Sophia est l’authentique Lucifer: 01. Chutant des Cieux

Ce présent essai est le premier d’une séquence Mythophrénique de 10 essais, rédigés entre octobre 2015 et octobre 2016, dont certains sont accompagnés d’un audio.

Bienvenue à l’investigation d’un implexe.

Implexe: emmêlé, empêtré, compliqué; complexe. «La fable de tout poème est… simple ou implexe. Elle est appelée simple lorsqu’il n’existe pas de changement de destinée; implexe lorsque la fortune de l’acteur principal s’améliore ou se détériore». Joseph Addison (1672 – 1719). Essayiste Britannique et poète des Lumières.

Dans cette première partie de cette série, en trois épisodes, sur Lucifer/Sophia, je vais analyser des références au thème de “l’ange déchu” – un thème universellement appliqué à Lucifer – et démontrer comment, en fait, elles décrivent l’Eon Sophia, la déesse Pléromique qui est tombée du haut des cieux (du coeur galactique) selon le mythe cosmique des Gnostiques, le Scénario de la Chute de la Déesse.

lucifer_by_kinyip-1
Lucifer. Art digital par Kinyip.

La première fois que j’ai rencontré le mot “implexe”, ce fut dans l’ouvrage “Hamlet’s Mill”, de Santillana et de von Dechend, en référence à certains motifs astronomiques que l’on retrouve dans la matière de la mythologie sidérale – à savoir les mythes et les légendes associés avec les constellations étoilées et les étoiles individuelles. Je le conçois à la fois comme un adjectif, “l’histoire est implexe”, et comme un nom, “Le personnage de Lucifer présente un implexe de composants non identifiés, diverses et conflictuels.”

L’analyse ci-dessous révèle “le tournant de destinée” de la déesse Gnostique, Sophia, considérée comme une rebelle divine ou un personnage dissident mais, bien également, comme l’agence divine suprême présente à la réalité humaine. C’est ainsi que son histoire est parallèle, à de nombreux égards, avec la réputation mitigée de Lucifer considéré diversement comme un complice héroïque de l’humanité ou un adversaire diabolique dont l’objectif est de miner la volonté du dieu créateur.

Avertissement. Ceux qui choisissent de travailler sur l’implexe Sophia/Lucifer, selon les voies d’investigations que je fournis ici, sont priés, de suite, d’appréhender intégralement cette distinction: le Scénario de la Chute de la Déesse, extrait des sources Gnostiques, ne doit pas être confondu avec les mythes de la descente d’une déesse – telles que Ereshkigal ou Inanna – ou des narrations d’abduction dans le Monde Souterrain tel que l’évoque le mythe Grec de Perséphone. Le Scénario de la Chute de la Déesse est totalement distinct de ces deux mythèmes communément connus. Il est unique et fondamental – intrinsèquement.

Pour commencer, je décline cinq composants de l’implexe en tant que points d’entrée pour l’identité de Sophia/Lucifer:

1. Bible: « L’Etoile du Matin »: une allusion au Livre d’Isaïe, Chapitre 14, verset 12.

12 Comment es-tu tombé du ciel, astre brillant, fils de l’aurore? Comment es-tu renversé par terre, toi, le destructeur des nations?

13 Toi qui disais en ton coeur: « Je monterai dans les cieux; au-dessus des étoiles de Dieu, j’élèverai mon trône; je m’assiérai sur la montagne de l’assemblée, dans les profondeurs du septentrion;

14 je monterai sur les sommets des nues, je serai semblable au Très-Haut!… »

15 Et te voilà descendu au schéol, dans les profondeurs de l’abîme!

16 Ceux qui te voient fixent sur toi leurs regarda, ils te considèrent avec attention: « Est-ce là l’homme qui troublait la terre, qui ébranlait les royaumes,

17 qui faisait du monde un désert, détruisait les villes, et ne laissait pas ses captifs revenir chez eux?

C’est le seul passage de la Bible ou Lucifer est nommé.

