pourquoi le DMT, qui mimique ces facultés, pourrait délivrer un jeu différent d’effets en comparaison des champignons et des alliés végétaux provenant intrinsèquement de la Nature.
Et je termine sur quelques objections critiques soulevées par la perspective Gnostique concernant la transe DMT et son origine – à savoir l’espace extraterrestre dont ces rencontres étranges émergent.
Une Laque Neuronale
Que puis-je ajouter en conclusion? Allons donc droit au but. Si je devais m’impliquer dans ce sujet, par le biais d’une conversation intense et intime avec des chercheurs DMT, je risquerais l’opinion selon laquelle le DMT est un produit chimique de formatage. Mes recherches fondées sur la méthode Télestique, partagées avec un petit groupe de shamans néophytes instruits en Tantra Planétaire, indiquent que ce n’est pas absolument pas la substance chimique suprême de la conscience – ainsi que certains psychonautes du DMT voudraient le croire. Il opère plutôt universellement dans la Nature pour formater des processus de vie inconscients incluant les activités neurochimiques et biologiques dans le corps et le mental humains. J’emploie le terme “inconscient” pour désigner une activité dont la créature humaine n’a pas besoin d’être consciente – tel que le métabolisme enzymatique durant la digestion – et, qui plus est, s’en retrouve d’autant mieux qu’elle reste inconsciente. Sinon, cela ne pourrait pas fonctionner.
Que veux-je dire par produit chimique de formatage? C’est un réactif ou un fixatif, comme de la colle en bombe. Comme tel, cela peut aussi se comparer avec la laque qui maintient une coupe de cheveux en place. Le DMT est très certainement un élément chimique crucial et universel dans le cosmos. Opérant tel un agent de formatage, il assume un vaste spectre de fonctions qui, cependant, ne peuvent pas, pour une grande part, être observés par des instruments ou des outils technologiques. L’analogie à un jeu d’outils est bénéfique pour tenter d’appréhender le rôle caché et mystérieux du DMT.
Visualisez le jeu d’outils que vous trouvez dans le panneau gauche de Photoshop, diverses polices, les outils de recadrage, les gommes, la définition des images, les outils de rotation, les filtres et beaucoup plus. Ce sont des applications de technologie de l’information, des instruments archontiques similaires aux instruments réels de dessin que vous trouveriez dans un studio d’architecte ou dans un atelier dans lequel des objets et des machines sont conçues et construites à la main. Vous souvenez-vous de cete époque passée? Je m’en souviens et de façon très vivante. Dans la baraque rustique de Winfield Lash, à Friendship dans le Maine, je me rappelle avoir vu une diversité d’outils de dessin et de mesure, de compas ainsi qu’une sélection de maquettes gigantesques séduisantes, pour la confection de courbes, pendant aux murs. Winny utilisait ces instruments de dessin pour concevoir les formes des coques des sloops de Friendship confectionnées à partir de bois dans son atelier proche de fabrication de bateaux. Les menuisiers passaient à la vapeur les planches en bois destinées à la coque et les assemblaient en place. Souvent, je gagnais quelques dollars dans le travail final consistant à calfater et sceller les joints. Ce faisant, je promenai mes mains sur les formes réelles construites à partir de dessins réalisés avec les outils de formatage de Winny.
Le DMT ne peut rien concevoir mais, en tant qu’outil de formatage, il configure des systèmes pré-conçus en une unité opérationnelle. La manière dont il réalise cela est spécifique de l’ordre cosmique dont notre monde participe, à savoir le système solaire accueillant la Terre. Il opère au sein des conditions spécifiques de l’abiogenèse – généralement définie comme la production de matière vivante à partir d’une base non vivante, inorganique. Mais la vie sur Terre n’émerge pas d’une base inorganique – elle y est tout simplement lovée. La vie organique est enchâssée dans la matrice de la chimie inorganique. Le rôle du DMT est de formater et d’intégrer toutes les relations des activités de la chimie organique et inorganique dans la structure et les fonctions de l’organisme humain. Et de même dans le champ vivant de la vie animale et végétale sur toute la planète.