Les Hébreux de l’Ancien Testament n’utilisent aucun équivalent de Lucifer. Il existe seulement “heylel” pour “le fils de l’aurore”. Ce nom n’apparaît pas non plus dans la Septante, la version en langue Grecque de l’Ancien Testament – où “heylel” est traduit en “heosporos” pour “l’éveilleur de l’aurore”. Le nom Lucifer ne se retrouve que dans les versions en langue Anglaise où il fut introduit par des traducteurs Chrétiens endoctrinés pensant bien faire. En d’autres mots, il a été inséré par des traducteurs. Ce seul fait ne peut qu’alerter les personnes vigilantes quant à la possibilité d’un coup monté, d’une machination.

Le passage ci-dessus attribue clairement au “fils de l’aurore/l’ange déchu” le désir d’égaler ou de surpasser le Dieu Tout Puissant. D’où le thème de l’orgueil Luciférien, exprimé dans la tentative d’égaler Dieu, d’atteindre à la splendeur de l’Etre Suprême. Plus avant dans cet essai, je montrerai  comment ce thème apparait dans la matière Gnostique relative à Déesse de Sagesse, Sophia, dont la “chute des cieux” est attribuée, dans certains textes, au même motif: égaler ou surpasser la Source (l’Origine chez les Gnostiques) ou bien agir de son propre vouloir indépendamment des puissances cosmiques supérieures.

Le passage dans Isaïe affirme, également, la conséquence de l’acte supposé de “transgression” à l’encontre de Dieu: être jeté en Enfer. Etrangement, il ne spécifie pas que Lucifer soit un ange. Ce seul fait descend en flèche l’affirmation Chrétienne selon laquelle Lucifer était un ange radieux, parmi les hôtes célestes, qui fut chassé des cieux en raison de son orgueil. Subséquemment, lui-même et tous ses anges serviteurs devinrent des diables. Il n’existe aucun fondement dans les écritures Chrétiennes pour cette assertion communément répandue.

Quelle est donc la source de ce mythème si communément, et aveuglément, accepté de nos jours? Les éléments mythiques, qui lui sont associés, se retrouvent dans les écritures Hébraïques les plus antiques. Le mythème prend donc son origine dans le Judaïsme. Dans la littérature de la période du Second Temple (après 530 avant EC), le texte apocryphe 2 Enoch dit que «Sataniel fut précipité des hauteurs avec ses anges» (29:3). L’histoire intégrale de Lucifer parmi les hôtes célestes, tout d’abord privilégié, puis condamné, n’apparaît dans aucune source antique. Cela été construit, de toutes pièces, au fil des siècles.

Dans la fabulation de la légende de Lucifer, les Chrétiens jouèrent un grand rôle – comme s’ils avaient besoin de créer une “opposition contrôlée” vis à vis de la puissance suprême de Dieu le Père. Le Nouveau Testament contient un petit nombre de passages tels que celui de Pierre 2:2-4: « En effet, Dieu n’a pas épargné les anges qui ont péché[a]: il les a précipités dans l’abîme où ils sont gardés pour le jugement, enchaînés dans les ténèbres». Donc, des textes du Nouveau Testament attribués à Pierre font état de la notion d’anges déchus mais nulle part, dans ce Nouveau Testament, pouvons-nous découvrir un scénario cohérent de Lucifer s’opposant à Dieu et agissant de telle sorte qu’il en soit expulsé du paradis. En d’autres mots, ni l’Ancien Testament ni le Nouveau Testament ne pourvoient une narration cohérente concernant Lucifer. Ce scénario est un échafaudage des prêcheurs Chrétiens, au fil des âges, qui est strictement dénué de fondements textuels, concrets ou spécifiques, dans “les Ecritures”.

Chrétiens, soyez attentifs à ce que vous supposez pouvoir trouver dans vos écritures révérées.

Isaïe utilise le mot Grec pour humain, “anthropos”, en référence à Lucifer. Il est à noter que ce terme anthropos, en Grec, dénote l’humanité, l’espèce humaine en contraste avec “androu” qui est utilisé pour désigner le mâle, l’homme, le genre masculin de notre espèce. Textuellement, le langage de la Septante (traduction Grecque de l’Ancien Testament Hébreu) associe la chute de Lucifer avec la chute de l’humanité. Cette association ne fait aucun sens si Lucifer est considéré être un puissant être céleste de lumière, une entité suprahumaine demeurant dans la compagnie de la divinité suprême. Elle fait, cependant, du sens si on la resitue au sein de la narration Gnostique de la Déesse Déchue Sophia – qui relate la chute de Sophia en raison de sa fascination excessive pour l’espèce humaine, l’anthropos.

Si l’on observe, donc, avec attention, ce qui est réellement écrit dans les écritures et si l’on écarte les spéculations ad nauseam – de première, de seconde et de troisième mains – au sujet des sources textuelles, nous ne découvrons que peu de matière qui puisse valider les notions populaires Chrétiennes se rapportant à Lucifer. Par contre, l’implexe présente des indices qui suggèrent l’identification de Sophia avec le scénario du prétendu “ange déchu”. Nul besoin de préciser que si vous ne connaissez pas la narration Sophianique, en premier lieu, vous ne pouvez pas détecter ces éléments évocateurs. Tous les indices du monde n’ont de valeur que lorsque la nature du crime est connue.

2. Le Dragon Rouge dans le Ciel: Apocalypse. Chapitre 12

« 1 Un grand signe parut dans le ciel : une femme enveloppée du soleil, la lune sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles sur sa tête. 2 Elle était enceinte, et elle criait, étant en travail et dans les douleurs de l’enfantement.

3 Un autre signe parut encore dans le ciel; et voici, c’était un grand dragon rouge, ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses têtes sept diadèmes. 4 Sa queue entraînait le tiers des étoiles du ciel, et les jetait sur la terre. Le dragon se tint devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer son enfant, lorsqu’elle aurait enfanté.

5 Elle enfanta un fils, qui doit paître toutes les nations avec une verge de fer. Et son enfant fut enlevé vers Dieu et vers son trône. 6 Et la femme s’enfuit dans le désert, où elle avait un lieu préparé par Dieu, afin qu’elle y fût nourrie pendant mille deux cent soixante jours.

7 Et il y eut guerre dans le ciel. Michel et ses anges combattirent contre le dragon. Et le dragon et ses anges combattirent, 8 mais ils ne furent pas les plus forts, et leur place ne fut plus trouvée dans le ciel. 9 Et il fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan, celui qui séduit toute la terre, il fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui ».

Au verset 9, nous avons le grand dragon – MEGAS DRAKON – cet antique serpent – OPHIS ARCHAIOS  -appelé le Diable – DIABOLOS – et Satan – SATANAS. Quatre métonymes dans la même séquence. La sur-détermination, souvent, se produit lorsque la définition exacte d’un sujet est floue.

Lucifer n’est pas ici nommé: par conséquent, il n’existe dans la Bible aucune identification textuelle de Lucifer, le porteur de lumière, avec le serpent/dragon de l’Apocalypse. Rien: pas l’ombre!

Au verset 3, le grand dragon rouge – DRAKON MEGAS PYRROS – ayant sept têtes et dix cornes – KEPHALAS HEPTA KAI KERATA DEKA. La morphologie du dragon rouge dans le ciel du chapitre 12 au verset 3 est identique avec celle de la “Grand Bête” – TO MEGA THERION – qui surgit de la mer dans le chapitre 13 au verset 1. Ces parallèles sont explicités, extensivement, dans la série d’audios sur le Sabotage Gnostique – avec trois causeries restantes en développement. En aucun lieu ne trouvons-nous, dans le texte, ni une équivalence directe entre cette figure “reptilienne” et Lucifer ni la moindre allusion qui pourrait fonder une telle identification.

Le nom Satan se retrouve 14 fois dans l’Ancien Testament et il fait toujours référence à cette entité comme un adversaire ou une sorte d’avocat – le Diable est l’avocat de Dieu – mais jamais comme une incarnation surnaturelle du mal. Son rôle est de tester Job, par exemple, mais il n’est pas un agent du mal pur en charge de vaincre l’humanité. Il se retrouve, également, 40 fois dans le Nouveau Testament  -le plus fréquemment dans les Evangiles. Il se retrouve 9 fois dans l’Apocalypse, 2 fois en condamnant les Juifs pour avoir formé “la synagogue de Satan”. L’Apocalypse révèle la métamorphose de l’adversaire, faisant la volonté de Dieu dans l’Ancien Testament, transformé en un puissant opposant de Dieu cherchant à corrompre et à posséder l’humanité.