Veuillez prendre en considération les composants du corps humain qui sont, de manière routinière, considérés comme inorganiques: les électrolytes dans le péricarde (sodium, calcium, chloride, magnésium et potassium) et dans d’autres parties du corps. D’autres oligo-éléments – cobalt, cuivre, zinc, manganèse, molybdenum, sélénium… il en existe un certain nombre – sont essentiels pour fonder la vie et la conscience – même si la conscience n’a pas besoin de compter sur eux pour fonctionner intrinsèquement. La conscience de la créature organique est détachée de son échafaudage dans le règne minéral, le monde de la chimie inorganique. Le DMT met en place l’échafaudage, coordonne tous les électrolytes et les oligo-éléments et consolide l’ensemble des fonctions organiques transcendantes au sein de la matrice inorganique. Il est clair que son rôle est vaste. Mais le DMT n’est qu’un agent de formatage, ce n’est pas un catalyseur de conscience, ni un agent de transfert pour l’attention et la cognition.
Ceux qui promeuvent, et exagèrent, les merveilles du DMT citent, souvent, le fait qu’il sature le foetus humain jusqu’au 49 ème jour suivant la conception – et puis il disparaît mystérieusement. A ce point, il a finalisé son processus de formatage et il se met en dormance. Pour le réveiller ou y accéder, comme cela se passe dans le flash de DMT, nous assistons à une réactivation de la boite à outils et à une libération d’une flopée spectrale d’entités, des projections dans la conscience de compétences DMT. C’est pour cela qu’elles apparaissent comme des elfes mécaniques parce qu’en réalité, ces entités ne sont que cela. Et, pour sûr, des elfes mécaniques hyperactifs. L’extrême agitation rapportée par ceux qui éveillent ces entités – c’est à dire les fonctions de formatage déployées à la frontière organique/inorganique de l’abiogenèse – en ingérant du DMT synthétique est prévisible et comparable à l’agitation de tout médium chimique, telles que les bulles d’alka seltzer dans un verre d’eau.
L’influence subjuguante de la transe DMT excite et fixe le mental dans le même événement-flash. L’analogie de la laque pour cheveux est grossière mais non pas imprécise. Imaginez une masse de longs cheveux sauvagement brassés par un vent violent: c’est une analogie pour nos réflexes neuronaux, constamment en charge électrique, au travers du réseau d’axones et de dendrites dans une course effrénée pour soutenir la conscience. Le flash soudain de DMT fige immédiatement le champ du flux mental en une calotte statique. L’absorption de DMT chimique est comparable à l’épandage d’une laque pour cheveux sur le réseau neuronal. Cependant, la confirmation de ce que j’avance, présentement, requiert une sorte de détection par microscope de la dimension neuronale – avec la précision d’une fraction minuscule de seconde. Je maintiens que cette action pourrait être détectée si l’on possédait l’instrument adéquat.
Puisque le DMT ne peut pas être absorbé normalement par voie orale, la potion d’Ayahausca doit inclure l’inhibiteur de la monoamine oxydase (IMAO) contenu dans les alcaloïdes (harmalines) de la liane – Banisteriopsis caapi. La potion est nommée à partir de la liane alors que c’est actuellement la chakruna – Psychotria viridis – qui contient le DMT actif, et non pas la liane. Le corps humain ne peut pas digérer et métaboliser le DMT sans les inhibiteurs de la monoamine oxydase: la mère serpent demeurant dans la liane lui permet d’emprunter la voie alimentaire – ce qui est exceptionnel dans l’ordre naturel. J’en conclus que le DMT n’est pas destiné à la consommation ordinaire – tout comme une nourriture organique adaptée à l’alimentation animale. Il est, en réalité, interdit à l’organisme qu’il a assisté pour prendre forme en tant qu’organisme. Cela fait du sens si la substance chimique de formatage entre en dormance après qu’elle ait complété ses tâches. L’inclusion de la chimie de la monoamine oxydase cour-circuite ce tabou alimentaire – un cas très spécial de transgression, tel que je viens juste de le suggérer.
Je vais en rester là pour le moment. Je n’avais pas l’intention de produire un exposé d’une telle longueur sur le DMT et l’Ayahuasca mais le sujet est opportun. Ce présent article peut être lu conjointement à mon essai en cours sur la Méthode Télestique. Eventuellement, je souhaiterais reprendre quelques-uns des points que j’ai soulevés ici et, peut-être, m’aventurer vers une description provisoire de l’espace cosmique des trolls DMT qui, j’insiste, est “transdimensionnel relativement au monde naturel: à savoir extraterrestre, en dehors de notre monde”.
25 Janvier 2017. Flandres