Conclusion: Lucifer, considéré comme l’ange lumineux, comparable à la foudre, qui fut chassé des cieux, est entièrement absent de l’Apocalypse. De même pour l’Anté-Christ qui se retrouve 4 fois dans l’Evangile de Jean – ainsi que souligné dans les causeries sur le Sabotage Gnostique. Les Chrétiens qui babillent sur l’Apocalypse en y incluant ces deux personnages, vont à l’encontre des écritures. Ils font preuve de leur complète ignorance quant à leur propre tradition.

3. Le Coran : Iblis

11. Nous vous avons créés, puis Nous vous avons donné une forme, ensuite Nous avons dit aux Anges: «Prosternez-vous devant Adam.» Ils se prosternèrent, à l’exception de Iblis qui ne fut point de ceux qui se prosternèrent.

12. [Allah] dit: «Qu’est-ce qui t’empêche de te prosterner quand Je te l’ai commandé?» Il répondit: «Je suis meilleur que lui: Tu m’as créé de feu, alors que Tu l’as créé d’argile». Coran, sura 7 (Al-A’raf) ayat 11-12[14]

L’ange Iblis fit preuve d’un immense orgueil, en se déclarant supérieur à Adam. En refusant de se prosterner devant Adam, Dieu (Allah, supposément) maudit Iblis et le chassa dans la géhenne – l’Enfer/Purgatoire – pour l’éternité mais lui donna une sorte de sursis jusqu’au Jour du Jugement. Iblis était le complice de Dieu dans son rôle d’agent satanique, un adversaire qui utiliserait cette époque pour égarer les hommes et les femmes, et éventuellement les envoyer en Enfer. Dans la logique du mental Islamique, Iblis prouverait, de cette manière, l’infériorité de l’humanité et justifierait, ainsi, son acte de défi, son refus de se prosterner devant Adam/Anthropos. Pour avoir refusé d’obéir à la volonté de Dieu, Iblis fut chassé des Cieux et ensuite, il fut appelé “Shaytan” (Satan).

J’affirmerais, en me fondant sur des sources Gnostiques, qu’Iblis, dans la narration Islamique, apparaît plus proche de Yaldabaoth, le Seigneur des Archontes, que de Lucifer. Beaucoup plus proche. L’Apocryphe de Jean (NHLE, p. 115-116, passages 19-21) décrit la scène pré-terrestre de la confrontation entre les Archontes et l’image de l’humanité. Il existe des aspects difficiles et troublants dans cet épisode qui requièrent une exégèse pénétrante avec des références à des termes occultes tels que le “double plasmique” et le “rayon aux cinq lumières”. Ces problématiques écartées, les éléments de ce texte qui s’appliquent à la légende d’Iblis sont comme tels: []

«Les puissances Archontiques devinrent jalouses… et [elles virent] que son intelligence (d’Adam, de l’Anthropos) était plus grande que celle du Seigneur des Archontes. Les Archontes reconnurent que [le premier homme] était lumineux et que lui [Adam/Anthropos] pouvait penser bien mieux qu’eux et qu’il irradiait de par conception. Et lorsqu’ils contemplèrent son image, les Archontes perçurent que l’intelligence de l’humain était supérieure à la leur. Et que l’epinoïa de la lumière était en lui [la créature humaine], la puissance par laquelle il fut éveillé à la conscience».

L’inclination de ces lignes est claire: l’Anthropos est supérieur aux Archontes tout comme Adam est supérieur à Iblis.

Par conséquent, Iblis est identifié avec le Seigneur des Archontes, le Démiurge, et non point avec Lucifer.

Le passage évoquant Iblis, dans le Coran, ne concerne pas Lucifer. Comme tout le reste de la matière dans le Coran, il est hautement dérivé, reflétant des thèmes et des fragments qui ont été cooptés à partir des mythologies du Proche Orient, à partir de traditions pillées et perverties. Cooptées sans compréhension, ajouterais-je.

4. L’Indice Valentinien NHC XI, 2

Ce texte est à ce point sévèrement endommagé et lourdement rédigé que l’on ne peut en extraire aucun langage explicite et exact quant à la raison pour laquelle Sophia s’est séparée du Plérome. Ce n’est nul problème pour les érudits, par contre. Dans leurs commentaires, les experts, de manière routinière, affirment ce que l’on ne peut pas trouver dans le texte réel et qui n’y est qu’impliqué – si tant est – et le fondent en se référant à d’autres sources se rapportant à la doctrine Valentinienne – principalement, les sources des hérésiologues, les premiers Idéologues Chrétiens qui écrivirent contre les Gnostiques. Ainsi, Irénée:

«Cette passion (enthymesis) de Sophia, disent-ils, consistait en un désir de partir en quête de la nature du Père; car elle souhaitait, selon eux, comprendre sa grandeur».

Par extrapolation, Sophia voulait, de quelque manière, égaler le niveau du Père (Propater), l’Origine, la source de tous les Eons. Ou bien appréhender sa nature afin de pouvoir l’imiter, ou entrer en compétition – quelque chose de ce genre. Telle est la qualité Luciférienne de l’hubris, un excès orgueilleux ou des efforts au-delà de ses capacités. Selon certaines narrations, ces efforts furent tels que Sophia fut expulsée du Plérome.

Mais cette expulsion était-elle due à un acte de transgression pour lequel elle fut rejetée, chassée de la compagnie céleste? Cette interprétation implique une faute morale de la part de la Déesse de Sagesse. Valentin s’impliqua dans des compromis philosophiques avec les Chrétiens qu’il voulait influencer et, même, guider. La culpabilité et le châtiment sont intrinsèques à la conception Judéo-Chrétienne mais totalement absente de la vision Gnostique Séthienne.

Mon extrapolation du Scénario de la Déesse Déchue – développé en détails dans certains des audios de l’Expérimentation de Navigation Gaïenne – n’attribue pas le plongeon de Sophia à une quelconque faute, pour laquelle elle devrait être punie, mais à l’excès de sa passion. De plus, il n’existe pas la plus petite allusion, dans la matière Gnostique, stipulant que la divinité suprême au-delà des Eons, l’Origine, pourrait punir quiconque, humain ou divin, en raison de quoi que ce soit.

L’Exposé Valentinien affirme, explicitement, ce qui est souvent considéré comme un autre facteur-clé dans l’hubris Luciférien de Sophia: elle a agi unilatéralement, sans un consort, sans un partenaire. Ce faisant, elle a défié le souhait ou la volonté de l’Origine de «ne pas permettre l’émanation en dehors de la syzygie» (passage 36, NHLE). Tout bon, c’est assez clair. Mais où les écrits Gnostiques confèrent-ils une quelconque suggestion quant au fait que l’Origine punirait ou chasserait des Eons qui n’auraient pas agi selon ce principe, à savoir l’émanation en dyade? Nulle part. Absolument nulle part.

A ce point, l’exégèse textuelle établit une distinction claire entre le Scénario de la Déesse Déchue et les mythologies standard concernant Lucifer – qui assument toutes un facteur de punition, de châtiment, d’expulsion et de transgression. De tels facteurs révèlent, tout simplement, le filtre Judéo-Chrétien qui a été appliqué à la matière reçue qui adombre la chute de la Déesse de Sagesse.

5. Didymus l’Aveugle: la “chute” de Sophia

Les légendes conventionnelles concernant Lucifer affirment, toujours, que “l’ange déchu” fut “jeté des Cieux”. Le Scénario de la Déesse Déchue narre que Sophia a plongé en raison de son enthousiasme, de son enthymesis. Sa passion audacieuse, et outrecuidante, pour l’expérimentation humaine fut telle qu’elle s’y emmêla. Ce point est unique à la cosmologie Gnostique et représente l’élément exceptionnel dans le Scénario de la Déesse Déchue qui incite à l’empathie des êtres humains. La puissance de cette narration convainc par son amplitude, et ses détails étonnants, mais elle compulse par l’appel à l’empathie envers la Déesse de Sagesse. Elle captive, ainsi, le mental et le coeur des animaux humains d’une manière que l’on ne trouve dans nulle autre histoire.

Que reste-t-il donc, en termes de preuves textuelles relatives au thème de la Chute de Sophia?

Un ouvrage publié en privé par la Hermetic Library d’Amsterdam “From Poimandres to Jacob Bohme: Gnosis, Hermetism, and the Christian Tradition (In de Pelikaan, 2000)” cite une source extrêmement rare: le commentaire du théologien Alexandrin Didymus l’Aveugle (environ 313 – 398) dans  De Trinitate III, 42:

«Valentin enseigna que le dernier des trente Eons est androgyne et que c’est Sophia. Elle voulait voir le dieu le plus élevé et fut repoussée par sa Splendeur; (d’où) sa chute des cieux, (le Plérome)».

C’est un exemple extrêmement rare, découvert dans le peu qui survive de textes, par lequel l’Eon est réellement et littéralement dit chuter. Je soumets ce passage comme preuve textuelle de ma restauration, solide comme le roc, du Scénario de la Déesse Déchue.

Veuillez prendre en considération la syntaxe, ici, introduisant le mème de la chute, ou de la trahison, et affirmant que Sophia a chuté de par son incapacité à contempler la splendeur de l’Origine. Et bien, c’est une opinion émanant d’un théologien Chrétien du 4 ème siècle. Sophia fut-elle rejetée, chassée, pour raison d’orgueil, en cohérence avec le thème Luciférien? La Source Divine peut-elle rejeter quoi que ce soit qu’elle produise ou qu’elle manifeste? Et que cela signifie-t-il d’être repoussé par la splendeur divine? Cette affirmation ne trahit-elle pas le filtre de la théologie Judéo-Chrétienne qui attribue manque de mérite, infériorité et culpabilité à des transactions entre êtres divins – et par extension à l’humanité elle-même?

J’affirme qu’aucune divinité Eonique ne fut jamais chassée des cieux pour offense à la source suprême, l’Origine. Selon les rumeurs, Lucifer fut “chassé des cieux” et réalisa de nombreuses méchantes choses – supposément pour tenter de prouver qu’il était égal au dieu suprême (voir la seconde partie sur les Nephilim). Cette interprétation (commune dans les presses à rumeurs) fait de Lucifer un être maléfique qui entraîne les humains dans des voies pécheresses. Mais la matière Gnostique affirme clairement que ce sont les Archontes, et non pas Lucifer, qui réalisèrent ces actes mauvais ou du moins qui prétendirent les avoir réalisés, alors qu’ils ne l’ont jamais fait.

Dans l’un des aspects de l’implexe, l’histoire de Lucifer couvre et occulte l’influence maléfique des Archontes. Ceux qui, aujourd’hui, propagent cette histoire ne l’examinent pas de façon critique et manquent de la grille Gnostique permettant de la déconstruire – ou de la décoder. Par conséquent, ils ne peuvent pas accéder à une interprétation qui offre une vision authentique quant à l’identité réelle du porteur de lumière. Voyez comment s’exprime l’implexe: «lorsque la fortune de l’acteur principal s’améliore ou se détériore».

La citation ci-dessus illustre l’un des douzaines d’exemples que tout érudit, responsable, doit découvrir et investiguer avant de prononcer une opinion sur Lucifer. Janice Barcelo, et tant d’autres, ne s’approchent pas du tout d’un tel niveau d’investigation et ne prétendent pas même le tenter.

Conclusions:

Il n’existe pas d’entité Luciférienne maléfique.

Sophia est l’authentique Lucifer.

Son Histoire est pervertie et calomniée dans la légende populaire de Lucifer.

Lucifer, le porteur de lumière, fur originellement un nom pour l’Eon Sophia en personne.

Sophia apporte la Lumière Organique au monde et elle apporte l’illumination au mental humain lorsque les animaux humains la rencontrent en utilisant la méthode Télestique de requêtes.

La Lumière Organique est la luminosité de la Terre elle-même – où Sophia demeure dans son immanence matérielle.

1er Septembre 2015. Andalucia